Octobre 1967. Vingt-deux éclopés. Sept Cubains, dont deux blessés graves. Sept Boliviens, dont trois malades. L'un pleure de soif. Deux Péruviens, dont un handicapé. Des spectres en guenilles, à faire peur. Les chiens aboient à leurs trousses, de tous côtés. On fuit ces pestiférés. La colonne de somnambules titube à travers les hameaux presque vides. Une nuit, elle a même campé entre deux villages distants de cinq kilomètres, au milieu de la route, sans précaution aucune. Le Che va au devant des paysans. Il leur court après, leur parle, s'identifie, en sachant que, sitôt le dos tourné, ils iront le dénoncer. Ainsi l'armée bolivienne suit-elle leur déplacement quasi en temps réel. Il multiplie les imprudences. Il n'a pas voulu se défaire de ses mules, qui retardent sa marche. Ce n'est pas que sa volonté ait faibli : il l'applique à faire tout ce qu'il faut pour en finir proprement et vite. Il laisse filer, marche droit devant lui, en niant l'évidence.
Plus un pays est grand, et tourne le dos à la mer (les ports sauvent), plus les vies sont murées. Les insulaires rayonnent. A-t-on assez remarqué que les meilleurs stratèges viennent souvent d'endroits isolés, Corse ou Réunion, ou du milieu des mers, Angleterre ou Japon ? Fort d'une culture autodidacte avide, bricolée mais assez étendue, Fidel vibrait à chaque secousse de la planète.(page 146)
Décentraliser la puissance publique, c'est bon pour la démocratie locale ; et aussi pour la corruption générale et les mafias transnationales. (page 474)
Claude Grange : "Je lance un appel, aux soignants, de rester dans le prendre soin"