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4,41

sur 2545 notes
Oufff ! C'est tout Dostroievski dans toute sa maturité ! L'atmosphère est pesante, troublante et parfaitement maîtrisée par la plume de l'auteur qui non seulement s'avère très brumeuse pour le lecteur mais lui permet aussi de se glisser tant bien que mal dans cette atmosphère tout en se demandant, en proie à un petit étourdissement, vais-je m'en sortir? Où vais-je je? ..n y a que se dire: suivons l'auteur ! On se laisse envoûter par son génie...
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J'avais peur de me lancer dans ce pavé de près de 1000 pages... si j'avais su, je l'aurais lu bien plus tôt.
Une oeuvre incroyable, magistrale.
Tant de richesses dans les thèmes abordés, les personnages, ces 3 frères si différents, complexes, à travers lesquels on s'interroge sur le bien et le mal, les libertés individuelles, la justice, l'existence de Dieu,... et j'en passe.
Tellement moderne et actuelle.
En un mot... remarquable.
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J'en suis à ma troisième lecture du roman "Les Frères Karamazov". Je me souviens comme si c'était hier de la première : j'avais 15 ans et c'était peu après mon arrivée en Dordogne où mes parents venaient d'aménager. Les vacances de Pâques étaient froides et pluvieuses, les travaux de notre maison n'étaient pas achevés, notamment le chauffage en panne un jour sur deux et il n'y avait aucun moyen de transport qui me permette de me rendre à Périgueux, alors... que fait une adolescente, qui plus est fille unique, ainsi isolée à l'orée des bois de châtaigners, de chênes et de coudriers ? Elle lit, sans interruption pendant 15 jours, pelotonnée dans la chaufferie, pièce qui au moins gardait la chaleur. Elle lit "Les frères Karamazov" du début jusqu'à la fin sans pouvoir s'arrêter. Je crois que ce livre a déterminé (ou révélé) ce que serait la sensibilité de ma vie.
Il s'agit du dernier roman de Dostoïevski. Tout y est abordé : Les rapports du bien et du mal, la paternité, la fratrie, la générosité, la cupidité, le mensonge, les diverses formes de l'amour, la cruauté enfantine mais aussi l'innocence, le crime, la spiritualité, la rédemption, la religion, l'institution judiciaire, la question sociale.
C'est un roman métaphysique et réaliste, passionné et passionnant qui à mon sens fait partie des cinq plus grandes oeuvres littéraires du monde avec "Le dit du Genji" de Murasaki Shikibu, "Don Quichotte de la Manche" de Cervantes, "Résurrection" de Tolstoï et "Le temps retrouvé" de Proust.
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Une lecture passionnante de bout en bout. Ce livre présente une foule de personnages, et chacun d'eux pourrait faire l'objet d'un roman. Il y a les trois frères, bien sûr, qui ont chacun une personnalité particulière, mais dont les caractères ne sont pas forcément simples. Mais aussi le père, Fiodor Pavlovitch, les femmes, Grouchegnka et Katia, le starets Zosime, le jeune et fragile Ilioucha…
Dostoïevsky se livre quelquefois à de longues digressions sur l'un ou l'autre des acteurs du roman, mais ce n'est jamais gratuit car il en profite à chaque fois pour explorer un aspect particulier de l'âme humaine. L'aspect religieux a dans ce livre une importance énorme : les chapitres consacrés au starets Zosime. la « parabole » du Grand Inquisiteur, sont des parties du livre que l'on peut reprendre et approfondir comme des textes séparés, indépendamment de l'intrigue principale.
Voilà certainement un ouvrage qu'on peut laisser en permanence à portée de main, pour en reprendre des pages dans lesquelles on trouvera toujours quelque chose de plus qu'à la lecture précédente.
Une oeuvre riche et foisonnante, comme la plupart des grands romans russes (je pense à « Guerre et Paix » de Tolstoï, « le Docteur Jivago » de Pasternak, « le Don paisible » de Cholokov), mais où il n'y a pas seulement la trame romanesque : à tout instant l'analyse psychologique vient prendre place pour compléter une vaste peinture du peuple russe, et de l'humanité.
Quand je me suis inscrit dans le réseau Babelio, je ne voyais pas a priori de livre à emporter sur l'île déserte, mais après avoir lu « Les Frères Karamazov »j'ai pu commencer ma liste !
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On peut vraiment parler de monument de la littérature mondiale en raison de l'écriture, de la profondeur de la réflexion et de l'histoire en elle-même. Toute traduction altère nécessairement le texte en opérant des choix. Elle est dépendante du traducteur, qui est en quelque sorte un nouvel auteur, et de sa proximité à l'auteur, au texte. Elle est liée aussi à l'époque de rédaction du texte et à celle de la traduction. Cependant, si la matière première elle-même est de piètre qualité, tout bon traducteur ne peut en faire un joyau littéraire. Dans le cas présent, le traducteur est contemporain du texte. Il apporte quelques notes qui appuient ses choix tout en essayant de nous faire passer les implications de la langue. En effet, il s'agit bien d'un roman russe, dans lequel la langue russe est fondamentale. Mais on perçoit immédiatement la qualité de l'expression et le niveau recherché par l'auteur. D'une certaine manière, ça ralentit la lecture car on ressent le besoin de ne rien manquer. Par contre cette lecture lente est un réel plaisir.
