Le monde fou c'est le notre, celui que nous avons créé et dans lequel tant bien que mal nous vivons. Monde de la violence et de l'exclusion, des sectes et des intégrismes, de la confusion des valeurs et de la surenchère médiatique, du libéralisme sans frein et de l'infantilisme avec pour seule perspective la fuite en avant.
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Un très beau livre, original, un texte d'une rare profondeur. Empreint d'expérience ce point de vue dé focalisé apporte des idées simples et claires à des questions actuelles. Avec discernement et compassion l'auteur remet à sa juste place la seule ambition qui vaille, celle d'être.
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Moins on se connaît soi-même, moins l'inconscient et les dynamismes psychologiques sont pris en compte, plus on aboutit à une subjectivité sans frein. L'un des revers de la libre expression n'est-il pas justement le règne de la subjectivité totale ? Que chacun puisse soutenir tout et son contraire aboutit à un certain éclatement...
A un éclatement certain. Effectivement, si la liberté n'aboutit qu'à de plus en plus de dissensions, de plus en plus de conflits d'opinions, de plus en plus de morcellement - il n'y a là rien de constructif. Ce qui est censé aujourd'hui faire l'intérêt d'un débat télévisé, c'est que les gens se contredisent. A l'issue de l'émission, le spectateur est laissé dans la confusion. Suivant que ses affinités le portent vers tel ou tel des intervenants, il va pencher plutôt d'un côté que de l'autre, mais il n'aura pas le sentiment d'avoir progressé dans la recherche, sinon de la vérité - dans le relatif, la vérité est toujours mouvante et fonction d'un ensemble- du moins d'une vision sereine des différents points de vue sur une réalité. De la discussion ne jaillit plus la lumière. Les " débats " dont notre monde est si friand auraient plutôt tendance à épaissir les ténèbres, à propager le doute et l'incertitude, ce qui est n'est pas sans conséquence sur le psychisme des individus et la structure même de la société. Plus de points d'appui stables, plus de repères certains, plus d'éthique reconnue inspirant les actions - et plus le moindre consensus quant aux principes directeurs et aux valeurs essentielles, que celles-ci soient laïques ou religieuses.
Au-delà, donc, des programmes partisans et des opinions politiques, y a-t-il aujourd'hui une " cause " à laquelle vous vous sentiez particulièrement sensibilisé ?
Celle de l'amour du prochain donc l'opposé du racisme. Celle de l'écologie aussi sans aucun doute. Je me sens extrêmement concerné par les problèmes écologiques et j'ai souvent voté dans ce sens. Il y a là un thème capital, vraiment capital. Il ne s'agit pas seulement de protéger les arbres ou de sauver quelques sites ; il s'agit de réagir contre une aberration généralisée qui nous achemine vers une destruction des conditions de vie sur notre planète. La gravité des problèmes écologiques est parfaitement connue et nous sommes régulièrement à des mensonges presque cyniques de la part des autorités, de quelque bord qu'elles soient.
Quelle démarche préconisez-vous pour ceux qui souhaiteraient retrouver ces valeurs tout en se gardant des idéologies traditionalistes?
La recherche intransigeante du vrai en osant remettre en cause ce que nous tenons pour indiscutable. Qu'est-ce qui est vrai, indépendamment de ce que je peux, moi, aimer ou ne pas aimer ? Qu'est-ce qui est vrai, indépendamment de mes réactions subjectives ? La culture de l' " opinion " dans laquelle chacun défend des prises de position déterminées par sa seule subjectivité est inévitablement destructrice. Et quand il n'y a plus d'accord sur les valeurs et le sens, les conditions deviennent favorables pour le succès d'une idéologie totalitaire. Cela peut paraître paradoxal au premier abord mais le totalitarisme naît de l'individualisme.
Comment le savez vous ?
Pour vous répondre plus précisément, il me faudrait impliquer des responsables qui se sont confiés à moi, ce dont il n'est évidemment pas question. Disons que mon activité et les livres que j'ai publiés ont trouvé un écho chez des personnes exerçant toutes sortes de fonction, parfois importantes, dans les domaines les plus divers. Ces personnes qui m'ont parlé à cœur ouvert, comme elles se seraient livrées à un prêtre ou un psychothérapeute en qui elles auraient eu confiance, incluent de hauts fonctionnaires, un membre d'un cabinet ministériel, un ingénieur du nucléaire, en passant par quelques universitaires et chercheurs scientifiques. Ces échanges m'ont ouverts de larges horizons sur le monde actuel. (...)
Si vous vous sentez aimé, vous ne pouvez plus ne pas aimer. En fait, qui pourriez-vous ne pas aimer puisque l'autre n'est pas fondamentalement un autre ? Il est autre, tout à fait autre, dans sa manifestation, sur le plan de la forme, et inconditionnellement accepté comme tel. Mais cette acceptation de la différence provient paradoxalement de l'expérience de la non séparation. Plus vous ressentez en profondeur qu'il n'y a pas un autre, moins vous revendiquez qu'il soit"comme vous" en surface, qui'l se conforme à votre attente. À ce moment-là, il ne peut y avoir qu'amour, sans demande, sans refus, sans passé ni futur, dans "l'éternel maintenant".
Marc de Smedt - Oui, chacun de nous peut se transformer
Marc de Smedt nous parle du livre d'Arnaud Desjardins : "Oui, chacun de nous peut se transformer", paru aux éditions Clés / Albin Michel.