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3,76

sur 593 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce n'est pas un vaudeville ou une des histoires inspirées de la mythologie grecque. Parmi lesquelles on trouverait Zeus qui, après une de ses promesses de fidélité à Hera, prendrait l'apparence d'Amphitryon, et deviendrait son sosie... pour coucher avec sa femme.

Pas non plus une histoire de jumeaux puisque Goliadkine n'en a pas. C'est plutôt une histoire qui allie la bizarrerie du réel et, peut-être, la folie du héros.

Le personnage principal s'appelle donc Goliadkine et n'a rien d'un héros. Il est un modeste fonctionnaire sans ambition affichée qui travaille à Saint Petersbourg, non loin de la Perspective Nevski.

Il connaît l'anxiété quotidienne de faire un faux pas et de décevoir son directeur Filippovitch ou pire, son Excellence.
Pourtant, un jour, il se réveille et décide la chose extraordinaire d'employer une bonne partie de ses économies à s'acheter de beaux vêtements et faire des tours de carrosses de luxe pour commander dans les plus grands magasins.
Et c'est là qu'il croise son chef étonné et se la joue en saluant à peine et c'est là qu'il arrive à se convaincre qu'il peut être quelqu'un d'autre: "je suis mon portrait craché mais ce n'est pas moi!".

Mais le doute s'installe quand le double s'installe.

Toute le savoir-faire du jeune Dostoïevski -25 ans à l'époque- est de nous embarquer dans une histoire aux apparences fantastiques avec un style déjà reconnaissable entre tous, heurté et obsessionnel.

Ce roman de Dostoïevski n'est pas au niveau de ses chef d'oeuvre que sont "Les frères Karamazov" et "Crime et châtiment" mais tout de même! A 25 ans, cet auteur a déjà tout: un style, une histoire et un scénario à suspense.
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Après le chef d'oeuvre Crime et Châtiment, équivalent russe des Misérables, ancêtre de n'importe quel thriller dans la tête d'un tueur, voici Le Double, pendant du célèbre Horla de Maupassant, qu'il me fallait absolument lire, vu qu'il a inspiré le grandiose Black Swan, avec Natalie Portman. Le motif du doppelganger est aussi une de mes passions dans l'art et la fiction.

Et nous voila donc à suivre les péripéties de Jacob Pietrovitch Goliadkine, ou l'incarnation de la loose et de la maladresse absolues, qui fait passer les personnages de Bourvil, Pierre Richard, Ben Stiller ou Steve Carell au cinéma pour des vainqueurs à qui tout réussit. Goliadkine est un fonctionnaire insignifiant, qui n'a de cesse de se targuer de sa spontanéïté absolue, qu'il oppose aux manières hypocrites, aux chemins détournés affectionnés par la société et les gens du monde... Mais il est en permanence en train d'étudier son apparence, de répéter, de préparer ce qu'il va faire, dire, comment il va le dire. Lorsqu'il se met à parler, et cela même lorsque la parole doit le sortir d'une situation critique, il s'enfonce à un point toujours plus délirant dans des scories, des bafouillages ridicules de plus en plus marécageux, faits de "Comment dirais-je? Il y a ceci et cela", de répétitions d'adresses à son interlocuteur à n'en plus finir, de "Cher Monsieur" excessifs quand bien même son double n'arrêtera pas de le ridiculiser. Il songe à certaines décisions qu'il annule juste après ou ne parvient pas à exécuter. Et surtout, dès le début du récit, il offense son entourage en s'invitant à une fête dont il avait été précédemment refoulé, par un stratagème, lui qui n'a eu et n'aura de cesse de prétendre que jamais, au grand jamais il n'en fera usage. Il y a donc une énorme contradiction au sein de ce personnage, en plus d'un dialogue intérieur perpétuel. Mikhail Bakhtine parle du "Double double", de trois voix, c'est tout à fait ça, et cela prépare le terrain pour le phénomène de dédoublement qui va avoir lieu.

