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EAN : 9782070783809
464 pages
Gallimard (07/02/2008)
3.67/5   43 notes
Résumé :

D'après les Évangiles, et dans sa courte vie tant cachée que publique, le Galiléen s'est rendu, sans visa ni carte d'identité, en Israël, Palestine, Jordanie, à Gaza, au Liban, en Égypte et en Syrie. Je me suis faufilé dans tous ces pays : il y faut plus d'un passeport et des détours.

Jésus pouvait traverser la mer de Génésareth, aller "au-delà du Jourdain ", et revenir le lendemain sur l'autre rive. Ce n'est plus possible.

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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Comme c'est Régis Debray, ce candide n'est très candide ! On a plutôt affaire à un intellectuel de haute volée et plutôt bien renseigné sur le sujet.
Plus qu'un récit de voyage au sens propre (on ne trouvera guère d'anecdotes pittoresques et en cela le livre est bien loin de Nerval, Flaubert ou Lamartine), le livre est le récit d'une rencontre intellectuelle avec une région du monde complexe à un courant de son histoire. Régis Debray rencontre des personnalités diverses et nous faire part de ses réflexions sur des sujets divers, la situation des chrétiens d'Orient, Jérusalem, la montée du Hamas...C'est tout à fait passionnant, fort bien écrit (avec un beau sens de la formule, mais cela ne sonne pas creux), on s'en doute et particulièrement intelligent. On ne peut que souscrire à la majorité de ses analyses.
Toutefois le livre a maintenant une quinzaine d'année et la situation s'est encore largement dégradée. La Syrie a connu le chaos que l'on sait. La guerre d'Irak a débouché finalement sur l'Etat islamique et en Israël les partisans de la paix sont sans cesse plus minoritaires....
Vous ne trouverez ni dans ce livre, ni dans l'actualité des raisons d'être optimiste quant l'avenir de ce qu'on appelait autrefois le Levant. A lire cependant pour un éclairage en profondeur mais un peu daté.
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Disons le tout net : je n'aime pas le style de Régis Debray, trop de métaphores, trop de traits d'esprit parfois vraiment tirés par les cheveux et pas du meilleur goût.
Mais
Son livre est passionnant, un pèlerin agnostique en Terre Sainte voilà qui ne manque pas de sel et qui participe à une approche sans langue de bois dans un pays où l'amour du prochain est oublié depuis longtemps.
Régis Debray porte un regard très éloigné du politiquement correct et du langage diplomatique sur cette région.
Entrons un peu plus dans ce pays qui couvre aussi bien Israël que Gaza, la Syrie et la Jordanie et un bout du Liban car nous dit Régis Debray « Jamais (...) une sainte histoire n'eut moins de géographie. »
Le cheminement tient une grande place dans ce récit où vous côtoyez églises, synagogues, mosquées, lieux saints des trois religions du Livre. Ce voyage nous fait nous interroger pour comprendre pourquoi ce territoire est devenu un champ de bataille, un cauchemar total « Un maximum de haine dans un minimum de territoire. » dit Debray très justement.

Lieux des croyances et des extrémismes, juifs orthodoxes de Mea Shearim ou Frères musulmans, palestiniens en quête d'un état, chrétiens en terre étrangère qui alimentent à eux seuls la manne touristique du pays.
Comment peut-on penser faire vivre ensemble ceux qui se barricadent derrière un mur, ceux qui se voient dépossédés de leur terre ?
J'ai aimé les rencontres faites par Régis Debray, Israéliens ou Palestiniens, quelques personnages hors du commun à qui on confierait bien les clés du royaume.
Comme ce prêtre qui dit que se préoccuper des palestiniens ce n'est pas être en opposition avec les israéliens, que la paix passe par une élévation du niveau d'éducation des enfants arabes, par le refus de se définir avec une seule identité dans ce pays multiple où un arabe ne peut rendre visite à ses amis le soir, ne peut obtenir un visa de sortie pour participer à un congrès !!
Un pays où les diplômés s'exilent aux Etats-Unis pour ne plus subir d'humiliations.

