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EAN : 9782259263535
560 pages
Plon (16/05/2018)
3.68/5   14 notes
Résumé :
En 1942, dans une France sidérée par sa défaite et plus que jamais divisée, des voix s'élèvent. Et si la Bretagne devenait indépendante ? Le rêve d'une poignée d'exaltés ? Marina Dédéyan se passionne pour l'identité bretonne dans un boulersant roman familial. En 1942, dans une France sidérée par sa défaite et plus que jamais divisée, des voix s'élèvent. Et si la Bretagne devenait indépendante ? Le rêve d'une poignée d'exaltés ? Terre de la résistance la plus farou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Le devoir de mémoire est une chose complexe. Pour moi qui ne suis pas spécialiste, c'est à la fois honorer ceux qui ont donné leur vie pour des idées dont nous nous revendiquons aujourd'hui les héritiers, mais c'est aussi regarder notre histoire en face, en acceptant qu'elle a des parts d'ombre et que de cela aussi nous sommes les héritiers. C'est probablement la difficulté de cette posture qui m'amène à tant m'intéresser, au travers des romans, aux périodes sombres de notre histoire récente. Ce livre était donc tout indiqué pour moi. Les romans sur ce sujet, l'attitude des Bretons en général et des indépendantistes en particulier, pendant la seconde guerre mondiale est un peu un sujet tabou dans les romans régionalistes, parce que cette attitude n'a guère été glorieuse. Loin de moi de faire des Bretons une engeance de collabos, il y a eu des maquis en Bretagne, et ils ont été très fréquentés. Je sais même qu'un de mes grands-oncles, Tonton Yves, en a fait partie, poussé comme beaucoup de jeunes de l'époque par son refus du STO. Mais les indépendantistes ont vu dans l'Allemagne un allié possible contre la France et son système jacobin. Breizh Atao (Bretagne toujours) s'entend toujours, mais cette expression conserve pour certains quelques relents de nazisme dont elle ne se débarrasse que pour ceux qui ne savent pas d'où elle vient.
Voilà ce que Marina Dédéyan se propose d'évoquer dans son ouvrage. Mais, et encore une fois, je ne suis pas historienne et très novice dans ces questions, j'ai été très embêtée par sa façon de présenter les faits et de les minimiser. A la lire, les indépendantistes n'ont fait qu'avoir des réunions avec l'état major allemand, ne profitant que de leur réserve de vrai café et de leurs beaux bureaux, puis ils ont sagement attendu qu'Hitler leur offre la Bretagne sur un beau plateau d'argent. Mais Hitler ne leur a rien offert, alors ils ont attendu, et puis ont été victimes des purges de l'après-guerre. Un peu facile et un peu simpliste. Alors, est-ce que moi aussi je suis victime du discours jacobin de la France ou est-ce que ce livre n'ose pas appeler un chat un chat? Je penche un peu pour la seconde hypothèse, et je suis donc très déçue par ce livre qui ne dit rien et ferait presque croire que tous les Bretons ont été résistants, sauf peut-être certains qui ont juste laissé passer la tempête.
Et pour ajouter à cela, l'écriture de ce livre n'est pas d'une très grande qualité. Je ne parle pas seulement de l'artifice littéraire des trois frères qui incarnent chacun une des attitudes possibles face à la bretonnité (parce que l'indifférence n'est pas possible, on se sent nécessairement attaché à sa Bretagne, n'est-ce pas?) et à la guerre (pacifisme, résistance et attentisme, la collaboration n'est tout simplement pas pensable, n'est-ce pas?), mais du style littéraire. Les longs discours exposant des pans entiers d'une histoire récente, entre deux personnes qui connaissent très bien tout cela, les longueurs, les poncifs sur la Bretagne (chaque arbre de la forêt qui a une histoire, les gentils nobliaux qui aiment et aident leurs paysans, et caetera, et caetera.). Et puis cette couverture mensongère, avec ses grandes vagues alors qu'il n'est pas peu près jamais question de mer dans ce livre, un titre intriguant et poétique, mais racoleur parce qu'il n'a pas vraiment de lien avec l'histoire. Cela fait beaucoup pour un même livre, où ni la forme ni le fond n'ont trouvé grâce à mes yeux.
Dommage, car c'est un sujet intéressant, passionnant même, mais ce livre ne lui fait pas honneur. Celui d'Hervé Jaouen, [Sous le calvaire], qui parle du même sujet et qui ne m'avait pas paru complètement abouti dans sa démarche, m'a laissé un bien meilleur souvenir, celui d'un devoir de mémoire douloureux mais en train de se faire. A ceux qui seraient tentés de lire le livre de Marina Dédéyan, je dirais plutôt: "Prenez le temps de commander le livre de Jaouen, même s'il met quelques jours à arriver, c'est une lecture qui vaut vraiment cette petite attente, sa lecture en sera mille fois plus intéressante et agréable." 
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Une claque, une énorme claque!

J'ai commencé le roman un peu à reculons lorsque les premiers personnages entrent en joute verbale, refroidie par la teneur politico-vindicative des dialogues... Mais tout à la fois fascinée par la teneur historique du texte.

J'ai donc continué et je ne le regrette pas, car au fil des pages, l'auteure développe tout un art pour mêler Histoire et histoire! Sous couvert de suivre la vie d'une famille noble de Bretagne, les Kermor, ainsi que les désaccords des trois jeunes frères - l'un autonomiste, l'autre pro Bretagne française mais libre de sa culture et le dernier neutre sur le devenir mais amoureux de sa terre - Marina Dédéyan dresse une fresque historique relatant l'occupation allemande de la Bretagne au cours de la seconde guerre mondiale. Elle change de protagoniste au fil des chapitres, donnant ainsi la paroles à tous, du breton pure souche à l'occupant allemand, ce qui retire au livre le côté revendicateur-propagande que j'avais craint lors des premiers chapitres.

