AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782330015039
192 pages
Actes Sud (06/02/2013)
2.89/5   19 notes
Résumé :
Bienvenue au sein du Groupe ! Chanard, nouvelle recrue de la cellule ingénierie financière d’une banque importante, a le profil idéal pour être un vrai “performer” se reconnaissant pleinement dans les “valeurs” de l’entreprise : à la recherche de “l’excellence”, il a appris à évoluer dans la “culture du risque”. La reconnaissance de ses capacités est la pierre de voûte de sa vie : son mariage avec Cécile est lui-aussi sur le chemin de la “réussite”, les deux jeunes ... >Voir plus
Que lire après Potentiel du sinistreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Premier roman de cet auteur de 32 ans, Potentiel du sinistre nous plonge dans les coulisses d'une grande entreprise financière par le biais du parcours de Chanard, trentenaire talentueux et ambitieux.
En définitive ce livre est plus proche d'un documentaire que d'un réel roman. En effet l'auteur ne s'encombre guère d'éléments extérieurs, pas plus de flash back sur l'enfance pouvant étoffer son personnage principal. Non le lecteur entre directement dans le vif du sujet pour ne jamais le quitter, aucune place a des intrigues parallèles, l'auteur nous évite toute relation du trentenaire avec son assistante par exemple. le livre débute avec le recrutement de Chanard dans le Groupe et on suit ainsi toute son évolution : la découverte des collègues, la visite des services, l'assimilation de la culture de l'entreprise. Cette nouvelle aventure professionnelle est pleine de promesses, rapidement Chanard s'impose comme une référence, parvient à gravir les échelons et finit par devenir manager.
Ce personnage paraît d'abord antipathique, une sorte de robot vivant uniquement par et pour son travail. Il est incapable de déconnecter pendant ses vacances, sans cesse à l'affut d'une information afin de créer le produit financier vedette de demain. Et il va y parvenir, l'auteur décrit alors tout le processus du lancement des catastrophes bonds, montage financier indexé sur les aléas climatique de notre planète ! Tous ces développements sont assez réaliste, le vocabulaire lié au culte de la performance est utilisé avec justesse. L'auteur glisse quelques phrases sans verbe, typique d'une communication d'entreprise. le Groupe, nom de l'entreprise, devient un personnage à part entière avec sa froideur, aucune place à l'humour dans les réunions. On retrouve bien tout le cynisme, les dérives de l'économie mondiale placée sous le commandement de la toute puissance de l'argent, des marchés comme nous le montre quotidiennement l'actualité.
La détestation de Chanard atteint son sommet lorsqu'il en vient à souhaiter une bonne catastrophe pour booster son produit. Il va pas être déçu... Tout au long du récit, Thomas Coppey se base sur des catastrophes qui se sont réellement produites, procédé assez habile renforçant la crédibilité, le côté authentique de sa description.
Descriptif, il ne faut pas en effet s'attendre à de l'action, de même les dialogues sont inexistants.

Puis dans la seconde partie, alors que ce Chanard aurait pu devenir une caricature, au contraire il surprend le lecteur en s'interrogeant sur le sens de ses actions. Ce basculement est lié au licenciement d'un collègue qu'il appréciait mais pas suffisamment performant pour le Groupe. Chanard se montre plus humain, il veut converser son équipe, il défend ses troupes. Il va alors débuter une sorte de quête intérieure, se met à lire, consulte un psy, finit en arrêt de travail lui qui semblait inexistant sans celui-ci. Il va apprécier ce temps libre et petit à petit il se désintéresse totalement de sa mission au Groupe.

Pour finir, voila un livre méritant une plus grande exposition. Sans être novateur, c'est une bonne réflexion sur le monde du travail actuel, du rôle de l'entreprise dans nos vies. En revanche pour les lecteurs n'aimant pas les récits basés sur l'entreprise, ne souhaitant pas retrouver les problématiques laissées au bureau, inutile d'ouvrir ces pages.



