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EAN : 9782367400754
315 pages
Scrineo (02/05/2014)
4.17/5   6 notes
Résumé :
Marcel Bluwal est le dernier géant du petit écran. Né en 1925, il a traversé le siècle. Son Dom Juan avec Michel Piccoli et Claude Brasseur, ses adaptations de Marivaux – avec Danièle Lebrun et Jean-Pierre Cassel, mais aussi le feuilleton Vidocq sont des chefs d’oeuvres incontournables.
Sa vie est un roman, celui d’une époque. Il se souvient dans ce livre des jeudis, du Front Populaire, des actualités de première partie au cinéma, de la guerre et de ce que s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
La télévision commençait à entrer dans les foyers.
En Belgique, le « relais de Lille » permettait de capter les diffusions de la RTF qui deviendrait quelques années plus tard l'ORTF.
Des femmes et des hommes se prenaient d'amour pour la petite lucarne.
Plusieurs noms font désormais partie de son histoire.
Cette biographie conte l'un d'entre eux et pas le moindre : Marcel Bluwal.
« Don Juan », disséqué, revisité, « Vidocq », « L'inspecteur Leclerc », des documentaires pour l'émission d'Eliane Victor : « Les femmes aussi », les émissions du jeudi pour les enfants, des films et surtout jusqu'en 1960-1961, ces dramatiques en direct où réalisateur, équipe technique et comédiens (tant de noms demeurent dans la mémoire collective) ajoutaient à leur profession le fil du funambule.
Rigueur et passion sont les maîtres mots de Marcel Bluwal, ce fou de cinéma (parmi ses « maîtres » : Duvivier, Renoir, Carné) qui se réalisa essentiellement à la télévision.
Mal perçue, parfois méprisée par le 7ème art, elle porta pourtant, grâce à des personnalités et des défenseurs comme Marcel Bluwal, la culture, la beauté, les Idées dans les coins les plus reculés de France et de Navarre et aussi Outre-Quiévrain.
Pire et meilleur se côtoient aujourd'hui mais comme l'écrivait Simone Signoret : « La Nostalgie n'est plus ce qu'elle était » et c'est avec ce qui est qu'il faut avancer au-delà de ce qui est.
On ressent très bien les passages et l'évolution des différentes époques et une certaine amertume chez le réalisateur exigeant et puriste que fut Marcel Bluwal.
La société change (1968), les chaînes se multiplient, l'audimat intervient, le public se fidélise... parfois trop vers le bas.
Les idées dérangent, Marcel Bluwal se positionne (l'article consacré par un journaliste au film « Thérèse Humbert » de 1983 page 189/190 est porteur de germes qui poussent encore et encore et donne froid dans le dos...).
Mais il y a chez ce grand réalisateur une force pugnace qui trouve son origine dans sa propre histoire évoquée pudiquement.
Il y eut le « Titi de Paris » et aussi cette phrase qui dit beaucoup : »Être français a été le but de ma vie alors qu'être juif était l'obligation de ma vie. Ce manque d'unité m'a coûté cher dans l'opinion que j'avais de moi-même. » Quelle émotion, quelle gravité dans cette déclaration ! ,le Front populaire, la guerre (plus de deux ans de vie cachée), l'école de cinéma, l'entrée à la télévision, le « pionnier », les engagements, les fidèles dans le travail...
Six chapitres décortiquent l'homme, le réalisateur, l'artiste, l'artisan. Une vie s'écoule, riche de l'aventure de la télévision, riche des engagements d'un homme d'action et riche de l'histoire sociétale avec son basculement amenant un cortège d'incompréhension, d'injustice (ou vécue comme telle) et de déceptions. L'époque est morte ! Vive l'époque !
Quelques témoignages parsèment le livre dont ceux de quelques comédiens qui furent les élèves de Marcel Bluwal, professeur en 1975 au Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique de Paris.
Plus metteur en scène que professeur dans le sens généralement entendu, Marcel Bluwal est continuellement dans le bonheur de « faire » et cela se ressent dans ce qu'en racontent Ariane Ascaride, Catherine Frot et évidemment Danièle Lebrun.
Dans ce chapitre, page 171, Marcel Bluwal explique son ressenti lorsqu'il partit en Allemagne en 1978 (début d'une série de mises en scène d'opéra).
Témoignage bouleversant et révélateur du « poids » de la période de la seconde guerre mondiale qui marqua des générations d'hommes et de femmes.
Né en 1925, l'âge l'a propulsé comme « dernier » des grands noms des balbutiements de la télévision (entre autres Claude Barma, Stellio Lorenzi, Claude Loursais...) mais quelle leçon de vie nous donne-t-il dans ces phrases : « ... travailler encore et toujours, c'est une façon de ne pas se laisser embaumer » et « ...Je ne sais pas être si je ne fais pas ».
Et en 2013, il nous a offert, à près de 88 ans, « Les Vieux Calibres » : téléfilm tonique, gai avec un regard piquant, un peu provocateur sur la vieillesse.
Nous avons envie de dire : Encore !
Foin des séries américaines, rendez-nous le malicieux esprit français et la langue !
La fin du livre comporte des annexes retraçant tout le travail réalisé par Marcel Bluwal à la TV et au cinéma ainsi que ses mises en scène d'opéras et de théâtre.
Scruter la photo de la couverture, découvrir l'étonnante ressemblance des traits du visage avec Claude et Alexandre Brasseur, fixer ce regard d'aigle, « un tronc d'arbre, une espèce de présence tellurique » comme dit Catherine Frot.
Une vie, une passion passionnante et cette lucidité avec cette phrase que je choisis pour clore parce qu'elle me convient : « J'ai toujours pensé que l'humanité était fréquentable mais peu recommandable ».

