Recueil comprenant quatre chapitres principaux :
À L'ORIENT DE LA MUSIQUE
VENTS ET LUMIÈRES
DITS DE RECONNAISSANCE
PRÉLÈVEMENTS À
LA SOURCE
Réflexions sur l'enfance, la poésie, les poèmes ;
Commencer à parler, apprendre à recevoir
une voix dans la sienne ;
Puis, plus tard, dans la chambre étroite,
le corps captif, ne pas se lamenter d'être las,
de se taire ;
Savoir qu'on ne pénétrera le langage qu'en
y entrant ;
Savoir que l'air est bleu, même à l'ombre ;
Savoir que le poème avertit que la porte de
l'existence est grande ouverte ;
Enfin quelques Réflexions majeures et
actuelles sur l'hospitalité.
" VENTS ET LUMIÈRES
Renouvellement des présages
De trop, ta montre, tu t'en sépares,
par effraction nul ne s'introduit en ces lieux,
les frontières s'effacent : qu'y avait-il de si urgent
à vaincre, que maintenant la nuit délivre
sans que tu lui résistes, en abondance ?
un amas de rumeurs inassouvies
dont tu ne pénétreras le langage
qu'en y entrant comme on plonge en la houle
en coïncidant avec son rythme,
le rythme, le viatique.
p.38
" VENTS ET LUMIÈRES
Portraits de l'air
Deux ans, trois ans, si audacieuse elle bondit
en dispersant des graines, les oiseaux s'effarouchent :
à leur retour, même à l'ombre, l'air est bleu
dans l'aura de ses rires. de loin, nous les entendons
quand sonne le glas dont chaque note se détache,
autant d'échardes, mais nous n'avons qu'un pas à faire,
sans défi, sans réserve, pour renouer les liens
avec l'enfant qui n'a pas à nous voir.
p.47
" DITS DE RECONNAISSANCE
Pourquoi l'oiseau chante avant l'aube,
tu le demandes, aucun poème ne répond.
Tu ne sais rien de lui, commence
par faire une place au poème.
Avares, tes mots, mais le poème
te prêtera la voix qui les déborde.
Pas plus qu'un enfant un poème
ne t'appartient, il te force à grandir.
Tu ne vois pas le jour, ce n'est pas la nuit,
la foi du poème est celle de l'aubier.
Il montrerait le visage
qu'il évoque, ce ne serait plus un poème.
p.55
" DITS DE RECONNAISSANCE
Remercie les poèmes, ils te comblent
en étant qu'une promesse.
Tu n'es que l'ombre des poèmes,
leur ombre clairvoyante.
Fidèle, tu le seras, fidèle à sa mémoire
si le poème est toujours devant toi.
Ta main frappe à la porte,
mais le prochain poème avertit d'un souffle
qu'elle est grande ouverte.
p.56
" PRÉLÈVEMENTS À
LA SOURCE
Offrir l'hospitalité, n'avoir souci que du bien-être
de nos visiteurs, n'en escompter aucune récompense,
telle devrait être la moins contestable de nos conduites.
… La faculté de l'accueil nous est donnée
avec l'enfance, nous l'avons réduite en lui substituant
toutes sortes d'ambitions factices, égoïstes, d'autant
plus impérieuses. Elle ne se perd jamais tout à fait,
nous la retrouvons quand nous ne préméditons rien,
la venue d'un enfant, par exemple, ou la venue d'un
poème.
…
p.62
" Si le poème a une source, où est-elle ?
p.63
" Impondérable et fugitive, l'haleine, elle est notre
bien le plus précieux. Sous la main des peintres la
buée vibre, la fumée flotte : que peuvent les poètes
dont le langage n'a pas la fluidité des couleurs ?
p.66
" Pour soulever les corps, pour augmenter les
souffles, la musique ne réclame pas les grands orches-
tres. La poésie affectionne les mots rongés par les
habitudes, devenus atones, pour leur restituer la
fraîcheur et la vigueur comme s'ils surgissaient au
bord de la mer.
…
p.67
" Est-il indispensable de mentionner les dates entre
lesquelles les poèmes ont été composés ?
p.68
" La majuscule est inutile au début des poèmes,
inutile le point à la fin.
p.69