AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782742731855
167 pages
Actes Sud (03/04/2001)
3.92/5   30 notes
Résumé :

Après la mort de son fils, tué lors d'une répression policière sans merci au début des années 1970, une femme de la bourgeoisie bengalie ouvre les yeux et essaie de comprendre les raisons qui ont poussé son enfant à se détacher d'elle et de sa famille pour aller en trouver une nouvelle au-delà des barrières sociales. Prenant conscience, douloureusement, de l'hypocrisie de ses proches et de la soci... >Voir plus
Que lire après La mère du 1084Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
3,92

sur 30 notes
5
5 avis
4
8 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis
[Emprunt la Réserve centrale des Bibliothèques de la ville de Paris- jeudi 28 octobre 2021 ]

Ce récit se situe au Bengale au début des années 70, narre à travers la tragédie d'une mère, le drame de toute une génération qui a grandi avec la répression et l'avènement d'un gouvernement communiste….Période appelée curieusement la « Décennie de la libération » !!

« La vie lui avait appris à accepter les choses comme elles viennent. de plus, elle ne s'était jamais posé de questions, n'avait même jamais su qu'elle avait le droit d'en poser. (p. 46)”

Une lecture coup de poing… qui ne pas peut laisser indemne !

Un récit qui prend à la gorge, nous laisse sous le choc, dans un bouleversement sans nom, en suivant cette mère aimante, à qui, on annonce par téléphone la mort brutale de Brati, son dernier fils et son préféré. Aussi préféré par la maman que détesté par un père ignominieux, autoritaire, infidèle, irrespectueux envers son épouse…

Cette mère et femme, Sujata, se souvient 22 années auparavant de la venue de son quatrième enfant; dernier accouchement douloureux, en solitaire ; un mari indélicat et indifférent ; une belle-mère à la même image, ne levant pas le petit doigt pour l'accompagner et la soutenir, lors de cette naissance…!
Peu importe, Sujata, après des résistances à cette nouvelle naissance pas franchement souhaitée, réagit positivement. Au moment où elle croit la naissance de son enfant menacée, une immense tendresse explose en elle pour son tout petit !

Ce petit Brati se révélera d'emblée bien différent, pour ne pas dire totalement opposé au reste de la famille : que cela soit ses frère et soeurs ou son père, qu'il se met à détester très rapidement, tant il lui en veut de maltraiter quotidiennement sa mère. Un enfant puis un jeune homme très sensible aux injustices, rebelle envers son milieu familial, aisé, favorisé mais dénué d'empathie envers les si nombreux laissés pour compte de son pays, le Bengale…

« Brati était différent. Tout petit déjà, on ne pouvait l'apaiser par des mensonges. Il n'écoutait que si l'on utilisait la raison et pas si on le menaçait. Quand il eut grandi, Sujata vit en lui un esprit en complète opposition à celui de son mari ou de ses autres enfants.
Sujata essaya de s'intéresser à sa vie, de lire les livres qu'il lisait, d'aller au zoo avec lui, de discuter longtemps avec ses amis. Il était devenu sa seule raison de continuer à vivre. Peut-être, peut-être Sujata était-elle devenue trop possessive à son égard. (…) Pour Brati, elle n'avait pas renoncé à son rôle de mère. Brati était obstiné, sensible, rêveur. Pour l'élever, Sujata, avait déployé toute son attention et tout son amour. Elle avait dû se battre pour sauver Brati du zèle dominateur de son mari et de sa belle-mère » (p. 47)

Sujata foudroyée par la mort brutale et cruelle de son fils [répression policière abusive et sans merci !] se sent coupable, s'en veut de ne pas avoir insisté pour mieux connaître ce fils qu'elle adorait ; elle s'en veut de sa résignation perpétuelle… Cet assassinat fait l'effet d'un électrochoc dans toute son existence ; elle remet tout en question : son éducation, les principes inculqués, son milieu de haute caste, un époux indigne de respect, multipliant goujateries, comportements malhonnêtes, corruption, viols conjugaux, trahisons de toutes sortes…
Elle se rebiffe… et contre son époux et ses autres enfants… lâches et dénués de la moindre émotion au décès de leur fils et jeune frère. Cet électrochoc est démultiplié à cause de l'obsession de son mari de sauver les apparences, et surtout sa réputation au détriment de la mort révoltante de son jeune fils… Il ira jusqu'à corrompre des personnes pour que le nom de son garçon soit effacé de tout compte-rendu sur ces jeunes révoltés par un régime totalitaire et corrompu.
A ce moment ignoble où le Père « tue » pour la deuxième fois Brati, le mari de Sujata, Dibyanath, était aussi mort, rayé à jamais de son esprit ; ce mari qu'elle endurait depuis plus de 20 ans, avait cessé d'exister à jamais !

