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EAN : 9782754111232
480 pages
Fernand Hazan (23/10/2019)
4.29/5   7 notes
Résumé :
Louis Franck et Vincent Delieuvin nous invitent à un tour de force. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Rendre hommage à Léonard de Vinci à l’occasion du cinq centième anniversaire de sa mort relève assurément de la gageure.
Léonard de Vinci exerce aujourd’hui une fascination avec laquelle, aucun écrivain, aucun musicien ne peut rivaliser. Léonard, lui, serait un génie universel, le « génie universel », celui qui, maîtrisant l’ensemble des connaissances de s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
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500 ans déjà…

Le Louvre se devait de frapper fort à l'occasion de ce cinq centième anniversaire de la mort de Léonard de Vinci en 1519 au château du Clos-Lucé près d'Amboise.
La vision du catalogue m'avait déjà impressionné. Magnifique ! : lourde couverture cartonnée dans des tons bruns chauds, et le regard enjôleur de « La Belle Ferronnière » qui me fixe intensément. Troublant…

Que dire de cette exposition que je viens de visiter juste avant sa fermeture ? Les adjectifs sont trop faibles pour la décrire : remarquable, superbe, éblouissant…
Rien moins que 150 oeuvres sont rassemblées : dessins, peintures, objets d'art, manuscrits, venant des plus grands musées dans le monde. Une occasion unique de voir onze tableaux (avec « La Joconde ») du maître sur la vingtaine qui lui est attribuée.
La collection du Louvre, la plus importante au monde, représente l'essentiel des oeuvres : 5 tableaux et 22 dessins.
Le Louvre a réussi l'exploit ! Les commissaires de l'exposition, Vincent Delieuvin et Louis Franck, en se livrant à une étude fondée sur les documents et textes conservés, ont permis aux visiteurs de s'approprier le parcours de vie de ce génie universel, depuis ses débuts à 13 ans lorsque son père le fit, à Florence, entrer dans l'atelier du peintre et sculpteur Andrea del Verrocchio, jusqu'à ses derniers jours en France.
La « Joconde », trop fragile, est restée douillettement installée dans sa salle habituelle où les visiteurs la dérangent constamment en ne cessant de la mitrailler pour l'immortaliser. Elle devrait porter plainte… Elle en a vu d'autres…

Je parcoure les salles au petit trot. L'intimité du maître m'est offerte. La présence de l'artiste est constante. On se sent humble devant un tel génie universel.

Je passe rapidement sur la partie consacrée à la science. Léonard de Vinci était curieux de tout : peinture, poésie, musique, mathématiques, anatomie, hydraulique, astronomie, botanique, architecture ou géologie. Jusqu'à la fin de sa vie, il rédigera des notes regroupées dans des codex. À Amboise, avant de mourir, il les confiera à son disciple Francesco Melzi qui les ramènera en Italie. L'exposition montre de nombreuses feuilles originales issues de ces Codex qui nous restituent la science léonardienne. le célèbre « Homme de Vitruve » est également présent. Immense travail ! Il est aisé de comprendre pourquoi Léonard nous laissa si peu de tableaux, pour la plupart inachevés ou non terminés.

Je me concentre sur les peintures.
« (…)bre 1478, j'ai commencé les deux Vierge Marie ». Il semblerait que Léonard, alors qu'il est encore chez Verrocchio, ait ébauché la conception de deux peintures de Vierge à l'enfant. de superbes études pour une « Madone au chat » font regretter qu'il n'existe pas de peinture autographe.
L'exceptionnelle « Madone Benois », peinte sur bois en 1480, envoyée par le musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg, est présente dans l'exposition. À mes yeux, il s'agit du premier chef-d'oeuvre du peintre : le sourire joyeux de la femme à son enfant ensorcèle les visiteurs attroupés devant l'oeuvre.

Les quatre toiles du maître appartenant au Louvre sont évidemment les plus admirées par les visiteurs.