L'histoire est aussi un prétexte pour aborder de nombreux sujets cruciaux de l'époque mais qui restent contemporains en enrichissant notre réflexion. Si le thème principal est le parricide, l'auteur aborde régulièrement les thèmes de la religion et l'athéisme qui se développait à l'époque (fin XIXè), dépeint la bourgeoisie russe de province (qui sera un des foyers des révolutions de 1905 et 1917), le fonctionnement de la justice par rapport au contrat social... Quelques textes sont de très grands morceaux de réflexion et m'ont profondément marqué : l'histoire du grand inquisiteur, le réquisitoire et la plaidoirie lors du procès...
Enfin, le déroulement du roman en lui-même le range dans la grande tradition romanesque russe. Les épisodes s'enchaînent de manière très précise et ont tous un rôle tant du point de vue de l'intrigue "policière" (car c'en est bien une finalement) que des thèmes abordés par Dostoievski.
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Pour moi, les confinements successifs auront eu au moins un point positif : me permettre de me lancer dans la lecture de Dostoïevski, l'Idiot l'an dernier, les Frères Karamazov cette année. Je ne vais pas faire une lecture savante de cette oeuvre, j'en suis bien incapable, comme dans l'Idiot j'ai eu du mal avec certains passages assez théoriques, philosophiques et éthiques, mais je vais essayer de livrer quelques éléments de mon ressenti.
Il y a plusieurs romans dans cette oeuvre. C'est d'abord une histoire de famille, avec plusieurs frères qui ont chacun leurs raisons pour ne pas aimer leur père, qui lui-même ne mériterait pas le nom de père selon la plaidoirie finale de l'avocat, ne les ayant pas élevés, et pas aimés. Ces frères sont trois, de deux mariages différents, et celui qui leur a tenu lieu de père n'est pas Karamazov, mais Grigori le domestique. Mais n'y aurait-il pas un quatrième fils, non reconnu mais présent dans la maison ? Aliocha se cherche un père adoptif, dans la figure du staretz Zosime, ce moine pour lequel il éprouve des sentiments filiaux, mais il se réfère aussi au Père, Dieu. Cependant, le père le plus émouvant est le capitaine, père d'Iloucha, l'enfant malade.
Le roman est aussi un roman philosophique, ou en tout cas de débats, sur la place de Dieu, le rôle de l'Eglise, l'athéisme, le socialisme, le nihilisme. Comme dans l'Idiot, je reconnais d'ailleurs que ces passages sont ceux que j'ai eu des difficultés à comprendre, le début du roman étant d'ailleurs assez ardu pour cela. Néanmoins, j'ai été fasciné par le chapitre "Le Grand Inquisiteur", au point d'en faire une critique à part. J'ai trouvé du dialogue théâtral dans cette entrevue entre le Grand Inquisiteur jésuite espagnol du XVIème siècle et cet homme, que la foule prend pour le Christ revenu sur terre, mais j'y ai lu aussi une dystopie glaçante avant même 1984, où la maîtrise de l'information et donc la définition de la vérité permet de contrôler le peuple.
C'est ensuite un roman d'amour, ou de désir. Amour d'Aliocha pour Dieu au début, rivalités entre les frères pour Katia, entre le frère et le père pour Grouchenka... D'ailleurs comme dans l'Idiot, les personnages féminins sont tous assez remarquables, même les secondaires. Et la confrontation entre la grande dame et la fille entretenue m'a rappelée celle entre Aglaé et Nastasia. Mais Lise la malade est elle aussi intéressante - j'ai pensé à la situation de la Pitié dangereuse de S. Zweig : Aliocha est-il vraiment amoureux ou se dévoue-t-il pour elle par pitié ? Sa mère aussi est un personnage complexe, bavarde fatigante, mais aussi manipulatrice désirée et désirante - une femme n'est plus vieille à quarante ans à la fin du XIXème siècle...
C'est ensuite un roman policier, presque un thriller : le crime est annoncé presque dès le début, mais Dostoïevski fait monter le suspense, qui culmine dans une scène d'angoisse, voire d'horreur. Ce n'est sans doute pas ce qui est le plus évoqué pour cette oeuvre.
Enfin, c'est un roman sur la fin de l'enfance et le début de l'adolescence. Que les jeunes sont cruels... Il y a de véritables récits de harcèlement, avant même que le concept ne soit théorisé, des hiérarchies dans la cours entre collégiens, des manipulations, des violences. Mais Kolia incarne aussi la pureté : extrêmement intelligent, il domine les autres, sait les manipuler, mais est aussi capable de sentiments sincères forts. Si Aliocha ressemble par certains côtés au Prince de l'Idiot, pour son optimisme et une forme de joie de vivre, Kolia fait penser aux jeunes gens de l'Idiot, les seuls à ne pas avoir une folie au coeur motivant leurs actions, et donc les personnages les plus positifs.
Moins éblouie que par l'Idiot donc, mais certains passages et certains personnages m'ont fascinée.
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Un livre exceptionnel à lire absolument.