D'une façon tout à fait surprenante ce sont les Evangiles qui servent de guide de voyage à l'auteur et son éclairage est vraiment passionnant, il oblige à remettre en question des certitudes, à écouter ces personnes enclines au dialogue de part et d'autre. Un éclairage parfois subversif, parfois agaçant mais au combien utile.
Par delà les champs de mine, le mur, les photos de martyrs accrochées au grillage « Il faut guérir les Israéliens de la peur (…) et soulagé les Palestiniens qui ont peur de cette peur. »
Compréhensif devant les revendications palestiniennes il est aussi admiratif des juifs car dit-il, ils incarnent la mémoire du XXème siècle, il y a parmi eux un grand nombre de personnalités d'exception, leur presse est libre et leur justice indépendante mais regrette son obsession sécuritaire.
le livre date de 2008 mais il pourrait avoir été écrit hier. C'est un regard équilibré sur une région pleine de soubresauts et c'est déjà chose suffisamment rare pour mériter la lecture.

Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Le Candide en question, c'est notre Régis Debray national, ex-gauchiste, ex-compagnon de route d'un certain Guevarra et maintenant respectable philosophe athée désenchanté et très vaguement patriote. A la demande de J.Chirac, Debray se retrouve mandaté pour observer sur le terrain comment juifs, musulmans et chrétiens arrivent à cohabiter sur ce petit morceau de planète appelé « Terre Sainte » et quelles pourraient être les perspectives d'avenir de la région. Debray ne pourra pas remettre son rapport au grand gastronome élyséen qui aura quitté les lieux à son retour et se contentera de nous gratifier de ce livre, le plus honnête que j'ai lu jusqu'à ce jour sur la question…
Debray ne se voile pas la face, ne prend pas l'arbre pour la forêt ni les vessies pour des lanternes, il se contente de nous raconter très honnêtement ce qu'il a vu au cours de sa mission. Et cela n'a pas grand-chose à voir avec ce qu'on a l'habitude de nous montrer dans les médias muselés. La vérité qui ne ménage personne est à la fois surprenante, dérangeante et rebutante.
C'est un voyage au bout de la haine ordinaire, recuite et inexorable qui nous amène à nous poser les vraies questions… Par exemple :  A long terme, le « vaillant petit état hébreu » sera-t-il encore viable, disons dans 50 ans, pourra-t-il tenir aussi longtemps que le royaume latin de Jérusalem alors que la galopante démographie palestinienne ne peut que le submerger ?
A court terme, la colonisation sauvage et la parcellisation des territoires palestiniens n'interdit-elle pas toute possibilité de véritable création d'un état palestinien indépendant ? On amuse le téléspectateur avec l'expulsion de 800 colons juifs à Gaza alors qu'on en implante 20 000 en Cisjordanie dans le même temps, mais hors caméra.
Les chrétiens de Palestine et du Liban pourront-ils se maintenir encore longtemps vu qu'ils émigrent par milliers chaque année et que personne n'en parle ? Debray fait remarquer que ce sont les seuls qui peuvent permettre un dernier dialogue et empêcher le cataclysme final et personne ne les appuie.
Dans la mesure où il est toujours bon de savoir ce qui nous attend à moyen ou long terme, ce témoignage, à la fois chronique de voyage et méditation personnelle est assez intéressant si l'on fait abstraction des dérives théologico-philosophiques de l'auteur et si l'on accepte son style pour le moins « filandreux »…
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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C'est un remarquable livre d'investigation et de réflexion sur la situation très complexe au Proche-Orient. Il se focalise surtout sur le conflit israélo-arabe. Tous les protagonistes de ce conflit "en prennent pour leur grade", y compris Israël dont la politique est sévèrement critiquée, sans toutefois que l'existence même de l'Etat juif soit remise en cause. D'une manière générale, R. Debray se positionne en "candide", qui n'aligne pas son opinion sur l'un des camps ennemis.
