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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Très intéressante, cette revisite contemporaine des dix commandements. "Tu ne voleras point", "Tu ne tueras point" ... Un court récit poétique et spirituel, inondé de lumière, et un portrait de Moïse ardent et efficace.
«Il était heureux dans le vent, il l'accueillait, à l'écoute. Il était de ceux qui saisissent une phrase là où les autres n'entendent que du vacarme. Par la gorge tendue d'un lion, dans une rafale, dans une avalanche, dans un coup de tonnerre, il reconnaissait le son d'une voix. Tout en l'écoutant, il la lisait aussi, écrite et couchée. Celui qui voit un fleuve regarde le sens dans lequel il coule, vers où il descend selon le courant. Mais l'avenir d'un fleuve est à sa source. Lui regardait du côté de l'origine du vent. Son nez droit coupait comme une proue le souffle et les nuages.»
Le texte est court, mais l'enseignement sur l'histoire de l'Egypte notamment, y est riche.
Avec du recul, c'est un livre que j'ai lu trop vite, survolant les passages abstraits, et suis, de ce fait, passée à côté de la dimension spirituelle de cet écrit.
Ce livre est à aborder, à mon sens, comme une méditation; elle doit bénéficier de toute l'attention du lecteur, pour que l'envolée spirituelle puisse être au rendez-vous.
À bon entendeur ;-)
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Un début qui part léger, empreint de poésie comme des ailes d'anges se faufilant au "bord de la frontière entre le fini et l'immense", là où le sommet de la montagne survolant une calotte de blancs nuages permet d'accéder au divin.
"Je suis Adonai (Yod) ton Elohim".
Une voix résonne au creux de l'oreille de l'alpiniste. Vertige. Vide. Effroi. Il est le meilleur grimpeur. le vent se lève.Sa mémoire se trouble.
"Qui suis-je?"
Pris plus de cinq semaines dans la tempête son frère le redescend, déshydraté, confus dans le campement dont il est le berger. Sa compagne Hirondelle l'entoure de ses bons soins et les souvenirs reviennent peu à peu.
Et là, pour moi légère déception, après ce début quelque peu fantastique, où le doigt de Dieu dessine des lettres sur une muraille, le lecteur bascule dans l'histoire de Moïse et du peuple hébreux.
On se souvient du Pharaon qui fait jeter les enfants mâles israélites dans le Nil.
On se souvient de la fille du Pharaon qui sauve Moïse des eaux.
On se souvient du passage miraculeux de la Mer Rouge.
On se souvient du peuple Juif dans le désert.
On se souvient de la manne céleste envoyée par Dieu pour les nourrir alors que Moïse les a conduit au pied du Mont Sinaï.
On se souvient que Moïse invoque Dieu durant quarante jours puis ramène les Tables de la loi écrites du doigt de Dieu.
Erri de Luca, lui aussi, avec beaucoup de sagesse et de spiritualité,se souvent de tout ça et des dix commandements aussi, puis confie au lecteur qu'il est le "gher", l'étranger,il suit la caravane et "partage l'aube avec celui qui se tait et écoute".
Malgré quelques formules lumineuses comme des "paroles scandées à gouttes de syllabes", je préfère de loin la leçon de vie de: le poids du papillon ou l'enchantement de ses romans: Montedidio (prix Fémina étranger 2002) et le jour avant le bonheur.
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La Feuille Volante n°1051– Juin 2016
Et il ditErri de Luca – Gallimard.
Traduit de l'italien par Danièle Valin.

