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EAN : 9782266330169
608 pages
Pocket (05/01/2023)
3.97/5   46 notes
Résumé :
Une fresque russe familiale dans les pas de Lou Andreas-Salomé, Rilke, Nabokov, Fabergé et bien d’autres encore.

« Ils rentrèrent en traîneau à Saint-Pétersbourg, dans le paysage bleuté de l’hiver. Les sapins, les bouleaux et les trembles se détachaient sur fond blanc telles des gravures à la pointe sèche. Le froid et le silence figeaient le monde dans une immuabilité rassurante. Le crissement des patins, le halètement des chevaux, le claquement du fo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Marina Dédéyan avec son roman : Là où le crépuscule s'unit à l'aube nous entraîne dans l'évocation de l'histoire de sa famille mais avant tout celle d'un pays: La Russie.
On est très vite happé par l'histoire de Julia, son arrière grand mère, d'origine lettone qui vivra la vie fastueuse sous l'époque des tsars jusqu'à leur chute et la Révolution bolchevique.
Son roman débute, un peu comme un conte de fée, Julia est une jeune fille, paysanne, qui échappe de peu à la veulerie de son employeur. A la suite de ça, elle part rejoindre sa soeur à Saint Pétersbourg où là elle rencontre William Brandt, de souche allemande. L'idylle naît entre les deux jeunes gens et une vie radieuse va se dérouler.
Mais l'Histoire rattrape les destins de ce jeune couple, après des rencontres fantastiques, des dîners mondains, des enfants, le conte de fée prend fin.
C'est avec beaucoup d'émotion, de détails très intéressants que Marina Dédéyan a su reconstituer l'histoire des siens notamment pendant ces années terribles qui conduisent à la fin du tsarisme pour déboucher sur la sanglante révolution rouge.
On se laisse allègrement porter au fil des pages, cependant, l'histoire de cette famille ne reflète pas celle du peuple russe, tout d'abord par le mode de vie très bourgeois et leurs origines allemandes et lettone de, sa famille.
Toute sa famille survivra et pourra s'enfuir de Russie, en passant par l'Angleterre, puis Nice et certainement Paris puisque nombre des menbres de sa famille sont enterrés au cimetière russe de Saint-Geneviève des bois.
Je vous en recomande d'ailleurs la visite, avec la tombe très émouvante de Noureev.
Un petit coin de Russie pour tous les âmes perdues.
Marina Dédéyan nous interroge naturellement sur l'exil, le non retour à une partrie. Toujours très émouvant, elle rejoint en ce sens le dernier livre d'Andreï Makine: L'ancien calendrier d'un amour dont je vous recommande aussi la lecture.
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Une famille dans la tourmente de 1917

En poursuivant l'exploration de son arbre généalogique Marina Dédéyan nous offre une formidable saga romanesque, mais éclaire aussi la révolution russe, avec son lot de drames. le tout servi par une plume alerte et richement documentée.

