Un catalogue poignant sur les installations, sculptures et commandes publiques des 20 dernières années de l'artiste Emmanuel Saulnier. Les deux textes sont éclairants pour comprendre l'oeuvre d'apparence abstraite et très minimaliste de cet artiste pour en saisir toutes les nuances, métaphores et subtilités. Un travail qui parle de l'humanité et de sa destruction, de Shoah au sida, de l'inquisition espagnole aux actes de résistances, d'Alzheimer aux attentats, l'oeuvre devient signe et manifeste contre l'oubli.
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Au Japon, lorsqu'on meurt, on raconte que l'on traverse un fleuve. La mort n'est pas une coupure nette comme avec des ciseaux. Il y a deux rivages et une rivière entre les deux. Cette rivière, c'est la mort.
(Extrait d'une discussion avec l'écrivain Yoka Ogawa)
Quand un homme meurt, dit Saulnier, c'est un lieu qui disparait. C'est un vase de souvenirs, de savoir, d'expériences qui disparait, un caractère dans l'écriture où se tisse le texte de l'humanité, une voix.
Toutes ses sculptures sont basées sur les quatre éléments : la masse de verre est extraite de la terre, puis fondue au feu ; des flux d'air donnent forme aux récipients ; l'eau les refroidit au moment où ils se figent, avant de les remplir selon les choix artistiques du sculpteur.
L'univers créé par Saulnier convoque cette mémoire-là, celle d'images extrêmes : jeu de massacre, terrain miné, baignade interdite, vertiges... Le risque et le péril, en somme.