Surgit donc un double de Goliadkine, qui est tout ce qu'il ne peut pas être pour les autres : agréable, remarqué, bien intégré, faisant rire tout le monde, efficace au travail, qui va où il veut aller, qui grimpe les échelons avec une rapidité remarquable, et ne se perd pas en conjectures et zigzags verbaux. Ce double est fourbe, opportuniste et le mal incarné pour le Goliadkine originel, qui est outragé en public par lui et tente d'ouvrir les yeux à son entourage au sujet de son mystérieux jumeau, en vain : tous gardent à l'esprit l'offense de Goliadkine premier du nom à la fête, son comportement toujours plus ahurissant, et toute l'incorrection dont il accuse son double se reporte sur lui. On devine aisément la suite de sa spirale infernale, que nous fait vivement partager Dostoïevski, avec la même efficacité que celle de Raskolnikov dans Crime et Châtiment, si ce n'est quelques passages moins mémorables.

Le roman est, comme d'habitude, très riche en interprétations. Freud voit du narcissisme, de l'homosexualité refoulée de la part de Goliadkine qui se défile et veut à tout prix voir son double bon quelles que soient les crasses qu'il commet envers lui, en plus d'une misogynie croissante. Goliadkine déteste et en même temps voudrait être cet autre lui parfait, doté de toutes les qualités pour accomplir tout ce qu'il désire en société. Il y a tout un discours social sur le paraître, l'art de se comporter. Le fameux double reste ambigu, tout le monde le voit et l'adore, et comme dans Black Swan, Goliadkine est peut-être le seul à reporter sa propre apparence sur lui après tout... Goliadkine est lui-même très complexe, défendant une franchise qu'il n'a pourtant pas, voulant absolument faire partie d'un cercle dont il est rejeté, fustigeant la valeur des ronds de jambe alors qu'il n'arrêtera jamais d'essayer d'en faire dans des tentatives toujours plus ridicules qui se solderont par l'effet inverse, tout en continuant à clamer son absence de chichis dans un embrouillamini verbal toujours plus apocalyptique! La fin nous offre une scène mémorable digne d'un film expressionniste, visuel récurrent chez cet auteur, et ouvre les portes vers la pensée de René Girard sur le bouc émissaire.

Dostoïevski est un auteur génial, l'écrivain russe de la folie. Sa maîtrise de la psychologie nous fait véritablement vivre le processus erratique du personnage, comme dans Crime et Châtiment. Tout n'y est pas parfait, et on est évidemment loin de l'ampleur du grand roman de 1866, mais ça m'a marqué à coup sûr sur le long terme. L'humour de la narration est également fort plaisant. Quel plaisir de retrouver ce génie plongé au coeur du délire, tellement pertinent, dans le dédale et la brume des rues pétersbourgeoises à l'image du chaos de l'esprit de son protagoniste! Pour parler comme le verbeux Goliadkine : "Comment dirais-je? Il y a ceci et cela, Maupassant et Dostoïevski..."

Il faut que je lise davantage de récits sur le double...
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Bizarre ? Vous avez dit bizarre ?

Si le premier roman de Dostoïevski, Les pauvres gens, reçut un accueil chaleureux, son second roman, le double, fut étrillé par la critique.

Il faut dire que ce roman ne peut que laisser perplexe le lecteur. L'on y suit Iakov Goliadkine, un homme pauvre, étrange qui s'embarque pour une drôle de pérégrination dans les rues de St Petersbourg.

C'est à cette occasion qu'il rencontre une personne, mystérieuse, son double.

Un jumeau parfait et, pour couronner le tout, ce sosie physique porte le même nom que notre héros et va travailler dans le même bureau que lui.

Horrifié au début, puis désireux d'être charitable face à ce miracle de la nature, notre Goliadkine se retrouve vite face à une grande souffrance morale : ce double semble lui en vouloir et cerise sur le gâteau, réussir, partout où lui échoue.

Ce roman heurte par son intrigue dont on ne saura jamais si elle résulte de l'imagination d'un fou ou si elle frôle avec le fantastique.

Son protagoniste principal n'a rien d'un héros, il s'agit plutôt d'un homme au flot de paroles intarissable, lâche et peu doué pour les relations sociales.

Le style reprend cette confusion en étant lourd à dessein, avec des répétitions.

