Pétoche, le poussin froussard

Incontournable Mars 2022

Cet album jeunesse vient d'arriver au Québec, et j'adore son prénom! "Pétoche", aha! Pour mes concitoyens franco-américains, le mot "pétoche" vient de l'expression "avoir la pétoche", qui signifie littéralement "avoir la frousse/avoir peur", ce qui est ma foi fort bien trouvé pour ce poussin froussard.


Pétoche cherchait quelque chose à se mettre sous la dent quand CE JOUR est arrivé. Une noisette lui est tombée sur la tête, qu'un écureuil affairé à échappé par inadvertance, et sans chercher à comprendre ni à analyser, il se met en tête que c'est tout simplement la fin du monde! Pire, il compte en parler "Au Roi", entrainant toute sorte d'animaux dans son sillage, qui croit aussitôt à ses affirmations: Un coq "Duch Bag" amateurs de fonte et de poids, Licot, une dinde style Cowboy Stetson et Santiags comprit,Dédé, une chèèèèvre coiffeuse , Bernadette, et un cochon gourmand, Jean Bon. Ceci-dit, ce n'est pas pour déplaire à Luppo, loup amateur de philousophie, qui voit dans cette bande d'hystériques une opportunité...fructueuse.


Voici le genre d'album qui est la preuve qu'on peut traiter de tout en jeunesse et même faire dans la parodie sociale. Admirez:


Difficile de ne pas voir dans cette histoire en apparence anodine l'écho des dernières années avec ces groupes de conspirationnistes et de théoriciens du complot prêts à embarquer aveuglément dans les idées les plus absurdes, incapable de pensée critique et gavés de désinformation qui ont eu la tribune notamment grâce aux mesures sanitaires entourant la pandémie de Covid-19. C'est d'autant plus perceptible que de nombreux clin d'oeil sont observables.


Observez les personnages sur les illustrations de plus près. On a un coq ( animal emblématique de la France) qui a tout du duch bag amateur de gym ( D'ailleurs, il est dans un gym extérieur). Attention, je ne traite pas l'intégralité des amateurs de gym de crédules, mais on a vu dans les médias de nombreux gens qui avait ce profil véhiculer des conneries sans nom, dans une parfaite parodie du gars/fille qui se muscle les "peps", mais pas le cerveau. Licot le coq duch bag va répondre à Pétoche: "C'est pas croyable! Mais si tu le dis, c'est que c'est vrai". Il l'affirme: il ignore si c'est vrai, mais plutôt que de chercher une autre source ou simplement cultiver le doute, Licot adhère totalement à la fausse nouvelle de Pétoche, à tout le moins son interprétation de la réalité.


Qui dit amateurs de scénarios catastrophes dit USA, forcément. On a dans ce pays des centaines de gens qui se préparent à l'apocalypse prochain, convaincus que la fin est proche. On a donc un dindon ( symbole bien connu de Thanksgivings, l'action de grâce et fête de la fin des moissons très célébrée aux USA) qui écoute sa télé, avec sa tasse Capitaine America, santiags aux pieds et Stetson à la tête, version animal du cowboy ( Cowboy associé aux républicains, dont une partie est largement désinformée et amateur d'un certain clown à peau orange au QI de poisson - oui, j'extrapole!). Dédé le dindon affirme : "Ah, j'étais sur que ça [la fin du monde] finirait par arriver. Je viens avec vous!". Suivre par conviction, donc, surtout quand c'est en accord avec nos valeurs ou nos idées.


Bernadette la chèvre est coiffeuse - encore une fois, toutes les coiffeuses ne sont pas crédules! - et selon moi, son métier comporte une dimension qui PEUT être aggravante: les potins. Beaucoup d'infos peuvent circuler dans ce genre de lieu et ce peut être facile de spéculer, déformer et alléguer quand on jase entre personnes - surtout des personnes qui manquent d'éducation ( Je ne parle pas forcément de la coiffeuse là, c'est au sens large). Mais surtout remarquez le magazine posé prêt de la cliente: "Bêle et Rebelle", où on voit une brebis contestataire, c'est un clin d'oeil. Superficialité et contestation sont ici glorifiés. Bernadette est la suiveuse qui suit pour suivre: "Mais c'est pas possible! Mais c,est pas possible! Mais, je viens avec vous". Illogique.