Commenter  J’apprécie          100
Les romans décrivant le monde du travail, ses rouages implacables, les douleurs innombrables engendrées par les fermetures de sites, les restructurations à répétition, se multiplient dans la littérature française. C'est un signe de vitalité et de lucidité. Dans ce courant de la description sociale et aussi sociologique s'inscrit le roman de Thomas Coppey , Potentiel du sinistre, d'ores et déjà très prometteur .

Chanard, le personnage principal du roman est ingénieur financier .Il est dynamique, professionnel, compétent dans sa spécialité ;il ne manque donc pas l'entretien d'embauche du Groupe . C'est ainsi que se nomme l'entreprise qui va l'employer, comme pour en souligner le caractère anonyme et substituable. Chanard est marié à Cécile qui travaille pour la Société , autre nom générique donné à son employeur . Les collègues présentés à Chanard dès sa prise de fonction, correspondent grosso modo à des archétypes de comportements :
Il y a Marwani, le recruteur ,Vauthier ,réalisateur des modèles de prévision et de restructuration , collègue célibataire et fragilisé par ce statut de solitaire, Préville , soutien technique des courtiers et des traders , et De Beer , polyvalente , et unique femme dans ce groupe . Très vite , Chanard s'impose comme un leader, un cadre supérieur aux compétences affirmées . Il est promis à un développement rapide et entre , après deux ans de présence , dans la catégorie des Talents , dont l'appartenance est très recherchée, valorisante, synonyme d'une ascension vers les sommets de la réussite . Chanard, après avoir assimilé la logomachie managériale, va intérioriser son cynisme en mettant au point , avec son équipe , un nouveau produit financier : les Cats-Bonds, obligations de catastrophes , produit destinés à couvrir les risques de catastrophes naturelles par des montages financiers spéculatifs et comportant des taux extrêmement rémunérateurs … Ainsi est évalué le potentiel du sinistre, d'où le titre de l'ouvrage .
Il y a , tout au long du roman de Thomas Coppey , toute une dissection des notions du management moderne , toute une radiographie de son vocabulaire . Ces observations , toujours pertinentes , aboutissent par exemple à dénoncer l'utilisation des indicateurs de performance , qui , sous couvert d'efficacité , transforment les salariés en mouchards : « Jusqu'à douze personnes , managers, collègues, et interlocuteurs directs envoient en ligne leurs commentaires écrits ou leurs réponses à des questions , concernant l'employé évalué .L'employé y répond aussi . »
A l'occasion de la mise au point de son produit , qui mise sur la survenance du pire , ce qui émeut un peu Chanard , ce dernier constate que cela n'effraie nullement les milieux dirigeants du Groupe « Il (Chanard) sait que certains groupes réfléchissent déjà à une façon de renverser l'euro . Il comprend la part ludique du projet , certains vivent dans l'abstraction, c'est pure folie . »
Cette conduite , qui amène Chanard , vers toujours plus d'implication, c'est-à-dire toujours plus de sacrifices , d'heures de travail le week-end, de vacances écourtées , le conduit , très progressivement , à une remise en cause du bien-fondé de ces impératifs managériaux . A l'occasion du départ de son épouse de la Société , pour cause de mise au placard après son retour de maternité , et surtout après le licenciement de son collègue Vauthier , convaincu de sous-performance continue par ses employeurs , Chanard prend ses distances avec le Groupe . Il bénéficie d'un congé de maladie et entreprend d'entre dans la Structure , qui lui fait entrevoir un mieux-être, une santé mentale recouvrée s'il accepte de recourir à ses services .
On pressentira , peut-être, l'échec du personnage à s'affranchir des structures , des organisations, tant professionnelles que médicales .Il semble définitivement dépendant mais recouvre aux yeux du lecteur quelque humanité . Ce roman, bien construit , est écrit au style indirect , intégralement descriptif . Il n'y figure aucun dialogue direct entre les personnages, ces derniers étant intégralement rapportés .Cela n'enlève rien à l'intérêt du récit , dévastateur dans son efficacité , et résonnant comme un avertissement sans frais .Ce premier roman est largement réussi , il nous engage vers des pistes dont l'exploration doit être systématisée .
Commenter  J’apprécie          30
Ce premier roman s'inscrit dans le monde du travail et plus particulièrement celui d'un jeune ingénieur financier. Marié à Cécile, père d'une petite fille, Chanard parvient à intégrer une grande entreprise, le Groupe. Il a la fougue et l'ambition de la jeunesse, il rêve de trouver l'idée géniale et porteuse qui le propulsera vers un meilleur poste. L'idée lumineuse de créer un produit financier sur les mégatendances le conduit rapidement à la récompense d'être nommé Talent.
