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3,59

sur 362 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
En ouvrant ce délicieux petit roman, on soulève aussi le couvercle de notre propre boite à souvenirs, et on replonge avec bonheur dans le passé. D'une écriture imagée, fluide et poétique, l'auteur nous parle de ces instants d'enfance déterminants qui façonnent la personne que nous allons devenir, ces petits riens qui ont fait sa vie, - et donc la nôtre. Il porte un regard juste, profond et sensible sur les années 80. C'est frais, émouvant, souvent drôle, évidemment nostalgique et ça nous touche en plein coeur. Premier roman chaleureux qui magnifie l'enfance et ses « premières fois », on se régale et on en redemande !
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La mémoire est une petite chose étrange et fragile. Un fil ténu qui vous lie à votre histoire. le temps est son pire ennemi, mais aussi, parfois, son meilleur allié. Un petit rien, un bruit, une odeur, une couleur, un geste, un mot, peut ouvrir le tiroir dans lequel nous pensions avoir remisés nos souvenirs. Ce tiroir dont la clé avait disparu. Un sourire, un parfum, un texte peut libérer autant d'instantanés que nous croyions oubliés à jamais.

Bouleversante, émouvante... et même terrifiante mémoire.

Nicolas Delesalle suit le vol de sa mémoire, et nous offre ces clichés de vie qu'une autoroute ou un vieux saule vont réveiller. Un voyage scolaire, un premier baiser, un chien auquel on dit au-revoir... Une véritable plongée dans son histoire, portée par une langue simple et efficace.
Une véritable plongée dans mon histoire, portée par ma mémoire alanguie qui s'étire lentement, et s'envole enfin.

L'orgueil de mon père devant l'arrivée de la R25 nouvellement acquise. D'occasion, bien sûr. Maman ne voulait pas de voitures neuves, même si c'était une voiture française. Mon père rêvait de voitures allemandes, mais jamais il ne céda à cette tentation. « C'est ta mère tu comprends, elle va rouspéter ». Et le vendeur au physique flou de me dire le jour où la R25 se gara dans la cour, « Dans celle-ci tu ne seras pas malade ». Ma confiance d'enfant en ces mots. Je bus littéralement ses paroles. Finis les maux de coeur, j'allais enfin pouvoir compter le nombre de voitures rouges qui nous croiseraient. La R18, bourreau de mes trajets était derrière nous, bienvenue à cette R25 qui faisait la fierté de mon père. Bleu marine, comme la voiture du président. Non, je n'ai plus jamais été malade en voiture. Merci belle R25 de m'avoir libérée. Et merci Papa d'avoir arrêté de fumer pendant les trajets.

La mort d'Uno, petit spitz de 7 ans, dans mes bras. J'avais le même âge, nous avions grandi ensemble. Maman me racontait que bébé, il rongeait le filet de mon parc pour venir me rejoindre et me dérober mes jouets. Mon premier contact avec la Faucheuse. Ma mère qui se précipite pour me décharger de ce petit corps. Ainsi va la vie. L'inquiétude sur son visage. "Mais pourquoi maman ?" C'est la vie... Quelques jours après, la porte de ma chambre s'est ouverte, la même que j'occupais juste en face de celle de mes parents. Ma mère a soulevé doucement le drap de mon lit pour y déposer cette petite plume si douce. "Aisane". Caniche Abricot. Toy, s'il vous plait. Maman y tenait. Aisane pleura, pleura, et pleura à n'en plus finir, pendant cette première nuit. Je la libérai de son calvaire en l'envoyant dormir avec mes parents. J'avais sonné le glas de notre relation, elle ne quitta plus ma mère.

