Ce tome 20 de la Bible d'Alexandrie est destiné, d'après les revues qui l'ont signalé, à un "public motivé". En effet, les 250 premières pages s'attachent à introduire le milieu, les méthodes, les procédés de traduction, la théologie et les lectures des psaumes hébreux traduits en grec vers le II°s avant notre ère : c'est un travail de savant minutieux dont on sent bien qu'il occupe toute une vie et toute une bibliothèque. La seconde partie, composée du texte des quarante premiers psaumes traduits de leur version grecque, présente les versets et, en regard, un commentaire succinct qui prend quand même une page ou plus.
Pourquoi tant de matière ? Les psaumes, prières juives réunies en un recueil hébreu dans l'antiquité, ont accompagné et accompagnent toujours la vie de l'homme religieux, qui s'y réfère, les lit et les récite constamment. Aucune partie de la Bible ne prend une telle place dans la vie quotidienne de chacun. Leurs versets, leurs expressions, leurs images, viennent sans cesse à la bouche et à l'esprit. A l'usage des Juifs de langue grecque, ces poèmes furent traduits et, peu après, prirent une place centrale dans le Nouveau Testament, né et écrit dans ces communautés antiques de la Méditerranée. Les premiers chrétiens virent dans ces textes des annonces prophétiques et des illustrations de la vie de Jésus, comme de leur vie chrétienne de disciples. Les psaumes revêtirent une importance majeure dans les discussions animées sur la question de la légitimité de Jésus comme messie annoncé par les Ecritures : cette fonction théologique se retrouve dans le décompte que fait l'auteur des milliers et des milliers de citations des Psaumes dans les livres grecs écrits par les Pères de l'Eglise des quatre premiers siècles.
Gilles Dorival limite son annotation aux Pères des deux premiers siècles, car pour tout citer il faudrait des volumes.
Donc, ce premier tome consacré aux quarante premiers psaumes, permet de se faire une idée de la naissance du christianisme en milieu judéo-grec, pratiquement sur pièces. Ces textes poétiques eux-mêmes sont, de l'aveu de l'auteur, mieux traduits ailleurs : il a choisi la littéralité et l'inélégance, pour mieux coller au texte grec original. Mais son livre n'est pas destiné à la prière, il est fait pour l'étude. C'est un travail remarquable.