LA VIERGE AUX ROCHERS
Ce grand tableau, sombre, mériterait la restauration que les trois autres ont subie récemment.
À 30 ans, en 1483, Léonard est très demandé. Il a obtenu la commande pour une chapelle de Milan de ce grand tableau qui est l'élément central d'un retable. Il en existe une deuxième version à la National Gallery à Londres.
Le tableau forme une pyramide harmonieuse. Dans une grotte, la vierge Marie est entourée d'un ange souriant soutenant l'enfant Jésus assis sur un rocher. Celui-ci fait face au très jeune saint Jean le Baptiste agenouillé en prière. Dans une atmosphère crépusculaire en clair-obscur l'artiste joue sur les ombres et non les contours. Il s'agit déjà du fameux « sfumato » qui va le rendre célèbre. Ce style rompt avec la production florentine à la mode.

LA BELLE FERRONNIÈRE
Restaurée en 2015, après la Sainte Anne, les belles couleurs chaudes ont été conservées.
Le regard en oblique de la femme qui est devant moi présente, en pleine période de la Renaissance, une nouvelle approche dans l'histoire du portrait. Vêtue d'une robe rouge à l'emmanchure ornée de rubans, elle est tournée de trois-quarts, mais, curieusement, sa tête s'oriente de l'autre côté, comme si quelque chose avait soudainement retenu son attention. Son regard m'observe étrangement. Cette femme si séduisante me met mal à l'aise…

SAINTE ANNE
Avec le « Saint Jean Baptiste », elle termine l'exposition. À mes yeux, il s'agit de la plus belle des cinq toiles que possède le Louvre.
Commencée en 1501, à Florence, l'artiste méditera sur le thème de la « Sainte Anne » jusqu'à la fin de ses jours. Avec le « Saint Jean Baptiste » et la « Joconde », il traversera les Alpes avec elle lors de sa venue en France en 1516. La tendance de l'artiste, novatrice, à laisser ses peintures inachevées, apparaît, surtout dans le somptueux paysage rocheux en fond.
Grâce à sa récente restauration, nous pouvons contempler à nouveau, comme la voyait Léonard avant de mourir, cette scène familiale : assise sur les genoux de sa mère Sainte Anne, la Vierge abaisse son regard avec un sourire bienheureux sur l'enfant Jésus qui joue avec l'agneau symbolisant son futur sacrifice.
La toile a retrouvé ses transparences dans les robes et les voilages, ses teintes vives et froides. Les bleus de lapis-lazuli et les rouges violacés s'expriment à nouveau. L'exquis modelé des figures apparaît dans son état de fraicheur initial.

SAINT JEAN BAPTISTE
Sur un fond sombre, le prophète apparaît, jeune éphèbe avec ce sourire radieux à la Léonard, lumineux, tourné légèrement de trois quarts, le bras droit levé vers le ciel.
Restauré en 2016, des vernis anciens non enlevés totalement ont laissé la teinte des chairs très chaude. Les dames et damoiselles devaient s'arracher ce beau jeune homme…

Je suis resté un long moment devant un dessin qui serait le premier dessin (connu) de l'artiste : « Paysage de la vallée de l'Arno ». Il a inscrit la date de 1473, à 21 ans.
D'autres dessins et études du maître m'ont réjoui par leur virtuosité dont le magnifique dessin d'une étude de figure pour l'ange de la Vierge aux rochers.

Ouf ! Léonard m'a épuisé ! L'émotion est toujours présente…

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Cet article apparaît également dans mon blog, mais, cette fois, avec les images des oeuvres, ce qui change tout.