Au contraire, donnant la parole à tous elle permet de montrer les différents points de vue et de faire toucher du doigt le fait que rien ni personne n'est tout noir ou tout blanc. Ainsi ses "héros" et ses "méchants" nous prouvent à chaque page que l'enfer est pavé de bonnes intentions et que les rêves aussi purs soient-ils au départ peuvent conduire aux pires crimes...

Les dialogues entre les différents protagonistes permettent à l'auteure de glisser des faits historiques et politiques qui sont très instructifs, parfois tendant presque à ressembler à un livre de cours, mais qu'elle réussi cependant à adoucir en les mêlant à des faits plus légers, de la vie de tous les jours.

Car derrière cette fresque historique magnifique, se cache une fresque familiale et surtout une histoire d'amour (fraternel, filiale, amoureuse, culturelle) qui émeut aux larmes par moment, fait gonfler le coeur... J'ai été tenue en haleine jusqu'au bout, même pendant le prologue et j'ai plus d'une fois sorti les kleenex...

Je ne me remet d'ailleurs pas de la fin, qui continue à me hanter et à laquelle je repense régulièrement... J'ai rarement été aussi retournée et émue par une intrigue amoureuse, rarement été aussi happée par un "livre "
d'histoire"!
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Ce livre a été une découverte étonnante, mais que j'ai vraiment appréciée. Il présente une partie très méconnue de l'histoire de la Bretagne, de manière claire, documentée, et surtout nuancée, ce qui est le plus appréciable. L'auteure maîtrise son sujet et cela se ressent !
Les personnages sont intéressants, on s'attache vite à eux, à leurs secrets et à leurs mystères. Il y a parfois quelques grosses ficelles scénartiques ou quelques facilités, mais c'est relativement noyé dans le gros travail de restitutions historique qui a été effectué.
Malheureusement c'est aussi là que le livre pèche : l'exposition de la situation politique se fait beaucoup au cours des dialogues, ce qui leur confère un aspect assez lourd et rébarbatif, manquant de naturel et de spontanéité. Marina Dédéyan est bien meilleure pour les descriptions, et c'est dommage parce que ce problème de dialogues plombe un peu le rythme de l'ensemble.
Mais excellente lecture tout de même, je suis curieuse de me plonger dans les autres romans de cette auteure que je ne connaissais pas !
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Quelque peu réticent au regard de la teinte "régionaliste" qu'aurait pu prendre l'intrigue, on se laisse très vite emporter par la puissance narrative et le souffle de l'histoire qui traversent ce roman ... A tel point qu'il devient presque impossible de lâcher ce livre avant d'en avoir connu le dénouement qui en surprendra plus d'un ...
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
La guerre grondait, la bête hideuse nourrie par les mêmes criminels qui avaient mis l’Europe à feu et à sang vingt-cinq ans plus tôt, tapis dans leurs ministères et leurs états-majors. Cette fois-ci, les Bretons n’iraient pas à l’abattoir. Ils prendraient les armes, mais pour défendre leur propre liberté. Pas de guerre pour les Tchèques ! L’heure du réveil des peuples depuis trop longtemps écrasés, des hommes nouveaux prêts à s’insurger avait sonné. Certes, ses camarades se comptaient sur les doigts d’une main, cependant leur détermination pouvait tout changer. Et ils avaient des alliés puissants. Personne ne voulait d’une autre guerre, même si les voix demeuraient rares. L’Humanité dénonçait à longueur de colonnes le conflit qui s’annonçait, un règlement de comptes entre les banques et le grand capital au détriment des masses laborieuses. La paix et la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes !
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La guerre est une chance, la chance de bâtir un avenir nouveau. Purificatrice, rédemptrice, elle éradique les faibles, balaie les puissances déliquescentes, redessine la face du monde. La guerre témoigne du génie du genre humain, de la capacité des meilleurs à se rebeller et à vaincre la décadence et la corruption. Sans la guerre, il n’y aurait pas eu de pays, de civilisations, de nations. Sans la guerre, nous nous terrerions encore comme des bêtes dans des cavernes.
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La France ne pouvait devenir une colonie à la botte de l’Allemagne, son avenir se réduire aux vociférations hystériques du Führer. La Bretagne continuerait à lutter, avec la France, dans la France, comme elle l’avait toujours fait, de tout son courage, de toute son opiniâtreté. Quelles que soient l’immensité des sacrifices, la durée du chemin à parcourir, ils auraient raison de la folie belliciste de Hitler qui se retournerait forcément un jour ou l’autre contre lui
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— Votre Führer semblait pourtant dans les meilleurs termes avec Staline il y a quelques mois. Les Polonais n’ont-ils pas fait les frais de leur amitié ?
— Pure stratégie. Il faut parfois s’allier provisoirement avec ses adversaires pour mieux les mettre ensuite à genoux. Quant aux Polonais, ils ne sont qu’une race de vaincus, et la France a eu tort de se mêler de cette histoire.
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Je me demande ce qui sortira de tout ça, conclut Tristan Le Meur. La Bretagne, terre de la résistance la plus farouche à l’Allemagne, victime la plus meurtrie des bombardements alliés, foyer ardent du communisme, pétrie de religion, éprise de liberté et revendiquant son identité. La Bretagne écartelée entre des forces contraires, ses enfants divisés.
(p. 388, Chapitre 84).
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