Merci à Babelio, à l'auteure et aux Éditions Scrineo de m'avoir permis de vous découvrir.



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Définition du mot pionnier : personne qui fait les premières recherches dans un domaine, qui prépare la route à d'autres, personne qui part défricher des contrées inhabitées. Bluwal pionnier de la télévision, titre simple et impeccable pour la biographie, écrit par Isabelle Danel, journaliste spécialisée TV de Télérama, d'un honnête homme qui avec quelques autres ont inventé, bricolé et construit ce nouveau média encore en friche à l'aube des années cinquante.

« Qui étaient-ils ces « pionniers » de la télévision ? Des hommes jeunes et désinvoltes, souvent issus de milieu populaire venus de la presse écrite, de la radio ou de l'école de Vaugirard, majoritairement communistes ou à gauche. »

Marcel Bluwal né en 1925 apprend le métier de cinéaste reporter durant son service militaire, il tâte au cinéma mais c'est la télévision en 1949 qui lui ouvre les portes. Tout de suite cet univers de haute technologie et pourtant très artisanal va devenir son univers. Il sera un hussard de l'ORTF avec une haute idée du rôle de transmission de la culture dans tous les foyers, des plus huppés aux plus populaires.

Éduquer et servir sera sa mission. 1950 et les premières émissions enfantines du jeudi qui virent débuter Patrick Deweare, 1965 sa mise en scène du Dom Juan fait encore référence. Molière, Beaumarchais, Marivaux, Dostoïevski, Hugo à 20h30 Bluwal fait de la télévision au service du public. Vidocq c'est lui, l'histoire d'amour sado-maso entre Claude Brasseur et Danielle Lebrun fera fantasmer bien des adolescents en 1970.Il filmera Simone Signoret dans deux formidables dramatiques. Son dernier téléfilm « Les vieux calibres » datent de 2013.

Portrait d'un homme formidable, mais aussi portrait d'une France en pleine évolution politique, médiatique et idéologique. le livre se dévore, il nous raconte aussi l'histoire d'un adolescent qui a du se terrer pendant la guerre parce que juif, à près de 90 ans Marcel Bluwal est encore cet enfant là.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Journaliste spécialisée dans le cinéma, Isabelle Danel signe avec Bluwal, Pionnier de la télévision, une biographie d'un réalisateur, metteur en scène, acteur et pionnier de la télévision française. Drôle d'idée en 2014 !
D'abord parce que Marcel Bluwal a écrit son autobiographie en 1974 (Un Aller) ; Ensuite parce que ce livre arrive bien tard : son public vieillissant s'est déjà levé, prêt à quitter la salle ; Enfin parce que Marcel Bluwal n'est pas le plus connu des artisans du petit écran. Que ceux dont la mémoire collective mêle le bruit des pas de Bluwal à ceux de Dumayet, Tchernia, Sabbagh, Zitrone ou Chapatte me jettent la première pierre !
Rien d'étonnant pourtant dans le choix de ce dernier sujet d'Isabelle Danel, déjà responsable d'une "Conversation avec Robert Guédiguian". - Que ceux qui connaissent Robert Guédiguian (Le Promeneur du Champ de Mars, Marius et Jeannette) me jettent la deuxième pierre !