Cette saga familiale commence à la fin du XIXe siècle avec Julia, l'arrière-grand-mère de la narratrice. Ce n'est pourtant pas elle qui est à l'initiative du livre, mais sa mère qui, à la faveur d'un été, a saisi sur un ordinateur le récit laissé par Baba. Grâce à la construction du livre, qui alterne la vie de Julia et la quête de l'auteure, explore les documents d'archives, les photos rassemblées et la généalogie aux branches multiples, on découvre toute la richesse de ce roman, encore rehaussée par le souci de rechercher entre la vérité de certains événements clé et la légende, prompte à travestir ou enjoliver le récit.
Mais revenons à Julia. Au début du livre, elle s'enfuit de l'usine où elle est employée pour éviter la main trop leste de son patron et regagne la maison familiale en banlieue de Riga. Arrivée chez ses parents elle se rend compte qu'elle ne peut demeurer là. Gabriel Berzins, son père, a en effet connu un grave revers de fortune, et est quasiment ruiné. Alors, pour échapper au mariage, même si elle est sans dot, elle choisit de rejoindre sa soeur Evguenia à Saint-Pétersbourg. «Gabriel devait faire confiance à Julia, à l'éducation qu'il lui avait donnée, à son caractère déterminé, aux qualités de son âme. Faire confiance à Julia, en priant Dieu avec ce qu'il lui restait de foi qu'il lui ouvrit un chemin de destinée plus favorable.»
À la même période, à Zurich, William Brandt mène grand train. le jeune homme passe son temps dans les bras de ses différentes maîtresses lorsqu'il n'est pas à la chasse. Mais pour lui aussi l'heure du choix a sonné. Rester à Zurich, aller à Londres ou s'établir à Saint-Pétersbourg? C'est la capitale russe qu'il va choisir pour y installer et y faire fructifier la banque familiale, l'un des fleurons d'un empire commercial prospère dans toute l'Europe. Ce n'est toutefois pas sans un petit pincement au coeur qu'il quitte la Suisse et sa famille, à commencer par sa cousine Lou Salomé, dont il admire l'indépendance d'esprit et l'émancipation. Comme elle, qui passe de la fréquentation de Friedrich Nietzsche aux bras de Rainer Maria Rilke, il se dit que le mieux est de ne pas se marier. Sauf qu'à Moscou, il n'entend pas s'ennuyer et va s'inviter dans une soirée donnée par une mondaine qui fait office d'entremetteuse de luxe. Julia, prise dans un tourbillon où le luxe et les fanfreluches sont monnaie courante comprend alors que sa soeur n'est pas la modiste qu'elle prétendait être, même si elle ne comprend pas vraiment comment elle nage dans un tel confort.
Son destin va basculer le soir où William croise son regard. le jeune homme est littéralement fasciné et n'aura de cesse d'essayer de la revoir. Evguéni, qui a compris son manège, met alors Julia en garde contre ces hommes qui passent d'une femme à l'autre, les laissant ensuite seules et déshonorées. Mais l'oeil pétillant de sa soeur à l'évocation du banquier ne lui laisse guère de doute sur la suite. Au terme d'une cour assidue, William parviendra à mettre Julia dans son lit et même à entrevoir un mariage, même s'il contrevient à tous les usages.
Marina Dédéyan va alors déployer son talent de romancière pour accompagner le destin de Julia et de William dans un empire qui vacille de jour en jour. Les premières années du XXe siècle sont effervescentes, le monde entier semblant retenir son souffle alors que les artistes annoncent déjà les bouleversements à venir. le tsar s'accroche à son pouvoir, ne sentant pas l'aspiration de plus en plus forte de son peuple à davantage de liberté, de démocratie. Pire, mal conseillé et influencé par des personnages sulfureux, il va accentuer la répression. En lançant le pays dans la Grande guerre, il fait le pari de ressouder la Russie derrière son souverain. de son quartier général, il ne verra pas la révolution qui embrase la capitale. Il ne verra pas non plus, depuis la maison voisine de la famille Brandt un certain Lénine haranguer la foule. L'Histoire est en marche avec son lot d'horreurs et de hasards, avec cette puissance qui écrase la raison et tue des centaines de milliers de personnes. Alors la seule issue consiste à fuir. Encore faut-il pouvoir bénéficier de circonstances favorables.
En explorant la branche de la famille Brandt de son arbre généalogique, Marina Dédéyan remplit d'émotions et de chair l'une des pages les plus mouvementées de l'Histoire. Elle nous rappelle le chaos et la confusion qui régnaient sur l'Europe toute entière au sortir de la Première Guerre mondiale et souligne aussi combien le formidable brassage de population qui en a résulté a redistribué les cartes de nombreuses familles.


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Ce livre m'a attiré l'attention lors de la masse critique littératures de Babelio. Avec sa superbe couverture ainsi que son résumé, le tout m'a donné envie de le lire. Et heureusement j'ai été sélectionné pour ce livre et me voilà maintenant devant mon ordinateur à me dire… comment vais-je faire pour rendre un avis digne du livre ?!

Commençons par l'histoire, dans ce livre on rencontre deux personnages issus de familles différentes et dont rien n'est prédestinés à rencontrer, Julia et William. (Qui sont par ailleurs les arrière-grands-parents de l'auteure)
Voilà un bon début pour faire une belle histoire, et si je vous disais que le tout se déroule dans la bourgeoisie de Saint-Pétersbourg, avec ces ballets, ces soirées mondaines et toute la luxure qu'on peut s'imaginer, il y a de quoi rêver !

Maintenant venons-en à ce que j'en ai pensé, eh bien j'ai beaucoup aimé ce livre. L'auteur nous raconte son histoire à travers sa famille avec un mélange de faits historiques à propos de la Russie.
Moi qui ne suis pourtant pas une fanatique de la Russie, l'auteur a su me faire voyager et a su m'embarquer dans son histoire et avec ces personnages, de tel sorte que je n'avais pas envie de remettre cette lecture à plus tard.

Pour moi c'est donc un très bon livre que j'ai lu et je remercie Babelio de m'avoir permis de lire un si bon livre !
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Dans le cadre de la masse critique Littérature du mois de janvier, j'ai eu la chance de découvrir le dernier roman de Marina Dédéyan. Je l'avoue, je ne connaissais pas l'autrice avant de découvrir ce roman où, se plongeant dans les souvenirs de sa baba, sa grand-mère, elle va nous raconter sa famille. C'est le résumé qui m'a donné envie de le découvrir.

