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EAN : 9782374280523
60 pages
Atelier de l'Agneau (23/11/2021)
4.67/5   3 notes
Résumé :
Recueil de poèmes qui présentent deux visions du monde du poète. L’une contemplative et soucieuse du détail, l’autre instinctive et globale.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ces poèmes, saccadés (saccagés ?) par des virgules sont censés reproduire le rythme des battements du coeur… On dirait même des halètements, ce qui rejoint le thème sous-jacent de l'amour charnel. Et cela crée également quelques coupures ingénieuses permettant de souligner les jeux de mots (« Mes parties, se chassant, prends parti, pour le tout ») voire de faire dévier le rôle grammatical de certains mots : dans « Rouge entre, vie et mort », « entre » serait donc plutôt un verbe. Ou encore dans « le poème, parle le corps, si le corps, parle le monde », « si » peut prendre une valeur d'insistance plutôt que de condition. Les possibilités sémantiques ne sont pas inintéressantes. Mais bien que le procédé ait du sens, je ne lui trouve guère de beauté sur le plan musical. Dans l'ensemble, cela me paraît, trop peu, naturel et trop, haché pour être, véritablement plaisant, à lire. Même à l'oral, ça ne passe pas, j'ai essayé. Peut-être que je lis mal ces poèmes, à voix haute comme dans ma tête. Ou peut-être que leurs virgules constituent surtout un gimmick agaçant, diront les mauvaises, langues.

J'ai donc trouvé cette poésie inégale. Parfois, en pointillés, je perçois un tourbillon de son et de sens qui emporte agréablement la vue et l'intellect, au fil d'images suggestives, fluides :

« Ruisseau eau, vers sans soif, une fontaine
Fait une danse, de tout sens, parfaits pas »

Mais à la longue, ce rythme perpétuellement heurté se fait trop pesant. Je me retrouve alors avec une impression de charabia maniéré, très loin des aspirations de l'auteur à retrouver un rythme naturel dans le langage. Pour moi, cette démarche est contradictoire, elle n'a pas assez de simplicité pour toucher à la fraternité, au tangible (c'est l'objectif affiché dans le titre).

Merci aux ateliers de l'agneau et à Masse critique pour cet envoi.
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Tangere Tangere est un recueil de poèmes de la collection architextes. Il est composé de 3 parties :
Tentative d'articulation
L'air d'un vieux ballon
Tentative d'articulation, suite

Sa ponctuation génére une portée rapide et ordonnée des textes par la répétition des virgules.
Ainsi, le rythme est assez soutenu, les tournures paraissant hachées et coupées donnent une cadence accrue, vie et mouvement aux textes.
Le thème principal c'est la mort, la perpétuelle naissance, la renaissance de l'homme, le cycle de la vie, de la mort qui forme un tout.
Aussi, la crise sanitaire, les mesures et le confinement inspirent plusieurs poèmes comme :
L'essentiel, nous revient
En gauche-droire, petites claques
Et bien d'autres... dotées de tournures piquantes à souhait...
La mise en page est harmonieuse et les textes sont tantôt courts, tantôt longs comme :
La plus grande, verticale
La plus souple qui soit
qui fait près de 3 pages et demi !
D'ailleurs, je me suis amusée à les lire à voix hautes et j'y ai pris beaucoup plus de plaisir 😍 Un livre à découvrir !

Le feu dissout la soif
Si l'eau dessus le livre

Qui survit, au déluge
Aunaufrage, des abeilles, dans le miel, aux proies d'air
Sinon le, book des eaux
Le corps boit, la lumière, la lumière, noie les corps
Suis les métamorphoses
Poursuis l'or, sur la chaîne, la longue chaîne, des problèmes
Où est l'eau, ferme la soif

