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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est de rouge sang, mais surtout de rouge colère que se couvre ce polar politique DÉTONNANT, dont le titre joue avec les mots comme l'auteur avec nos nerfs. Si l'on en croit Wiki : « La cour des Miracles était, sous l'Ancien Régime, un ensemble d'espaces de non-droit composé de quartiers de Paris, ainsi nommés car les prétendues infirmités des mendiants qui en avaient fait leur lieu de résidence ordinaire y disparaissaient à la nuit tombée, « comme par miracle ». En réalité, une partie d'entre eux ne souffrait réellement d'aucun handicap. »


La cour des mirages est quant à elle, dans les années 2000, un ensemble d'espaces de non-droit composés de maisons bourgeoises au-dessus de tout soupçon et de places politiques occupées par des personnalités plus que véreuses, non, carrément toutes pourries, non, encore plus que ça mais je n'ai aucun mot pour l'exprimer (lisez par vous-même et essayez de faire mieux), ainsi nommée car les horreurs et les abominations des occupants qui en avait fait leur lieu de réunions extraordinaires semblaient disparaître au jour levé, « comme un mirage », un mirage aidé par les drogues le LSD en tête, un putain de mirage de gueule de bois, un cauchemar. En réalité, tout cela existait vraiment et les victimes souffraient de l'insondable perversité des Hommes - non, des monstres - qui peuplent cette planète et infiltrent nos vies quotidiennes, avec la suffisance de ceux qui possèdent la certitude de n'être jamais inquiétés. Elles en souffraient, donc. A en crever.


Bienvenue dans ce polar de dingues où la justice tente de côtoyer l'ignominie. Et si la justice est paralysée par la politique, alors elle sera rendue par une poignée de flics dévoués qui n'ont pas encore perdu leur humanité (mais leur tête peut-être, car jusqu'à quand pourront-ils encore tenir et à quel prix ?) avec l'espoir qu'ils ont souvent vomi dans ce récit et jeté aux toilettes en tirant plusieurs fois la chasse merci au revoir. Sous ses airs de polar, c'est une diatribe de la classe politique et de ses magouilles, une dénonciation aussi des réseaux indémentelables à force de manipulations, de menaces et de « neutralisation ». Un portrait de notre monde. Pourri.


Autant le dire franchement : Ce n'est pas le livre à lire si vous avez déjà envie de sauter par la fenêtre. Ce n'est pas non-plus à lire quand vous avez envie d'une comédie romantique… Et je ne vais rien révéler qui ne soit précisé sur la quatrième de couverture mais, au cas où vous auriez l'habitude de ne pas les lire pour garder la surprise, faites une exception pour cette fois car ce roman est réservé à un public AVERTI. Maintenant vous l'êtes : âmes sensibles aux malheurs qui arrivent aux enfants, s'abstenir ! le nounours de la couverture, qui se noie en tentant de passer entre les balles, représente bien cette enfance souillée, sacrifiée, détruite.


Si vous pouvez gérer ça, FONCEZ ! Lisez ce polar de fous hyper bien écrit et construit, rythmé, dont les personnages sont incroyables : deux flics notamment. Laurence, une dure à cuire ambitieuse, mère de famille et divorcée qui quitte la DCRI pour la Brigade Criminelle. Les chapitres où on la suit sont racontés avec le recul, comme une carapace qui se fendille, d'un narrateur omniscient qui nous met dans sa peau et dans ses mots. Et puis Prigent, héros d'un opus précédent (La sirène qui fume), hanté par la disparition de sa fille six ans plus tôt, qui se dévoue entièrement corps et âme à ses enquêtes… au sens littéral. Ses chapitres à lui sont racontés de l'intérieur, par lui-même, amas de graisse, de tristesse et de sensations si bien rendues, trop plein de soupe et d'émotions, un vrai gentil anéanti par le genre d'humains qu'il côtoie au quotidien, et par les cachets qu'il absorbe pour y faire face. Prigent et toutes les voix dans sa tête…


