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EAN : 9782253021117
126 pages
Le Livre de Poche (10/01/1979)
3.48/5   63 notes
Résumé :
Les deux femmes du roman de Régine Deforges, pour bourgeoises ou rustiques qu'elles soient, et d'ailleurs d'une aristocratie naturelle, nourrissent elles aussi, avec simplicité, une passion amoureuse d'abord comblée, mais que la vie rend héroïque. Quant à la femme qui, à travers la petite fille, dit « Je », Éros, pour elle, est aussi la passion mortelle et la jalousie meurtrière. Éclairs avant-coureurs, bien entendu : nous n'en sommes qu'à l'enfance, première étape ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Quand on connaît bien l'oeuvre de Régine Deforges, on s'attend à un verbe sensuel et pour aussi saugrenu que cela puisse paraître, "Blanche et Lucie" - où l'auteure évoque ses deux grands-mères - n'échappe pas à cette règle.

Dans ce court roman qui résonne à la fois comme un hommage et comme une carte d'identité émotionnelle et sensorielle que Régine dresse d'elle-même à partir des bases de son enfance, les souvenirs sont évoqués avec beaucoup de tendresse et de puissance. le récit est intense ; il est aussi largement fantasmé - quels souvenirs ne le sont pas ?

Quand on connaît bien l'oeuvre de Régine Deforges, on s'attend en effet à un verbe fantasmé, sulfureux qui joue avec les interdits. C'est sa signature littéraire. En 2022, je mets toutefois au défi le lecteur de ne pas bondir en lisant ces lignes, décrivant le besoin d'être aimée d'une fillette de dix ans : "Il aurait fallu si peu de chose pour éviter tant de souffrances intérieures. Mon avidité à vivre, à comprendre, à aimer, était telle que je vivais dans un état de vibration permanent. Je sentais que les hommes m'aimeraient mieux, qu'ils sauraient mieux comprendre ce besoin de caresses, d'amour. Que d'eux me viendraient des révélations. D'abord, ils jouaient avec leur sexe, je n'avais jamais vu de femme en faire autant ; ils me le montraient, ils me le faisaient toucher, et cela me plaisait bien et me faisait au ventre une crispation agréable. J'ai longtemps regretté que les lois, les morales, les moeurs, interdisent les rapports sexuels entre les petites filles et les hommes. Je suis sûre que l'enfance se passerait mieux, sans les angoisses liées à la puberté, si on faisait l'amour aux petites filles qui en ont manifestement le désir. C'était mon cas."

"Blanche et Lucie" paraît en 1977. C'était hier et c'est à la fois si proche d'aujourd'hui. le roman est présenté comme autobiographique mais jamais la narratrice ne donnera son prénom. D'ailleurs, l'auteure prévient en avant-propos : "Certains faits et personnages de ce livre sont vrais, d'autre non. Je ne sais plus très bien lesquels. Cela n'a en fait aucune importance. L'enfant confond souvent le rêve et la réalité. C'est mon cas. Je n'ai pas fini de grandir." Mon opinion était donc faite dès le début de ma lecture : j'ai préféré l'aborder non comme une autobiographie que comme un récit fantasque et fantasmé à la mode de chez Régine ; Régine la voluptueuse, celle qui aime provoquer pour mieux assumer le scandale. Son écriture est toujours aussi attachante et magnétique ; c'est une auteure qui peut donner au lecteur l'impression de déraper de sa route au tournant d'une page mais qui veille toujours à le remettre sur le bon chemin pour qu'il l'y suive avec trouble et curiosité.