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Lien : http://www.httpsilartetaitco..
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Plus qu'un catalogue des oeuvres présentées, ce bel et volumineux ouvrage rassemble les recherches et nouvelles analyses des commissaires de la grande exposition Léonard de Vinci au Louvre (2019).
Les deux auteurs, commissaires de l'exposition, ont estimé que le public avait déjà une connaissance minimale de la vie et de l'oeuvre de l'artiste et savant et commentent l'oeuvre de Vinci avec leurs regards d'experts. le texte est documenté, dense, pointilleux et exigeant.
Reflet de l'exposition, le livre aborde d'emblée l'oeuvre de Vinci par une série de dessins remarquables de drapés. La vie de Vinci, ou plutôt la chronologie des oeuvres et l'évolution du style est déchiffrée, au fil d'indices trouvés dans les actes d'état civil, les factures et des textes anciens. Un nouvelle traduction de la première biographie de Vinci par Vasari corrige quelques erreurs d'interprétation. Sont disséquées les peintures, après analyse des radiographies, pour distinguer la main, la singularité et l'innovation de l'artiste.
La réunion de plusieurs collections de manuscrits est exceptionnelle, mais elle ne s'offre pas au premier venu, malgré les explications.
Finalement, je retiendrai deux idées répétées à l'envie par les commissaires du Louvre : d'une part, la prééminence de l'artiste sur le savant (qui cherchait à comprendre la nature pour la représenter plus exactement). D'autre part, la liberté conquise par l'artiste, dans sa créativité graphique et picturale bien sûr, mais aussi dans son droit de ne pas achever les commandes qui lui sont passées, en quête d'une perfection forcément insatisfaite.
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Un ouvrage hyper complet pour les passionnés d'art et encore plus ceux de Léonard de Vinci.
Dans ce livre, on retrouve littéralement de tout cela va de la biographie aux oeuvres (peintures et dessins) en faisant un petit détour rapide par les recherche plus scientifiques, le tout agrémenté d'un contexte historique hyper complet (basé sur de la documentation aussi bien historique que des recherches plus récente d'historiens et d'historiens de l'art).
Les textes sont malheureusement assez complexes pour une personne novice à cause de tous les termes techniques qu'ils peuvent contenir. Pour les plus initiés, j'ai personnellement trouvé que l'ensemble était assez fluide malgré la masse d'informations données.
Pour les illustrations, rien à redire bien au contraire, elles sont de très belles qualités même dans certains agrandissements. J'ai beaucoup aimé le nombre assez important mine de rien de réflectographies (infrarouge) et de cartographies de plusieurs composants.
Je vais garder un très long moment cet ouvrage de très belle qualité, précieusement avec moi avec certitude.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
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Léonard avait donc commencé, à la date de 1503, sans que l’on sache si cela fut en vertu d’une commande ou de sa propre initiative, un portrait de Lisa Gherardini, épouse de Francesco del Giocondo, dont il avait porté le visage à un degré de finition extraordinaire et laissé le reste de la figure dans l’état d’une ébauche. Il conserva toujours ce portrait.
Le cardinal d’Aragon et sa suite le virent chez lui, à la résidence royale de Cloux, près du château d’Amboise, le 10 octobre 1517 : « Monseigneur et nous autres allâmes visiter Messer Lunardo Vinci florentin, vieux de plus de 70 ans, peintre des plus excellents de notre temps, lequel montra à son Illustrissime Seigneurie trois tableaux. L’un d’une certaine dame florentine faite au naturel sur les instances de feu le Magnifique Juliano de Medici. L’autre de Saint Jean Baptiste jeune et l’un de la Madone et de l’enfant se tenant sur le sein de Sainte Anne, tous absolument parfaits. »


En fait Léonard de Vinci avait 65 ans à cette date et mourut deux année plus tard à 67 ans

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En 1519, Léonard mourut en laissant inachevé son chef-d'oeuvre, le fruit de près de vingt ans de méditation et de perfectionnements.
Les derniers coups de pinceau posés sur la robe de sainte Anne ont été découverts lors de la restauration de 2010-2012. Léonard n'avait pas non plus terminé la tête de Marie, au centre du tableau et au coeur de l'action. Il manque à sa carnation les transitions les plus raffinées de l'ombre à la lumière qui devaient animer son expression infiniment subtile, entre mélancolie et joie, ce moment fugace de transition des sentiments, l'essence de la vie qu'il chercha à recréer dans toutes ses oeuvres par la puissance de son esprit et la magie de son pinceau.

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Videos de Vincent Delieuvin (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Vincent Delieuvin
Icône intemporelle ? Monna Lisa ou la Joconde ? Qu'attendre de l'expérience immersive ? Vincent Delieuvin, conseiller scientifique sur cette exposition immersive, répond à ces brûlantes questions !
Exposition coproduite par Grand Palais Immersif (filiale de la Rmn - Grand Palais) et le musée du Louvre. du 10 mars au 21 août 2022 au Palais de la Bourse à Marseille.
Infos : https://www.grandpalais.fr/fr/evenement/la-joconde-exposition-immersive
#JOCONDEIMMERSIVE Cette exposition bénéficie du soutien de TikTok. Avec le soutien du Centre national du cinéma et de l'image animée.
Abonnez-vous à notre chaine YouTube : https://www.youtube.com/channel/UCyAiVPzrW_o5PuNl6UH3JNg
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