Cruauté, violences gratuites, indignités au sein des familles comme dans la sphère politique, où les premières victimes sacrifiées sont les femmes et les enfants !!!

Sujata va « enquêter », chercher dans la sphère inconnue où Brati avait choisi d'exister pleinement… Pour juguler son insupportable chagrin, tenter de comprendre l'autre vie de Brati, loin de sa famille d'origine, dans un autre contexte social, et surtout dans une autre famille, qu'il s'est choisie, famille pauvre mais soudée et aimante, elle rendra visite à la maman d'un ami de son fils, elle aussi, dans la perte tragique de son garçon, elle fera connaissance avec la petite amie de Brati, Nandini, jeune survivante, ayant subi la prison et la torture !

Je cesserai là mon propos, pour dire un mot du style fluide de l'auteure, style bien équilibré entre descriptions, analyses psychologiques très affinées bien que suggérées et dialogues… avec des crescendo… d'indignation ou de chagrin, soulignés par des stances voisines, parfois identiques répétées… comme une complainte !

Sujuta apprendra des bribes essentielles des convictions et engagements de Brati ; cela lui apportera comme une communion ultime avec ce fils préféré, tant aimé… qui confirmera son détachement définitif d'avec sa vie familiale et conjugale, et d'avec tous les devoirs de sa caste….
Le propos très énergique pour narrer ce drame…fait écho aux propres engagements de Mahasweta Devi, dans sa propre vie, pour les femmes, et les injustices de toutes sortes !
Commenter  J’apprécie          350
La pire des angoisses d'une mère : être réveillée la nuit, à l'aube, par un appel téléphonique concernant l'un de ses enfants.

Le coup de fil épouvantable, effrayant, celui où la terre s'ouvre vos pieds, où votre vie devient un véritable cauchemar, où la douleur vous emmure : et cette douleur vous isole d'autant plus que cet enfant est la victime d'une répression policière d'une rare violence, en un mot, votre fils est devenu un révolutionnaire sans qu'à aucun moment, vous n'ayez soupçonné quoi que ce soit.

Nous sommes le matin du 17 janvier, jour anniversaire de Brati, fils de Sujata Chatterjee.

Sujata entend au bout du fil une voix métallique qui lui demande « Brati Chatterjee est-il un parent à vous ? C'est votre fils ? Venez à la morgue de Kantapukur ».
Un drap lourd que soulève le fonctionnaire de police. « Reconnaissez-vous votre fils ? ». Pas un centimètre de sa peau n'a été épargné. Il n'est que chair meurtrie, abîmée.

Pendant ce cauchemar où tout son univers se décompose, Dibyanath, son mari la laisse seule face à son immense douleur, il va jusqu'à refuser de garer sa voiture devant la morgue afin de préserver les apparences. Il est bien plus préoccupé à actionner ses connaissances afin que son nom ne s'étale pas dans les journaux. Il réussit à dissimuler l'identité de Brati qui deviendra le matricule 1084.

A ce moment où le fonctionnaire soulève le drap et où la douleur terrasse Sujata, le destin à son insu aussi lui enlève le bandeau qu'elle avait sur ses yeux.

Cette famille aisée, d'apparence paisible, à oublier le sens du mot « authenticité ». Et Sujata va alors entreprendre, instinctivement, un chemin vers plus de conscience.

Cela fait maintenant deux ans que Brati a disparu. Sujata se réveille, ses pensées sont pour son fils. Elle revit son accouchement, normal en ce jour anniversaire, puis elle revit le jour maudit. La mort de Brati n'a-t-elle aucun sens ?

J'ai accompagné Sujata tout au long de cette journée où elle ressent la nécessité de comprendre les motivations de Brati. Elle éprouve ce besoin impérieux de reconstituer l'emploi du temps de Brati au cours de cette abominable journée. Elle le voit revêtu de sa chemise bleue, aplatissant machinalement ses cheveux sur le côté juste avant de sortir. Elle lui avait demandé « Où vas-tu ? ».

Elle va se rendre chez la mère de Somu, ami de Brati, décédé lui aussi et finir cette quête chez Nandini, la petite amie de Brati qui lui apprendra qu'ils ont tous été trahis. Ce sera son parcours initiatique.

La mort de Brati n'a laissé que des questions. Que s'est-il passé pour que Brati s'éloigne ainsi de sa famille, de sa mère, qu'il s'engage dans de violents affrontements entre le pouvoir en place et son mouvement marxiste-naxalite. Elle n'a rien vu, elle n'a rien pressenti, perdue qu'elle était dans cette famille où son mari la ridiculise, la trompe, où sa belle-mère a pris en main l'éducation des enfants sauf celle de Brati : c'est bien pour cela qu'il était différent et si attaché à Sujata. Lui il avait tout compris du fonctionnement de cette famille. Déjà tout petit, il ne supportait pas les mensonges.

