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Joli délire qui ne bénéficie pas, hélas, de l'intensité, du suspense, de l'émotion et de l'inventivité des récits les plus connus de Philip K.Dick. Pourtant le thème de l'après-mort, récurent chez l'artiste (avec la semi-mort, les morts sont conservés au froid et remis en semi-vie pour permettre un contact avec les vivants), est habituellement traité avec plus de mystère et, selon moi, plus d'intérêt.
Avec la nouvelle loi (la loi d'Hobbart), le processus de décomposition s'inverse et les morts reviennent à la vie et toquent à leur cercueil quand ils sont prêts à sortir. le travail de récupération est assuré par des entreprises privées. le lecteur suit l'une d'entre elles, laquelle devra gérer le retour à la vie d'un grand prédicateur. Ce retour suscite un vif émoi dans les communautés religieuses qui vont oeuvrer pour prendre possession du personnage. L'intrigue repose sur la petite guéguerre entre toutes ces confréries.
L'inversion du temps dans ce roman n'est pas une inversion de la chronologie. Les cellules se régénèrent et c'est tout. Pas de paradoxe temporel ou je ne sais quel événement. C'est bien cela qui m'a manqué dans ce roman: être surpris.
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Livre découvert lors d'un furetage sur une librairie virtuelle. À la base, je recherchais le tome 1 d'une série. Je connais l'auteur de nom mais ça sera mon premier de lui. le titre de ce roman m'intrigue depuis que je l'ai dans ma pal. Il aura fallu une énième déception en matière de découverte pour que je m'y lance enfin, en espérant ne pas en rajouter une autre à la longue liste.

La logique de cette histoire est très originale, beaucoup de choses y sont inversées comme le retour à la vie après la mort ou le « bonjour/au revoir ». Tout le concept du livre repose sur l'inversion des évènements. L'histoire en elle-même n'est pas transcendante mais elle est suffisamment captivante pour maintenir mon attention sur elle. Surtout qu'au fur et à mesure de la lecture, on découvre les subtilités de ce monde. Plusieurs personnages prennent la parole à tour de rôles dont un ancien-né M. Hermès, un policier Joe Tinbane et un bibliothécaire Doug Appleford. le tout étant mélangé avec la religion et une histoire d'amour naissante. L'univers créé par l'auteur est complètement farfelu mais il suit une logique tout au long de son histoire. C'est ce que j'aime beaucoup avec ce type de roman, l'univers et l'histoire suivent une même logique sans faillir ni en se raccrochant aux tares connues de l'humanité. Dans ce roman, l'auteur les remet au goût du jour avec une version tout à lui et lié à son monde à rebrousse-temps. Ce qui est intéressant également, c'est la vision des différents personnages suivant leurs interlocuteurs, certains changent du tout au tout. Rien ne se passe comme prévu, j'ai trouvé Sebastian assez indécis comme ancien-né, il se laisse porter par les évènements même si c'est contraire à son avis. Curieuse fin, c'en est une sans en être une car l'histoire est tellement originale avec son mode de fonctionnement propre et le style de l'auteur, qu'il a choisi une fin ouverte. En même temps, je m'attendais à tout sauf à ça. D'autant plus qu'arriver dans les 50 dernières pages, il me tardait de connaître la fin de cette aventure. Et au final, je suis un peu déçue.

Comme vous l'aurez compris, c'est malgré tout une excellente découverte pour le style et pour l'imaginaire de l'auteur. Il est original à souhait et sort des sentiers battus, tout ce que j'aime même si cette fin laisse à désirer. Si vous êtes amateurs de SF original, je vous conseille donc très fortement de découvrir cet auteur et ce roman. Pour ma part, j'en ai deux autres de lui dans ma pal, je les lirais avec plaisir et je fouillerai également plus sa bibliographie.

Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Attention, ce billet se lit en rebrousse-mode. le dernier paragraphe, puis le précédent, etc.

Car malgré le temps parti à rebours, le livre se lit dans l'ordre normal. Dick a eu pitié.

Evidemment il ne faut pas se poser trop de questions . Il faut se laisser porter et voir où ça nous mène.

Je l'ai donc lu avec un certain plaisir, malgré des passages juridico-religieux un peu longuets et un agacement croissant en voyant Seb agir (ou pas). L'absence de véritable chute m'a déçu aussi.

