Citations sur A rebrousse-temps (53)
Il pris un disque – les sonates de Beethoven pour violoncelle et piano. Dire que tout cela serait effacé d'ici deux siècles ! La Bibliothèque de Vienne recevrait la partition originelle aux notes griffonnées et tourmentées, que Beethoven aurait copiées à grand-peine sur la dernière édition imprimée de la partition. Oui, songea-t-il, Beethoven revivra, lui aussi. Un jour, il poussera des appels angoissés au fond de son cercueil. Et pour quoi faire ? Pour détruire une à une certaines des œuvres musicales les plus admirables qui aient jamais été composées. Quelle tristesse !
Donc, si Dieu existait, le mal ne manifesterait pas. Or le mal est présent dans le monde. Par conséquent, Dieu n'existe pas. (Saint Thomas d'Aquin)
- Des fois, j'en fais. Des rêves, murmura Sebastian.
- Lesquels ? demanda Lindy.
- Je me vois dans une sorte de forêt.
- Et c'est tout ?
- Il y a quelqu'un d’autre.» Sebastian hésita. «Une présence sombre et palpitante, qui pulse comme un cœur gigantesque. Un battement puissant, assourdissant, qui s'amplifie et s'affaiblit, qui enfle et retombe. Cette présence est furieuse. Elle consume tout ce qu'elle désapprouve en moi... et dans le rêve, il me semble que je me résume pratiquement à ça.
Je suis vieux et bon à rien. On aurait dû me laisser dans la tombe. Qu'en a-t-on retiré ? Rien. Du vide. La mort... La moisissure et le froid du Réduit sont encore collés à ma peau., ils font avorter toutes mes entreprises. J'ai l'impression de mourir à nouveau Ou plutôt je n'ai jamais cessé d'être mort.
— Où as-tu trouvé ce fusil ? demanda Ann avec curiosité. Il ressemble aux nôtres.
— C'est l'un des vôtres. Je suis venu sans armes.
— Les fusils ignorent la loyauté, lâcha-t-elle sur un ton défaitiste. Ils ne sont pas comme les chiens.
Rien ne dure, tout se décompose, cita le père Faine. L'atome se croche à l'atome, ainsi croissent les choses jusqu'à ce qu'on les reconnaisse et les nomme. Puis elles se dissolvent par degrés et cessent d'être ce que l'on connaît.
Tissu après tissu, il acquiert une âme, comme feuille après feuille, la rose devient la rose. L'un après l'autre pourrissent les tissus et, comme le soleil quitte les bulles qui éclatent, il s'en va.
Il faut que nous soyons petits pour être aussi nombreux que nous le sommes […]. Des milliards et des milliards de créature sont en mesure de vivre. Si l’un de nous grandissait, s’il avait la même taille que Dieu, combien serions-nous sur Terre ?
Il errait à travers le cimetière en s'éclairant de sa torche pour ne pas trébucher sur les tombes. Il avançait très lentement, écoutant - non avec ses oreilles, non pas au sens propre, mais avec une sorte de sens intime - les obscurs frémissements souterrains. Et il se disait : "Bientôt, d'autres deviendront à leur tour des ancien-nés. Leur chair et leurs éléments organiques refluent et se rassemblent déjà, s'efforcent de retrouver leur structure d'antan." Il était conscient de ce flux éternel, de cette activité sans fin, et il frissonnait d'enthousiasme, en proie à une violente excitation. Rien n'était plus exaltant que cette reconstitution des corps qui, après être entrés en corruption, émergeaient maintenant, grâce à l'Effet Hobart, de la corruption.
Saint Paul avait vu juste. Sa seule erreur avait été de croire que cette métamorphose aurait lieu de son vivant.
Vous n’avez pas peur de mal agir, Joe. Ce que vous redoutez, c’est de rater votre coup et que tout le monde sache que vous avez mal agi –notamment cette femme que vous désirez et son mari. Vous avez peur d’échouer, peur de voir alors se créer l’unanimité contre vous, peur d’être rejeté.