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Elisabeth Ivanovsky (Illustrateur)
EAN : 9782203131248
Casterman (01/01/1996)
4/5   16 notes
Résumé :
Le bouvier d’un monastère du Midi tombant en ruine fabrique un élixir qui redonne l’aisance à la communauté. Trop heureux de profiter de cette richesse retrouvée, les moines ferment les yeux sur le comportement d’ivrogne du père Gaucher.
Que lire après L'élixir du Révérend Père Gaucher (suivi de) Les SauterellesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
L'Élixir du Révérend Père Gaucher est un conte très cocasse qui nous relate la lutte entre le spirituel et le spiritueux.
Conte d'une étonnante modernité sur les nécessités économiques dont les voies sont parfois presque aussi impénétrables que celles du Seigneur.
Alphonse Daudet nous présente donc une confrérie religieuse, les Prémontrés ou Pères Blancs, sombrés dans un dénuement tel que chapelle et église tombent en lambeaux et que les garde-robes sont en loques.
Certains pensent déjà à quitter la confrérie quand l'un des frères, à l'âme épaisse et à la foi paysanne, en charge des deux seules malheureuses vaches étiques qui restent à l'ordre s'en vient proposer ses services.
Le frère Gaucher se dit capable de confectionner un élixir à partir des plantes de la région dont il a connu jadis le secret auprès de sa vieille tante mal embouchée. Chose dite, chose faite, les Pères Blancs se mettent tous à la besogne et l'élixir connaît instantanément un fulgurant succès alentour.
À tel point que le frère Gaucher, en tant que sauveur de l'ordre, se voit appeler désormais le Révérend Père Gaucher.
L'ennui, c'est que quand il élabore son divin breuvage, le révérend père a besoin de goûter, et même une fâcheuse tendance à bien, bien goûter, de sorte que, sous l'emprise de l'élixir, il se met à débiter les chansons paillardes que psalmodiait sa vieille tante lorsqu'elle préparait elle-même la liqueur. Acceptera-t-on cette entorse aux bonnes moeurs prêchées par les Pères Blancs ?...
La seconde nouvelle n'a pas grand rapport avec la précédente puisque nous sommes transportés en Algérie du temps de la colonisation française, non loin des portes du désert.
Le narrateur nous fait visiter une plantation luxuriante, mise sur pied patiemment par la sueur du front d'un couple obstiné, qui à force de persévérance depuis de nombreuses années, a réussi à bâtir ce petit paradis et à employer désormais de nombreuses personnes des environs.
Tout est calme, la chaleur est accablante, propice à siroter quelque boisson, confortablement installé dans un coin à l'ombre, quand... soudainement... une agitations... des cris épars...
On se lève, on va voir à l'horizon. Mais il n'y a rien à l'horizon, rien qu'un nuage bizarre et étonnement bruyant. Serait-ce des criquets ? Oui, peut-être bien, et je vous laisse deviner la suite.
Deux très belles nouvelles en tout cas, qui n'ont à peu près rien à voir entre elles, ni sur le ton, ni sur la forme, ni sur le propos, mais qui toutes deux, à leur façon, sont très réussies et que je conseille sans hésitation. Mais ce n'est là que mon avis, et s'il venait à passer quelque sauterelle, qu'en resterait-il ? Pas grand-chose, assurément.
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Illustrations : Elisabeth Ivanovsky
Editions : Casterman 1977

ISBN : Inconnu pour l'exemplaire présenté

Je l'ai relue avant-hier et c'est peut-être, toutes réflexions faites, la "Lettre de Mon Moulin" que je préfère. Pourquoi ? Bien difficile à expliquer . Essayons tout de même ... ;o)

