A votre avis, les idées qu’on ressasse sans les transformer en actes… est-ce qu’elles comptent, elles aussi ?
- Un corps est un corps, dit Bob Lindy sur un ton détaché. Un mort est un mort, qu'il soit Anarque ou pas, qu'il soit à cinq minutes ou à cinq siècles de la résurrection.
Tu te rends compte ? Des milliers de gens unifiés ne faisant plus qu’une seule entité. C’est l’Udi –l’Unification Divine- comme ils l’appellent. C’est-à-dire être tout le monde et personne, posséder un savoir absolu car il n’y a plus de points de vue individuels et limités.
Bien sûr, fit le rob en secouant sa tête de thermoplastique à la physionomie tout à fait humanoïde.
L’amour passait d’elle à lui, et inversement, sans résistance, sans difficulté. Comme un courant alternatif.
Mais son métier était de ramener les gens à la vie, pas de les tuer. Toute son activité était centrée sur le don de la vie. La donner à tous sans distinction : c'était un article de foi. Jamais le vitarium n'enquêtait sur les antécédents des anciens-nés qu'il exhumait. Jamais. Il ne se posait pas la question de savoir si ceux qu'il déterrait devaient revenir.
- J’ai l’impression que ce que vient de dire Seb réfute Dieu et l’au-delà, s’écria Cheryl Vale qui se trouvait dans l’autre pièce. Il prétend que sa conscience l’a quitté après sa mort.
Sebastian protesta :
-Cela ne réfute pas plus Dieu et l’au-delà que l’absence de souvenirs pré-utérins ne réfute le bouddhisme.
Vous arrive-t-il souvent de vous rappeler l’époque où vous étiez un cadavre, Seb ?
nous sommes une étincelle de vie dans une masse inerte et c'est cette étincelle qui fait mouvoir la masse, la fait parler et agir.
Mais l’Anarque paraissait bien réel. Il tendit le bras et sa main traversa le corps de Thomas Peak.
-Vous voyez ? fit l’Anarque. Je peux m’évader mentalement de la bibliothèque. Je peux apparaître dans les rêves des gens et dans les visions produites par les drogues. Mais, physiquement, je suis toujours là-bas et ils peuvent me tuer quand ils le désireront.