En principe j'aime bien les romans d'Erri de Luca, cette chronique s'en est souvent fait l'écho, et lire un de ses livres est toujours pour moi un plaisir. Pourtant j'ai lu ce texte comme une fable : l'histoire de ce guide de montagne qu'on retrouve épuisé après une course solitaire s'y prête particulièrement. L'auteur lui-même est un montagnard aguerri et le spectacle des hauteurs ne pouvait le laisser indifférent.   Dans ce décor on est forcément transcendé par ce qu'on voit, par la solitude, le danger, la nature potentiellement hostile qu'il faut regarder avec un oeil attentif parce que la vie en dépend. On est attiré par le sommet autant que par le vide, on est amené à se surpasser soi-même pour une conquête gratuite, personnelle, anonyme. Ici, j'ai retrouvé avec bonheur le souffle poétique de son style, l'art des images, la beauté des paysages qu'il connaît bien et qu'il fait si heureusement partager à son lecteur… L'homme qu'on vient de retrouver est à demi mort, épuisé, terrassé par la fatigue et la faim, comme dans un état second. C'est un peu comme s'il revenait d'une autre planète, un miraculé, sauvé seulement par l'eau des nuages, un peu comme s'il était devenu un autre, que ce voyage avait quelque chose d'initiatique, l'avait transformé. Face à ses interrogations sur lui-même, sur son identité, son frère aîné est là pour l'inviter à reprendre pied dans le monde ordinaire des terriens. Il fait appel à sa mémoire individuelle, celle de leur enfance commune, du quotidien. C'est un peu comme si cet homme qui a tutoyé le sommet et qui a failli laisser sa vie dans cette entreprise, ressuscitait, connaissait une seconde naissance [la symbolique de la tente qui le protège, associée à l'image de la femme souligne cette idée] et il parle. Dès lors, la longue errance de cet alpiniste courageux et peut-être inconscient évoque celle du peuple d'Israël fuyant l'Égypte et la paroi montagneuse lui rappelle le message divin qui, dans le Sinaï, grava la loi de Yahweh.
Les montagne ont toujours eu pour les hommes un caractère sacré et, dans cet univers minéral, sauvage, dépouillé, un être humain ne peut ressentir qu'une grande fragilité, qu'une grande humilité. De Luca connaît bien cette impression mais il est aussi un mystique, traducteur de la Bible et grand connaisseur de la religion juive. Il est donc normal que cet environnement lui rappelle le « Mont Nebo » d'où, selon la tradition hébraïque, Moïse qui n'a pas été autorisé par Dieu a fouler la Terre Promise a cependant pu l'apercevoir avant sa mort.
L'homme reprend vie peu à peu, mais en même temps, entre dans une autre dimension, il devient une sorte de truchement divin, refait l'histoire du peuple d'Israël. Dès lors le texte prend une dimension biblique symbolique, revisite l'histoire de la délivrance du peuple d'Israël d'Égypte, sa pérégrination dans le désert en passant par le mont Sinaï jusqu'à la terre qui devait les accueillir, fait un parallèle entre l'eau salvatrice et la parole divine [« "Ils apprirent au pied du Sinaï que l'écoute est une citerne dans laquelle se déverse une eau de ciel, de paroles scandées à gouttes de syllabes." ], évoque la faute de la femme au jardin d'Eden, la malédiction qui pèsera sur elle pour la suite, l'expulsion d'Adam et d'Eve, leur destiné et leur descendance. Il réhabilite la femme, rappelle son rôle créateur de la vie, refuse de voir, comme le feront les religions par la suite, une condamnation à souffrir dans les douleurs de l'accouchement. Bien au contraire, il voit les femmes comme l'avenir de l'homme, comme le dira plus tard le poète, puisque la vie ne peut procéder que d'elles et qu'ainsi elles sont garantes de la pérennité du peuple d'Israël et donc de sa prospérité. Il rappelle que l'avenir de l'humanité réside dans l'amour, même s'il prend la forme d'un rapprochement charnel entre les hommes et les femmes. C'est bien en traducteur, en linguiste et même en exégète qu'il repense la Bible, commente le Décalogue... Il énumère les interdits édictés par Dieu au peuple élu, propose ses gloses, disserte sur ce qui est proscrit et sur ce qui est toléré, notant au passage les contradictions, souhaitant peut-être dans une sorte de bienveillante utopie que l'humanité s'inspire de ces commandements pour, dans une nouvelle morale universelle, devenir meilleure. Il assigne à ses paroles divines un effet miraculeux et les hommes font prévaloir l'amour qui guide leurs pas et inspire leurs actions mais n'oublie pas le destin des Juifs qui est d'errer par le monde, d'être sans cesse expulsés, victimes des pogroms et le la Shoah.

Si j'ai goûté la style de l'auteur, sa poésie et la puissance de son verbe, je n'ai en revanche que très peu apprécié son message religieux même si je comprends qu'on puisse profiter de sa notoriété pour faire du prosélytisme. Je suis peut-être passé à côté de quelque chose, à côté du message idéaliste porté par l'auteur et qui l'honore, mais ce livre me laisse quelque peu dubitatif au regard de la réalité de l'humanité.

© Hervé GAUTIER – Juin 2016. [http://hervegautier.e-monsite.com ]
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Erri de Luca a eu un parcours très particulier. Activiste d'extrême-gauche jusque vers 1980, il a découvert vers 1983 l'Ancien Testament, puis l'a étudié minutieusement dans le texte hébreu; mais il n'a pas adhéré à une religion et il n'est pas sioniste. Il a certainement une personnalité d'idéaliste. Anticonformiste, austère et perfectionniste, il trace son chemin solitaire sans se préoccuper de l'opinion générale.
"Et il dit" est consacré à un épisode célèbre de l'Ancien Testament: il donne un éclairage original sur l'expérience de Moïse face à Yahwé, au Sinaï. Pour E. de Luca, le don des tables de la Loi est l'occasion d'en faire une exégèse fouillée, et parfois dérangeante. Celle-ci intéressera beaucoup les personnes versées dans l'interprétation de la Bible et… elle laissera indifférents les autres lecteurs (mais ils n'auront probablement pas l'idée de lire ce livre !).
Avec E. de Luca, on plonge dans l'abîme d'un passé lointain qui, quoique étrange, prend un aspect concret et immédiatement accessible. "Et il dit" est un livre court, mais, de mon point de vue, assez ingrat à lire. le style de l'auteur me semble heurté, rugueux, avec des images concrètes surprenantes. Je reste de glace devant des phrases comme celle-ci: « le silence qui suivit fut celui du lait qui caille ». En fait, je pense que ce style a quelque chose à voir directement avec l'écriture de la Bible hébraïque, qui ne connait pas les abstractions et dont l'auteur est tout pénétré. Mais le lecteur moyen du XXIème siècle s'y sent assez mal à l'aise. En conclusion, je suis plutôt satisfait d'avoir fait connaissance du monde de Erri de Luca, mais je n'ai pas envie d'y retourner de sitôt.
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Je n'ai pas bien compris cet ouvrage qui mêle une question religieuse difficile à comprendre, liée à l'ancien testament, me semble-t-il, avec une ascension dans les Alpes, sans véritable intrigue. le livre est de plus bien court pour permettre une quelconque réflexion sérieuse sur le sujet traité.
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