Ils ont tellement gommé l'existence de Brati qu'ils n'hésitent pas à fêter les fiançailles de Tuli, le jour même de l'anniversaire de sa mort.

Mahasweta Devi écrit un roman qui offre une vision sans concession de la société bengalie dans les années 1970.

J'ai aimé ce livre qui se lit avec le coeur, j'ai accompagné Sujata, je me suis révoltée pour elle, j'ai souffert avec elle, j'ai détesté ce milieu hypocrite, j'ai été tellement en empathie avec elle que j'ai refermé ce livre les larmes pleins les yeux.

Ce roman a reçu le prix de littérature « Jnanpith Award » en 1996 des mains de Nelson Mandela.
A noter, derrière l'histoire de cette mère, il y a une période trouble du Bengale occidental. J'ai du faire quelques recherches sur le web afin de mieux cerner l'atmosphère de cette époque.

Commenter  J’apprécie          341
« La mère du 1084 » est un livre douleur, un livre qui vous agrippe et qui vous torture. Il est impossible de rester à distance, l'empathie avec la mère de Brati tué avec violence par la police se fait à la seconde même où elle apprend ce qui vient d'arriver à son fils. Cette douleur est d'autant plus grande qu'elle est seule, face à cette souffrance, puisque son mari Dibyanath se préoccupe avant tout de sa réputation et donc pour sauver son aura se préoccupera prioritairement à ne pas voir son nom apparaître dans les journaux. Il sera organisé une fête pour les fiançailles de sa fille le jour de l'anniversaire de la mort de Brati !
On partage la douleur de cette mère, Sujata, devant la mort de son fils mais aussi devant son incompréhension et aussi et surtout face à son constat qu'elle ne le connaissait pas, ne le connaissait plus. Il s'est éloigné d'elle, même si son amour pour elle était bien présent et fort. Elle ne l'a pas vu s'éloigner, s'engager dans une lutte contre le pouvoir en place. « Comment avait-elle élevé Brati, en cette décennie en cette Décennie de la Libération, pour que son nom soit remplacé par le matricule 1084 ? Qu'avait-elle donc fait , ou oublié de faire, pour qu'on en arrive là ? Quelle était sa faute ? »
Quelle finesse dans le regard de cette mère qui est tourné vers son fils mais aussi sur le monde dans lequel elle vit.
Ce roman est extrêmement poignant, bouleversant et émouvant.
Merci visages pour ce prêt ! je comprends pourquoi tu as été émue !!!...
Commenter  J’apprécie          389
Mahasweta Devi articule ses réflexions autour de la mémoire et de l'oubli.

Écrivaine militante, elle porte sa voix pour raconter le destin d'un jeune homme tué lors des répressions policières du gouvernement au Bengale au début des années 1970.

Crépusculaire mais d'une netteté éclatante, bouleversante, La mère du 1084 est surtout le cri déchirant d'une mère qui a perdu son fils.
C'est la lente agonie d'une douleur indicible et incommensurable qui l'emprisonne dans la cellule isolée de sa peine.
Elle est seule à se rappeler l'existence et la mort de son fils, dont le parcours militant l'a coupé de sa famille.

Malgré la douleur qui la consomme littéralement, cette mère , dans sa lutte solitaire, trouvera la force de chercher à comprendre qui était véritablement son fils.
Qui était ce jeune homme qui ne supportait pas la brûlure de l'injustice, cet écorché vif qui a embrassé la cause des révolutionnaires, qui a décidé de porter les horribles cicatrices de ce pays au bord du gouffre. Un jeune homme fort, lucide, courageux, qui a rejoint ses camarades avides de liberté, prêts à donner leur vie pour l'idéal qu'ils défendaient.

En comprenant son parcours et ses motivations, il cesse d'être oublié dans l'indifférence générale, car elle le connaît et elle le porte en elle.
Il est peut-être devenu un simple chiffre aux yeux de sa famille et de la société, mais pas pour elle.

Indocile et mouvant, dans ce récit l'auteure cherche désespérément à trouver les mots justes, et elle y parvient.