D'abord, il y a ce brave curé comme on n'en fait plus - qui permet entre parenthèses à Daudet de préparer à sa nouvelle la "chute" qu'elle mérite - un prêtre tout simple qui reçoit, dans sa jolie cuisine, l'écrivain en personne et lui fait goûter une liqueur fabriquée par les Prémontrés du coin - autrement dit, les Pères-Blancs. C'est une espèce de bénédictine ou de chartreuse, faite à base de simples, bien entendu, mais, si l'on en absorbe un peu trop ... C'est comme tout alcool, voyez-vous . ¨Mais le plus intéressant, c'est qu'une histoire, des plus amusantes et qu'on aime à se raconter entre gens du pays, et encore plus à raconter aux gens de Paris, lesquels, c'est bien connu, se droguent tristement à l'absinthe dans des cafés gris et déjà pollués en cette fin du XIXème siècle, accompagne cette liqueur toutes les fois qu'on en sort le flacon.

Et cette histoire, mes amis, c'est celle du bon Révérend-Père Gaucher.

Notez que, au début, il n'y avait que le frère Gaucher, esprit relativement simple, recueilli par les Pères-Blancs à la mort de sa tante - la tante Bégon d'aimable mémoire - qui l'avait élevé. Comme il n'était guère doué mais qu'il était aussi robuste et de bon vouloir, on n'avait trouvé qu'une seule tâche d'importance à lui confier : garder les boeufs de l'Abbaye.

Une Abbaye qui, de son côté, était un peu, ma foi, à l'époque, comme l'humble frère-bouvier. Jadis, elle avait eu son heure de gloire et de fortune. Mais maintenant, les pauvres moines allaient dans de bien piteuses bures qu'ils usaient jusqu'à la trame. La mitre du prieur était comme qui dirait mangée aux mites, la crosse de sa charge toute dédorée et, plus grave encore, les responsables de l'antique communauté se demandaient s'ils ne feraient pas mieux de s'en aller chacun de son côté, quoi qu'il leur en coûtât, pour répandre la Bonne parole sur les routes et dans les campagnes. Pour se nourrir, bien sûr, ce serait une autre affaire ...

En un mot comme en cent, la situation était désastreuse !

Mais qu'écris-je ? Non, pas désastreuse : apocalyptique !

Jusqu'au jour où Dieu, dans Sa bonté, Celui-là même qui a fait dire à Son fils : "Heureux les simples d'esprit car ils verront Dieu", oui, ce Dieu-là, s'en vint souffler au frère Gaucher qu'il tenait peut-être, dans les méandres de son esprit pourtant si modeste, LA solution tant espérée par ses frères. Et cette solution était on ne peut plus simple. Autrefois, quand il était enfant, le petit Gaucher suivait Tante Bégon qui vivait d'élixirs divers pour la santé, qu'elle fabriquait en glanant des herbes et des plantes bien précises et dont la tradition familiale lui avait transmis la connaissance. Elle les revendait à droite et à gauche et, ma foi, ça faisait vivre assez bien la tante et le neveu. Et, bien sûr, l'enfant, tout heureux dans cette espèce d'école en plein air, avait retenu pas mal de choses de la science de Tante Bégon. Parmi elles, la liste des ingrédients à la base d'une liqueur quasi divine qu'il était disposé à fabriquer pour l'abbaye afin de permettre à celle-ci de recouvrer tout son éclat - et la considération de ses ouailles.

Oh ! n'allez pas croire que cela se fit en un jour ! Il fallut chercher, fouiller au plus profond des souvenirs du bon frère Gaucher pour être sûr et certain qu'on n'oubliait aucun ingrédient indispensable. Il fallut aussi se replonger dans la distillation, sa durée, ses conditions - ses mystères. Et puis, forcément, dans l'estimation par le goût du résultat.

Et là, mes amis, alors là, ce fut fabuleux ! Cet élixir, l'élixir de la Tante Bégon, qui la faisait chanter tant de chansons égrillardes après boire, se révéla une merveille : un arôme, une couleur, un velouté, en même temps un petit coup de fouet qui vous redressait l'âme et le corps ... Les moines se chargèrent du conditionnement, comme on dirait en nos jours de haute technologie, et le miracle se poursuivit. Toute la campagne environnante, après y avoir goûté, se prit de passion pour ce qui était devenu "L'Elixir du Révérend-Père Gaucher" - car il n'y avait plus, vous pensez bien, de frère Gaucher. Oublié, ce sans-grade sympathique mais si désespérément simple ! Oubliés, les boeufs qu'il avait gardés si longtemps et que l'on avait confiés à un novice !