Challenge MULTI-DEFIS 2022
Challenge PLUMES FEMININES 2022
Challenge RIQUIQUI 2022
Challenge XXème siècle 2022
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j ai lu bon nombre des ouvrages de Regine Deforges et certains plusieurs fois et je suis habituée à sa plume sensuelle pour ne pas dire sulfureuse. Je ne suis pas non plus coincée. Certains passages m ont assez choquée et je me suis demandée jusqu à quel point cela pouvait être vrai, ce roman étant sensé être autobiographique.
Lucie et Blanche sont les deux grands mères de la petite Regine. Deux femmes très différentes et qui ne s apprécient guère mais qui vont forger le caractère de Regine. Souvenirs d enfance, souvenirs de la guerre que l on retrouve dans la bicyclette bleue, souvenirs de la campagne et des gens du Terroir, des vendanges, des grands repas mais aussi éveil à la sensualité.
Regine ne perd rien des ébats amoureux des grands dans la grange et le foin. Très curieuse de la vie sexuelle, la petite Regine attend son tour avec impatience et n hesite pas à se frotter aux mâles qui gravitent autour d elle. Notre petite Regine a chaud aux fesses très jeune.
Un récit intimiste qui ne m a pas emballée plus que ça. Il s agit d un premier roman.
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Ayant tout simplement adoré la série La Bicyclette Bleue, j'ai été tenté de lire le premier roman de l'auteur pour le challenge Multi-Défis... Bien que je n'ai pas autant apprécié que la série, j'ai trouvé quand même ce récit intéressant. Deforges nous parle sans détour de ses deux grand-mères, que tout opposent, complétement différentes l'une de l'autre. Un récit également qui dresse le portrait de la jeunesse d'une femme qui s'est jamais préoccupée des conventions, toujours en marge, libre... Ce récit est très tendre, sensuel... Un récit qui parle beaucoup sur ce que deviendra Deforges la sulfureuse...
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Dans ce texte autobiographique l'auteur évoque ses souvenirs d'enfance, les moments passés auprès de ses deux grand-mères, Blanche et Lucie.
Les deux femmes forts différentes ne s'apprécient guère mais la petite les aime toutes les deux tendrement et chacune, à sa manière, façonne ses goûts. Blanche, une citadine un peu coincée l'amène se promener sur les bords de la Gartempe tandis que Lucie , la rousse flamboyante, est une belle et solide paysanne qui lui donne le goût de la lecture.
Ce sont surtout les séjours à campagne chez Lucie qui éveillent précocement sa sensualité et un penchant très prononcé pour l'érotisme. Un appétit qui fera dire d'elle quelques années plus tard, qu'elle a " le diable dans la culotte "
Au travers de moments légers ou intenses qui ont formé sa personnalité, se dessine la femme adulte, la sulfureuse, celle par qui le scandale arrive.
Sorti en 1976 il est fort étonnant que ce texte n'ait pas été censuré pour " outrage aux bonnes moeurs "
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Blanche et Lucie/Régine Deforges// Une friandise.
Trois personnages principaux dans cette évocation de réminiscences, rythmée par les saisons, la nature, la campagne et ses saveurs et les premiers émois d'une toute jeune fille, une fillette même, qui est la narratrice.
Une narratrice qui s'exprime en toute simplicité et liberté pour nous promener dans ce monde non seulement de l'enfance, mais aussi des adultes que toute jeunette, curieuse et même voyeuse elle découvre avec délectation et une gourmandise toujours inassouvie.
Dans un style charmant et élégant, l'auteur évoque les premiers petits frissons et plaisirs bucoliques teintés d'une couleur sépia dans la magie des greniers alors que l'enfance est encore là et craint toujours les galipotes.
Ses deux grands-mères Blanche et Lucie occupent l'essentiel de l'espace de l'enfant dès son plus jeune âge. Nous découvrons tout ce petit monde dans la région de Montmorillon et sur les bords de la Gartempe, alors que la France est sous l'Occupation allemande. Deux grands-mères idéales aux petits soins pour leur petite fille :
« Nous étions parties au petit matin, dans la rosée, l'air piquant un peu, nous revenions en compagnie du jeune et chaud soleil. »
Lucie vue par la fillette : « Lucie, ma douce, ma belle, ma rêveuse enfermée, mon livre ouvert sur les bois et les champs, toi qui m'as appris les odeurs des matins d'automne et celles fortes et lourdes des soirs d'été, toi qui affrontais l'orage, le visage levé, éclatant, comme pour provoquer le ciel, toi dont les hanches attiraient la main des hommes, toi qui aimais rire et danser… »
Réalité ou fantasmes nés d'une imagination débridée ou encore souvenirs déformés par le temps : chacun se fera son idée quand la fillette découvre les plaisirs surprenants et déroutants du sexe.
En grandissant, la fillette a le sentiment de n'être pas aimée, de ses parents notamment et devient difficile, turbulente, dissipée, révoltée, ce qui fait écrire à l'auteur :
« L'amour ? C'est ce qui manque le plus aux enfants. Même les plus tendrement aimés ne le sont jamais assez. Une fois devenus grands ils chercheront, dans une interminable quête, à combler ce vide, sans jamais réussir à assouvir leur désir. D'où leur mal vivre. Les grandes personnes peuvent composer, compenser, les enfants jamais… Je suis souvent émue au souvenir de l'enfant que j'étais…»
La fin de ce livre résonne comme un émouvant appel au secours de cette fillette qui en vient à se construire un refuge, « son palais », dans un débarras de la ferme de Lucie.
Un petit livre gourmand, une friandise.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Je dois à Lucie ma passion des livres. Lucie avait toujours un livre dans la poche de son tablier. Et, quand elle allait aux champs garder les vaches, accompagnée de son grand chien noir, elle s'asseyait au pied d'une haie, à l'écart souvent des autres femmes. Elle sortait de sa poche une de ces petites publications mal imprimées, à vingt centimes, à la couverture illustrée, et se perdait dans sa lecture. Ces petits livres avaient été lus et relus. Ils étaient sales, déchirés, usés. Dans les greniers à grain de la ferme, il y avait des « maies », de grands coffres pleins de livres d'où sortaient une forte odeur de moisi quand on en ouvrait le couvercle. Leur découverte a été pour moi un des moments les plus extraordinaires de mon enfance. Toute la littérature était là : la pire et la meilleure. Victor Hugo et Paul Féval, Lamartine et Zévaco, Balzac et Georges Ohnet, Jules Verne et Xavier de Montépin, George Sand et Delly, Voltaire et Léo Taxil, Zola, Daudet, Gautier, Gaston Leroux, Maurice Leblanc, Gyp, Rachilde, Dumas... J'ai lu par dizaines des romans d'amour larmoyants, de rocambolesques romans d'aventures. Lucie les avait tous lus, tous dévorés. Bien sûr elle ne lisait pas autant qu'elle le voulait, la vie à la ferme était dure en ce temps-là.