Mon frère et nos cousins. Les rares parties de cache-cache. L'idée géniale de mon frère: m'enfermer dans un sac de sport. Pas si géniale que ça. Je suis claustrophobe, mais c'était mon grand frère, celui que j'adorais. Celui qui me fit pleurer de joie en venant me chercher, pour une journée, à la station de ski qui abritait ma classe pour un voyage scolaire. Je lui cachais mes larmes dans la voiture pendant le trajet en faisait mine de dormir. Il n'a jamais su le bonheur que j'avais ressenti. Je l'idolâtrais. Il est venu me chercher, lui, mon grand-frère qui vivait en Haute Savoie. Mes amis étaient tellement envieux. Mon frère que j'aime toujours autant malgré la distance.
Oui, pas une super idée que ce sac quand on est claustrophobe. Cette même claustrophobie qui se réveilla pendant un autre séjour à la montagne, avec mes parents cette fois. Ma joie de dormir sur le lit superposé du haut. Et mon incapacité à respirer. L'envie de repousser le plafond. le besoin de pousser ce fichu plafond. Mes mains contre ce blanc jaunâtre. Sa résistance. Victoire par KO. A partir de ce moment là, je fis le deuil des espace restreints.

La mémoire est décidément une petite chose bien étrange, et tous les récits de Nicolas Delesalle, sa plume simple, mais travaillée ont conversé avec la mienne. Moi aussi, j'ai cherché des cèpes, avec mon père. Ainsi que des girolles. Je continue de le faire, seule la plupart du temps. Mon père n'est plus là, mais il m'accompagne encore. le sol est plus humide, là, c'est un sol à champignons. Il y a des fougères, allons-y, les girolles aiment les fougères. Oh, des marronniers et des chênes. Ouvre bien les yeux, ce cèpe a forcément son petit frère pas loin.

Mon père, cet homme avare de mots. Je voulais tellement l'impressionner. J'aimais ma mère. Oh oui, j'aimais ma mère. Mais mon père, c'était différent. Je voulais qu'il soit fier de moi. Une maman ça l'est forcément. Et mon père avait tellement l'air sévère. Il devait être fier de moi. Et il l'a été. Ses larmes lors des résultats du bac. Mais aussi sa colère parce que je ne le fêtai pas avec eux. Mon père, cet homme de peu de mots. Si entier et si généreux. Ce fils de Boche marqué par L Histoire. Cet homme fort, aussi fragile qu'un enfant.

Et ce défi que je lui lançais. Je devais avoir huit ans. Il me semblait si vieux. Quand on a moins de huit ans, tous ceux qui ont plus de trente ans semblent décatis. "Je cours plus vite que toi". J'ai couru, vite, très vite dans ce chemin de terre. J'ai couru à en perdre haleine. J'ai couru à m'en arracher le coeur. Mais j'ai perdu. Ce jour-là, mon regard changea. Mon père n'était pas si vieux finalement. Mon regard changea, mais je ne lui dis rien. Nous avions le même orgueil.
Ce dernier regard échangé avec lui, plus de vingt ans après. J'ai peur papa, je t'aime tellement. Je t'aime aussi ma fille. J'ai peur aussi... Mais nous n'avons rien dit. Ce dernier regard échangé, je savais que ça allait être le dernier. Il est gravé en moi.

Oui, le récit de Nicolas Delesalle m'a transportée. La justesse de ses mots, de ses émotions ont trouvé un écho en moi. Je suis nostalgique ce soir. La dernière page est tournée. le tiroir est ouvert. Les souvenirs ont jailli.

Vous me manquez tellement.


Merci M. Delesalle pour ce beau cadeau... Merci infiniment à Pierre Krause et à la Masse Critique Babelio qui m'ont permis de faire une belle rencontre. Une de mes plus belles lectures de l'année.
Lien : http://lelivrevie.blogspot.f..
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Attention, préparez-vous à remonter le temps. Pas de science-fiction ici, pas de voyage temporel à bord de DeLorean ou de machine tout droit sortie de l'imagination d'H. G. Wells. Chez Nicolas Delesalle, on voyage à travers les souvenirs. Et quel voyage...

J'ai vingt-deux ans et plonger dans ces souvenirs qui viennent d'un autre âge est une expérience troublante. C'est comme observer de derrière une fenêtre une époque révolue, comme épier de derrière les rideaux toutes ces choses que nos parents et grand-parents ont connu et qu'on ne connaîtra jamais. Comme toucher du bout des doigts une nostalgie qui ne nous appartient pas vraiment. Je n'ai que deux décennies de vie, je suis encore trop jeune pour la vraie nostalgie, mais celle de Nicolas Delesalle me percute et me ramène en enfance. Dans la mienne, et dans la sienne aussi.