Attachants malgré leurs portraits d'écorchés incontrôlables, ces deux-là ne se retrouvent pas à bosser sur la même enquête par hasard. Cette enquête, c'est la mort d'une famille qui semble s'être suicidée… jusqu'à ce qu'on trouve un laissez-passer politique dans leur maison, en 2012, juste après l'élection de la gauche au pouvoir et pendant ce jeu de chaises musicales qui en découle, consistant à placer les copains dans tous les corps de métier possibles. A partir de là, entre ceux qui veulent faire la lumière, et ceux qui veulent continuer à perpétrer les ténèbres dans leur ombre confortable, ce sera la guerre. Ni l'horreur, ni les cadavres ne nous seront épargnés. Mais si l'on voit bien à quel point la politique régit nos vies, et si tous les corps de police et leur hiérarchie en sont infiltrés de manière révoltante, l'espoir vient des plus courageux et dévoués, ceux qui font ce métier par conviction et non par intérêt. Et parce que ce roman nous révolte tout entier, on est même prêt à passer sur les méthodes finalement employées qui, loin d'être un modèle (le dernier Norek est un bisounours à côté^^), sont celles du désespoir - à moins que, pour les victimes, ce ne soit celles de l'espoir, justement.


Un roman ADDICTIF, explosif. J'ai dévoré ses 850 pages en 5 soirées ne doutant pas une seule seconde que, s'il s'agit d'une fiction et qu'on ne veut pas y croire, des choses similaires existent bel et bien. Etonnamment, ce n'est pourtant pas une lecture plombante. Parce que l'action nous maintient en mouvement, et que le style immersif de l'auteur, dont les phrases déconstruites accompagnent les personnalités défaites, rendrait un macchabée vivant. J'en tremble encore, mais je recommande, sans hésiter !
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Wow ! le livre de malade ! le genre de livre que, quand tu l'as ouvert, tu ne peux plus le refermer ; le genre que tu penses à lui tout le temps : en te brossant les dents, en mangeant tes pâtes, et même pendant les réunions de travail (oui oui), tellement qu'il est prenant et obsédant malgré ses 800 pages.
Mais qu'a-t'il donc de si extraordinaire ?
C'est un polar comme un Soulages, d'un "outrenoir" d'où n'émane qu'une faible lueur.

Alors que Hollande vient d'être élu Président de la République et qu'éclatent les innombrables affaires de la Sarkozie, un ex-député socialiste et sa famille sont retrouvés atrocement trucidés dans leur maison de Neuilly. L'enquête est confiée à une brigade criminelle du 36 quai des Orfèvres, où officient notamment une femme-flic grande gueule et dure à cuire, et un capitaine de police héroïque qui sort d'HP et entend des voix. Ils ne savent pas quel enfer les attend -s'ils le savaient, ils se reconvertiraient illico dans la sophrologie et la boulangerie.

La politique est surtout un contexte, on est bien et avant tout dans un roman noir, dur, violent, méchant. Lire ce bouquin, c'est comme se prendre des coups de bottin sur la tête : ça fait mal et ça laisse groggy. On sombre dans l'innommable, l'insoutenable, en se raccrochant à des personnages fracassés, agaçants d'arrogance et touchants de vulnérabilité. Ce livre est un cauchemar douloureux mais bien éveillé.
Alors pourquoi le lire si c'est si horrible et qu'on n'est pas maso ?
Parce que Benjamin Dierstein est un furieux, un enragé du fond et de la forme. Il m'a immanquablement fait penser à David Peace (que, ça tombe bien, j'adore) par la noirceur triste de son histoire et par sa façon de torturer la langue -je buvais du petit lait en m'imprégnant de son écriture saccadée et hallucinée, si addictive. Plaisir amplifié par l'intrigue elle-même, maîtrisée de sang-froid malgré la folie qui en suinte ; quel talent ! On sent que l'auteur s'est bien documenté sur son sujet avant de l'attaquer, et il n'hésite pas à balancer des noms pour rendre son histoire plus réaliste et terrifiante encore.

