Attention lecteur pressé, il ne faudrait pas que tu confondes ce livre avec un de ces éternels manuels sur le bonheur (tel que
Frédéric Lenoir essaye de nous le vendre). Je te préviens, tu prends un risque : tu pourrais toi aussi devenir un philosophe, voire un vieux sage. D'autant plus que la lecture en est assez facile pour un tel sujet. Es-tu vraiment prêt à l'assumer ? Quand nous sommes malheureux, nous avons le choix entre deux attitudes : soit partager nos états d'âme avec une oreille attentive (amie affectionnée, collègue de travail pleine de compréhension, psy rémunéré) ou soit, dans le pire des cas, prendre une de ces pilules que nous promet le meilleur des mondes (Prozac et autres antidépresseurs). Mais ne rêvons pas, la magnanimité est une vertu aussi rare que la gentillesse. Heureux homme celui qui bénéficie des deux en même temps ! Avec ce panorama de la philosophie antique (stoïcisme, épicurisme, etc), Desroches nous propose une autre voie. Remarquez qu'il n'innove pas. C'est Foucault le premier qui a remis sur le devant de la scène
la philosophie comme manière de vivre avant de mourir du sida au début des années 80 (utilisant les exercices spirituels antiques comme dernière bouée de sauvetage). On peine à imaginer ce qu'ont pu être les dernières pensées du philosophe français entre l'annonce de la maladie et sa mort : quelques semaines (pas de trithérapie à cette époque). Comme on aimerait pouvoir l'interviewer outre-tombe pour savoir si la philosophie sert vraiment à quelque chose ! On pourrait aussi citer
Pierre Hadot, mort récemment. Que de mort me direz-vous, mais des morts qui avaient l'outrecuidance de penser qu'on peut transformer sa vie. Et quelle plus belle aventure que de se créer une belle âme ! Leur méthode était simple : il suffit de « se soucier de soi ». Ce n'est pas plus compliqué que ça. Desroches nous rappelle en effet que si nous avons des devoirs envers les autres, nous en avons aussi envers nous-mêmes. Belle incarnation possible en tout cas d'une culture vivante bien loin du divertissement que nous propose la société du spectacle ! Merveilleux « don des morts » (Sallenave) qui nous réconcilie avec les vivants ! Alain toc-toc du doc