Dans cette fresque historique, Marina Dédéyan nous raconte l'histoire de ses arrière-grands-parents, Julia et William. En 1895, Julia est la seconde fille d'une famille noble de Lettonie ayant perdu son statut comme sa fortune. « Quand la fortune manque, la meilleure des dots reste le travail », aussi Julia travaille-t-elle dans une fabrique. de son ascension dans la haute société de St Pétersbourg, à sa fuite de Russie suite à la Révolution russe, nous découvrons une vie hors du commun et, en filigrane, l'Histoire de la Russie et la vie de ses privilégiés sur plus de 25 ans.

Pour ce roman, l'autrice a travaillé tant le fond que la forme. le style est au cordeau, chaque mot a son importance. Les chapitres très courts sont groupés en grandes parties rythmant l'ascension puis la chute de la famille Brandt. En début ou en fin de parties, des chapitres en italique écrit à la première personne nous ramènent à notre époque, aux recherches et aux découvertes marquantes de l'autrice, dans le cadre de la rédaction de son livre.

Pendant plus de 550 pages, nous naviguons aux côtés de Julia et William, deux personnages paraissant incomplets l'un sans l'autre, et terriblement attachants. le récit couvrant 25 années de leur vie, ils croisent une multitude de personnages, membres de la famille, membres de la bonne société… entre les noms russes et les surnoms employés, il ne faut pas manquer de concentration, mais un arbre généalogique, à la fin du roman, nous aide beaucoup à comprendre les liens de cette grande famille. J'ai d'ailleurs beaucoup aimé découvrir tous les liens de cette famille avec des personnages ayant marqué l'histoire (de l'art principalement, mais pas que). Ces mentions me rappelaient régulièrement que, oui, je ne lisais pas une énième saga sur fond historique, mais une histoire réelle au sein de la grande Histoire. Et quelle histoire !

Seul petit bémol, j'aurais beaucoup aimé, à la fin du livre, pouvoir découvrir quelques photos des membres de cette famille si exceptionnelle. Mais je vois dans la critique précédent la mienne qu'il est possible d'en découvrir sur le site de l'autrice, ce que je vais de ce pas aller faire !
En attendant, je remercie vraiment babélio et les éditions Robert Laffont pour cette magnifique découverte, que je conseille à tous les lecteurs amateurs de récits historiques !
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Là où le crépuscule s'unit à l'aube est une sorte de roman biographique dans lequel l'auteur, en souvenir de sa grand-mère, sa « baba », retrace la vie de ses aïeux russes de la fin du XIXème siècle à la révolution qui a à jamais changé la face de ce vaste pays.

Merci beaucoup à Babelio et aux éditions Robert Laffont pour l'envoi de ce livre. Je m'intéresse actuellement de très près à la Russie du siècle passé, et j'ai adoré parcourir la ville de Pierre au fil des pages de cet ouvrage. le dépaysement est total, j'ai vraiment eu l'impression de me retrouver sur les rives de la Neva.

J'ai aussi apprécié la plume de l'auteur, très élégante, sans être lourde ou pompeuse. Je n'en dirais cependant pas autant du récit en lui-même, qui tient un peu trop du panégyrique à mon goût. Je comprends que Marina Dédéyan soit fière de tous ces grands noms que ses ancêtres ont côtoyés, et auxquels elle est pour certains apparentée, et je ne pense pas qu'elle ait cherché à s'en vanter, mais une très grande partie du roman, sans parler de ses interventions personnelles, se focalise là-dessus.

Et les fréquentes descriptions de réceptions, de mondanités, de ballets, d'objets d'arts, de demeures plus somptueuses les unes que les autres… accentuent ce sentiment. J'ai trouvé qu'il se dégageait des deux premiers tiers de ce livre une certaine vanité, à laquelle j'avais, pour être franche, hâte de voir la révolution mettre un terme.

Je crois néanmoins que mon principal problème, ç'a été Julia. Je n'ai pas pu la supporter. Plus exactement, je l'ai prise en grippe à l'instant où elle en a fait de même avec sa fille aînée, à qui elle a gardé rancune d'une « erreur » dont elle n'était certainement pas la cause, mais uniquement la conséquence. Et le fait que, par la suite, on voie davantage Julia s'occuper de ses poules que de ses autres enfants, qui ne sont quasiment évoqués qu'à leur naissance, ou pour indiquer qu'ils se trouvent avec une nurse, ne m'a pas donné une meilleure opinion d'elle.