C'est donc une expérience littéraire d'une rare intensité. Je découvre Dierstein avec ce troisième tome d'une trilogie dont je n'ai pas lu les opus précédents (ballot, oui), mais sans que cela ait nui à ma compréhension. Surtout, je vais me jeter sur les deux premiers tomes, et je vous invite à découvrir, à votre tour, cet écrivain inouï.
Un immense merci à Babelio et aux Editions Les Arènes pour l'envoi de ce livre dans le cadre d'une Masse Critique.
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Ne vous fiez pas à la couverture (faussement) tape-à-l'oeil, sa couleur vive, le bandeau qui annonce aussi bien du croustillant politique et médiatique que du polar noir et dur.
Pourtant tout est vrai.
La politique est là, partout, toujours, tout le temps, au moindre personnage qui allumé une télévision ou monte en voiture, la radio allumé, elle vient donc entrecoupée le texte par des passages incrustés comme un leti motiv qui nous dirait que, oui, tout est là, sous nos yeux, dans nos rmoreilles, dans les interstices qu'il faut savoir lire entre les lignes.
Oui, donc, tout est là, la poétique comme le polar dur et méchant. Dur et méchant, très très méchant, et très très très dur, mais de cette dureté nécessaire et loin d'être racoleuse.
Oui encore pour le rouge tape-à-l'oeil, rouge oui, mais pas si tape-à-l'oeil que ça, plutôt ce rouge que vous connaissez, ce rouge sang, ce rouge colère, ce rouge écarlate de later te et de la stupeur, et du cauchemar. le cauchemar commence dès la première phrase et ne vous quitte plus jusqu'à la dernière.
Benjamin Dierstein a quelque chose de Dominique Manotti dans la précision chirurgicale de ses recherches et de James Ellroy, oui, pour son implacabilité et pour sa musique. La musicalité du phrasé, la musicalité du rythme et de la répétition, des phrases longues, ou au contraire très courte, comme autant de balles tirées à bout portant, des phrases aussi violentes (ou presque) que les propos qu'elles contiennent, c'est là le style tout à fait personnel de l'auteur, et qui n'appartient qu'à lui.
Vous voilà prévenu. C'est le roman rouge du cauchemar sur une musique aussi foudroyante que la pire berceuse de l'enfer.
Indispensable.
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Après un intermède alcoolo-burlesque, Benjamin Dierstein revient aux affaires mêlant criminalité, business et politique , supports de ses deux premiers romans.
On retrouve donc les protagonistes qu'on avait laissé en cette fin 2011 quelques mois plus tard, la droite sarkozyste en pleine débâcle , Hollande et son gouvernement aux manettes , les premières affaires et scandales financiers voyant progressivement le jour.Dans le jeu de chaises musicales, de chasse aux sorcières et de magouilles diverses et avariées , la commandante Laurence Verhaeghen se retrouve mutée, un galon en moins, de la DCRI au 36 (Brigade Criminelle) où elle va côtoyer un Gabriel Prigent, méconnaissable, sorte de cachalot dopé aux anxiolytiques , tout juste sorti de l'Hôpital psychiatrique. L'une dont les relations familiales sont en déliquescence, l'autre qui n'a qu'une obsession (maladive) : retrouver sa fille Juliette, disparue six ans plus tôt dans une rame de métro rennais. Ces deux-là que tout oppose ( le style et l'ambition notamment) , ont une grosse affaire sur les bras à résoudre et la pression qui va avec . le suicide d'un ancien cadre politique de haut rang qui, avant de se mettre la corde au cou, a tué sauvagement sa femme et son fils. Derrière ce drame familial , les enquêteurs vont découvrir un réseau pédocriminel d'une envergure insoupçonnée où toutes les horreurs sur les enfants sont permises si elles peuvent rapporter gros…
Bienvenue en enfer ! Bienvenue dans ce cauchemar éveillé qui ne fait que commencer , reflet de la pire PERVERSITÉ de l'âme humaine. de la pire MONSTRUOSITÉ de certains de nos congénères. Vous voici prévenus !

