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EAN : 9782362291296
144 pages
Editions Bruno Doucey (02/09/2016)
4.1/5   5 notes
Résumé :
Un enfant dans sa pirogue, « le ciel tout en haut» et « la mer tout autour ». Puis un chemin de vie, « l’impatience du temps », la crainte du départ… Il ne faut que quelques poèmes à Flora Aurima Devatine pour brosser le portrait d’une enfance polynésienne partagée entre le « respect atavique des mystères d’autrefois » et l’ouverture à d’autres horizons. Mais très vite le voyage de la vie se confond avec celui du langage, oscillant entre oralité et écriture. Un vent... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Le « Tifaifai » du titre signifie « patchwork », représentant la composition de ce recueil qui regroupe en fait d'autres recueils et textes de l'autrice : « Humeurs », recueil de 1980, « Tergiversations et rêveries de l'écriture orale », de 1998, « Poèmes en archipel » regroupe des poèmes publiés dans différents ouvrages, « Poèmes du quotidien » sont pour la plupart des inédits et la dernière section « Patchwork » rassemble des « pièces éparses » de l'autrice recomposées par Thanh-Vân Ton That, qui a rédigé la préface de cet ouvrage, et qui est une spécialiste de la poésie dite exotique.

La poésie de Flora Devatine est clairement autobiographique par l'évocation du souvenir, une certaine nostalgie associée à l'enfance, l'épreuve de l'exil (de son île natale Tahiti à la métropole puis retour), la réflexion sur soi face aux difficultés de la vie, aussi bien métaphysiques que pragmatiques, une dimension qui complète et élargit le propos réside dans l'expérience sensible de la nature et de la culture tahitienne, et l'interrogation sur une écriture polynésienne.

J'ai beaucoup apprécié « Humeurs » qui forme un tout homogène, recueil complètement autobiographique mais dont le sous-texte invite à une lecture métaphorique qui tend à l'universel.

« Tergiversations » est en fait un seul poème présenté uniquement en extraits et porte sur l'image et le statut de l'écriture pour un enfant de culture orale, les difficultés en même temps que les envies d'expression et de création d'une écriture polynésienne. J'ai trouvé ce poème très intéressant tant dans la forme que dans le fond et ai regretté qu'il ne soit pas donné en intégralité car j'ai eu le sentiment de ne pas toujours comprendre le lien d'une partie à une autre. L'écriture en est très vivante par des voix d'enfants ainsi que par des inventaires à la Prévert notamment.

« Poèmes en archipel » a pour caractéristiques des écrits très sensoriels et des réflexions sur l'écriture et l'identité tant culturelle qu'humaine. Leur lecture n'est pas toujours facile du fait des nombreux mots tahitiens. Cela crée un dépaysement certain mais pour un.e novice total.e, il est nécessaire de se référer sans cesse au glossaire de fin d'ouvrage et cela nuit à la fluidité. Cependant, une fois les notions comprises, ces poèmes sont très agréables et je ne doute pas que des gens connaissant la langue apprécieront pleinement.
Je pense pouvoir dire que l'autrice a atteint ici son but de créer une écriture polynésienne.

« Poèmes du quotidien » nous plonge dans la poésie et le pragmatisme du quotidien, ceux de la faune, de la flore, des lieux de vie, du corps etc. Une écriture très sensorielle là encore.

De manière générale, une écriture agréable, jouant souvent sur les mots et beaucoup sur les sonorités. Quelques vers, strophes voire poèmes m'ont réellement parlé et touchée.
Une jolie découverte.
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Masse critique m'a permis de découvrir cette oeuvre qui est un recueil de pensées, de souvenirs que l'auteur nous divulgue sans craintes sous forme de poèmes. Son récit se compose en cinq thèmes dont les plus marquants et parlants pour moi ont été les poèmes sur l'humeur et le patchwork.

Écriture très habile et lecture fluide. le discours est attachant et l'on souhaite relire encore et encore le poème, le tifaifai ; d'autant plus lorsqu'il vient éveiller une pensée, une émotion. C'est ce qui m'a enchanté de prime abord. Puis pour saisir totalement cette romance on fait des vas et viens entre les poèmes et le glossaire tahitien telle la pirogue des mots qui va élargir notre connaissance avec ce langage exotique.