L'auteur démontre toute son intelligence dans un dialogue approfondi avec toutes les parties prenantes du conflit. Il exprime d'une manière précise ses impressions et sa compréhension des questions religieuses et politiques qui divisent les habitants de cette région. R. Debray a le sens de la formule et du raccourci pour caractériser ces problèmes avec justesse, sans pour autant tomber dans la simplification et le manichéisme. Certains pourront lui reprocher un style assez sec et une écriture peu fluide, mais R. Debray est un intellectuel, et non un poète ! Cependant, j'ai l'impression qu'il dissimule une certaine empathie avec les divers protagonistes rencontrés, malgré les critiques qu'il distille dans son livre.
Quoique publié en 2008, ce livre empreint d'esprit de justice reste encore un ouvrage très utile pour comprendre cette région compliquée et dangereuse.
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J'ai été déçu, car c'est vraiment un livre assez compliqué à lire, intéressant mais je ne pense pas avoir tout compris.
Il fait vraiment un portrait de l'Israël, la Palestine, et le Liban, avec des rencontres de différents habitants, notamment des responsables religieux de toutes les religions présente et de toutes les différentes mouvances religieuses, et des conflits de cette région.
Après, le lien avec Jésus est assez limité, si chaque chapitre est introduit par des extraits de la Bible, c'est presque tout, ou présenté de manière tellement difficile qu'on ne suit pas tout.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
une grand-mère du voisinage s'est fait exploser au passage d'une patrouille israélienne, qui n'a eu que trois blessés. Elle était âgée de soixante-sept ans, et elle avait laissé plein de bonbons à ses soixante-treize petits enfants, bien en évidence sur la table de la cuisine pour le jour de ses funérailles. Elles furent festives, paraît-il. L'un de ses fils avait été peu avant tué dans la rue, avec deux autres emprisonnés comme militants du Fatah, et sa maison, en punition, détruite par les bulldozers. Elle en avait assez d'avoir peur. Elle s'est mis un bandeau vert du Hamas autour de la tête, a enregistré son testament vidéo, a pris une douche et s'est collé des pains de TNT sous la robe. C'est devenu l’héroïne du quartier, mais tous, apparemment, ne sont pas d'accord. On traite parfois de lâches les Palestiniens parce qu'ils enverraient leurs enfants se faire tuer à leur place. Ici, je vois des enfants dissuader mamie et papy d'aller jusqu'au bout. "
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La bonté ? Miséricordieux s’intitule le D.ieu des musulmans, et c’est bon signe. Ce qui ne l’empêche pas de réserver ses faveurs aux siens : nous d’abord. Les institutions caritatives musulmanes, nombreuses, soignent et soulagent les musulmans. Le D.ieu juif s’intéresse aux Juifs, point final. Achille prend pitié de Priam. Josué n’a pas de compassion pour ses ennemis. Celui des chrétiens, moins exclusif, a des vues plus larges. Il veut que tous les hommes soient sauvés, les mongoliens inclus. Pas de saint Vincent de Paul, pas de Mère Teresa dans les religions de la Loi. Chez elles, le caritatif s’exerce à l’intérieur du groupe. Si un juif orthodoxe tombe sur un enfant abandonné au coin d’une route, l’homme en lui le secourra d’instinct, mais il devra triompher de l’orthodoxe : est-il de la Synagogue ou non ? Le musulman regardera aussi son entrejambe pour éclairer sa décision, et le chrétien, que l’enfant soit garçon ou fille, circoncis ou non, le mettra aussitôt chez les sœurs. Le Lévitique fait interdiction aux estropiés et aux handicapés de sacrifier au Temple ; Jésus invite les femmes, les estropiés et les lépreux à sa table. D’un D.ieu monade sans portes ni fenêtres, il fait un D.ieu monde, à claire-voie. C’est plus aéré, moins décourageant.
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" En ville, le vide, les détritus, l'ennui. Rien à faire, peu à manger. Et pas d'alcool. A la place, les armes à feu. Les gamins fanfaronnent avec, en pleine rue, AK-47, M-16, revolvers ( les roquettes Quassam ne se montrent pas, ni les Katioucha ) .On tire en l'air dans les mariages, on se tire dessus entre familles, par jeu, par habitude, par vendetta. Difficile de s'y reconnaître entre les polices, brigades, gangs : il n'y a plus de forces de maintien de l'ordre, mais il y a 70 000 policiers ou prétendus tels. Qui dit prison, dit tunnel. Les armes rentrent par les tunnels, côté Égyptien, avec, la mafia russo-israélienne aidant, drogues et voitures volées. Sur ce chapitre, ce sont les Palestiniens qui ont outrepassé les plafonds des accords d'Oslo. En 2005, il y a eu plus de Palestiniens tués par d'autres Palestiniens que durant les trois années précédentes. En nombre de victimes, les Israéliens gardent un net avantage ( ils ont d'autres moyens ) , mais on pressent le jour où cette chaudière rouillée va s'autodétruire. Tout cela, Quassam, prises d'otages, opérations suicides, paraît aussi irrépressible que bricolé, aussi interminable qu'incontrôlable. Porté par une marée aveugle et juvénile, un vent fou de vitalité collective et suicidaire.