On ne sort pas totalement indemne de ce pavé de plus de 800 pages. Car comme d'autres auteurs avant lui - on pense bien sûr à Ellroy mais aussi à Mattias Köping - le style Benjamin Dierstein sort du cadre et ne fait aucune concession quand il s'agit de décrire l'horreur la plus abjecte. Il faut donc avoir le coeur bien accroché à la lecture de certains passages qui donnent envie de rendre son dernier repas . Rassurez-vous on est bien dans une fiction mais cette réalité existe belle et bien !
Somme de témoignages, d'enquêtes multiples dans l'univers de la pédocriminalité , les Dutroux ou Fourniret sont hélas là pour nous rappeler la présence de monstres parmi nous . Sans parler de ces pseudos intellectuels français qui proclamaient haut et fort sur les plateaux de télé leur désir et leurs exploits avec de très jeunes filles et que le milieu a mis un certain temps à bannir de leur cercle.
On est jamais certain du pire tant qu'on n'en n'a pas vraiment pris conscience. Et
Benjamin Dierstein est là pour nous le rappeler, enfonçant le clou ad nauseam , pages après pages. Avec ce rythme infernal, ce style , écorché vif et d'une précision chirurgicale , avec ces couleurs , le rouge et le noir , couvrant tout le spectre , du très sombre au très sanglant. La violence du verbe et cette prose qui colle si bien aux sentiments des deux principaux personnages, Verhaeghen et Prigent, entre ahurissement, dégoût, dévastation ou folie.
Du très grand roman TRÈS NOIR , à ne pas mettre entre toutes les mains de peur qu'il n'en brûle certaines .
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Le billet de Chantal pour Collectif Polar
La Cour des Mirages, Benjamin Dierstein
Je l'avoue, ce titre m'a attirée quand j'ai lu à propos de l'auteur, sous la plume de Caryl Ferey : « du DOA sous amphètes, précis, nerveux, sans fioritures. »Je ne connaissais pas du tout B. Dierstein, et , comme ça m'arrive parfois, j'ai acheté immédiatement ce roman, « La cour des mirages », sans savoir que c'était le 3è tome d'une trilogie, ni que cette lecture allait être un vrai choc. C'est un récit de plus de 800 pages, ce qui se fait rare en la matière, mais la longueur ne me dérange pas, à partir du moment où l'on n'a plus qu'une envie: poursuivre coûte que coûte la lecture !
Le fait d'être pris dans une trilogie ne m'a pas gênée non plus, car l'auteur va reprendre, au début, ses personnages principaux et les restituer en quelque sorte, dans son intrigue. D'un côté, le capitaine Gabriel Prigent, de l'autre, Laurence Veraeghen, qui vient d'intégrer le service de la Police Judiciaire. Tous deux ont un passé plus que lourd. Prigent a quasiment vu sous ses yeux sa petite fille de 8 ans se faire enlever dans le métro, et elle n'a jamais été retrouvée. de l'autre, Veraeghen a tiré une balle dans la tête de son ex-chef de service, qui a menacé sa fille, Veraeghen n'étant pas tout à fait dans les clous malgré son efficacité à la Brigade criminelle. Ces deux personnages vont se retrouver collègues sous les ordres de la commissaire Chatel et vont devoir coopérer tant bien que mal entre eux deux mais aussi avec leurs nouveaux collègues.
L'assassinat de toute une famille va lancer Prigent et Veraeghen dans une quête effrénée : trouver les coupables de ce massacre mais surtout, retrouver la petite fille de la famille, qui, elle, n'a pas été tuée mais a disparu.
Prigent est hanté par la disparition de sa propre fille et c'est à coups d'anti-dépresseurs qu'il arrive à travailler. Sa collègue, dont la vie aussi bien au travail que privées est proche du désastre, va suivre une piste pédophile.
Le récit avance, dans une langue parfois chaotique quand il s'agit de Prigent, car on est dans sa tête, on suit ses obsessions et délires, mais qui ne sont jamais vains. Certains chapitres sont durs et laissent le lecteur un peu pantois et haletant. Un des thèmes principaux est la pédophilie, ses réseaux, la manipulation des enfants, voire des adultes . C'est un monde parfois difficilement soutenable dans lequel nous sommes plongés. Et encore plus quand on sent que, même si l'auteur dit avoir tout inventé, il y a bien un fond de vérité . Il est question aussi de politique, de « magouilles » diverses pour garder le pouvoir, ou sa place …
C'est un roman que je ne conseillerais pas aux amateurs d'Agatha Christie, encore moins d'Agatha Raisin ! Mais si on a lu Selby , Ellroy …, on peut se plonger dans ce roman étonnant, détonnant et aux personnages si attachants dans leurs révoltes devant l'injustice et leurs douleurs de ne pas toujours arriver à faire apparaître la vérité. Un style percutant, une intrigue qui avance sans cesse, c'est vraiment à découvrir !