Enfin, Jean Bon (hohoho) le cochon, l'amateur de théorie du complot: "Personne ne m'a rien dit. J'étais sûr qu'on me cachait quelque chose. Je viens avec vous". Et parano avec ça. J'ai remarqué le nom du restaurant sur le parasol, mais ne suis pas sur de comprendre la référence: "Justin Grandon". Des idées? Commentez.

On a donc une belle brochette d'excités qui se ruent pour voir "le Roi" pour affirmer que la fin du monde est arrivée [ à cause d'une malheureuse noix, on se croirait dans "Ère de Glace"] Remarquez l'évolution du personnage de Pétoche. Il est véritablement effrayé au début, mais plus il récolte de suiveurs, plus son expression devient colérique et menaçante. Il est si en colère que de petits nuages noirs se forment même au dessus de sa tête! À croire que son rôle de prophète le galvanise.

Et là, ils tombent sur Luppo, qui du haut de son rocher, dans une imitation comiquement inspirée du "Penseur"d'Auguste Rodin, regarde ces cinq animaux frénétiques d'un oeil intrigué. C'est un "philousophe", admirez le jeu de mot fort à propos, où la pensée aiguisé côtoie la ruse du filou intéressé. Il se fait passer pour un "proche conseiller du Roi", qui est réuni avec ses ministres actuellement, et qui "ont tellement faim de mes conseils", ajoute-il. Il conduit alors la petite troupe très remontée et insouciante là où "les ministres" sont rassemblés, mais qui est en réalité...un restaurant pour animaux carnivores, qui ont tôt fait de tous les manger.

L'histoire se solde sur ces mots:

"Tant pis pour le froussard et ceux qui l'ont suivi.
Tant que certains courront sans réfléchir,
les loups n'auront jamais de soucis."


Car c'est bien de cela qu'il s'agit au fond: tant que des gens peu éduqués et prompt à adhérer à n'importe quoi sans un minium de réflexion et de jugement, les "loups" de ce monde auront toujours le beau jeu, que ce soit les théoriciens du complot, les gourous de secte, les factions extrémistes, les manipulateurs qui ont soif de pouvoir,etc. Et au final, ça ne profite à aucune société démocratique.

Dernier petit point: Notez que c'est un évènement en apparence assez anodine qui est à l'origine de tout ce tintamarre. La désinformation l'est aussi. Parfois, une simple information petite ou inoffensive peut devenir, sous le prisme de la désinformation ( ou de la censure) un formidable carburant à contestation ou à mobilisation. Et malheureusement, ce sont souvent les gens les moins réfléchis et les plus réactifs qui se laisse prendre au piège, précisément parce que la pensée critique n'est pas développée et les réflexes réflexives appauvris ou inexistants,


Certains trouveront que jamais les enfants ne verront autant de trucs que moi, assurément pas, voyons! Mais voyez surtout comment on peut bâtir un sujet en apparence complexe et le vulgarisé en histoire avec des animaux, c'est génial! Et le message, j'en suis sur, même les enfants vont le comprendre.


En tout cas, j'ai adoré. C'est très comique et les dessins sont chouette. J'aime que des auteurs produisent des histoires aussi rigolote que drôlement pertinentes.


À voir!


Pour un lectorat à partir du premier cycle primaire : 6-7 ans ans en montant. Avec les cycles supérieurs, les 3e à 6e année primaire, parlez leur de l'importance de la pensée critique, de prendre un temps d'arrêt pour vérifier les sources et de cultiver le doute. Parlez leur des réseaux sociaux qui véhiculent des rumeurs et déforment souvent les faits. Parlez-leur des opinions qui ne sont en fait que des émotions exacerbées. Parles-leur de fanatisme. Bref, selon le niveau, la pertinence évolue.