Mieux : la renommée, le respect revenaient faire leur cour à l'Abbaye. le Prieur avait une mitre toute neuve et une crosse qui étincelait d'or. Les bures des malheureux frères ne faisaient plus ni rire, ni sourire : c'étaient de véritables bures, en belle toile, dignes de leur noble et sainte fonction. Idem pour les sandales des Pères Blancs, hier encore en si piteux état.

Ah ! Dieu était bon. Et sans doute devait-Il contempler tout cela d'un oeil bienveillant lorsque, comme d'habitude, Satan s'en mêla en décidant, lui aussi, de donner son avis - très personnel mais somme toute redoutablement honnête - sur l'Elixir du Révérend-Père Gaucher.

Pour être plus précis, Satan préféra que ce fût le Père Gaucher en personne qui le clamât, cet avis, ou plutôt le tonitruât, enfin le chantât sur tous les tons par toutes les salles de l'Abbaye, et cela après chaque distillation, lorsqu'il venait de tester le velouté final de l'alcool qui avait rétabli la richesse des Pères-Blancs. A Sa façon, très particulière, nous le savons bien, mes soeurs et mes frères , Satan, en somme, se donnait le luxe de célébrer le talent que Dieu, par l'intermédiaire de Tante Bégon, avait légué au Révérend-Père Gaucher.

Seulement, proclamer son enthousiasme en récitant complies et psaumes ou encore en chantant en grégorien, ça n'a jamais vraiment été la tasse d'élixir du Maître des Ténèbres. Il ressuscita donc tous les souvenirs que Gaucher avait pu conserver des chansons à boire de la défunte Tante Bégon et lui affirma que c'était en chantant, le plus fort possible, ces chansons-là, pourtant profanes, et non les nobles chants liturgiques auxquels étaient habitués les Pères-Blancs, que Lui, Satan, entendait rendre gloire à Dieu. A chacun ses chansons et le Ciel, comme l'Enfer, seraient bien gardés.

Il est difficile de résister à Satan, surtout quand on est en pleine distillation d'un alcool quasi divin et qui, à défaut de ressusciter les morts, est parvenu à redonner vie et richesse à une abbaye tout entière. Alors, le pauvre Révérend-Père Gaucher, qui, de plus - héritage génétique bégonesque, peut-être - avait un petit faible pour son Elixir, rendit les armes et célébra la gloire de Dieu en hurlant à tue-tête "Jeanneton prend son faucille ... ta-ta-ta ... En chemin elle rencontre trois jeunes et beaux garçons ..." - enfin, vous imaginez le genre de couplets pour le moins paillards que Tante Bégon, après boire, avait enseignés sans le vouloir à son neveu ...

Forcément, dans une Abbaye de Prémontrés, et pendant les prières du soir, ce type de chansons, si gaies qu'elles soient, ça fait désordre ... et surtout mauvais genre. Seul Satan y trouvait son compte et manifestait son assentiment en marquant gaiement la mesure.

Dès qu'il comprit ce que le Démon le contraignait à faire, le pauvre Gaucher, épouvanté, se rua dans l'Eglise et jura qu'il perdait son âme, que cela n'était pas possible et qu'il ne pouvait, dans de telles conditions, continuer à fabriquer ce maudit élixir !

Je vous laisse à imaginer la stupeur chez les moines, l'horreur chez le prieur et les responsables et les visions cauchemaresques et immédiates qui envahirent la nef d'une Abbaye des Pères-Blancs retournée à la ruine, à la misère, aux mites, aux bures trouées, etc, etc ... On essaya de convaincre Gaucher mais le malheureux ne parlait plus que de ses chers boeufs qui, bien que portant des cornes, étaient des animaux sains et saints - d'ailleurs, n'y avait-il pas un boeuf pour présider à la naissance de Notre-Seigneur ? Ne l'oubliez pas dans votre Crèche de Noël surtout ! ;o)

On pensa d'abord à ce que Gaucher formât un novice pour distiller à sa place. Mais dame ! ce n'était point possible. Car, pour le velouté final, cette "touche" qui n'appartenait qu'à lui, Gaucher ne se fiait qu'à son seul palais ...