Les mégatendances: "C'est ainsi qu'on appelle un changement portant sur l'économie, la société, la politique ou l'environnement, dont l'évolution est en général lente et profonde et dont les conséquences se font ressentir sur un large éventail d'activités, de métiers et de connaissance"
Consacrant tout son temps, au détriment de sa famille, à chercher le créneau porteur, il propose d'exploiter les catastrophes naturelles en proposant aux investisseurs des parts de société d'assurance, créant ainsi un fonds pour les réassureurs. Il est difficile de respecter l'éthique sur la communication d'un tel projet.
Propulsé au rang de chef de l'équipe, il complète sa formation avec des cours de management et de pilotage.
Mais l'entreprise moderne est intraitable avec ses employés. La performance est de rigueur, les sentiments ne font pas bon ménage avec le management et les baisses de forme sont intolérables.
A côté, sa femme pénalisée par un congé maternité se voit mise sur la touche et préfère rapidement démissionner et s'occuper de sa famille.
L'auteur parvient à faire converger son style et son histoire en une machine anonyme, implacable. Ainsi, le récit est à la troisième personne ce qui donne une vision extérieure, le nom des entreprises est banalisé mais avec une majuscule ( le Groupe, la Structure...) et les anglicismes du monde de l'entreprise ajoutent ce côté un peu ironique ( Branch Director, back to basics, one to one, cost killer....). On est effectivement en plein coeur du monde de la grande entreprise où les faibles ou les mères de famille sont défavorisés.
L'analyse de l'auteur est fine tant sur le domaine professionnel que sur le plan humain. Sans s'appesantir, il détecte parfaitement les conflits potentiels au sein du couple ou les incompatibilités de l'amitié et du management.
J'ai beaucoup aimé aussi la vision un peu exagérée du couple moderne aisé qui s'attache à des valeurs futiles et défend une certaine éducation. La petite Capucine me semble d'ailleurs trop rapidement mature.
Sous une analyse assez clinique, Thomas Coppey parvient à créer rapidement un climat assez prenant lié à l'inévitable issue de cette machine à broyer qu'est l'entreprise soumise à une obligation de performance.
Lien : http://surlaroutedejostein.o..
Commenter  J’apprécie          30
Est ce un roman ? si oui, c'est un roman qui semble être écrit par un "automate", quelqu'un sans âme, sans sentiment, implacable comme tout ce qui l'entoure. Se réveille t -il quelque fois et regarde-t-il autour de lui ? cela lui arrive, un collègue que Chanard apprécie. Pardon, j'oublieais il a une femme (aussi impersonnelle que lui) et une petite fille au joli nom de Capucine surdouée certainement....
Ouf, j'en suis sortie, certes c'est intéressant surtout parce que on ne rencontre pas souvent une écriture semblable, si, peut être dans les comptes rendus d'audience ou les P.V. de réunions directoriales. Ne cherchez pas les dialogues, ils sont malaxés comme des récits de science fiction. Et pour clore le tableau j'omets de vous dire que le récit prend racine et y demeure, dans le monde de la finance, dans le monde implacable des affaires où l'on recrute que des "supermen" ou "superwomen", que l'on surveille à la loupe et à qui on demande toujours plus. Attention faiblesse, fatigue, baisse de tension : s'abstenir sinon direction l'autre institution non moins conformiste et impersonnelle celle où l'on tente de réparer les cerveaux malades... Et ils n'ont que trente ou quarante ans....
Le machavielisme de ces individus totalement irréels (j'espère) vont même jusqu'à exploiter et rentabiliser pour d'autres la misère du monde. C'est pas nouveau me direz vous, mais si vous voulez savoir jusqu'où peut aller la Folie de ce monde là.... Lisez le livre de Thomas Coppey, plus fort que tous les films sortis sur le thème (la "Firme", Basinc Instinct etc). J'ose espérer que l'auteur nous donnera un jour à lire, autre chose de plus humain... A moins que...
Commenter  J’apprécie          00
Pour son premier livre Thomas Coppey, écrit un livre puissant.
Ici l'économie et le marketing règne dans la société moderne. Toute la première partie repose sur une adaptation parfaite d'un employé brillant qui comprend et anticipe tout ce qu'on attend de lui dans l'entreprise. Mais quand un homme est poussé à l'extrême, il peut se demander: « Et si mes envies avaient changées depuis mes 20 ans. »

