"Un parfum d'herbe coupé" est le premier roman de
Nicolas Delesalle. Il semblerait pourtant que l'auteur ne débute pas en littérature puisqu'il a déjà écrit mais sous une autre forme : twitter ou textes numériques et articles, car il est grand reporter.
Ce quadragénaire propose un livre très agréable sur la forme et sur le fond ; il relate ses souvenirs d'enfance dans un esprit de témoignage intergénérationnel pour un passage de relais.
Au début du roman, Kolia (drôle de nom au premier abord mais l'origine russe du narrateur le justifie); Kolia donc, va assister à la fin d'une génération, celle qui a traversé le 20ème siècle. A l'enterrement de sa grand-mère, Papito (le grand-père) dont la mémoire à déjà été affectée par la maladie d'Alzheimer, va lui dire une dernière phrase dans un élan de lucidité : "Tout passe, Kolia. Tout passe, tout casse, tout lasse."
De là, une réflexion sur lui-même (qui est-il ?) et l'envie de témoigner de son époque, de laisser une trace à la génération future incarnée par Anna, son arrière petite fille, qui n'est pas encore née et donc totalement fictive.
Les chapitres vont se succéder avec de jolis titres originaux comme "toutes mes billes pour y croire" pour évoquer son rapport à l'église et au catéchisme. L'ordre des chapitres pourrait être modifié car il n'y a pas toujours de lien entre les thèmes abordés. Mais ce qui est important, c'est que l'écriture de
Nicolas Delesalle est suffisamment dynamique pour éviter une présentation qui ressemblerait à un inventaire. C'est vrai que c'est la difficulté de ce genre de roman, ne pas tomber dans une succession d'anecdotes.
Nicolas Delesalle réussit ce roman car il sait être drôle, triste ou nostalgique bienveillant alors qu'il a une vie assez ordinaire. Je m'y suis même retrouvée car tous les sujets abordés sont communs au plus grand nombre : les départs en vacances, la découverte des plaisirs du sexe, les événements exceptionnels partagés avec les parents, avec les copains, les profs qui ont marqué, la drague, la
musique, la mort, la maison d'enfance, les crises familiales... Et puis, il y a les premières : la première cigarette, le premier boulot, les premiers livres, le premier baiser, la première rupture...
J'ai particulièrement apprécié "la générale" qui m'a rappelé une dérouillé au basket (ce n'était pas au rugby comme dans le roman) que je n'ai jamais oublié. A noter également les lectures qui ont marqué et les références que je partage :
Boris Vian et
Hermann Hesse entre autres.
Si on compare
Nicolas Delesalle à
Philippe Delerm ce n'est pas par hasard. Il sait saisir les moments essentiels qui permettent de grandir, ces moments de la vie qui peuvent sembler futiles mais qui ne le sont pas.
Ce n'est pas un roman extraordinaire, mais c'est un livre qui fait du bien. C'est donc une découverte très agréable pour moi; je l'ai faite grâce à Babelio qui m'a permis de rejoindre le Club des Lecteurs Relay à l'occasion de l'édition 2015 du Prix Relay des Lecteurs Voyageurs.