Mais le livre, mais le feu, mais l'eau même
Se consomment, comme une lente, longue voyelle
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Un recueil de textes denses, ciselés, des poèmes que l'on peut déguster à deux niveaux: à haute voix tout d'abord, pour le rythme et la musicalité de la langue. Si l'on respecte le rythme imposé par les virgules, le texte parait comme pulsé, cela lui donne du souffle, de la résonance et magnifie la langue. Ensuite pour le contenu, le sens, parfois ardu, dense mais riche, tantôt méditatif et contemplatif, tantôt frénétique et tendu.
Comme souvent dans un recueil, certains textes vous scotchent, d'autres laissent un peu plus indifférents, mais le tout mérite une lecture attentive. Je conseille vivement une lecture à haute voix de ces textes, ils prennent tout de suite une autre dimension.
Reçu dans le cadre d'une masse critique, merci à Babelio et à l'atelier de l'agneau pour cette belle découverte!
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
A LEX ANDRE, CHRO MO LOGUE
IRAJ VALIPOUR
Alexandre Desrameaux, Tangere tangere, Atelier de l’Agneau, col. Architextes, St-Quentin-de-Caplong, 2021,
60 p.
C’est une rêverie digne de Bachelard – Gaston – que de vouloir donner corps à la relation entre l’eau et l’âme, aqua et anima, le liquide et l’éthérique. Il s’agit d’une relation nécessairement fluide et tout à la fois discontinue. D’où la drôle de fluidité syntaxique avec laquelle Alexandre Desrameaux traite la question grâce à sa ponctuation aléatoire aussi fascinante que des vaguelettes dans un courant d’eau. Il en ressort une expressivité qui nous nourrit tout en échappant à l’analyse. Veut-il signifier que les élans de l’âme sont favorisés par la transparence de l’eau, la pureté de l’air et le silence que ce tableau procure au bien-être du poète, son énoncé adopte ce phrasé :
L’arme ondule, l’âme tournoie, comme une cible
Si l’eau pure, sait l’art taire, l’air est sûr (p. 20)
Cet aphorisme ne surnage pas seul ; il s’en trouve un autre, ainsi articulé :
L’âme précaire, l’art précaire, l’eau précaire
Se prolonge, le mirage, affermit (p.25)
Aphorisme plus sibyllin que je tends à interpréter ainsi : si l’eau vient à manquer, un filet qui s’étiole, alors se dessèche l’âme et se tarissent les sources d’inspiration du poète. Le monde solide prend alors le dessus, mais le monde solide n’est qu’une illusion. Mon interprétation s’appuie sur un troisième aphorisme, plus clair, apposé quelques pages plus loin :
Sommes de l’eau, la gestuelle, rouge à rose
En mystères, de douceur, de force même (p. 29)
La composition du sous-sol terrestre de même que la composition du corps de l’homme font la part belle à l’élément liquide, donc au mouvement. La plus ou moins grande fluidité des mouvements de notre corps nourrit des correspondances secrètes avec les courants sur lesquels nous marchons. Un peu à la manière de la rose dont la teinte semble le prolongement du sang de la terre. Une énergie nous est communiquée, autant par les rivières aux cours paisibles que par les flux des torrents. Une énergie dont l’artiste est le dépositaire privilégié, rapport à son statut précaire, ce que la société lui ressasse assez.
Hors que la vraie précarité se joue sur un autre plan. Elle est un dépouillement qui fait de l’artiste un créateur. Saura-t-il, ce dernier, canaliser l’énergie ? Saura-t-il faire vibrer à l’unisson le liquide éthérique qui l’habite avec les frémissements des eaux souterraines ? Ou bien replongera-t-il dans l’inertie fangeuse qui fait le lot de notre quotidien ?
Si la vie, boit beaucoup, c’est en se, déversant
Vienne l’eau seule, vraiment bleue
Tout est vase, l’air de rien, communique
Mais verse grave, et sensuel, dieu gueule d’ange (p. 15)
S’élever jusqu’à l’Absolu à partir des deux polarités qui nous habitent – le « grave » et le « sensuel » que les métaphysiciens antérieurs à la révolution genrée appelaient le « masculin » et le « féminin » – a pour préalable un seul, garder le cap sur ce qui fait que le ciel est le ciel et l’eau son double éventuel : un bleu des plus purs. Exit alors la communication dans la trivialité de ce qu’elle est devenue. Et brèche ouverte à la communion (mot impropre, j’en conviens, trop cérémoniel) dans un bleu souverainement bleu et souverainement indifférent aux cloaques et aux marais, ce bleu avec lequel bien des chromologues cherchent à synthoniser (voilà le mot juste, synthoniser, mais il appartient au langage technique de la chromologie, science que les poètes ressentent intuitivement) :
Espère tout d’un ciel mu
D’un bleu indifférent, au silence, épanoui (p. 25)
Ce bleu a pour vertu d’émanciper l’humain de tout ce qui campe trop l’humain du côté du putrescible, de la grisaille des idées, du grigri des grenouilles et même du bleu quand bleu roi marié au rouge et au blanc, voire tapissé d’étoiles et hissé bien haut avec tout ce qu’il y a de plus rance :
La pandémie mondiale, anticapitaliste
Et antilibérale
Est-elle pour, le retour, des prières, des frontières (p. 38)
Fausse alternative. Seul le bleu développe quelque pouvoir dès lors qu’agissant sur nous à la manière d’un rite de passage – tels les bleus de l’âme à défaut du bleu baptismal – pour nous raccorder au cœur de ce qui est :
Pardon c’est une pause ou une petite mort ou un bleu
Mais c’est un cri de vide formel nécessaire à l’être (p. 20)