L'histoire n'a rien de linéaire, l'auteur nous expose, chapitre après chapitre, des tableaux de son enfance, de son adolescence, de sa vie d'adulte. La construction est décousue, ne suit pas de logique particulière, on se contente de lire chaque souvenirs, dont la longueur varie, rassemblant ainsi les pièces du puzzle, ces morceaux de vies, qui permettent de construire Kolia, le narrateur.

J'ai rarement été autant touchée en lisant un roman ou devant un style d'écriture. Celui de Nicolas Delesalle a su me trouver et faire vibrer ma corde sensible. Souvent, j'ai souris, mais encore plus souvent, je me suis retrouvée en larmes, complètement désarçonnée par les mots choisis, les figures de styles employées (dont l'auteur est friand) et la tournure des phrases qui forment ensemble un amalgame nostalgique dont j'ai eu du mal à me défaire une fois ma lecture terminée. le style de l'auteur a beau s'entourer d'une certaine légèreté, celle des souvenirs, il y a de la gravité enfouie dans tous ces segments de vie. La gravité de l'oubli et de la finitude de toutes choses, de l'enfance, d'une époque, de la mémoire, de la vie aussi.

Laissez-vous embarquer sans hésitation dans la spirale de Nicolas Delesalle, dans ses rêves d'enfants et questions de jeune adulte, sa famille, ses premières fois, les grands événements - personnels ou non - ayant entourés sa vie et dans ses pensées d'une poésie pleine de justesse et de nostalgie.
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"Tout passe, tout casse, tout lasse". Ce sont les dernières paroles, les terribles paroles je devrais dire, prononcées par son grand-père malade qui marquent tellement Kolia (l'auteur donc puisque Kolia est le diminutif de Nicolas), que pour laisser une trace de son passage, il décide d'adresser une lettre ouverte à Anna, sa future arrière-petite-fille, qui n'existe pas encore !

L'auteur nous livre des morceaux d'enfance et d'adolescence, mais aussi des moments importants de sa vie de jeune adulte et de jeune père.
Il nous parle avec autant de tendresse et d'humour, de ses souvenirs d'écolier que de la maison de famille où il passait ses vacances, des lectures qui ont été pour lui parfois initiatiques, que des enseignants qui ont marqué son adolescence et l'ont fait grandir.
Ce sont tous ces petits riens qui font une vie (et il n'a que quarante ans... il faut qu'il imagine ce que ça sera dans 10 ans ou plus !).

Ces propos sur son enfance, sa vie de famille, et les moments précieux où il a laissé tomber son innocence pour grandir, sont incroyables de justesse, de poésie et riches en humour et en émotions.
Il laisse derrière lui son enfance sans aucune pointe de nostalgie, car un jour, nous dit-il, où son père tondait la pelouse, où ses soeurs s'occupaient à des trucs de filles...il a vécu un instantané fabuleux, celui du bonheur et bien sûr le parfum d'herbe coupée suffit à l'aider à se remémorer cet instant !

C'est un roman facile à lire, court et émouvant qui fait du bien et qu'il faut découvrir absolument. Il est tout en finesse, en simplicité, sans prétention et sans fioriture et il nous touche parce qu'il nous va droit au coeur...

Pour en savoir plus...

