J'ai adoré découvrir le personnage d'
Edward Curtis, avec son oeuvre et sûrement sa personnalité hors-norme : il a consacré plus de trente ans de sa vie à documenter la vie des indiens d'Amérique (80 tribus différentes d'Amérique du nord), conscient que cette civilisation était en train de disparaître et voulant transmettre aux générations futures le témoignage de ce que fut leur vie, leur quotidien, leur croyance. Photographe, cette documentation se base sur des photos, ainsi que sur des chants enregistrés, des notes et des notes. Ça m'a donné très envie de découvrir les tomes écrits par Curtis : the north american indians, dont seulement 272 ouvrages furent vendus donc je pense que c'est uniquement un voeu pieux.
Une partie du livre est constituée des photos de Curtis, qui sont un magnifique hommage aux indiens d'Amérique. L'intérêt des photos réside non seulement dans leur intérêt ethnographique et historique, Curtis ayant voulu immortaliser le quotidien de ces peuples appelés à disparaître mais aussi pour beaucoup dans leur intérêt artistique, étant de couleur sépia et jouant souvent sur les ombres. Les légendes des photos sont aussi particulièrement intéressantes. Ecrites par Curtis, elles remettent bien en contexte la prise de la photo et parfois des faits plus généraux sur la tribu représentée.
Les textes ne sont par contre pas à la hauteur des photos et m'ont peu intéressés. Il manque un découpage par thématique ainsi que des sous-titres pour organiser les idées. Les textes retranscrivent des lettres de Curtis à son éditeur Hodge et s'occupent beaucoup de la construction de l'oeuvre et assez peu de ses objectifs, de ses doutes, des conditions des campagnes de Curtis ou même des conclusions auxquelles il a pu parvenir. Il y a effectivement quelques anecdotes, qu'on sent tirer de l'histoire familiale (un des auteurs, Florence étant sa fille) mais trop peu à mon goût.
Quelques passages sont cependant épiques et particulièrement intéressants, je pense en particulier à la campagne sur l'île de Vancouver, la rencontre avec le Rorqual et la chasse à la pieuvre géante. Dommage qu'il y en ai peu et qu'on aie du mal à les repérer.
Dans les lettres de l'époque, on a vraiment cette opposition entre la “civilisation” qui est la culture européenne et les pratiques dites primitives. Je trouve que ça donne une bonne idée de la supériorité ressentie par les “blancs” qui considèrent qu'ils remplacent une culture moins civilisée et surtout de l'inéluctabilité de la disparition de ces cultures, des problèmes de transmission et de place pour les derniers représentants. C'est parfois un peu malaisant.
Dans l'ensemble un livre surtout intéressant pour moi par la découverte du personnage de
Edward Curtis mais avec un texte qui laisse à désirer et qui me pousse à chercher une autre biographie de cet homme. L'intérêt réside vraiment dans les photos qui sont des monuments d'histoire.