Voici l'histoire de ce livre : Que voulons-nous faire ? Sommes-nous heureux ? Est-ce que cette vie nous plait ?
Ce livre m'a particulièrement touché « : Et si les choix que je prends ne sont pas ce que je veux réellement ? »

Ce livre nous décrit tous à un moment particulier de nos vies. Il établit avec brio l'état d'un homme qui cherche son parcours. Arriver au sommet dans tout ce que l'on entreprend puis la remise en question de tout ce que l'on a construit.

Lien : https://charlitdeslivres.wor..
Commenter  J’apprécie          30


critiques presse (2)
Lhumanite
29 juillet 2013
Dans ce premier roman très abouti, Thomas Coppey nous immerge dans le discours managérial jusqu’à nous faire concrètement ressentir son emprise sur tout ce qui constitue une personne : valeurs, espoirs, vie de couple, tout doit s’adapter au carcan soft et impitoyable de la « Vision » de l’entreprise.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
Lexpress
14 mars 2013
Original, dérangeant, son roman fascine le lecteur en l'immergeant dans l'univers cynique d'une grande société au discours aussi codifié que ridicule, qui finit par s'insinuer au plus profond de la vie de Chanard.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Vautier s'arrête à ce mot : l'exploitation de la peur et des catastrophes lui semble douteuse. Chanard élude cette discussion et s'absorbe dans les chiffres, il les prend tous, il relit les analyses. La nécessité de l'assurance ne fait pas de doute, il se le répète, il le voit. Il voit aussi que les catastrophes naturelles ne frappent pas seulement des zones assurées, elles touchent sans distinction les zones pauvres du monde où les populations sont vulnérables et incapables de se prémunir. Les Cat-Bonds vont servir à couvrir les populations les plus riches, mais il ne peut absolument pas dire que les malheurs dont elles sont victimes sont moins graves que ceux qui frappent les pauvres.
Commenter  J’apprécie          10
Mais si vous obtenez le bien de votre personne au détriment de celui du Groupe, nous nous trouvons en situation de désaccord. (page 191)
Commenter  J’apprécie          20
Il (Chanard) sait que certains groupes réfléchissent déjà à une façon de renverser l’euro . Il comprend la part ludique du projet , certains vivent dans l’abstraction, c’est pure folie
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Thomas Coppey (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Thomas Coppey
Thomas Coppey - Divertissement .
autres livres classés : performanceVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus

Autres livres de Thomas Coppey (1) Voir plus

Lecteurs (36) Voir plus




{* *}