Lien : http://bulledemanou.over-blo..
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C'est avec un immense plaisir que j'ai dévoré ce roman.
J'ai aimé l'écriture, le fait que l'auteur nous relate des moments de vie. Plein de moments de vie, des tas de petites madeleine de Proust en somme :)
J'ai été touché par certains passages, et d'autres m'ont parlé.
J'ai presque le même age que le narrateur Kolia (il a deux ans de plus que moi) et forcément quand il évoque l'émission Champs Elysées ça fait aussi remonter mes propres souvenirs :) Ce n'est qu'un exemple il y a plein d'autres passages qui m'ont parlé.
C'est un très joli livre, très personnel.
J'ai adoré et je le recommande chaudement.
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« Un parfum d'herbe coupée » est un cycle de vie-le dernier événement venant rejoindre le premier-, c'est un collier invisible liant les souvenirs d'un seul personnage, Kolia, qui au moment du déclin de la mémoire de son Grand-Père, réagit, s'interroge sur ce qu'il aurait envie de transmettre, lui, d'important avant l'inéluctable.Nous sommes dans la transmission.
Un parfum d'herbe coupée peut être évocateur d'un bel après-midi de détente dans la conscience collective, nous partageons là une même « madeleine » qui nous fait respirer et souffler du bonheur, fugace, mais bon. Une effluve qui nous ramène à notre mémoire personnelle aussi. Cette odeur d'herbe coupée va avoir différentes présentations pour Kolia, de l'enfance à sa maturité de père de famille, elle sera le carré d'herbe du musée pour son premier job de gardien où il sera l'autorité, les dreadlock et l'ordre, elle a été sa première bouffée de tabac aussi à un autre moment.
Avec infiniment de poésie, nous entrons dans des références qui parleront à ceux et celles qui les ont connu, mais pas que, ce sont les instantanés d'un album photo qui ont jalonné l'itinéraire d'un jeune boutonneux qui ne savait pas encore embrasser, qui voulait devenir astronaute, qui avait un père né en Amérique du Sud et une mère d'origine russe, qui avait un chien du nom de Raspoutine. L'auteur joue sur une mise en abîme pour son personnage, imprégnée d'une certaine authenticité des sentiments, pour parler de tout,comme ce personnage l'a vécu, ressenti avec la parole d'un vrai-faux mâle qui en conscience, avec un humour impertinent et l'insolence de l'adulescent Kolia. Nicolas Delesalle nous fait voyager dans une vie qui en a connu plusieurs à tous les âges. Comme nous, finalement.
Cette nécéssité de la transmission est déclenchée par le personnage qui regrette de na pas avoir pu dire au revoir à son Grand-Père par deux fois, parti par la mémoire et par la mort naturelle tout court.
Tout ce qui fait le sel, la curiosité, l'amertume et la beauté de la vie sont abordés, les rêves, les projets, la puberté, la sexualité, les copains, les filles, la famille, l'amour, les premiers boulots, les rencontres adultes qui marquent, la paternité. Kolia continuent de se questionner, se remettre en question tout en profitant, tout en grandissant, tout en mûrissant, il profite de l'odeur de l'herbe coupée qui le ramène au plaisir. Les grands ados pourraient aussi apprécier ce roman qui les ramèneront à l'enfance et ils se retrouveront dans leur adolescence, les garçons en particulier, on se surprend souvent à pouffer de rire parce que cela nous parle ou c'est délicieusement irrévérencieux.
Un bon moment de lecture !

« Babelio et Préludes s'associent pour le lancement du label et vous offrent : - 30 exemplaires en avant-première d'Un parfum d'herbe coupée de Nicolas Delesalle. - Une rencontre exceptionnelle avec l'auteur le mardi 3 février, en soirée, à Paris  

