Le romancier américain consacre un roman à l’amour de jeunesse devenu cœur battant de son œuvre.
Lire la critique sur le site : Liberation
Les jeunes sont rebutés par la technologie vintage et les ordres de valeur des époques plus anciennes,mais pour les radicaux comme George c’est surtout
décourageant. La petite aura des guitaristes morts et leur image granuleuse, lointaine, font qu’ils pourraient tout aussi bien être en train de trafiquer des carabines chargées qui ne blesseront qu’eux. C’est comme ça que George perçoit la tristesse des autres quand il en a quelque chose à faire.
Peut-être qu’ils écrivent des poèmes sur leurs sentiments et se les lisent entre eux tout en imaginant que leurs auditeurs sont en fait des attachés de presse ou des chasseurs de talents à la solde de groupes musicaux incroyables qui ont juste un peu dexmal à écrire des paroles.Personne peut-être n’écoute.
vraiment personne.
Peut-être que quelqu’un les aura aimés une fois ou deux, ou aura dit qu’il les aimait, ce qu’ils n’imaginaient même pas, ni que les acteurs pouvaient acheter
l’amour de leurs fans qui ne les reconnaissent que par automatisme, leurs sentiments étant des rôles de composition. Alors l’amour s’est perdu et maintenant qu’ils sont à ce point condamnés, ou souhaitent l’être, ils savent que l’addiction partagée devra faire l'affaire, et ils sont précisément en train d’essayer de
rendre quelqu’un accro.
Écrire n'a fait que me diviser à nouveau. Je suis devenu un type double ou triple, un qui se comportait bien avec les gens tandis qu'un autre se servait de l'écriture pour mettre au défi ses lecteurs d'accepter ponctuellement son moi secret, et encore un autre dont les désirs étaient si tordus que même les incomparables outils de distanciation qu'offre un vocabulaire nuancé et hermétique ne parvenaient pas à les transmettre à d'autres personnes.
George n’est pas assez courageux pour devenir le leader du groupe ou jouer seul les accords sans les
couper de leur horizon. Si le groupe se sépare, il y aura deux victimes au lieu d’une. De toute façon leurs fans ne sont pas assez intelligents pour comprendre leur génie, alors le manque de courage de George
changerait-il vraiment pour eux quelque chose au son du groupe ? Mais George, lui, le saurait. Est-ce un problème finalement ?
Gisèle Vienne Jerk - bande annonce du film "Jerk" avec Jonathan Capdevielle, d'après "Jerk', de Dennis Cooper. "Jerk" est une des nouvelles de "Un type immonde", de Dennis Cooper et publié aux éditions P.O.L et traduit de l'américain par Emmelene Landon -
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