Les rôles féminins sont intéressants : ça va de la fille un peu bête mais désirable qu'il faut protéger à la directrice de la Bibliothèque dont le sang froid me fait penser à Susan Calvin (les Robots d'Asimov).

Les personnages principaux font assez anti-héros, surtout Seb qui se laisse manipuler par tout le monde, promet d'agir dans le sens de quelqu'un pour changer d'avis immédiatement, semble complètement perdu quand sa femme qu'il adore couche avec un flic mais couche avec une nana super séduisante (et manipulatrice en diable) juste après. Plutôt pathétique, le gars.

Son histoire est – étonnamment oserais-je dire – bien construite et d'un seul tenant. Ça ne part pas dans tous les sens (je m'attends toujours à ça).

Les conflits raciaux aux USA de l'époque (livre écrit en 1967), surtout les émeutes de Watts de 1965, ont un énorme rôle dans la géopolitique du roman.

Philip K. Dick joue avec cette idée. Comme d'habitude son univers est rempli d'autres thèmes de SF en fond d'écran : une troisième Guerre Mondiale qui ne semble pas avoir changé quoi que ce soit, des colonies sur Mars et vénus, des robots, du matos technologique de pointe (chapeau pour l'imagination de l'auteur). Ça décore mais ça ne trouble pas la trame du récit.

Qui était ce Peake ? Un fanatique religieux ou un nouveau Ghandi ? Et pourquoi veut-on son corps vieux renouveau-né ? Est-il une menace ? Gêne-t-il ?

Mais voilà que la petite société de Seb Hermès – ancien mort – déterre quelqu'un d'important : le fondateur de la religion de l'Unification Divine, ou Udit, Thomas Peake. Et plusieurs groupes sont prêts à tout pour s'en emparer : le Vatican, les Udit eux-mêmes, et les Oblits de la Bibliothèque qui semblent être là pour « accompagner » l'inversion de la flèche du temps en faisant disparaître les connaissances.

Déterrer les ressuscités qui se manifestent dans les cimetières (tiens, on ne cause pas des incinérés) est devenu un business lucratif, car celui qui le réalise acquiert une sorte de droit sur l'ancien mort, et peut le revendre.

L'élément central est que tous les êtres vivants (les humains en tout cas) sont devenus des Benjamin Button. Ils rajeunissent au lieu de vieillir jusqu'à devoir trouver un ventre où « mourir ». Et bien sûr, les morts renaissent.

Mais il ne va pas au bout de son application – le livre serait illisible s'il fallait inverser tout le texte, par exemple –, il se contente de phénomènes qui frappent l'imagination : on « fume » un mégot qui se reconstitue en cigarette ; on « dévictualise » au lieu de manger – c'est-à-dire qu'on rejette par la bouche des aliments qui se reconstituent en plats cuisinés (du coup on avale ce qu'on nomme du sogum, et je ne veux pas savoir de quoi il s'agit) ; on insulte en traitant de « mangeaille ».

C'est carrément l'entropie, la deuxième loi de la thermodynamique, qui part en sens contraire. Dick appelle ça l'effet Hobart.

Une fois de plus l'imagination fertile de Philip K. Dick s'exprime. Il développe une idée qui peut paraître farfelue au premier abord : et si le monde voyait la flèche du temps s'inverser ?

Il fallait bien que je trouve quelque chose d'original pour parler de ce roman. J'aurais pu écrire en mode Yoda, mais j'ai pas la patience.
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Malheureusement, pas grand-chose à dire de très intéressant sur ce roman franchement mineur de Philip K. Dick. À lire la quatrième de couverture, on pouvait craindre un Ubik à l'envers, mais non, et tant mieux, car on n'en aurait sans doute pas vu l'utilité. Ce n'est pas pour autant que c'est un texte bien original. Les sujets sont là, qui ne demandaient qu'à être exploités : résurrection des morts comme annoncé dans la Bible, inversion du temps, religion omniprésente, conflits ethniques, retour d'un leader religieux mort considéré comme un saint, institution toute puissante qui fleure bon la dystopie, etc., etc.