NDLR :
La cours des mirages paraitra en poche chez Point policier le 3 février 2023 prochain
Lien : https://collectifpolar.fr/20..
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Avec la Cour des mirages, je mets un "point" final à cette passionnante expérience de jury dans le cadre du Prix du meilleur polar des Éditions Points.
La sélection fut hétéroclite et décalée avec des polars inspirés de l'histoire, de sujets d'actualité et vraiment je me suis régalée.
Je termine avec ce beau gros pavé qui se lit finalement assez vite car l'intrigue est fluide, les actions nombreuses et la lecture addictive.
S'il s'agit d'un polar assez classique, son originalité tient au fait qu'il s'imbrique dans une actualité politique (un peu moins récente) : la passation de pouvoir Sarkozy-Hollande.
Les affaires s'enchaînent alors à la pelle et font la une des journaux : les écoutes, la guerre de succession à l'UMP, l'enquête Bettencourt…
On suit ces péripéties politiques en même temps que les personnages écoutent les flashs infos à la radio ou interagissent entre eux.
Autant vous dire tout de suite qu'il y a du remue-ménage dans les services de l'état et le jeu des chaises musicales tourne à plein régime… ce qui a des effets dans les services de la justice et à la PJ qui n'est pas épargnée par les purges politiques et surtout la corruption.
Mais entre corruption et pédocriminalité il y a une marge… que l'auteur n'hésite pas à franchir en corrélant entre elles certaines affaires.
C'est un véritable tourbillon qui nous fait réfléchir sur ces hommes qui osent tout, jusqu'à commettre l'indicible sur des enfants.
Benjamin Dierstein ne cache rien : les mots sont parfois très crus, les descriptions poussées et cela pourrait choquer les lecteurs non avertis.
L'auteur s'attache beaucoup également à la psychologie de ses personnages côté victimes, enquêteurs ou même bourreaux.
C'est une plongée vertigineuse d'une noirceur absolue. Soyez donc préparé !
Les inspecteurs Laurence Verhaeghen et Gabriel Prigent représentent deux façons de voir la même enquête, on suit leurs pérégrinations mentales et investigations au fil des pages.
Pour des raisons différentes, leur implication n'est pas la même : la première doit sa place à un pacte qu'elle a fait et qui l'empêche d'agir à sa guise, le second, détruit par la disparition de sa fille, continue de la chercher obstinément…
On dirait que la folie des criminels entraîne la folie des enquêteurs parfois "trop" impliqués à résoudre l'enquête et trouver les coupables.
Pour conclure, je dirais que c'est un roman glaçant à ne pas mettre entre toutes les mains, mais définitivement un grand polar !
Il fait partie d'une trilogie mais peut être lu indépendamment des deux premiers livres.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Le 13 juillet 2006, Juliette (10 ans) disparait dans le métro rennais, victime d'un prédateur, pratiquement sous les yeux de ses parents et de sa soeur Élise.