Pour toutes ces raisons, j'ai largement préféré la tournure prise par le récit à partir de la chute du tsar et de l'ascension des bolcheviks. Moins de faste, plus d'interactions entre Julia et ses enfants… Je regrette que l'auteur ait choisi de s'attarder aussi longuement et en détail sur des éléments qui permettent certes de souligner la grandeur passée de la Russie à l'échelle de l'Histoire, mais qui sont superficiels au regard de l'histoire avec un h minuscule, et qui m'ont donné cette impression que Julia s'intéressait plus aux danseurs et autres artistes en vogue qu'à sa propre famille.

Peut-être y a-t-il simplement beaucoup trop de « personnages », si j'ose les appeler ainsi, puisqu'il s'agit d'individus ayant réellement existé. Je parle des enfants de Julia car c'est ce qui m'a le plus marquée, mais il n'y a pas qu'eux qui souffrent de cette mise en retrait. Ses parents, sa soeur, les membres plus ou moins éloignés de la famille de William… se volatilisent parfois pendant des dizaines et des dizaines de pages, pour réapparaître sous la forme d'une mention rapide, puis retomber dans l'oubli pendant d'autres dizaines de pages.

Au final, je ne sais pas trop quoi penser de ce livre. Il est vraiment bien écrit, et témoigne d'un travail de reconstitution admirable, mais pèche selon moi en s'appesantissant sur la vie luxueuse, raffinée et heureuse menée dans un premier temps par les Brandt, au point d'en devenir redondant, et surtout au détriment d'autres éléments relégués à l'arrière-plan.