Seulement, rien n'est développé. Oui, les morts reviennent à la vie et on les appelle (dans la traduction que j'ai lue) les anciens-nés. Et voilà. Philip K. Dick amorce vaguement une réflexion sur la mort de temps à autre, et laisse tomber. Sans compter que tout ne fonctionne pas à rebrousse-temps, alors que la Terre entière est censée être sous le coup d'une inversion du temps qui relève d'une loi physique universelle. du coup, outre la résurrection des morts et le rajeunissement des personnes, on se contente d'anecdotes, comme les cigarettes fumées à l'envers et la nourriture régurgitée, anecdotes un peu grotesques. La question des conflits ethniques a l'air de tomber là comme un cheveu sur la soupe, n'est pas développée, et n'apporte rien à l'histoire. Sur la Bibliothèque, institution qui pratique la censure en détruisant certains documents, on ne sait pas grand-chose : ni d'où lui vient son pouvoir, ni à quoi elle sert véritablement. Son autorité semble s'étendre à pas mal de choses, mais comme son rôle n'est pas développé non plus, on en restera là. Et surtout, on a le fameux leader Peake qui revient à la vie semble avoir fondé une religion qui a pour objet de faire communier les esprits des adeptes jusqu'à la symbiose. Là, on pense à Fondation d'Asimov, à l'univers de Ghost in the shell, et on se dit que ça, Philip K. Dick va le développer bien à sa façon. En fait non. Un personnage en parle, mais est aussitôt interrompu par un autre personnage que ça n'intéresse pas. Et finies les histoires d'osmose spirituelle.

Reste une sorte de thriller qui se lit vite et bien, écrit avec plus de naturel que certains autres romans en revanche bien plus denses du même auteur, et dont on suit l'histoire sans s'ennuyer. Donc, c'est un très bon roman pour passer le temps (par exemple pour s'extirper des lourdeurs de la faute de l'Abbé Mouret), mais ce n'est certainement pas là qu'on trouvera matière à réflexion, ni le coeur de l'oeuvre dickiennne. Cela dit, on s'amusera à retrouver certains leitmotiv typiques de l'auteur, notamment la figure de la fameuse femme fatale et cruelle. Je ne déconseillerai donc pas ce roman, du moment que vous savez à quoi vous attendre. Il passe bien pour un moment de détente, ou si on tient à absolument tout lire de Philip K. Dick. Mais si vous avez dans l'intention de vous lancer dans un Philip K. Dick particulièrement représentatif de son auteur, allez directement prendre une dose d'Ubik.
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Thriller paranoïde dans un futur qui ne l'était pas encore à l'époque (1998). Dieu est un yaourt. C'est ce que disent ceux qui qui ressuscitent, c'est-à-dire ceux qui démeurent. Ah oui, le sens du temps est inversé. On ne naît plus, on ne vieillit plus : on démeurt et on rajeunit. Mais les démorts n'ont aucun souvenir de leur après-vie. Peut-on affirmer pour autant que Dieu n'existe pas ? « Cela ne réfute pas plus Dieu et l'au-delà que l'absence de souvenirs pré-utérins ne réfute le bouddhisme ». Faudra y penser le jour où vous aurez oublié de prendre un livre pour traverser la city en bus.


La révélation vient toujours d'ailleurs : en l'occurrence, ce sont les citations d'Erigène, de saint Thomas d'Aquin, de saint Augustin et de Boèce, en exergue de chaque chapitre, qui viennent nous indiquer l'abandon divin par surplus d'être. Cette collection de citations cassées et obtuses vaut à elle seule le déplacement de la lecture :


« L'éternité est une sorte de mesure. Mais il n'appartient pas à Dieu d'être mesuré. Donc, il ne lui appartient pas d'être éternel. » Saint Thomas d'Aquin


« L'amour est la fin silencieuse du mouvement naturel de toutes choses animées. Au-delà, le mouvement ne se perpétue pas. » Erigène


« Mais demain n'est pas encore atteint et hier est perdu. Et vous ne vivez pas plus dans cette vie d'un jour que dans ce moment fugace et transitoire. » Boèce


« Ainsi donc, quand ils se lèvent et tendent vers l'être, plus vite ils croissent pour pouvoir être et plus ils se hâtent vers le non-être. » Saint Augustin


Comme dans « L'homme dont toutes les dents étaient exactement semblables », P. K. D. accorde beaucoup d'importance à la métaphysique des relations amoureuses. C'est une question au moins aussi mystérieuse que celle qui concerne l'existence de Dieu. On peut comprendre.


A part ça, je n'ai pas compris grand-chose à l'histoire, mais ce n'est qu'un détail.
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C'est le premier livre de Philip K. Dick que je lis et j'ai je ne sais plus trop pourquoi j'ai choisi celui-ci plutôt qu'un autre. Quoi qu'il en soit j'ai passé un bon moment de lecture.