Le 25 juin 2012, Gabriel Prigent (son père) muté à la Brigade Criminelle de Paris, au « 36 » (et blessé par balle lors d'une intervention) remet – pour la première fois depuis un an – le nez dehors … Brisé par la disparition d'une de ses jumelles et traumatisé par ses conditions de travail, il a effectué un long séjour en HP … le capitaine est détesté par certains de ses collègues, pour avoir eu le courage de dénoncer les actes illégaux (et condamnables) de deux ou trois d'entre eux … Gabriel Prigent est dépressif, obèse, obsédé par la disparition de son enfant (qu'il sait probablement morte) même si son (infime) espoir de la retrouver vivante demeure encore présent …

La Commandante Laurence Verhaeghen – quant à elle – se débat entre sa vie privée brisée (elle est divorcée et sa fille Océane, onze ans, lui fait vivre un enfer !) Sa brillante carrière professionnelle semble également s'écrouler à la DCRI : Sarkozy vient de céder sa place à Hollande, c'est l'heure des « règlements de compte » … Elle va devoir – à son tour – rejoindre le 36 quai des orfèvres et se lancer – à corps perdu – dans des enquêtes éprouvantes (pédophilie, prostitution de mineures, affaires de corruption) en compagnie du Capitaine Gabriel Prigent notamment …

Je crois que je n'avais jamais rien lu de pareil ! C'est terriblement trash ! J'ai eu dix fois envie de stopper ma lecture, tant j'étais horrifiée par les descriptions épouvantables de l'auteur … Et pourtant, j'ai accroché à ce récit des les premières lignes ! Et j'ai été bien incapable de lâcher ce roman (très noir) avant d'en avoir lu les 816 pages !

Benjamin Dierstein nous plonge sans complexe dans la fange la plus immonde. Mais son empathie à l'égard de ses personnages est si présente, que l'émotion vous prend à la gorge à chaque page ! L'émotion et le dégoût souvent … C'est très visuel, sans langue de bois … Un écrivain qui sait analyser comme personne la complexité des sentiments humains dans cette véritable « cour des miracles » …

Bref, aussi paradoxal que cela puisse paraitre : j'ai eu envie de vomir cent fois – tout en ayant un immense coup de coeur – pour ce brillant (et non moins monstrueux) roman ! Et pour nous autres, citoyens lambda, ça fait franchement froid dans le dos !
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Débutant en mars 2011 avec La Sirène Qui Fume, la trilogie de la PJ Parisienne de Benjamin Dierstein s'inscrit donc dans un contexte historique où l'on observe la lutte acharnée pour le pouvoir entre une droite fragilisée par les affaires et une gauche en quête du graal présidentiel, avant de se poursuivre en octobre 2011 avec La Défaite Des Idoles pour s'achever en avril 2013 avec La Cour Des Mirages qui clôture cette série dantesque. Entre une violence exacerbée s'implémentant parfaitement dans la reconstitution minutieuse d'une actualité au service du récit, on découvrira au travers de cette institution policière, une série aux accents politiques chargée d'énergie qui prend l'allure d'un hard-boiled historique mettant en scène trois policiers explosifs et jusqu'au-boutistes que sont le capitaine Gabriel Prigent miné par la disparition de sa fille, le lieutenant Christian Kertesz amoureux fou d'une call-girl déjantée et la capitaine Laurence Verhaegen rongée par l'ambition. Outre l'aspect politique, on observait avec La Sirène Qui Fume, les aspects peu reluisants de la prostitution "haut de gamme" employant des jeunes filles mineures au travers de la dualité entre Prigent et Kertesz, tandis que l'on abordait avec La Défaites Des Idoles la thématique des financements de partis politiques alimentés notamment par le truchement du pouvoir libyen en pleine déliquescence, ceci par le prisme de l'affrontement entre Kertesz et Verhagen. Pour clôturer cette trilogie, La Cour Des Mirages nous donne l'occasion de nous plonger dans l'univers sordide des réseaux pédophiles par l'entremise d'une enquête conjointe entre Verhaegen et Prigent qui n'a toujours pas renoncé à savoir ce qu'il est advenu de sa fille disparue.