Ce n'est clairement pas le Dostoïevski que je préfère et probablement celui que j'ai le moins apprécié néanmoins j'ai aimé être déboussolée au fil des pages par le talent de cet auteur génial.
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Un roman qu'on pourrait qualifier de thriller psychologique. Son héros, un cadre modeste d'une administration, est en prise avec des « ennemis » commanditaires et exécuteurs d'une sorte de machination à son encontre. Les circonstances sont assez confuses et il est difficile de déterminer jusqu'à quel point ses accusations sont fondées. Toujours est-il que ce personnage, qui va de déconvenues en déconvenues, va se retrouver confronté à son double ; une situation déroutante qui laisse peu de choix en dehors de l'acceptation de sa folie et du déni... Comme j'avais pu trouver certains passages de « Crimes et châtiments » vraiment d'une grande tension, c'est le cas également dans cette oeuvre impressionnante. le seul point négatif selon moi concerne l'édition qui contient une préface qui dévoile absolument toutes les clés du livre, jusqu'à son dénouement ! À quoi sert une postface ?
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Nouveau Dostoievski et pas des moindres. Les 100 premières pages sont terribles, les descriptions soporifiques et les monologues interminables n'aident pas à rentrer dans l'histoire. Heureusement, le beau temps vient après la pluie, et quel beau temps ! le double apparaît et le récit nous prend et nous m'amène finalement avec lui sans jamais nous lâcher. Notre héros, comme dit dans le roman, n'a rien d'un héros ni même d'un protagoniste. En effet, M. Goliadkine est pathétique, commun, détesté par la plupart de collègues tout le contraire de son rival. Petit à petit du roman, le héros sombre plus profondément dans la folie et nous suivons ça avec passion et intérêt. Cette dualité imaginaire est bouleversante et se finit merveilleusement.
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Pas toujours facile de rentrer dans un livre de Dostoïevski! Je voulais me détendre un peu en lisant du fantastique...Ben raté en fait! C'est plutôt l'antre de la folie ce double, ou de la schizophrénie devrais-je dire. Je voyais ça un peu comme une nouvelle à la Edgar Poe, mais c'est plutôt Dr Jekyll et Mr Goliadkine.
Sauf que le Goliadkine en question c'est pas un docteur, mais plutôt un patient. Un cas assez lourd de fonctionnaire écrasé par son emploi, le protocole, la convenance, l'humilité de bon aloi. Un type qui suit tellement son tout petit bonhomme de chemin que plus personne ne finit par le voir. C'est là tout le drame du pauvre type, serviteur de l'Etat dans l'âme, qui peine à se faire comprendre, entendre et même voir tant il s'emberlificote l'existence avec la bienséance, le respect de la hiérarchie, le conformisme le plus absolu. Tout ce qui l'oppresse et n'arrive pas à s'exprimer va finir par prendre corps, son double, sorte de mauvais génie qui va peu à peu lui piquer la vedette qu'il n'a jamais eu. On dirait un cas psychanalytique non?
Un avorton social en proie à l'incapacité d'exister en dehors de sa fonction que ses désirs les plus profonds hantent jusqu'à ce que la pathologie finisse par s'émanciper sous les traits d'un double, libre de ses mouvements, qui usurpe l'identité du pauvre bougre. Entre le drame psychologique et la comédie, on oscille toujours un peu chez Dostoïevski, et c'est précisément ça qui est savoureux!
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Bien qu'assez fastidieux à lire, j'ai trouver ce livre particulièrement intéressant (la préface permet une lecture plus compréhensible).
Nous rentrons dans "la folie de persécution" d'un individu. Au fur et à mesure du livre, celui-ci s'enfonce dans un délire immense. Il est intéressant de voir comment il se comporte. Certains passage du roman lorsqu'il se parle à lui même, où lorsqu'il ne sait plus comment il s'est retrouvé à un endroit nous ramène dans le réel et nous pouvons ainsi être sûr qu'il est fou, qu'il divague. Pendant d'autres moments, les "autres personnages" qui voient son double "diabolique" et qui ne semblent pas trouver cela bizarre nous mettent dans le doutes. Mais les nombreux indices ne peuvent que nous mener jusqu'au dénouement final.
A lire indéniablement, un Doistoievski pas si long que ces oeuvres les plus connues mais non moins intéressant.
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Quand Docteur Jekyll et Mister Hyde rencontrent Kafka