Cette lecture a bercé le cours de mes pensées qui ont bien souvent ondulées, tergiversées puis chavirées. Certains poèmes m'ont ébranlé au point de raisonner profondément en moi ; tél l'écho d'une certitude dissimulée que l'on n'ose confesser. le balancier reste incontestablement mon préféré.
A lire avec délectation et laisser errer « le silence de la pensée ».
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Très heureuse d'avoir pu découvrir ce recueil de poèmes grâce à Masse Critique. L'autrice, poétesse, est aussi polynésienne, cela se ressent, notamment par l'emploi de mots tahitiens mais également par certaines références: coco, tiaré etc. Cependant, même sans le lexique tahitien-français à la fin du livre, les poèmes sont compréhensibles (la plupart son purement en français). Les poèmes ont une très belle musicalité, une grande douceur, ils sont clairs. Il y a différentes parties avec différentes orientations, mais tous ont en commun quelque chose de vrai, de vivant.
Une fois le livre fermé je n'ai eu qu'une envie: le relire encore et savourer ses parfums encore.
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J'ai découvert ce livre grâce à Masse critique.je ne m'attendais pas à ce style d'écriture. .C'est un recueil de poèmes écrits par une Polynésienne, fière de ses origines . J'ai aimé la musicalité de ses ecrits, la finesse des mots. Heureusement qu'un lexique figure à la fin du livre, car le polynésien ne m est pas s.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
L’ODEUR DE LA MER

Contre l’étrave de la pirogue clapotent des vagues
Dont l’odeur se mêle à celles de la terre

Toutes assiègent mon esprit et mon corps oublieux
Sensations d’eau en vallées sur le corps sous la pluie

La pluie
Encore elle
Toujours elle
Partout elle

La pluie jouissive sur les flaques alentour
On aurait dit un vol d’oiseaux bruissant des ailes
S’abattant de toutes parts

Pluie de mots
Pluie de sons
Que je ne peux retenir
Dont je ne sais que faire

Sous le double toit éventré
De ma maison délabrée
En sécurité je suis

L’orage que je redoute
Ne m’y atteindra pas.

L’ordinateur impassible attend son poème
Un poème qui tarde
Du poète qui désespère
Du rythme qui hésite
Et la pluie qui s’est tue.
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ADRESSE
 
En-deçà et au-delà
De nos identités originales
De nos appartenances communautaires,
 
En-deçà et au-delà
De nos langues détournées, transgressées,
De nos noms reconnus, ressourcés,
De nos terres de nos îles morcelées, archipélagées, dispersées,
 
En-deçà et au-delà
De nos ruptures, brisures, cassures,
Des clans guerriers, clans paroles, clans écritures,
Clan mémoire, clan histoire,
 
En-deçà et au-delà
Des mélopées funèbres, désespérances de nos béances,
Manques dans nos corps, de l'âme et de l'esprit en nos sociétés multiples,
 
En-deçà et au-delà
De tout ça qui fonde et nourrit nos interventions et écritures particulières,
Nous gardons et emporterons dans nos bagages quelque essence qui est :
 
Sur nos chemins de partage,
 
L'apport par chacun de son brin de conscience,
De réflexion, d'humanité,
Pour commencer à dire ensemble,
Avec nos mots, nos sonorités, nos musiques intérieures,
 
La chose à transmettre,
L'esprit de juste mémoire :
 
Tailler, ajouter, renouer, rénover,
Aplanir, étendre et retresser la natte humaine.

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OÙ EST-IL LE CHEMIN ?

Où est-il le chemin
Que chacun de nous suit ?
Il me faut y passer
Y pousser ma pirogue.

D’autres avant toi
En effet sont passés
Mais la mer
Derrière eux
A effacé leurs traces.

Je n’ai plus de repères
Je n’ai plus les Anciens
Pour me guider en mer.

Je n’ai plus qu’à passer
Qu’à pousser ma pirogue
En faisant mon chemin.

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Par l’écriture, je m’octroie des mots d’écrits des pays que j’habite
La poésie me permet des audaces, dont celle d’écrire à sec et à vide.
L’écriture est ma ciselure d’inscription ou à défaut de plume, je taille et j’aligne
Des bâtonnets porte-plume sans fin.
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Et j'écris

Par gourmandise d'écrire,

De ces gourmandises salées-sucrées,
Aigres douces, agréables et insatiables !



Extrait du poème Écrire
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Video de Flora Devatine (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Flora Devatine
Flora Aurima-Devatine répond aux 5 Questions pour Île en île. Entretien réalisé à Paris le 25 mars 2013 par Estelle Castro et Dominique Masson.
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