Et comme j'ai autant apprécié de découvrir cette Russie d'antan que j'ai détesté Julia, je dirais que je suis plutôt partagée, mais c'est vraiment un avis très subjectif, qui n'enlève rien aux qualités intrinsèques de ce roman. Je vous invite à le lire et à vous faire votre propre idée, surtout si vous êtes tentés par un voyage dans le Saint-Pétersbourg de Nicolas II.
Lien : https://leslecturesdecyrligh..
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critiques presse (1)
LeFigaro
22 juin 2022
Une fresque russe familiale dans les pas de Lou Andreas-Salomé, Rilke, Garibaldi et Fabergé.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
— Tu me résistes, ma mignonne ? lui lança-t-il en passant au tutoiement. Pourquoi pas ? Cela me plaît aussi…
Un léger halètement saccadait désormais sa voix, et le rouge de sa bouche humide s’intensifiait. Affolée, Julia voulut se faufiler entre la banquette et le directeur, mais celui-ci l’emprisonna par la taille.
— Faite au tour, ma jolie ! Sois gentille avec moi et tu ne le regretteras pas ! Si tu crains pour ta petite fleur, ne t’inquiète en rien. Il y a d’autres moyens de passer un moment agréable, insista-t-il en concluant le propos d’un rire gras.
Après la gêne, après la panique, la colère s’empara de l’adolescente. Elle leva le bras, griffa à toute volée la joue de son agresseur et profita de sa surprise pour s’échapper vers la porte. Dans le vestibule désert où les blouses de ses compagnes pendaient à leur clou, elle jeta à la hâte sa pelisse sur ses épaules et attrapa ses bottes. Tandis qu’elle se précipitait à l’extérieur, Knuts Vitols fulmina :
— Ta sœur était moins stupide que toi ! Tu vas le regretter. Ne compte pas revenir demain !
Julia n’écoutait plus. Elle courait sur la terre détrempée, dans ses chaussons d’atelier qui se gorgeaient d’humidité, zigzagant entre les maisons de bois. Quand elle fut certaine de n’être pas suivie, elle s’arrêta pour reprendre son souffle, enfila les valenki, ses bottes de feutre, sur ses pieds glacés. Où aller ? Chez Ilse ? Comment lui avouer l’incident ? Ne risquait-elle pas de valoir des ennuis à sa camarade ? Retourner chez elle, alors, avec ces dix verstes à parcourir dans la nuit ? Pas d’autre choix.
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Le jour se découpait en carrés grisâtres aux meneaux des fenêtres. À cette morne perspective répondaient à l’intérieur l’alignement de tables et de bancs lustrés par l’usure, les murs chaulés en des saisons anciennes et quadrillés d’étagères semblables à celles des imprimeurs. Une quarantaine de jeunes filles en tablier de lin penchaient la tête sur leur ouvrage à la lumière si crue des lampes qu’elle réduisait leurs visages à des grimaces appliquées.
Dans cette résignation des demi-teintes qui précède la nuit, les couleurs jaillissaient entre leurs doigts agiles, le bouton d’or, le mimosa, le coquelicot, le garance, le bleuet, le lavande, le pervenche, le pin, le tilleul, le lichen ou encore le lilas, le glycine ou le fuchsia, en profusion de pétales de soie, fils à broder et perles de verre. Les ouvrières silencieuses découpaient, piquaient, cousaient, assemblaient, ici une fleur de gardénia ou un camélia, là une rose, une pensée, une pivoine, des brins de muguet…
À l’extrémité de chaque table se formaient des bouquets inodores de ces fleurs artificielles qui orneraient les chapeaux ou les robes des élégantes de Riga, de Saint-Pétersbourg. Et même de Berlin, Londres ou Paris, affirmait M. Vitols, le directeur de la fabrique, quand les affaires tournaient pour le mieux. En vérité, aucune de ses employées n’avait jamais vu ces belles dames d’assez près pour admirer sur leurs toilettes le fruit de leur travail. Seuls les couturières ou les chapeliers franchissaient les portes de l’atelier. Ils n’accordaient jamais un regard aux jeunes filles, réservant leurs prunelles à une observation suspicieuse pour pointer la tige mal arrimée, le pistil absent ou le pétale effiloché, en vue de négocier un rabais. Sans détourner les yeux de leur besogne, les ouvrières ouvraient cependant grand leurs oreilles à ces interminables palabres. Leur modeste salaire en dépendait et, plus immédiatement, l’humeur de l’aigre Mme Brombeere, la chef d’atelier.
Depuis bientôt trois ans qu’elle travaillait là, Julia n’était plus dupe ni des critiques outrancières des clients ni des obséquiosités de Mme Brombeere, âpre jeu de commerce. Elle avait appris à confectionner des camélias si parfaits qu’un papillon s’y serait trompé. Ils se vendaient toujours un bon prix. Son habileté lui valait parfois un compliment parcimonieux, rarement quelques kopecks de plus. Au moins lui épargnait-elle d’acerbes réprimandes, des heures supplémentaires. Mais elle tressaillit, comme ses camarades, lorsque M. Vitols en personne apparut dans l’encadrement de la porte, lui qui se manifestait uniquement pour des tours d’inspection ou afin de préparer la visite d’un client important.
Le visage rougi par le vent du dehors, ce vent glacé annonciateur des premières neiges de l’hiver balte, le directeur se tenait figé avec le sourire d’un acteur prêt à entrer en scène. Mme Brombeere se précipita à sa rencontre, cassa sa silhouette maigre en une révérence servile.