Juin 2012, François Hollande est au pouvoir et la droite déchante, tandis que les purges s'enchainent au sein du ministère de l'Intérieur, à commencer par la commandante Laurence Verhaegen qui doit quitter la DCRI. Mutée à la brigade criminelle du 36, elle retrouve le capitaine Gabriel Prigent qui a réintégré le service après un internement d'une année en HP. Deux flic déchus et brisés qui vont hériter d'une enquête sensible où un ancien haut cadre politique a assassiné sa femme et son fils avant de se suicider. Mais bien vite les investigations vont les conduire dans les méandres de réseaux puissants évoluant dans le milieu de la pédophilie et de la prostitution de luxe tout en combinant des montages financiers occultes afin de favoriser l'évasion fiscale. Taraudés par leurs obsessions respectives, Verhaegen et Prigent vont s'enfoncer dans les arcanes d'une organisation criminelle sordide bien implantée dans les hautes sphères du monde politique qui a tout intérêt à ce que leur enquête n'aboutisse pas. Un plongée en enfer, sans retour, dans un univers impitoyable de barbarie.

La Cour Des Mirages désigne ces bacchanales infernales des années 70 où adultes, hommes et femmes, se côtoient en abusant d'enfants enlevés pour l'occasion, ceci sous l'égide d'un inquiétant maître des lieux déclamant quelques textes philosophiques, d'où son surnom le Philosophe. L'un des enjeux du livre consiste donc à découvrir l'identité de cet individu captieux et des complices qui l'accompagnent pour alimenter les geôles de son domaine avec de très jeunes enfants. L'autre enjeu de l'ouvrage se focalise sur la fille de Gabriel Prigent dont on suit les détails de son enlèvement en guise d'introduction tout en se demandant si son père va enfin découvrir, six ans plus tard, ce qu'il lui est advenu. Marqué par l'affaire de la Sirène Qui Fume on retrouve donc un flic obèse, plus ou moins brisé qui carbure aux antidépresseurs mais qui retrouve un regain de vigueur avec une enquête qui le conduit sur les traces d'un réseau pédophile pouvant avoir un lien avec l'enlèvement de son enfant. Pour cadrer ce flic borderline, la capitaine Laurence Verhaegen va l'accompagner dans cette quête dantesque tout en rendant compte aux nouvelles officines en place de l'avancée des investigations. Mais déchue de son grade de commandante, isolée de par ses accointances avec les anciens hauts fonctionnaires sarkozystes, cette policière va s'impliquer dans les méandres d'une enquête éprouvante qui va remettre en question toutes ses certitudes. Dans cet ouvrage à la fois brillant et explosif, Benjamin Dierstein passe donc en revue tous les aspects de la pédophilie en mettant en scène victimes et prédateurs qui se côtoient dans ces rapports biaisés, abjects qui deviennent parfois insoutenables au gré d'une écriture sèche, dépourvue d'effets de style qui ne font que renforcer la sauvagerie de scènes éprouvantes. Pour autant, il n'y a pas d'excès dans cette intrigue maîtrisée qui se rapporte toujours à la rigueur de l'actualité de l'époque en évoquant notamment les aléas de l'affaire Matzneff ou la mise en lumière des écrits de Daniel Cohn-Bendit afin de mettre en perspective les contours de cette enquête terrifiante de réalisme qui s'achèvera d'une manière abrupte afin de clouer le lecteur sur place en ne lui laissant aucune bride d'espoir quant au devenir des protagonistes et à l'avenir de ces réseaux pédophiles qui semblent toujours renaître de leurs cendres. Un roman époustouflant qui clôture magistralement cette trilogie dantesque.