Le temps s'écoule dans l'autre sens et cela rend des tas de détails déstabilisants (et parfois dégoûtants comme cette histoire de dévictualisation). Il y a toute une série de mots inventés que je ne suis pas sûre d'avoir compris. Je n'ai pas compris pourquoi les anciens-nés étaient vendus??

Cela étant dit cela reste une réflexion intéressante sur le sens de la vie et de la mort.
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En 1986, le temps sur la Terre s'est inversé : les morts reviennent à la vie, et crient dans les cimetières pour qu'on les libère. Ils rajeunissent alors de plus en plus, deviennent des enfants, puis des nourrissons, et disparaissent enfin dans l'ultime étreinte de leur mère d'adoption. Pour manger, les citoyens posent une assiette sale sur la table, et régurgitent leur repas qui devient un plat parfaitement présentable. Les vieux mégots se (dé)fument, jusqu'à ce que la cigarette se reconstitue intégralement.

Des sociétés se sont constituées pour déterrer les anciens-nés et les vendre au plus offrant. Sebastian Hermes en dirige. Son flair le mène à découvrir la tombe de l'Anarque Thomas Peak, prophète de la toute nouvelle religion udite, qui va bientôt revenir à la vie. Il flaire le bon filon, mais les organisations qui s'intéressent à Peak vont bientôt se montrer très pressante pour obtenir celui qui a bouleversé le monde religieux.

Tous les ingrédients étaient réunis pour un bon roman, mais malheureusement, la sauce n'a pas pris. La cohérence du phénomène de l'inversion du temps pour commencer : tous les petits détails (les repas, la cigarette, …) sont amusants, mais certains phénomènes reviennent dans le temps, d'autres continuent à « vieillir », certaines personnes sont moins touchées que d'autre, sur Mars, ce phénomène n'apparaît pas du tout … Tout ça est bien confus !

L'intrigue se révèle tout aussi décevante. « Le conseil des Oblits, les Udites, le Vatican : tous veulent mettre la main sur le prophète. Mais dans quel but ? » nous dit la quatrième du couverture. le soucis, c'est qu'en refermant le livre, on se pose toujours la question. Les Oblits, chargés de désécrire tous les livres pour une raison obscure (organisation religieuse ? Nécessité scientifique pour préserver la cohérence de l'univers ?), courent après lui sans qu'on sache pourquoi : le tuer ? L'obliger à effacer ses écrits ? le rôle du Vatican dans cette affaire reste un mystère complet. Et si on nous présente d'abord le successeur de Peak comme un homme capable de tuer son prophète pour conserver sa place au sommet de l'organisation udite, son rôle devient ensuite ambigu, et on ne connaîtra jamais le fin mot de l'histoire.