— Bonjour monsieur Vitols !
— Bonjour monsieur Vitols ! renchérirent en chœur quarante voix juvéniles.
Il fit un pas en avant et répondit d’un ton exagérément enjoué :
— Bonjour, mes charmantes fleurs !
Ainsi appelait-on à Riga les employées de la fabrique, recrutées jeunes, car il fallait avoir de bons yeux et les doigts fins pour ce labeur de précision, et réputées jolies. Aux lampes de l’atelier, elles ne gâtaient pas leur teint pâle de filles du Nord, et leurs mains demeuraient douces, contrairement à celles des paysannes. On les enviait, non pour leur salaire modique, mais pour la renommée qui leur permettait d’espérer un parti au-dessus de leur condition, un commerçant, un fermier aisé ou encore quelque petit tchinovnik, un de ces fonctionnaires qui pullulaient dans l’Empire russe.
Ainsi Julia était-elle devenue trois ans auparavant l’une des « fleurs de M. Vitols ». « Ma fille, quand la fortune manque, le travail reste la meilleure des dots », lui avait assené son père, sans que sa mère y trouvât à redire. Julia avait compris la douleur et les remords contenus dans ces propos, ceux d’un homme déchu de son rang, de son milieu, qui ne pouvait offrir à sa cadette l’avenir auquel il aspirait pour elle. Ses principes demeuraient sa seule richesse, sa dignité, et Julia sa plus grande fierté. Celle-ci s’efforçait à chaque instant de se montrer à la hauteur de l’amour paternel. Les fleurs fabriquées de ses mains devaient toutes être parfaites.
Elle ne releva donc pas la tête quand M. Vitols commença à arpenter l’atelier, les mains croisées dans le dos, adoptant la démarche d’un coq dans son poulailler. Certaines des ouvrières en profitaient pour s’accorder une petite pause, le nez en l’air, d’autres, intimidées, s’empourpraient, tandis que des effrontées adressaient des sourires en coin à leur patron. Loin de s’en formaliser, ce dernier ne se privait pas d’échanger quelques mots avec les plus aguicheuses. Dans son dos, Mme Brombeere rembobinait à la hâte du fil, repliait un coupon de tissu, essuyait un coin de table ou escamotait une fleur moins réussie, sans cesser d’adresser des regards chargés d’orage aux jeunes filles qui se laissaient distraire. Elle dirigeait l’atelier d’une façon qui tenait à la fois de la mère supérieure d’un couvent, bien qu’elle fût protestante, et du garde-chiourme. Il ne fallait cependant pas se fier aux apparences : en dépit de son intransigeance qui n’excluait ni les humiliations ni les sanctions sévères, les ouvrières averties la redoutaient beaucoup moins que M. Vitols. La mégère appliquait des règles établies, quand le directeur, sans se départir de son sourire ni de son air patelin, pouvait se montrer capable d’une cruauté aussi extrême qu’imprévisible.
Il s’arrêta soudain devant Julia, la jaugea un long moment pendant lequel, l’estomac noué et les paumes moites, cette dernière s’efforça de paraître concentrée sur sa tâche. Il saisit l’un des camélias et le retourna entre ses petites mains aux ongles soignés, aux doigts si menus qu’ils auraient pu être ceux de l’une de ses employées.
— Remarquable ! Remarquable ! s’extasia-t-il. Julia Berzins, n’est-ce pas, mademoiselle ?
Julia opina sans oser le regarder. Elle n’apercevait que le bas de son gilet de soie, tendu sur une discrète bedaine entre les revers de sa redingote.
— Quel âge avez-vous, Julia ?
— Quinze ans, monsieur.
— Quinze ans déjà ! Il me semble que vous êtes arrivée hier, une enfant encore. Vous voilà devenue une jeune femme, dont la grâce a grandi autant que la dextérité. Votre travail me procure une grande satisfaction. J’aimerais vous confier une commande particulière. Venez me voir dans mon bureau quand vous aurez fini, s’il vous plaît.
— Bien sûr, monsieur, murmura-t-elle en tremblant.
M. Vitols s’était exprimé à voix basse, presque en chuchotant, dans un débit rapide, mais de façon tout à fait distincte. Les voisines de Julia se poussèrent du coude. Lene, une rouquine au minois de chat, pouffa de rire. La grande Ilse, à deux places sur le même banc, soupira. Il courait sur le compte du propriétaire de la fabrique des histoires auxquelles Julia s’était refusée à prêter attention, le genre de mésaventures qui n’arrivent qu’aux filles sans vergogne.
Le directeur s’éloignait déjà, lançant à la cantonade avant de quitter l’atelier :
— À bientôt, mesdemoiselles !
— Au revoir, monsieur Vitols ! répondirent les ouvrières.
Des bavardages, des petits rires parcoururent leurs rangs. Mme Brombeere frappa l’une des tables d’un double mètre.
— Assez lambiné ! La journée n’est pas finie que je sache. Si vous traînez, vous resterez plus tard.
Le silence se rétablit, troublé seulement par le froissement de la soie, le cliquetis des ciseaux et, de temps en temps, une quinte de toux prestement étouffée. Enfin, la grosse cloche de l’église Saint-Jean sonna sept coups sourds dans la nuit. Les jeunes filles se levèrent, rangèrent fils, étoffes et aiguilles, puis se dirigèrent vers le vestibule. Julia leur emboîta le pas.