Commenter  J’apprécie          371
Roman poignant sur la mort violente d'un fils. Mahasweta Devi, par la bouche d'une mère , livre la douleur de perdre un enfant qui plus est dans le contexte d'un assassinat politique. Cela se déroule à Calcutta dans les années 70 pendant le mouvement dit "décennie de la libération", insurrection contre le pouvoir qui a été violemment réprimée par la police, laissant de nombreux morts dont une majorité de jeunes gens. Sidérée par les réactions de sa famille et de son mari qui cherche avant tout à camoufler ce qui c'est produit pour sauvegarder l'honneur familial, qui efface d'un trait toute existence de Brati, elle a besoin de comprendre qui était son fils. Elle sait désormais que malgrè son amour pour lui elle ne sait pas vraiment qui il était. Souffrance accrue par ce regret de ne pas avoir été vers lui pour l'interroger et surtout partager...C'est alors un autre regard qu'elle porte su la société, sur sa famille, sur elle. Elle ne sent plus aucune proximité avec les siens, éprouve de la compréhension et de la compassion pour l'amie de son fils qu'elle ne connaissait pas, pour la mère de son ami mort à ses côté mais se sent seule ,sans légitimité à imposer sa présence et incomprise. Par sa mort, Brati donne naissance à sa mère parce qu'il la révéle à elle même et la conduit à prendre conscience de son assujettissement.Il lui fait don de l'affirmation de soi. La dernière phrase du roman agit comme une grande claque et un désespoir.
Commenter  J’apprécie          225

Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Voilà comment ils étaient morts : en faisant confiance à trop de gens. Ils n'avaient pas su voir qu'aux yeux de certains en qui ils croyaient, un boulot, la sécurité, la promesse d'une vie heureuse comptaient davantage. Ils n'avaient pas su voir que beaucoup s'étaient liés à eux dans le seul but de les trahir. Brati était jeune. Sa foi, leur foi les avaient aveuglés. Ils n'avaient pas compris que le système qu'ils combattaient pervertit l'individu jusque dans l'embryon. Ils ne savaient pas que tous les jeunes ne sont pas fidèles à un idéal, qu'ils ne méprisent pas tous la mort. Voilà pourquoi Brati avait cru qu'on les avait prévenus, que ses camarades se tiendraient sur leurs gardes et qu'ils l'appelleraient pour lui dire que tout allait bien.
Commenter  J’apprécie          290
(...) les grands criminels de cette société, ceux qui frelatent la nourriture, les médicaments, les aliments pour enfants, peuvent rester en vie, les dirigeants de ce système ceux- là mêmes qui poussent la population du village sous les balles de la police, et bénéficient de la protection de cette même police peuvent rester en vie. Mais puisqu'il ne croit plus en eux, en ces hommes d'affaires avides de profit et en ces dirigeants cupides et sans scrupules, Brati est bien plus coupable qu'eux.
Commenter  J’apprécie          210
Brati était différent. Tout petit déjà, on ne pouvait l’apaiser par des mensonges. Il n’écoutait que si l’on utilisait la raison et pas si on le menaçait. Quand il eut grandi, Sujata vit en lui un esprit en complète opposition à celui de son mari ou de ses autres enfants.
Sujata essaya de s’intéresser à sa vie, de lire les livres qu’il lisait, d’aller au zoo avec lui, de discuter longtemps avec ses amis. Il était devenu sa seule raison de continuer à vivre. Peut-être, peut-être Sujata était-elle devenue trop possessive à son égard. (…) Pour Brati, elle n’avait pas renoncé à son rôle de mère. Brati était obstiné, sensible, rêveur. Pour l’élever, Sujata, avait déployé toute son attention et tout son amour. Elle avait dû se battre pour sauver Brati du zèle dominateur de son mari et de sa belle-mère . (p. 47)
Commenter  J’apprécie          80
La question est: la mort de Brati n’a-t-elle aucun sens?
Le sens de la mort est-il un non majuscule? Tout cela était donc irréel? dépourvu d’existence? Sa foi? Son absence de peur? Son engagement passionné? Son départ, à l’insu de Sujata, conscient qu’il allait au-devant de la mort, vêtu de sa chemise bleu, pour prévenir Somu, Bizut, Partha et Laltu ce 16 janvier? Le regard intense qu’il avait lancé à Sujata avant de partir? Cette façon de la regarder, comme s’il gravait dans son esprit l’expression de douleur du beau visage d’une femme d’âge mûr?
Commenter  J’apprécie          100
Le temps est plus fort que la douleur : il est le fleuve, elle est la rive. Le temps jette sans cesse ses alluvions sur la rive de la douleur et la recouvre. Puis, un jour, comme le veut la loi de la nature, de jeunes pousses se mettent à germer sur les alluvions du temps qui ont recouvert la douleur.
Commenter  J’apprécie          191

autres livres classés : indeVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (85) Voir plus



Quiz Voir plus

Le textile en s'amusant

Savez-vous quelle est la plus ancienne fibre textile dérivée du pétrole ? Indice : cette matière a rapidement pris sa place dans l'histoire du vêtement féminin.

le nylon
le feutre
le ramie

10 questions
154 lecteurs ont répondu
Thèmes : textile , Textiles et tissus , industrie , plantations de coton , culture générale , vêtements , habillement , détente , maillot de bain , laine , humour , Chanvre , confection , Fibres textiles , laine , grande-bretagne , histoire , indeCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..