Benjamin Dierstein : La Cour Des Mirages. Editions Equinox/Les Arènes 2022.

A lire en écoutant : No White Clouds de Strange Fruit. Album : BOF de Strange Days. Epic Soundtrax 1995.
Lien : https://monromannoiretbiense..
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Nous sommes en juin 2012, Hollande est arrivé au pouvoir, Sarkozy vient de le quitter. La dimension politique de l'intrigue est omniprésente.

Nous allons suivre deux policiers : d'un côté la commandante Laurence Verhaeghen, qui, après avoir passé un accord discutable, se retrouve affectée à la Brigade criminelle. de l'autre, Gabriel Prigent, de retour après une dépression : en cause, la disparition de sa fille il y a 6 ans...

Ensemble, ils vont devoir enquêter sur une affaire qui va les conduire notamment dans les méandres de la pédocriminalité.

Ce polar est très trash : l'auteur n'épargne pas son lecteur, c'est cru, il n'y va pas par quatre chemins. Il utilise notamment les répétitions, pour être encore plus percutant. Il n'hésite pas à décrire l'horreur, étant précisé encore une fois qu'il s'agit de pédocriminalité... Donc je vous laisse imaginer : lecteurs sensibles, mieux vaut peut être s'abstenir...

Ces scènes mettent, certes, mal à l'aise voire peuvent choquer, mais elles reflètent une réalité certaine, terrible, dont il faut parler. Internet recèle de contenus à vomir, le monde, d'hommes capables de faire subir les pires souffrances, notamment à des enfants, pour leurs petits plaisirs personnels...

Ce roman, malgré son épaisseur, se lit tout seul. Il est complètement addictif. L'intrigue est captivante. Les personnages sont tous très travaillés : on entre véritablement dans leur tête. Ils sont parfois attachants, parfois compléments antipathiques.

Bref, véritable polar politique, noir, violent, intense, marquant, glaçant... C'est un roman dont on ne sort pas indemne, qui remue, qui fait réfléchir !
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Coup de coeur et grosse claque !
Lu dans le cadre du #prixdumeilleurpolarpoints
815 pages lues en 4 jours, obligé de faire des pauses, car ce livre est addictif mais dur, très dur.
C'est le genre de polar comme j'aime, mais âme sensible s'abstenir.
C'est le 3ème tome de la trilogie Echos des années grises. Je n'ai lu que celui-ci et pas de souci de compréhension car les personnages principaux sont très bien décrits ainsi que leurs histoires personnelles.
Alors qu'Hollande vient d'être élu Président de la République, un ex-député socialiste, Jacques Guillot, sa femme et ses 2 enfants sont retrouvés morts dans des conditions atroces à Neuilly. Guillot semble s'être pendu après avoir massacré ses enfants et sa femme. L'enquête est confiée à la Crim du 36, 1 commandante Laurence Verhaegen, qui se bat pour conserver la garde de sa fille, et Gabriel Prigent, qui sort d'HP, sa fille a disparu dans le métro de Rennes il y a 6 ans, et depuis il la cherche. Pendant la perquisition, Prigent découvre des photos, des dvd pédopornographiques. Et l'horreur va se mettre en route sur un fond d'actualité et de polique.
C'est très bien écrit, détaillé et précis. Alternance de phrases très courtes, de phrases très longues, d'extraits d'actualité radiophoniques, mais le rythme est soutenu, pas de temps morts.Tout paraît malheureusement vrai, on pense à Outreau, Fourniret...
Fausses pistes, détournement d'argent, guerres des polices, tout est là.
A lire si le sujet vous intéresse mais à ne pas mettre entre toutes les mains....
Lien : https://www.instagram.com/on..
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