Ni le côté science-fiction, ni le côté thriller ne sont pleinement exploités. À la place, on assiste aux problèmes de couple de deux protagonistes. Une belle déception pour moi.
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À Rebrousse temps de Philip K. Dick
1998.
En survolant le cimetière Forest Knolls avec son aéroglisseur de patrouille, l'agent Tinbane entendit une voix, un cri, une femme voulait sortir. Personne n'était disponible pour l'aider, alors il contacta le « Vitarium » de Sebastian Hermés, un organisme privé, Sebastian lui même avait été déterré dix ans plus tôt par un autre Vitarium, il ressentait d'ailleurs toujours ce froid de la tombe et s'efforçait d'aider ceux qui sortaient le plus possible. Il n'y avait que cinq Vitarium. Il se rend au cimetière avec Lotta sa jeune femme, le pasteur Faine et l'ingénieur Bob Lindy. Arrivé, il tend l'oreille et sent les frémissements souterrains « Ceux qui devenaient en ce moment des anciens nés étaient les morts les plus récents, les défunts d'avant 1986 ». C'était la Théorie d'Alex Hobart, l'inversion du temps. Dans le cimetière Sebastian remarque la tombe de l'Anarque Thomas Peak, persuadé qu'il va bientôt renaître, or ce n'est pas n'importe qui, c'est un chef religieux, noir, dangereux. Et une manifestation se prépare organisée par Ray Roberts, autre fanatique religieux et on attend 4 millions de personnes. Sebastian soupçonne un lien entre cette résurrection et cette réunion. Effectivement Ray Roberts va tenter de racheter le corps de Thomas Peak ce qui est tout à fait légal.
Philip K. Dick nous fait éclater les neurones dans ce roman où tout fonctionne à l'envers. Quand l'agent Tinbane rentre chez lui, sa femme Bethel est en train de finir sa « Devictualisation » et lui prépare un verre vide une assiette vide et un plat de service vide, il va « Dégorger » et effectivement l'odeur du café chaud lui remonte déjà dans la gorge! On est dans un monde où l'on ressuscite rapidement, puis on rajeunit avant de retourner dans la matrice! Mais quelle matrice??
Un peu long et laborieux dur la dernière partie, mais d'une grande originalité.
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Ce que j'ai toujours trouvé intéressant dans les oeuvres de science-fiction, c'est le génie singulier des auteurs, dont fait partie K. Dick, d'imprégner leurs textes par une idée. Ou des idées. D'une philosophie à une autre, au gré des moments existentiels des personnages. Bien loin d'un réalisme rigoureux, ces écrivains offrent une autre vision d'apercevoir le monde ambiant, en un aspect beaucoup plus profond qu'un roman réaliste aurait pu peindre ou dévoiler.
Bruce Sterling (un des pionniers du mouvement cyberpunk) dans sa préface de « Gravé sur chrome » de William Gibson définit avec brio l'essence d'un auteur de SF, il dit : « Si les poètes sont les législateurs méconnus de ce monde, alors les auteurs de science-fiction en sont les bouffons. Nous sommes les fous pleins de sagesse capables de bondir, cabrioler, prophétiser et nous gratter en public. Nous savons jouer avec les Grandes Idées parce que le mauvais goût bariolé de nos « pulpeuses » origines nous fait passer pour inoffensifs.
Et nous autres, auteurs de science-fiction, avons certes tout loisir de sauter de joie – nous avons de l'influence sans avoir de responsabilité. Bien peu de gens daignent nous prendre au sérieux, et pourtant nos idées imprègnent la culture, en un crépitement invisible, pareil au rayonnement de fond de l'univers. »

Dans ce texte, l'histoire n'est qu'un prétexte pour l'auteur afin de poser des questions d'ordre théologique mais aussi d'intégrer des réflexions quant à l'être humain face à ses choix.

Les morts reviennent à la vie et rebroussent chemin sur les pas de leur vie antérieure. Saurions-nous mieux faire si on avait une deuxième chance ? Méritons-nous une deuxième chance ? Que vaut notre existence dans les maillons de la vie , et du monde ? et est-ce qu'une seule vie serait suffisante à l'Homme ?

L'auteur s'attarde plus particulièrement sur la dernière question et c'est à travers les choix et les pensées des personnages (Sebastian Hermes surtout et de Ray Roberts) qu'il met à profit une réponse plus ou moins complexe à comprendre mais qu'on peut simplifier comme suit : Non, une seule vie n'est et ne sera jamais assez suffisante pour l'Homme, dans sa gloire comme dans son échec, et même dans l'entre-deux. Ce qui fait que la vie soit précieuse c'est justement le fait qu'on en a qu'une seule. Toutes les ferventes décisions, les non-décisions évasives, les aventures sans lendemain, la fatigue du soir, les excès d'énergie, l'amour comme le désamour, les chagrins comme le bonheur. On ne peut pas tout faire, voilà pourquoi il faudrait de résilier à l'angoissante idée qu'on a peu de temps et tellement de choses à faire et qu'il faut toujours agir en conséquence.

J'avoue que c'était une lecture assez pénible (pas le meilleur de K. Dick), mais le concept de l'effet Hobart (inversement du temps à la suite d'un phénomène physique) est fort impressionnant quand on fait attention aux détails (les mégots qui se reforment en cigarettes, le fait de dégurgiter au lieu d'ingurgiter les aliments, les vêtements sales qui redeviennent propres, le "Au revoir" à la place d'un "Bonjour", etc.)

Malheureusement, j'ai senti que ça manquait d'épaisseur, j'aurais aimé des descriptions plus détaillées sur le décor. Et enfin, l'ambiance est loin de l'atmosphère cyber-ténébreuse de Blade Runner. C'est monochrome, on s'ennuie assez rapidement.

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c'est le premier livre de Philip K.Dick que je lis et j'avoue que je suis agréablement surpris, le temps s'est inversé sur terre et les morts ressuscitent pour devenir vivre leur vie jusqu'à devenir bébé et réintégrer une matrice. j'ai bien aimé l'intrigue, de la bonne SF comme je l'aime!!
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