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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il y a très longtemps que j'avais noté que je voulais lire ce livre. Je l'ai lu aujourd'hui en moins d'une heure après avoir entendu une conférence d'Erri de Luca en forme de master classe en début de semaine. J'ai retrouvé dans ce livre certaines idées qu'il a partagées durant la conférence et aussi des réponses à des questions que je me posais sur lui.
"Et il dit" est l'une des premières paroles de la Bible, dans le livre de la Genèse. C'est celle de l'acte créateur et de la parole agissante. Là ce terme s'applique au moment où le peuple juif reçoit les dix commandements, dans le livre de l'Exode. Et cette parole est aussi écriture car les commandements s'écrivent dans la roche sous les yeux des Hébreux.
Avant d'arriver à ce passage, pendant vingt-cinq pages, nous sommes en présence de Moïse, même s'il n'est pas nommé. C'est un berger, un meneur d'hommes qui a rencontré Dieu et cette rencontre ne le laisse pas indemne. Il ne veut plus vivre, mais tout d'un coup il se met à parler au peuple hébreu. Et là Erri de Luca reprend chacun des dix commandements et sa traduction et son interprétation sont bien plus larges que ce que l'on entend habituellement. Sa narration englobe toute l'histoire du peuple juif. Il y a des événements antérieurs à cet épisode avec Adam et Eve, Caïn, Abraham ou Isaac. Mais aussi des éléments postérieurs avec David, d'autres auteurs de psaumes ou un passage de l'Evangile, et même des références contemporaines, avec l'évocation de la Shoah.
Cet épisode central des dix commandements (qu'il faudra que je relise en le comparant avec le texte habituel du Décalogue) est suivi de deux petits textes, comme dans d'autres oeuvres d'Erri de Lucas où des chansons ponctuent parfois le déroulement. le premier texte "Adieu au SInaï" - au passage, j'ai appris que le SInaï et l'Horeb sont la même montagne - relate comme une nouvelle création ou un retour au paradis puisqu'après avoir reçu les commandements, le peuple voit toutes ses blessures guérir.
Le deuxième texte précise comment Erri de Luca se situe vis-à-vis de judaïsme : il est "en marge du campement", comme s'intitulent ces trois pages. Il suit l'histoire du peuple juif, il l'étudie, il en est pénétré, mais il ne va pas jusqu'à se poser la question de la foi. En même temps que ce livre, je lis "Jours de Royaume" de Marie-Laure Choplin. Et elle a une belle phrase pour parler d'Erri de Luca, tout à fait en résonance avec ce que je viens d'écrire :" Comme longuement le fait Erri de Luca. Lire et laisser pour plus tard ou pour jamais la question de croire."

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Disons le tout net, ce livre est aux antipodes du roman. Ce n'est ni un essai, ni un commentaire philosophique ou religieux. Il s'agit en réalité de la lecture par De Luca des Dix commandements, et comme il l'avait déjà fait par le passé dans d'autres textes (Noyau d'Olive, Alzaïa, Première heure, etc...) d'une forme d'exégèse de l'écriture biblique directement depuis l'hébreu. le mot exégèse du reste convient très mal à cette relecture depuis la langue hébraïque de chacun des mots des textes sacrés.
Le livre est court, mais d'une densité qui impose la relecture. Chaque phrase inspire une réflexion. Toute la puissance de l'auteur se condense dans ces pages en forme de tout, une somme de la sagesse selon De Luca.
L'artifice qu'utilise l'auteur est celui, évidemment quand on connaît son affection pour la montagne , celui d'un alpiniste au pied de la montagne et de ses compagnons pleins d'interrogations. La parole se gravera "avec des points à la ligne" en dix phrases "comme les dix doigts de la main" dans le roc de la montagne. Passée la stupeur de l'évènement, cette collectivité humaine y trouvera son humanité.
Erri de Luca achève son ouvrage par deux très courts chapitres, l'un "Adieu au Sinaï" et l'autre "En marge du campement" dont l'un rappelle le côté bienfaisant de la voix prophétique et l'autre très intime, présente la place que l'auteur entend garder avec le peuple juif et la langue sacrée "je ne dois pas appartenir, je suis avec les treizièmes, étranger à la douzaine convoquée.Mon titre de voyage est de suivre à l'écart". Quelle leçon de modestie et d'humilité!
Et puis comme toujours des phrases sublimes :
"Quand un homme agit pour défendre une femme, il fait le seul geste qui justifie sa force" (p 92) ou encore "Les mains sont devant l'homme, elles soutiennent son travail, le verbe "faire". Et les paroles font l'homme, elles sont devant lui, elles le guident ou bien l'égarent".
Merci Mr deLuca de ce texte qui nous incite à nous interroger quelques instants sur nos existences hors de toute idéologie et en pleine humanité.
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Remarquable! Il y a des livres dans lesquels ont avance comme à pas feutré, qu'on déguste, comme un bon vin, dont on tourne les pages délicatement, de peur de lui faire perdre son essence. Non qu'il soit fragile, mais parce qu'on comprend que ce qu'il renferme est infiniment précieux et ténu.

L'auteur n'est pas un exégète, estampillé par une faculté pontificale, non mais il a une intelligence du texte et comme une nouveauté qui nous rafraîchi, qui nous désaltère en profondeur.
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