Iakov Pétrovitch Goliadkine est un fonctionnaire St-Pétersbourgeois « modèle », sans histoires, honnête, droit, bien qu'un peu associable, discret, réservé de nature et ne partageant pas toutes les habitudes des individus de sa classe. Après, un cuisant échec, une morne soirée où notre ami s'est fait rejeté comme un pestiféré, notre bon Goliadkine rencontre fortuitement dans la rue un individu qui lui ressemble particulièrement, et qui en fin de compte semble être le reflet de sa propre image, tant du point de vue physique que de son identité (il porte le même nom), mais qui va se révéler d'une personnalité toute autre. Un peu comme son parfait contraire tout compte fait. Et ce sacripant de double va se révéler plus qu'envahissant, tant dans le cadre privé qu'au travail de monsieur Goliadkine, où il va se faire une joie de ternir la réputation de Goliadkine, tout en s'élevant doucement mais surement au sein de la société au détriment de notre héros. Mais comment ce dernier va gérer cette situation qui semble être irréelle ?

Une chose m'a d'abord frappé, décontenancé en commençant le Double. le style, assez différent de Crime et Châtiment. J'émets deux hypothèses quant à cette impression. Soit c'est Dostoïevski lui-même, qui a essayé de coller au caractère psychologique, instable, du personnage principal de son roman à travers une écriture plus abrupte, plus hachée pour mieux s'identifier aux déboires de notre pathétique Goliadkine (à travers une sorte de retranscription directe des pensées du personnage), soit ce ressenti vient du travail de la traduction, ayant cette fois-ci choisit une traduction du fameux André Markowicz, qui parait-il, colle plus au style de Dostoïevski et retranscrit bien la prose particulière de l'auteur. A moins que finalement, les deux hypothèses se révèlent chacune valides.
Pour autant, bien que j'ai eu un peu de mal à me plonger dans le roman par cet aspect un peu saccadé, embrouillé, j'en ressors évidemment charmé et convaincu, après un petit temps d'adaptation.

La grande force du roman est la façon magistrale, que j'avais déjà pu constater auparavant, qu'a Dostoïevski de pouvoir s'introduire dans la tête de ses personnages, de mettre à jour leur psychologie et ici de parfaitement retranscrire toute l'évolution mentale de notre cher Goliadkine, qui semble peu à peu perdre les pédales, tomber dans la paranoïa (victimaire) et ne plus du tout savoir comment se comporter face aux événements improbables qui lui arrivent, qui semblent à la fois si irréels et si vraisemblables. C'est le lent mais sûr basculement en pleine schizophrénie, inconsciemment bien entendu, car le fou, se rend-t-il compte qu'il est fou ?

Du reste, j'ai aussi bien apprécié la façon qu'a Dostoïevski de se jouer doucement, mais surement des moeurs de son époque, et en particulier ici de ce monde absurde de fonctionnaires, où il est très difficile de sa faire accepter et respecter en ayant un comportement « déviant », où toute action est encadrée par une stricte hiérarchie et où l'apparat, le paraître, semble diriger la vie de chacun. C'est notamment le cas du personnage principal du roman qui, même en étant par certains aspects différents de ses collègues fonctionnaires, est transit d'effroi à l'idée que sa réputation soit ternie par quelque action que ce soit de son double maléfique, comme si cela était la chose la précieuse à ses yeux.

Pour conclure, le Double est un roman psychologique captivant, plus torturé, obscur et confus que le Joueur, certes moins profond ou grandiose qu'un Crime et Châtiment, mais qui demeure une oeuvre appréciable du maître de la littérature russe.
Quant à moi, il ne me reste plus qu'à me décider sur le prochain Dostoïevski à entamer …
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M.Goliadkine, habitant St. Petersbourg, rencontre un jour son sosie. Est-ce un rêve ou la réalité. D'étranges événements se produiront alors.
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Mon premier Dostoievski et autant dire que ça me donne vraiment envie de lire d'autres de ses livres.

J'ai vraiment trouvé ce livre très compliqué car premièrement, les pensées et déclarations de M.Goliadkine sont très confuses (je ne critique pas le choix de l'auteur), le héros ne fait que les refouler perpétuellement jusqu'à que cela devienne comique.
Il est également très compliqué car on n'arrive pas trop à comprendre si c'est du fantastique ou bien la réalité, de la folie ou la vérité... Pour ma part je ne pense pas qu'il soit fou mais est manipulé par son homonyme.
Les noms des personnages sont également très compliqués à retenir mais ce n'est pas l'essentiel.

La folie, voilà un thème intéressant.
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