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une belle surprise avec ce livre, c'est le titre une fois encore qui a suscité mon achat. Je ne suis pas déçue, car j'ai passé un excellent moment de lecture, ni roman, ni réellement un autobiographie de par la construction. Des tableaux qui se suivent mais pas forcément chronologiquement, ils suivent plus le fil des souvenirs, des sensations. C'est très émouvant par moments, l'écriture est remarquable, sensible, et pleine d'humour. J'ai passé un réellement moment de détente, d'émotion. On traverse le paysage de l'enfance, de l'adolescence pour arriver à l'âge jeune adulte avec tous ces flash back d'une autre époque, c'est marrant, plaisant, un vrai plaisir à lire.
Une vraie lecture d'été, idéale pour finir ses vacances en toute sérénité.
J'espère bien que cet auteur nous fera le plaisir de nous offrir un autre livre car franchement, sa plume est très belle.
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Un parfum d'herbe coupé
Nicolas Delesalle
Edition Préludes
Merci à toute l'équipe du Prix Relay des Voyageurs et à Babelio pour l'envoi de ce livre éblouissant.
Nicolas Delesalle signe un premier roman de Maître. Un parfum d'herbe coupée, sans cesse renaissante, fibre de Regain de Giono en modernité délicate et juste. le style hautement littéraire aux « Préludes » de mots aboutis enchante le lecteur qui dévore « herbivore » les promesses d'un écrivain au devenir certain.
Page 14 : Une des plus belles pages :
« ça faisait cinq ans qu'il souffrait de la maladie d'Alzheimer. Sa mémoire était un paquet déchiqueté après Noël, les enfants Alzheimer s'étaient barrés avec le cadeau. »
Comment résister face à une telle puissance verbale ? Nicolas Delesalle nous conte sa vie, celle des siens, hymne fabuleux, respectueux, qui fait l'envol des pages plus vite les unes que les autres, pour assister au lever du parfum de l'herbe coupée.
Page 60 : « Je crois toujours plus fort à ce que je ne comprends pas. »
Nicolas Delesalle, narrateur aux habits mémoriels, aux sens habillés des souvenirs, conjugue le temps passé et le présent dans une sociologie intelligemment tournée vers l'existentialisme.
On rit, pleure, annote les phrases sublimes, poétiques, douloureuses parfois mais si vivantes. On lève les yeux, regard sur ce passage où l'enfance quitte la rive du narrateur.
Page 77 : « Je n'ai plus peur de la respiration lourde de Raspoutine, des crac que font les marches, de la lumière, en haut qui pourrait s'allumer. Il me semble que je viens de devenir quelqu'un qui ressemble à l'homme, une chose s'est brisée dans la banquise de mon enfance. »
Les paraboles lumineuse, symbiose de l'image sur le ressenti de Nicolas Delesalle, sont des morceaux d'architecture d'une citadelle où chacun aimerait trouver sa place. On ne lit pas. On vit sa vie. le mimétisme qui s'opère dans cette lecture n'est que métamorphose exaltante.
Page 98 : « Rien ne fut, rien ne sera. Tout est. Tout a sa vie et appartient au présent. »
Ce roman, plutôt récit de vie fait du bien et couvre de verdure douce et aimante, le lecteur qui visite les méandres de la vie de Nicolas Delesalle et des chers siens, comme une remontée vers la source vive de sa propre histoire.
Pari réussi, on ne repose pas cette merveille avant la fin qui ne demande que le recommencement de la lecture, comme un film à ciel ouvert.
Réjouissant, authentique, sincère, ce récit devient affectueux et réaliste. Ce premier roman est le début d'une grande aventure littéraire pour Nicolas Delesalle. On attend déjà d'autres pépites de cet auteur remarquable et si mature.
Les Editions « Préludes » ont compris qu'un « Parfum d'herbe coupée » est une essence rare et qui gagne à être connue.
A lire sur l'herbe fraîchement coupée et vous verrez comme tout change.


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« Mon arrière-petite fille ne connaîtra jamais les détails de ma vie palpitante à califourchon entre deux siècles. Et quand s'éteindra dans un râle terrible ou dans un petit hic silencieux la dernière personne qui aura entendu parler de moi, ça sera vraiment fini. Trois pelletées de terre sombre et puis basta. »

Alors cet homme, ce père, la quarantaine, décide d'écrire à une hypothétique future arrière-petite fille, qu'il baptise Anna - quel beau choix, d'ailleurs -. l'imaginant jeune fille (alors que ses propres filles n'ont même pas encore dix ans, ou à peine). Lorsque cette Anna vivra, lui-même aura disparu du monde des vivants. « Quand tu poseras tes yeux sur ces lignes, ça sera à mon tour de me disperser dans le vent, la pluie, les saumons et le fromage. » Cette lettre-testament est un recueil de souvenirs articulé en chapitres parfois très courts. L'auteur se dévoile et se raconte au travers, au détour, de petits souvenirs ou de grands moments vécus enfant, d'instants de vie sauvés du temps, pépites restées intactes au coeur de la mémoire.