Le bleu est couleur initiatique, outre que couleur qui fait perdre de son irritabilité à l’épiderme de l’hypersensible, comme en convient lui-même le poète : « mon poison, rouge guéri » (p. 33). D’un bleu souverain, le ciel et même l’eau annulent dans leur immensité ce que notre auteur appelle « les densités et les replis » (p. 27), toutes ces aspérités de la croûte terrestre, et notre croûte avec. Tout ce qui fait que nous sommes des êtres finis jouissant de plus – fous que nous sommes – de cette finitude. Elle rassure, la bougresse, avec ses faux airs de Tradition alors qu’elle n’est qu’un tissu de conventions sociales et de cases toutes faites fossoyant le nom de dieu et tournant résolument le dos au sacré :
Mais un toit, quatre murs, peu de portes, deux trois clés
Une nation, retrouvée
Et du grave, et du bon, et du beau, très bien joués
La finitude en fête
Pics de contaminés, au long bec, d’hôpital
Lasse-toi réanimé
Ou tout seul, sous la dalle, ou séquelle, des marchés
Respirateurs divins
Souveraineté, sanitaire, comme il y a, ici-bas
Souveraineté, militaire
Monétaire, culturelle, mais jamais, spirituelle (p. 16)
À qui croirait encore que le poète se paie de mots, chevauche des chimères et nous tend –miroir aux alouettes – des horizons improbables, Alexandre Desrameaux donne la recette pour s’extirper des vains divertissements tenus par ces gens-là pour le réel afin qu’ils soient touchés par une dimension supérieure, et s’en émeuvent. Il procède même par une injonction donnée à l’incrédule pour qu’il fleure physiquement cette non-forme, cette absence de cadres, cette ouverture sur l’inconnu qu’il concentre, lui, à la manière des parfums, dans sa plaquette.
Cette injonction, titre d’ailleurs de sa plaquette, il la formule dans la dernière langue sacrée qui nous reste à nous autres, ici, pour se relier à l’informel par excellence, à l’incréé du créateur : le latin TANGERE TANGERE, doublé de cette autre injonction en quatrième de couverture : « Essayez le ciel bleu ». Mieux encore, TANGERE, touchez à ce ciel et, pour ce faire, TANGERE, faites vôtre le poids de votre gravité car seuls volent les plus lourds que l’air :
Je suis dur comme la pierre, que les gestionnaires ne me
touchent pas
Je serais bien leur vase mortelle
De colère
Et d’eau claire (p. 21)
Oui, ce monde est bon pour se noyer dans un verre d’eau, et ce verre d’eau Alexandre Desrameaux nous le sert :
Prends un verre, aux galères, le dieu te, le rendra
La mort aime, les cocktails
Je suis loin, du lieu où, le premier, mort vivait
Proche d’un proche, d’infini (p. 23)
Un sentiment d’infini jaillit en effet de la lecture de TANGERE TANGERE à cause de ce style en suspens par des virgules démultipliées. Ce choix offre l’avantage de nous préserver de l’exercice académique de la césure à l’hémistiche. D’ailleurs, si Alexandre Desrameaux commet ici et là quelques alexandrins, il sait s’en faire pardonner avec les accents d’Héraclite, des accents antérieurs à toute la dialectique pondue depuis :
Faire passer, à quoi bon, alors que, tout passera
Rameaux d’Alexandrins (p. 14)
Tout a beau passer, fi de ses excuses, notre auteur en commet plus que de raison de ces vers puissamment marqués du sceau d’une douzaine de syllabes. Relevons rien que dans les deux dernières pages neuf exemples de ce qu’il appelle des « vers d’arythmie matée » (p. 26) :
« Lignes droites, lignes courbes, d’os nerfs d’eau »
« Et je veux, et le dois, oui je crois, m’être écho »
« De ce monde, et d’un autre, et j’en doute, et j’ai mal »
« Je perds honteux mon temps, en écrivant ce qui »
« Suis touché, par le fait, que mon père, exista »
« Tout est dieu, tragédie, vague reflet » (p. 50)
« Tous du par, ti du tout, on a nous, s’abandonne »
« Le soleil, a son rang, la terre est, ce qu’elle est »
« Le monde trace, l’image voit, sauvés sommes » (p. 51)
La ponctuation désarticule ces alexandrins comme pour nous les livrer en rameaux (quelle résurrection !) et inscrire ainsi le nom d’Alexandre Desrameaux dans le flux insondable de ce qui passe de l’autre côté. Bleu qu’on ne peut toucher que fragmentairement. « Alex tire-toi d’une balle » (p. 35). La petite mort (non pas « le drame sans nom » de la mort qu’Alex oppose au « rêve » de « disparaître », p. 25), cesser de paraître grâce à l’initiation qui se fait d’un coup, d’une balle, la petite mort, donc, est bien tentante. Alex dit d’elle :
Je suis un passant à travers, passant au travers des lignes que je
pensais avoir tracées (p. 22)
Notre poète perd peut-être la trace de lui-même mais il trouve in fine sa marque, sa signature ainsi décomposée, de manière ternaire, tels la plupart de ses alexandrins :
A LEX ANDRE, RE CA DENT
Comme s’il lui avait fallu passer par une phase de dé ca dence pour atteindre à la loi universelle, LEX. LEX est ce qu’il y a de plus beau, de plus haut, subtilement beau et haut, plus beau et plus haut que le Logos, initiatique à souhait, que dis-je ?, à en mourir :
La beauté n’a qu’un œil, le troisième, ou la mort
Elle fait foi, sens et loi (pp. 9-10)
Dès lors, tout se met à couler de source, à pleuvoir des cordes, à mêler ciel et eau, à retourner sens dessus dessous notre pré carré et faire nôtre le premier matin, car…
…il est l’heure
L’eau debout, l’air natte l’art, l’ordre oscille, solaire timbre
La terre tombe, solution
Flanque la vie, d’océans, jetés sur, le soleil
L’aurore saute, dans mes bras (p. 27)
Il est l’heure, oui, de la parousie à son
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Et le monde, et notre œil
L’image sait, bercer vrai