Jeter des pierres sur les chars n'est pas donné à tous. A Gaza, le sol étant plat et sablonneux, le chérubin saute de suite au stade supérieur du projectile, balle de fusil ou roquette. Les jeteurs de pierres sont les petits Palestiniens des collines, en Cisjordanie. A verser au chapitre " stratégie et géologie" "
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La bonté ? Miséricordieux s’intitule le Dieu des musulmans, et c’est bon signe. Ce qui ne l’empêche pas de réserver ses faveurs aux siens : nous d’abord. Les institutions caritatives musulmanes, nombreuses, soignent et soulagent les musulmans. Le Dieu juif s’intéresse aux Juifs, point final. Achille prend pitié de Priam. Josué n’a pas de compassion pour ses ennemis. Celui des chrétiens, moins exclusif, a des vues plus larges. Il veut que tous les hommes soient sauvés, les mongoliens inclus. Pas de saint Vincent de Paul, pas de Mère Teresa dans les religions de la Loi. Chez elles, le caritatif s’exerce à l’intérieur du groupe. Si un juif orthodoxe tombe sur un enfant abandonné au coin d’une route, l’homme en lui le secourra d’instinct, mais il devra triompher de l’orthodoxe : est-il de la Synagogue ou non ? Le musulman regardera aussi son entrejambe pour éclairer sa décision, et le chrétien, que l’enfant soit garçon ou fille, circoncis ou non, le mettra aussitôt chez les sœurs. Le Lévitique fait interdiction aux estropiés et aux handicapés de sacrifier au Temple ; Jésus invite les femmes, les estropiés et les lépreux à sa table. D’un Dieu monade sans portes ni fenêtres, il fait un Dieu monde, à claire-voie. C’est plus aéré, moins décourageant.
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.La maladie coloniale. On ne veut pas exploiter ni faire souffrir. Tout au contraire. On était si gentil avec eux et voilà comment ils se comportent. les pauvres. La gentillesse personnelle est censée gommer l'inégalité des droits et des niveaux de vie. A la limite, la victime c'est le colonisateur parce que le colonisé le corrompt, sabote ses bonnes intentions, le force à user de violence en ne se conduisant pas comme il devrait. " vous tuez nos enfants , mais nous vous reprochons encore plus d'avoir à tuer les vôtres ", disait Golda-Meir. Germaine Tillion a fort bien décrit comment la mauvaise conscience peut dégénérer en mauvaise foi...
  Nous qualifions de colon un sioniste religieux convaincu qu'il ne fait que rentrer chez lui, recouvrer ses droits de propriété sur les terres que Dieu lui a confiées... Et c'est nous, Européens , qui avons, à ses yeux, mauvais esprit. Pensons à lui dire que ce n'est pas par malveillance mais par éducation. Celle-ci dépend largement du pays d'où l'on vient. Du milieu où l'on a incubé.
  Les inventeurs de la notion de " milieu ",  en France, passent pour de grossiers personnages, Sainte-Beuve, Hyppolite Taine. Positivistes, déterministes, matérialistes et autres noms d'oiseaux. Dommage. Quand les idées d'un honnête homme nous choquent, regardons l'humus où il a poussé. A quoi s'est-il frotté dès l'enfance , quels visages l'ont entouré, quelles chansons l'ont bercé. Vous voulez comprendre qui dit quoi, et pourquoi : arrêtez de jouer aux idées, cherchez le bocal. Causette inutile. Le jus fait le jeu.

  On prête à Camus un fameux  :   " Entre la Justice et ma mère, je choisis ma mère. " il fallait du courage pour le reconnaître, mais s'agit-il bien d'un choix ? Que peut le cortex contre l'hypothalamus - au bout du compte ? Cette fatale attraction, c'est l'ombre du mancenillier sous le soleil des Lumières. J'avais la vague idée qu'un jugement pondéré, départageant les torts et les mérites,  pourrait concilier l'inconciliable entre Israël et Ismaël. Un mirage. Le viscéral ne se discute pas. Le sacré non plus. Echange impossible. Silence recommandé
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