3123 – [Le livre de poche n° 5207, p. 10]
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J'ai toujours attaché une énorme importance aux nourritures, à la préparation des aliments. J'y vois une forme de savoir-vivre, de savoir-aimer. Les repas sont pour moi des moments privilégiés de la journée. Une mauvaise cuisine me plonge dans une tristesse sans doute excessive, mais bien réelle.
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Après être passées chez le grainetier et le quincaillier, notre halte la plus longue était chez le librairie. Nous aimions plus particulièrement celui de Montmorillon qui me connaissait bien. Tabac Jaune. Je n'ai jamais su d'où lui venait ce surnom. Il connaissait nos goûts et montrait à Lucie ses nouveautés. Nous les feuilletions lentement avant de faire notre choix, influencées souvent par l'illustration de la couverture ou le titre prometteur. Mon goût allait vers les récits d'énigmes tels le Le Mystère de la chambre jaune, ou Le Parfum de la dame en noir de Gaston Leroux. Lucie était plus attirée par les romans d'amour où l’héroïne, toujours pure, est en butte aux méchants qui veulent lui ravir sa vertu. De toute façon nous échangions nos livres. Nous sortions de la librairie avec une dizaine de volumes.

3124 – [Le livre de poche n° 5207, p. 38]
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L'importance des greniers, dans mon enfance, est considérable. D'abord, c'est le pièce la plus haute de la maison, on se rapproche du ciel, et quand on escalade l'étroite fenêtre, c'est assez haut pour être sûr de se tuer si l'on se jette en bas.
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Blanche me lisait la Bible dans les deux grands livres rouges, illustrés par Gustave Doré. J'ai aimé ce livre plus que bien d'autres, plus que l’Iliade et l'Odyssée, plus que l'Enéide, plus que les vingt livres de la comtesse de Ségur qui furent les livres lus et relus de mon enfance.
Dans le grenier de Blanche, il y avait des caisses pleines de prix : gros volumes en percaline rouge à tranches dorées, et la merveilleuse Bibliothèque Rose. Je me souviens encore du nom des auteurs : Mlles Julie Gouraux, Zénaîde Fleuriot, Mmes Cazin, Chéron de la Bruyère, de Stolz, de Piray, du Planty et de celui de prestigieux dessinateurs comme Bertail et Castelli ; les Hetzel, les Jules Verne dont la belle couverture polychrome fait la joie des collectionneurs.

3130 – [Le livre de poche n° 5207, p. 40]
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Vidéo de Régine Deforges
Dans ce nouvel épisode, nous explorons les perturbations que l'IA provoque dans l'édition. Au-delà des fantasmes et des menaces exagérées sur notre créativité ou encore sur nos prix Goncourt, l'IA ne menace-t-elle pas les acteurs et actrices du milieu littéraire sur le plan social et économique ? Pauline Gabinari, journaliste chez Livres Hebdo, nous dévoile les résultats de son enquête.  Et aussi...
Lauren Malka nous emmène à La Bicyclette Bleue, une jeune librairie de quartier indépendante, fondée par Camille Deforges, fille de l'écrivaine et éditrice Régine Deforges. La clique des critiques de Livres Hebdo partage des coups de coeur, des surprises et commente les polémiques de la rentrée.
Un podcast réalisé en partenariat avec les éditions DUNOD, l'éditeur de la transmission de tous les savoirs.
Enregistrement : octobre 2023 Réalisation : Lauren Malka Musique originale : Ferdinand Bayard Production : Livres Hebdo
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Régine Deforges

Née le 15 août...

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