— Mademoiselle Berzins, n’oubliez pas votre rendez-vous avec M. Vitols, l’interpella Mme Brombeere.
Leurs regards se rencontrèrent. Julia lut dans celui de la chef d’atelier une lueur de revanche, une satisfaction malsaine. Combien cette femme haïssait-elle au plus profond d’elle les ouvrières, parce qu’elles étaient belles et fraîches, parce qu’elles pouvaient encore caresser leurs rêves au bout de leurs doigts graciles ? Mme Brombeere n’avait nul rêve à chérir, nul avenir auquel songer. Elle avait toujours été vilaine, et rien d’autre ne s’annonçait pour elle que la répétition de journées dont seuls le cycle des saisons et ses propres humeurs variaient les teintes. Personne n’avait jamais entendu parler d’un M. Brombeere, ni même d’un homme qui eût attendu une seule fois à la sortie de l’atelier cette créature fanée avant l’heure, le nez trop gros, les cheveux grisonnants tirés en un maigre chignon, les paupières lourdes et une bouche aussi appétissante que celle d’une carpe. Il arrive cependant que la laideur constitue une arme : voilà pourquoi Mme Brombeere triomphait ce soir en toisant Julia. Celle-ci frissonna et rejoignit ses compagnes, qui s’habillaient pour affronter le froid. La grande Ilse s’approcha d’elle.
— Veux-tu que je t’attende ?
— Ce ne sera pas nécessaire, je n’en ai pas pour longtemps. Tu sais, M. Vitols ne me mangera pas !
Ilse se força à sourire pour masquer son inquiétude. À dix-sept ans, elle en savait un peu plus sur la vie et sur la réputation de leur directeur, et elle considérait Julia comme une petite sœur. Au cours des mois les plus froids, quand la nuit s’étend à n’en plus finir, cette dernière était hébergée dans sa famille, partageant une paillasse avec elle et sa cadette Agneta, en échange d’œufs, de lait ou de légumes qui venaient améliorer leur ordinaire.
— C’est entendu ! Nous garderons ta soupe au chaud.
Ilse adressa un petit signe d’encouragement à son amie avant de s’enfoncer à regret dans l’obscurité. Que pouvait-elle ? Sa mère, veuve, comp
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___ Voilà bien le caractère des, Russes ! Aux pires heures, rien ne les détourne du goût de la fête. Sans doute s'agit-il d'une forme de sagesse, arracher à l'instant ce qu'il peut nous donner de meilleur, le plaisir pour lutter contre la mort. Une insouciance apparente qui cache en réalité une conscience aiguë de la vie, au fond un sens inné du drame.
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(Les premières pages du livre)
Quand Maman m’a annoncé qu’elle saisissait à l’ordinateur les souvenirs de Baba, je n’y ai prêté qu’une attention distraite, occupée que j’étais cet été-là à avaler des couleuvres. J’ai oublié quelles contrariétés me minaient alors le moral. Mon chagrin, pourtant bien réel, n’avait peut-être d’autre raison que de me plonger dans cet entre-deux, cet état de perméabilité propice à la création. Le message est arrivé. « C’est fou ce que ta grand-mère faisait comme fautes d’orthographe ! J’en ai corrigé beaucoup, mais il y en a certainement encore. Tu regarderas. »
Je n’ai pas regardé tout de suite. J’ai passé mon enfance suspendue aux lèvres de Baba. Je croyais connaître par cœur ses histoires, où contes, anecdotes familiales et souvenirs traçaient des sentiers de traverse vers des ailleurs merveilleux. Qu’apprendrais-je de plus que je ne savais déjà ? Il n’y avait jamais eu de secrets ni de tabous chez nous. Les frasques, les drames des uns et des autres appartenaient à notre folklore, à notre roman intime et enchanteur.
Mes couleuvres me pesaient sur l’estomac, et je n’avais pas non plus le courage de réveiller l’absence de Baba. Elle me manque, même si je n’ai pas à chercher très loin pour voir sa grande écriture penchée, entendre sa voix et respirer son parfum. Je me retrouve petite fille dans le salon de la maison médiévale aux murs de traviole, lorsque nous assemblions en un interminable patchwork des chutes de tissu faufilées sur des hexagones découpés dans des cartons à gâteaux – prétexte à de fréquents achats à la pâtisserie d’en face –, puis, des années plus tard, les derniers mois dans son minuscule studio, où le mince tuyau transparent de sa bonbonne d’oxygène la retenait captive. Jamais elle n’a cessé de raconter. Le soir où elle s’est tue, j’ai trié ses affaires et j’ai dormi là, dans son lit, pour garder son odeur, pour la retenir encore un peu auprès de moi.
Non, je ne voulais pas réveiller Baba, j’avais déjà trop à faire avec mes soucis du moment. Mais je devais à tout prix trouver un refuge pour ne pas me noyer, faire quelque chose afin de retenir les dernières lumières de l’été et les roses de mon jardin sauvage qui s’en allaient pétale après pétale. Je ne me rendrais pas sans combattre. À dix microlitres de larmes près, autant braver mes émotions.