Jette l’orbite, un regard, dé d’air pan, voit l’orbite
Plane le roc, plane le sens
Flotte la roche, et le but, calme dos d’eau, pas de nage
Verticale, nage du pas
Trois ricochets du cœur, bon beau bien, trois du foie
N’importe quoi, il est l’heure
L’eau debout, l’air natte l’art, l’ordre oscille, solaire timbre
La terre tombe, solution
Flanque la vie, d’océan, jetée sur, le soleil
L’aurore saute, dans mes bras
La côte sauve, la mort, qui est intermittence
Croise la fin, corde fine
D’une vitesse, ou stupide, ou cérébralement fluide
Le mot long, à la morgue
Je retire, les cotons, qui ma vie, retenaient
Flux d’images, suis passé

De l’image, l’œil est fruit, regard d’ancre
Et la langue, reflet d’ordre, fluctue droite
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Bien tout souffre, et s'écoule
L'art s'attarde, natte d'aiguilles


Le mal-être se dit, de multiples façons
L'univers, se gribouille
Couteau perdu l'espoir, dans les côtes, taille notre heure
On s'évanouit souverain
Que l'infini se mure, que la fin, n'en pleuve plus
Le néant, nie coulant
Se lèche en rond le sens, plutôt magma de formes
La forme boue, diablement
Et l'erreur, sublime erre, le trophée, rose s'étrangle
Même le bon, vent s'essouffle

Lient les pôles, en amants, désaltère
La mer tue, vie et mort, frêles se dansent
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