Pas envie de "critiquer'", juste d'inviter tout un chacun et son autre poétique à aller se tremper le cul dans ces bonheurs à réciter, à caresser, à vivre sur, au delà des accumulations de tristesse, de laisser chatoyer les doux remous des fleuves , de pagayer sa vie...juste comme çà, simplement, pour éviter de la ramer.
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Jacques-le-poète continue, pour notre plus grand bonheur, à « cherche[r] de nouvelles appariades entre la parole légère courante et l’ouragan spontané du chant ».
Lire la critique sur le site : Actualitte
Nous sommes de la géographie en action. Les formes du paysage
nous parlent, nous dialoguons secrètement avec elles. Il y a
complicité entre les voyageurs que nous sommes et les contours de
la terre.
J’entre dans le fleuve avec le corps. Il pourra même m’arriver de
me baigner deux, trois, quatre fois dans le même fleuve sans
jamais noter de différence. Qui est le propre même de la réalité.
Nous ne sommes pas là simplement pour dire l’original de
l’origine. La poésie est la répétition injonctive de la réalité. La
poésie est la répétition de la réalité réfléchie à elle-même. Ainsi, à
la composition de mon poème fleuve, La Maye, j’ajoute toujours
l’éclaircissement de la voix. Transport de la réalité par la voix,
glissement des images, chutes ou montées du régime, la voix est le
superflu du flux.
[…] ma traductrice en langue arabe me fit remarque que la rivière
dont j’avais fait l’axe majeur de mes poèmes, la Maye, pour peu
qu’on allongeât la diphtongue finale et prononçât « maille »,
sonnait comme l’arabe désignant l’eau : al mâa. Qu’on prononce
« maille » dans certains dialectes. En syrien par exemple. […] Des
racines linguistiques communes à l’humanité. Qu’en déduire ?
Rien en matière d’influences, d’emprunts ou de conquêtes. Me
plaisait juste que ma Maye, qui m’accompagne partout dans le
monde tel un double viatique m’entourant le corps, trouvât
correspondance dans un pays de désert.
Le fleuve est mon cinéma, mon « kinéma ». Qui me reboute l’âme
quand j’éprouve une certaine ankylose par l’idée. Il suffit que
j’aille le voir et le regarde faire. Facile ! Il marche en permanence,
il ne s’arrête pas, il est l’égalité d’humeur du mouvement. Je n’ai
qu’à me planter devant lui comme si j’étais une espèce de pêcheur
sans canne ni désir d’attraper aucun poisson. C’est lui que je happe
par les écailles, les reflets. Lui, fleuve, marche pour moi.
J’ai inventé une parole quasiment ex nihilo. Qui a dû suivre mon
corps, mon rythme, mais plus encore mes déplacements […]. Donc
j’ai inventé ma parole qui n’est pas seulement musicale […] mais
dansée, mais dansante. J’ai vraiment le sentiment que la poésie danse. […] La poésie me donne le branle par quoi mon corps se met en route.
Avec Rim Battal, Vanille Bouyagui, Jacques Darras, Guillaume Decourt, Chloé Delaume, Arthur H, Paloma Hermina Hidalgo, Abellatif Laâbi, Christophe Manon, Virginie Poitrasson, Jean Portante, Omar Youssef Souleimane, Milène Tournier…
Accompagnés par Lola Malique (violoncelle) et Pierre Demange (percussions)
Cette anthologie du Printemps des Poètes 2024 rassemble 116 poètes contemporains et des textes pour la plupart inédits. Tous partagent notre quotidien autour de la thématique de la grâce. Leurs écrits sont d'une diversité et d'une richesse stimulantes. Ils offrent un large panorama de la poésie francophone de notre époque.
Pour en donner un aperçu ce soir, douze poètes en lecture, accompagnés de musique.
À lire – Ces instants de grâce dans l'éternité, Anthologie de poésie réunie et présentée par Jean-Yves Reuzeau, Castor Astral, 2024.
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