Un petit viol ; Un autre petit viol

Quelle expérience de lecture! Dès la deuxième ligne, on comprend que l'on fait peut-être une erreur en continuant la lecture: il est certain que l'on n'en sortira pas indemne. C'est l'histoire d'un homme qui raconte son expérience de jeune garçon de 14 ans, violé, par un couillus.
La force de ce livre est de montrer deux choses: d'abord le sentiment constant de la victime de se sentir coupable, parfois on se dit même comme lui: ce n'est au final pas grand chose, et trois lignes plus loin, c'est horrible cette histoire là: pédérastie, pédophilie, mais surtout culpabilité, mal être, solitude...
La deuxième chose, est la répétition, c'est un cercle vicieux, un deadlock dise les informaticiens. On se retrouve toujours au même point, à cet instant, même trente ans après l'événement. Les idées se répètent, presque sans fin, sans échappement possible.
La configuration du livre participe à accentuer cette idée de répétition. En fait, le livre est divisé en deux, avec deux couvertures, deux titres, deux sens de lecture. Quand on lit le premier volet (un petit viol), on espère en secret que le deuxième volet (un autre petit viol), permette un certain «dénouement» dans la mesure du possible. On sait bien que ça ne peut pas bien finir, mais quand même, peut-être arrivera-t-il à un point qui pourra soulager son esprit, et le notre, lisant son histoire. [La force est que dès que l'on commence la lecture de la deuxième partie, tout se répète: on reconnait les mêmes phrases, seulement agencées différemment! Aucune sortie possible! Sinon que ne pas garder le silence.] Exceptionnel.