Ce genre d'exercice d'écriture est périlleux. On aurait pu s'ennuyer ferme, se perdre, ne pas y croire, se sentir voyeur ou décalé. Et bien il n'en est rien, au contraire : Nicolas Delesalle ici est virtuose. Il nous emporte dans son île aux enfants, et c'est vraiment du bon temps. Comment dire… le rythme du récit est sans faute. Les souvenirs prennent corps à mesure dans un temps qui leur est propre, et pourtant on ne se perd jamais. C'est souvent drôle, parfois vraiment touchant. le ton est toujours juste, et l'écriture, ah, l'écriture de Nicolas Delesalle est magnifique ! « Au plafond, un ventilateur antédiluvien tournait au ralenti et découpait de grosses tranches d'air tiède qui me tombaient sur le visage. » En lisant cette première phrase du livre, j'étais déjà conquise.

Ces souvenirs ont réveillé les miens, et ça a été un coup de coeur. Finalement, j'aurais voulu que ce livre soit deux fois, dix fois plus long, pour ne pas avoir le regret de l'avoir déjà terminé.
… Mais grâce à Babelio et aux éditions Préludes, « Un Parfum d'herbe coupée » trône maintenant dans ma bibliothèque, et donc : je pourrai m'y replonger quand je veux ! Un grand merci.
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Je ne connaissais pas Nicolas Delesalle. Les quelques mots de présentation m'apprennent qu'il est reporter et travaille pour Télérama... Je n'en saurai pas beaucoup plus. C'est donc avec curiosité que j'ouvre son premier roman.
Kolia est âgé d'une quarantaine d'années à la mort de sa grand-mère. Son grand-père, qu'il nomme affectueusement Papito, est endormi dans le canapé. Mais ce vieil homme à la vie bien remplie a tout oublié, victime de la maladie d'Alzheimer. Aussi Kolia est-il tout étonné de l'entendre répondre à sa banale question : « Alors t'as piqué un roupillon Papito ? », « Tout passe, Kolia. Tout passe, tout casse, tout lasse. »
Cette phrase le bouleverse et le fait réfléchir. C'est ce qui le pousse à écrire une lettre ouverte à Anna, son arrière-petite-file à venir. Il plongera dans ses souvenirs pour les lui raconter. Penchés sur son épaule, les lecteurs découvrent avec elle les moments forts de l'existence de l'auteur. Chaque chapitre en ressuscite un.
Il y a la première communion, attendue comme une promesse de miracle, ce moment où il pourra enfin « manger Dieu ou son fils, ou le Saint-Esprit ». Est-ce que « ça irradie le coeur [comme] un soleil dans le ventre qui brûle les saloperies » ?
La découverte de la lecture. le défilé des professeurs d'un « bahut privé de pères maristes ». Les tentatives de conquête spatiale avec son cousin qui lui apprend, très grave, que « c'est bientôt la troisième guerre mondiale, on ne verra jamais l'an 2000, il faut quitter cette planète, alors j'ai dessiné les plans d'une navette pour se tirer ». le premier baiser, la première rupture, le chien Raspoutine ou la naissance de son premier enfant.
Pas d'histoire à proprement parler. Nicolas Delesalle saute allègrement d'une époque à l'autre au fil des chapitres. le voici à quinze ans, là il est à la maternelle, ici, il est reporter ou là encore, il a huit ans. La chronologie est gaiement bousculée. Ce qui nous donne l'impression d'écouter, à côté d'Anna, cet ancêtre qui redécouvre des souvenirs dans le désordre.
Chaque chapitre porte un titre et compose une petite histoire offerte comme une vraie perle. Les mots font mouche. Dès le début, on est pris : « Au plafond, un ventilateur antédiluvien tournait au ralenti et découpait de grosses tranches d'air tiède qui me tombaient sur le visage. » Quelle image, non ?
Telle expression fait éclater de rire, telle autre pince le coeur.
Chaque lecteur sera touché par quelque chose de différent, mais tout le monde se retrouvera certainement dans ces pages.
J'ai tout aimé de ce livre qui m'a fait parcourir les routes de l'enfance, de l'adolescence, de la famille et je suis très reconnaissante à Babelio qui m'a permis de le découvrir dans le cadre de son opération « masse critique ».
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