Vazco

Piètre étudiant, j’affichais une indifférence radicale pour ce qui n’avait pas trait à ma passion. Tout ce qui ne m’apportait pas une aventure m’apparaissait perte de temps. Cependant, aucun sextant ou compas ne m’étaient étrangers. Je mémorisais les vieilles cartes marines entourées de dessins descriptifs des peuplades, toujours étonné de la représentation des continents à travers les siècles.
Je me découvris un attachement viscéral pour les fonds marins. Je plongeais de plus en plus fréquemment, émerveillé par la lumière chatoyante qui filtrait de la surface et teintait les somptuosités marines dans un silence de cathédrale.

La vie aurait été tellement plus simple si nous avions conservé les codes d’honneur de la chevalerie. En définitive, je n’étais pour rien dans ce qui était arrivé à Sonia. Pourtant, j’aurais tellement préféré que Mass ne s’en prenne qu’à moi. Peut-être ressentait-il cette fêlure qui m’habitait depuis que j’avais quitté l’armée. L’instinct de tueur s’était mué pour des combats d’une autre noblesse, contre la lâcheté des hommes vis-à-vis d’eux-mêmes et surtout envers les femmes.

Comme souvent, la bonne nouvelle tomba au moment où je m’y attendais le moins. J’étais dans une ancienne bibliothèque lambrissée de Cadix aux relents de camphre, immense navire de savoir, aux balustrades et parquets caressés d’une douce lumière de printemps, face à une pile d’ouvrages reliés d’un cuir blondi. La fièvre s’était emparée de moi au fur et à mesure que je consultais des pages jaunies, pour laisser finalement place au sentiment du devoir accompli.

C’était l’homme de ma vie, bien que tout ne fut pas toujours rose entre nous. J’ai tenu à garder son nom de famille et la maison de campagne dans laquelle nous nous rendions souvent ensemble. Depuis, j’ai beaucoup de mal à m’engager durablement. Peut-être que ma joie de vivre ne passe pas par là. Les relations affectives qu’il faut pour bâtir et pour entretenir une relation solide, je n’ai probablement pas ça en moi. Peut-être que je m’y prends mal.

Un cocktail de ce qui se fait de mieux et une richesse culturelle permettant de pactiser avec les locaux, quel que soit notre lieu d’intervention. Notre bémol, c’est que la politique intervient à tout bout de champ. Mes collègues du 2e REP avaient eu Ben Laden dans leur ligne de mire en Afghanistan mais ordre était venu en haut lieu de le laisser aux Américains. Ils tenaient tant à leur revanche que pas un allié ne se serait permis de leur ôter.