Les années de lecture et de réécriture, notamment cinématographique, ont pu faire oublier la puissance des contes, leur art si particulier d'exacerber les caractères, les défauts si marquants des personnages. Les êtres y sont très dessinés autour d'une grande faille et les confrontations entre eux sont sans retour en arrière possible. Les personnages foncent. Les contes, dans leur nature, sont des exercices d'une certaine cruauté car leurs auteurs regardent le monde en face. C'est direct et sans concession.
Dans cet album, Pierre Delye et Cécile Hudrisier usent avec humour et énergie de la narration d'un conte. le poussin froussard est intense, de sa couleur à la peur qui inonde ses globules en passant par la puissance de sa course. Il ne peut pas s'arrêter car seule la peur l'habite. Il doit s'en débarrasser et la contagion commence. Pour que cela fonctionne, il faut que les autres personnages soient sensibles à cela et refusent de se poser la question. Dans les premières pages, les écureuils et les autres poussins ne comprennent pas Pétoche. Ils resteront donc loin de cette contamination. Mais le coq bouffi de prétention, le dindon dont la réflexion semble avoir été annihilée par la télévision, le mouton superficiel ou le cochon dont le cerveau se trouve dans l'estomac ne prennent pas le temps de penser le moment. En quelques traits et des situations précises, les animaux sont croqués avec finesse. Leur caractère respectif saute aux yeux. La compréhension rapide de ces personnages drôles et ridicules facilite la tenue de cette course effrénée.
Les voilà pris dans la course de Pétoche et ce grand mouvement est sans fin jusqu'à la rencontre avec le loup. Cette chute à plusieurs étapes est aussi réussie que tout l'emballement décrit dans la première partie. Face à cet affolement général, le loup prend le temps, réfléchit et tout lecteur connaît déjà le rôle qui lui est alloué. Il fomente un plan. Ensuite il arrête les coureurs, qui s'entrechoquent avec maladresse et là, il les flatte. Cette douceur n'est qu'un moyen de les duper. La fierté de ces cinq innocents quand ils apprennent qu'ils pourront parler au roi sera la dernière chose qu'ils montreront. L'histoire se termine par le mouvement léger d'un coup de balai. le loup à l'estomac aussi apaisé que rempli se débarrasse des quelques accessoires laissés par ceux qui se pensaient détenteurs d'une vérité annonciatrice mais qui n'étaient en fait que plats de résistance.
Cet album est aussi réjouissant que cruel. C'est donc un conte réussi !
Lien : https://tourneurdepages.word..

Pétoche, le poussin froussard, reçoit une noisette sur la tête. Il croit alors que le ciel lui tombe sur la tête et crie à tout va que c'est la fin du monde. En allant prévenir le roi, il ameute de nombreux autres animaux, coq, cochon, brebis, qui croient, eux-aussi, à la fin du monde annoncé par Pétoche le poussin froussard...
l'auteur profite d'un poussin froussard pour parler de désinformation, de rumeur, de fake news et même un peu de complotisme (sans que tous ces mots soient mentionnés) jusqu'à une chute sombre pour les animaux qui ont suivis sans réfléchir le poussin.
Un livre qui semble écrit pour les adultes mais qui est suffisamment drôle pour plaire aussi aux enfants ; et pour les plus grands pour les avertir des dangers des fausses informations et de n'être pas crédule.
Dans le fond, ce livre est très bien fait mais la fin est si funeste que les plus petits pourraient mal comprendre la morale.

Un nouvel album de Pierre Delye, c'est comme un bonbon, il faut prendre le temps de le déguster.
J'ai adoré voir trembler ce poussin froussard qui croit que la fin du monde arrive, plus précisément que le ciel lui tombe sur la tête, et s'en va répandre la nouvelle. A la manière d'une randonnée, il croise de nouveaux personnages qui vont le croire et le suivre dans sa quête de prévenir le roi de ce drame. La fin est absolument délicieuse, complètement irrévérencieuse et inattendue, comme je les aime.
Et pour ne rien gâcher, on retrouve Cécile Hudrisier aux illustrations dans un nouveau style, sans collage. Elle mélange les techniques, aquarelle, crayons de couleurs, feutre noir pour trouver ce jeu de texture qu'elle semble affectionner.
Vraiment, un COUP DE COeUR à dévorer rapidement.
Lien : http://boumabib.fr

Pétoche est un poussin froussard. Quand une noisette tombe sur sa tête, il se met à piailler : « C'est la fin du monde, le ciel est en train de tomber, il faut prévenir le roi ! » Sans chercher plus loin, Pétoche se met à courir. En route, il rencontre Licot le coq sportif, Dédé le dindon dodu, Bééérnadette la brebis et Jean Bon le cochon, qui le suivent dans sa course folle… Et tous foncent droit dans la gueule du loup, qui n'en demandait pas tant…
Un conte drôle et plein d'esprit sur les méfaits de la peur et de la rumeur. J'aime bp les dessins de Cécile Hudrisier. le texte est moins convaincant à mes yeux, pas toujours clair et fin vacharde. Lu Payot Gen. 13/20