Un après-midi, je me suis assise sur les marches du perron, à l’abri du noisetier. Les noisettes me rappellent de jolis souvenirs d’enfance, quand nous courions au fond du parc les mains pleines de notre cueillette pour les casser entre deux pierres. Coquille vide, déception. Graine en miettes, acceptation. Graine intacte, victoire et, double graine, récompense suprême ! Bonjour Philippine ! À nos pieds s’amoncelaient les bonnets dentelés tant prisés des elfes, que les botanistes nomment vilainement « involucres ». Ils ignorent sans doute que les fruits du noisetier sont ceux de la sagesse et que l’on fait de son bois les meilleures baguettes magiques.
L’ordinateur sur les genoux, j’ai ouvert la pièce jointe et j’ai lu, et j’ai pleuré. Au beau milieu de mon désarroi, quelque chose chatouilla alors mon flair… L’écran me donnait la distance, me poussait à regarder entre les lignes, à détecter les oublis, les incohérences, les omissions. Je tenais là une histoire extraordinaire, au bord de ma mémoire, au bout d’un clic. L’instinct de la romancière soulevait des centaines de « pourquoi ? ». Et pourquoi surtout ces souvenirs arrivaient-ils maintenant, neuf ans après que Baba s’en était allée avec ses grands châles, silhouette mince aux longues jambes, chaussures plates pour compenser sa haute taille, toujours élégante, même aux derniers jours de sa vie ? Ma Baba aux yeux si bleus. Pourquoi au même moment reparaissaient des cousins éloignés par de vieilles brouilles qui ne nous concernaient pas, et avec eux toutes ces photos des temps anciens que nous n’avions jamais vues ? Les signes indiquant la voie clignotaient et répondaient à mes balises de détresse.
La colère, la révolte l’emportèrent sur le reste, j’allais tordre le cou aux couleuvres. La louve s’anima en moi. La vie me revenait dans ce foisonnement, cette violence que je ne sais canaliser qu’en écrivant.
Je me suis demandé encore quelle urgence me poussait ainsi sur les traces familiales. Je ne suis pas assez vieille pour penser à un quelconque héritage et plus assez jeune pour avoir besoin de comprendre afin de me construire. Je sais d’où je viens et qui sont les miens. Peut-être le jalon de la mi-parcours, le sentiment aigu de ce qui s’efface et ne reviendra pas.
Ramasser les morceaux, mettre bout à bout les souvenirs de ceux qui sont là, les bribes d’anecdotes, raviver la mémoire, fouiller dans les livres, pister les traces, rapiécer les trous… Je devais trouver des réponses aux questions que nous n’avions pas songé à poser, transmettre à mon tour, à ma façon, en m’en remettant à l’intuition, en ouvrant en grand les portes de l’imaginaire afin d’explorer les méandres de cette histoire née entre les brumes anglaises, les soleils de l’Italie, l’opulence des grandes cités du Nord et les nuits transparentes des rives de la Baltique… Un roman, un voyage au pays des miens disparus, dont je ne connais pas toutes les péripéties ni les conséquences, car le récit échappe toujours à son conteur et la fiction révèle bien des vérités. Je ne sais pas ce qui m’attend, ce que j’attends.
Un roman, une quête, un défi…
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Je découvre enfin le visage, en effet sublime, d'Alice von Haartman, qui devint mon arrière-grand-tante par alliance quand son fils Harry épousa ma grand-tante Lasty.
La très belle Alice me ramène aux Romanov. Les hasards de la vie firent que mes grands-parents maternels jetèrent l'ancre en Bretagne dans les années 1960, non loin de Sant-Briac, où résidait alors le grand-duc Vladimir, petit-fils d'Alexandre II. Oubliée l'opposition de leurs propres parents au tsarisme! Dans l’amour de leur patrie perdue et le chagrin de l'exil, ils devinrent amis avec l'héritier du trône de toutes les Russies et la grande-duchesse Leonida. Ces derniers intégrèrent ainsi mes paysages d'enfance. Ma sœur et moi courions nous cacher à chaque fois qu'ils venaient en visite, afin d'échapper à la révérence exigée par le semblant d'étiquette dont ils faisaient l’objet. Alors que je croisais leur fille, la grande-duchesse Marie, dans les rues de Dinard, elle me tira de l'embarras où me plaçait la perspective de ployer le genou au milieu du trottoir en me serrant avec affection sur son cœur. p. 277
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Merci à tous les auteurs, visiteurs, partenaires et petites mains de cette belle édition. Un grand plaisir et une grande fierté d'organiser de tels événements pour des libraires indépendants. Rendez-vous en les 26 et 27 avril à Océanis à Ploemeur pour une grande édition exceptionnelle autour de la littérature de voyage et des grands espaces. Avec la participation de : WILLEM Medi HOLTROP Irène FRAIN Jean-Paul OLLIVIER Patrick TABARLY Thierry JIGOUREL (le matin) Marie SIZUN Pascal BRESSON Marina DÉDÉYAN (le matin) Joël RAGÉNÈS Daniel CARIO Nathalie BEAUVAIS Chistophe BONCENS NONO Christian BLANCHARD Fabienne JUHEL Denis LABAYLE GUÉNANE Bernard RIO François MORIZUR Frédérique LE ROMANCER François BELLEC Michèle GUILLOUX Gwenola PICHARD Hervé HUGUEN Hervé POUZOULLIC Sylvie DELANOY Jean-Yves LE LAN Patrick HUCHET Charles MADÉZO Lutz STEHL Yann LUKAS Patrick ARGENTÉ Claude CHARBONNEAU Patrice MANIC Gérard TESCHNER Elisabeth MAHÉ Jean-Marc PERRET Georges MAMMOS Comité d'Histoire du Pays de Ploemeur Chemin Faisant Groix Editions Diffusion
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