Que faire - ah ! que faire, mes enfants, mes amis ? L'affaire était grave, un véritable cas de conscience pour ces hommes de Dieu : ou sacrifier l'âme du Père Gaucher pour l'éternité, ou sacrifier les ressources toutes neuves et bien légitimement acquises de l'Abbaye ...

Un qui s'en donnait à coeur joie, c'était le Diable. Il les savait tous coincés et puis, après tout, ajoutait-Il ironiquement, n'avait-Il pas, Lui aussi, le droit de rendre grâce au Seigneur ? Après tout, c'était Son droit de préférer la chanson sur les nonnettes de Paris qui s'amusaient avec les Pères-Blancs que les "Ave Maria" et les "Pater Noster" ! Oh ! Il voyait le coup venir ! On le flattait en le traitant de "Seigneur des Ténèbres" mais on ne voulait pas que Gaucher chantât à Sa place pour Dieu des chansons somme toute innocentes et qui n'avaient rien à voir avec le culte satanique, tout de même ! Une fois de plus, on Lui donnait le mauvais rôle !

Comment les Pères-Blancs parvinrent-ils à régler l'affaire à la satisfaction de tous - celle du Révérend-Père, le premier intéressé tout de même, celle de Dieu, celle de Satan ... et celle de l'Abbaye ?

Vous le saurez en lisant, en cette époque qui précède l'une des plus belles fêtes chrétiennes de l'année, Noël, "L'Elixir du Révérend-Père Gaucher", de notre Alphonse Daudet national.

Que Dieu vous bénisse, mes bons amis et surtout, n'oubliez pas de dresser chez vous votre Crèche de Noël car elle célèbre non seulement notre héritage christique mais aussi celui qui nous vient de Mithra, du Solstice d'Hiver si cher aux Celtes, nos ancêtre et, bien avant eux, à nos ancêtres indo-européens !

Et si vous avez des petits-enfants qui aiment la lecture, racontez-leur la mignonne et amusante histoire du Révérend-Père Gaucher et de son Elixir parce que, cette histoire, ça fait aussi partie de notre culture, de notre enfance et de notre identité de Français ! Bonne lecture et soyez fiers de ce que vous êtes et ... de notre Littérature !;o)
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Concernant "Les sauterelles", ces insectes font partie du groupe des orthoptères (qui ont des ailes droites) dont font partie aussi les criquets et grillons, groupe qui compte à lui seul 17 000 espèces. Mieux vaut ne pas imaginer ce qui se passerait si tous les individus de ces 17 000 familles nous tombaient dessus ! On peut penser bien sûr aux oiseaux d'Hitchcock..., mais je pense aussi à un livre concernant les mouches, et les risques que présentent (et même avait fait courir à certaines contrées, l'affaire avait été gardée secrète) certaines espèces, livre lu il y a quelques années mais que je ne retrouve pas hélas car j'aurais aimé le relire, et qui était superbement intéressant.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
On allait se lever de table. Tout à coup, à la porte-fenêtre, fermée pour nous garantir de la chaleur du jardin en fournaise, de grands cris retentirent :
" Les criquets ! les criquets ! "
Mon hôte devint tout pâle comme un homme à qui on annonce un désastre, et nous sortîmes précipitamment. [...]
Mais où étaient-elles donc, ces terribles bêtes ? Dans le ciel vibrant de chaleur, je ne voyais rien qu'un nuage venant à l'horizon, cuivré, compact, comme un nuage de grêle, avec le bruit d'un vent d'orage dans les mille rameaux d'une forêt.
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[...] ... Et donc, un beau dimanche-matin, pendant que l'argentier lisait en plein chapitre son inventaire de fin d'année et que les bons chanoines l'écoutaient, les yeux brillants et le sourire aux lèvres, voilà le Père Gaucher qui se précipite au milieu de la conférence en criant :

- "C'est fini ... Je n'en fais plus ... Rendez-moi mes vaches.