Marcel Bluwal, Pionnier de la Télévision, c' est la biographie risquée d'un inconnu familier. Elle retrace le parcours d'un enfant rêveur, d'un adolescent sous l'occupation caché comme Anne frank, réinventant le cinéma dans sa tête, d'un artiste engagé, indépendant, intègre, intelligent et humble, proche des grands.
Bluwal réalisa quelques séries à succès (Vidocq) et quelques sagas télévisuelles (Les Misérables). Pas que. Mais je suis trop ignorant et superficiel pour avoir retenu l'importance de l'oeuvre que nous détaille Isabelle Danel.
N'empêche, voici un livre à l'écriture juste et intelligente, heureusement aéré par des insertions de Marcel Bluwal, Michel Piccoli, Claude Brasseur, Danièle Lebrun, Simone Signoret, Catherine Frot ou Ariane Ascaride. Il y en a d'autres pour nous accompagner sur ce long sentier, des grands acteurs, de Michel Bouquet à Jean-Hugues Anglade. Leurs interventions sont éclairées et judicieuses, parfois de pur régal. Je pense notamment à Claude Brasseur qui évoque son travail et son père.
Bluwal, Pionnier de la Télévision se conclut par un entretien entre l'auteur et son sujet. Puis par près de 100 pages d'annexes qui dissèquent l'oeuvre du cinéaste sous toutes ses coutures. le livre conviendra parfaitement aux passionnés ou aux étudiants en cinéma. Un délicieux côté madeleine de Proust ravira également les nostalgiques qui trouveront là chacun ses petits moments de bonheur. Les miens m'attendaient dans les aventures de Vidocq, ce petit bijou de la télévision aux répliques jubilatoires (Un mariage dans une prison, moi j'appelle ça un pléonasme). Et seul, souriant, béat et heureux de l'être, j'ai refermé ce livre bien écrit, pointu, jouissif, à publics multiples.

Merci à Babelio et aux éditions Scrineo qui m'ont permis de découvrir ce livre, cet auteur et ce maître de la télévision au travers de l'opération Masse Critique.
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Sélectionné dans le cadre de Masse critique, je me suis dit que pour changer j'allais choisir une "biographie" ! Je ne fus pas déçue de mon choix tout au long des pages car c'est bien plus qu'une "biographie". J'ai tout découvert : à la fois la vie personnelle incroyable de cet homme (sa vie aurait pu être retranscrite dans un téléfilm, il l'a fait par bribes), sa carrière, son dévouement pour ce média naissant... mais aussi la naissance de la télévision et son évolution.

Plusieurs ingrédients ont fait que je n'ai pas lâché ce livre. Tout d'abord, Isabelle Danel, journaliste spécialisée dans le cinéma, a compilé dans cet ouvrage toute la documentation possible sur Bluwal et à travers lui sur ceux qui ont contribué à construire le média télé. Témoignages, coupures de presse de l'époque, interview de Bluwal, documentation sur son oeuvre, extraits des écrits précédents de Bluwal... Tout cela nourrit le texte, le rend encore plus vivant.
Son écriture également joue pour beaucoup. C'est une écriture simple, qui va au-delà du travail du journaliste. On alterne entre véritable travail de recherches, écriture plus intime, plus personnelle. On a ainsi l'impression d'être présent lors des rencontres qu'elle a eues avec Bluwal.

Merci à Babelio et aux éditions Scrineo qui m'ont permis de découvrir ce réalisateur et à travers lui, tout un pan de l'histoire de la télévision. Ce fut un vrai régal d'apprendre tant de choses, tant d'anecdotes ! La lecture sert à ça aussi !
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Drôle, de retrouver cette télé tant aimée parce que virginale encore. Ah, oui, forcément, Vidocq ! Claude Brasseur et la belle Daniel Lebrun (épouse de Bluwal), ça remonte à loin, et on y croyait sacrément, fut-ce en noir & blanc. C'était au temps des prémices et d'une primesautière liberté. Des cadors, les Marcel Bluwal, les Stellio Lorenzi (La caméra explore le temps), les Claude Barma (Belphégor, Les enquêtes de Maigret), les Claude Loursais (Les cinq dernières minutes), les Jean Prat (En votre âme et conscience), Claude Santelli (Le théâtre de la jeunesse), l'ORTF des Jean-Christophe Averty pour les variétés et des Dumayet-Desgraupes-Fouchet pour le culturel et l'info... A l'instar du jeune Marcel, le petit juif du 12ème arrondissement, ils sont partis de pratiquement leurs seuls rêves d'images et de cinéma ; et les pionniers sont parvenus tout au sommet. C'est cela, cette valeur exponentielle à laquelle nous convie Isabelle Danel dans ce livre qui, bien que sans iconographie (exceptée cette merveilleuse couverture), nous propose un patwork de commentaires savoureux et des témoignages francs. Bluwal découvreur de talents, itou : cette Léa Massari qu'il ramène d'un voyage en Italie, Piccoli, magistral !, Dewaere écorché de génie, Léa Drucker... et tant d'autres.
Un petit conseil : Passée la dernière page - faisons fi des annexes -, éviter de brancher la télé. Savourez encore.
... aux éditions Scrineo
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Je ne refuse pas d'être Ramsès, mais ça fait 4500 ans qu'il est mort, Ramsès. Dès qu'on me parle de Dom Juan dans ces termes-là, comme si j'étais un gourou, j'entends une petite voix qui me dit : "Tu es déjà mort, tu es classé. Quand tu seras dans la tombe, on continuera à en parler de la même façon." Il est très clair que chaque film que j'ai tourné ensuite, je l'ai fait pour dire : "Je ne suis pas ça, je ne suis pas QUE ça !"
-page 33-
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