- Qu'est-ce qu'il y a donc, Père Gaucher ?" demanda le prieur, qui se doutait bien un peu de ce qu'il y avait.

- "Ce qu'il y a, monseigneur ? ... Il y a que je suis en train de me préparer une belle éternité de flammes et de coups de fourche ... il y a que je bois, que je bois comme un misérable ...

- Mais je vous avais dit de compter vos gouttes.

- Ah ! bien oui, compter mes gouttes ! c'est par gobelets qu'il faudrait compter maintenant ... Oui, mes Révérends, j'en suis là. Trois fioles par soirée ... Vous comprenez bien que cela ne peut pas durer ... Aussi, faites faire l'élixir par qui vous voudrez ... Que le feu de Dieu me brûle si je m'en mêle encore !"

C'est le chapitre qui ne riait plus.

- "Mais, malheureux, vous nous ruinez !" criait l'argentier en agitant son grand livre.

- Préférez-vous que je me damne ?"

Pour lors, le prieur se leva. ... [...]
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Ce qu'il y a, Monseigneur ?... Il y a que je suis en train de me préparer une belle éternité de flammes et de coups de fourche... Il y a que je bois, que je bois comme un misérable...
- Mais je vous avais dit de compter vos gouttes.
- Ah ! bien oui, compter mes gouttes ! c'est par gobelets qu'il faudrait compter maintenant... Oui, mes Révérends, j'en suis là. Trois fioles par soirée... Vous comprenez bien que cela ne peut pas durer... Aussi, faites faire l'élixir par qui vous voudrez... Que le feu de Dieu me brûle si je m'en mêle encore !
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[...] ... Figurez-vous qu'un soir, pendant l'office, il arriva à l'église dans une agitation extraordinaire : rouge, essoufflé, le capuchon de travers, et si troublé qu'en prenant de l'eau bénite il y trempa ses manches jusqu'au coude. On crut d'abord que c'était l'émotion d'arriver en retard ; mais quand on le vit faire de grandes révérences à l'orgue et aux tribunes au lieu de saluer le maître-autel, traverser l'église en coup de vent, errer dans le chœur pendant cinq minutes pour chercher sa stalle, puis, une fois assis, s'incliner de droite et de gauche en souriant d'un air béat, un murmure d'étonnement courut dans les trois nefs. On chuchotait de bréviaire en bréviaire :

- "Qu'a donc notre Père Gaucher ? ... Qu'a donnc notre Père Gaucher ?"

Par deux fois, le prieur, impatienté, fit tomber sa crosse sur les dalles pour commander le silence ... Là-bas, au fond du chœur, les psaumes allaient toujours ; mais les répons manquaient d'entrain ...

Tout à coup, au beau milieu de l'Ave Verum, voilà mon Père Gaucher qui se renverse dans sa stalle et entonne d'une voix éclatante :


Dans Paris, il y a un Père Blanc
Patatin, patatan, tarabin, taraban ...

Consternation générale. Tout le monde se lève. On crie :

- "Emportez-le ... il est possédé !"

Les chanoines se signent. La crosse de monseigneur se démène ... Mais le Père Gaucher ne voit rien, n'écoute rien ; et deux moines vigoureux sont obligés de l'entraîner par la petite porte du chœur, se débattant comme un exorcisé et continuant de plus belle ses patatin et ses taraban.

Le lendemain, au petit jour, le malheureux était à genoux dans l'oratoire du prieur, et faisant sa coulpe avec un ruisseau de larmes :

- "C'est l'élixir, monseigneur, c'est l'élixir qui m'a surpris," disait-il en se frappant la poitrine. ... [...]
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