Ce livre fait partie de ceux qui indéniablement m'auront marquée à tout jamais.
J'avais, jusqu'à présent, ressenti cette subjugation absolue pour Proust et la Recherche.
Jamais je ne me lasse de lire et relire des extraits, et pas un jour ne passe sans que je lise du Proust.

Les frères Karamazov ont fait sur moi le même effet, le même ébahissement. Bien sur cela n'a rien à voir et pourtant les 2 sont des monuments de la littérature mondiale et ce n'est pas par hasard.

On pourrait le relire, à peine terminé, tant il est riche.

Les thèmes abordés sont multiples et d'une grande contemporanéité, malgré les années qui nous séparent de sa sortie.

C'est toute l'âme humaine qui est vue sous ses innombrables facettes, ce sont toutes nos questions existentielles qui sont posées, le tout servi par une écriture bien particulière, que je découvrais dans cet ouvrage , premier roman de Dostoïevski auquel je m'attaquais.
J'ai eu la chance de découvrir cette écriture dans la traduction d'André Markowicz qui donne à ce texte une présence incroyable.
J'ai appris depuis qu'il était désormais la référence absolue pour ses traductions de Dostoïevski.

Jamais je ne me suis ennuyée, pas une seule fois j'ai été tentée de passer certaines pages.... ce n'est tout juste pas possible, tant à la fois l'intrigue ( car il y a meurtre...) que les descriptions des personnages ou leurs pensées nous tiennent en haleine et pourtant , Dieu que c'est long !

Il faut un peu de temps devant soi, un peu de concentration, car parfois les sujets sont philosophiques et nécessitent de l'attention, voire de la relecture, mais c'est vraiment une expérience merveilleuse.
Je crois que ce livre pourrait tout à fait être emporté sur une ile déserte car quelque soit l'extrait choisi le lecteur sera comblé.

J'ai hâte de voir l'adaptation théâtrale qu'à faite Sylvain Creuzevault et qui passe à Lyon en octobre....

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Fan de Dostoïevski pour Crime et Châtiment et le Double, pour ce mélange improbable que j'adore, celui de la folie et de l'intensité du roman russe du XIXe siècle, couplée au thriller psychologique, cela faisait maintenant plusieurs années que je n'en avais pas lu. Je décidai, alors que le confinement fut annoncé, de me lancer dans ce qui est considéré comme son Magnus Opus, son dernier roman, le plus immense, Les Frères Karamazov, où la thématique policière est reprise, avec un célèbre parricide. Je n'en savais pas plus. Alors certes, j'ai apprécié, mais je suis loin d'avoir eu le même coup de coeur qu'avec les précédents, et surtout qu'avec Crime et Châtiment. Les Frères Karamazov m'a davantage fait penser à un roman difforme, monstrueux, inachevé (qui appelait à une suite que Dostoïevski n'aura malheureusement jamais le temps d'écrire), un peu comme lorsqu'on lit certains romans d'Hugo défigurés par les digressions ou passages moins inspirés (sauf qu'avec Hugo, on est emporté dans un souffle épique d'une intensité rarement égalée, qui fait oublier ses passages potentiellement en trop, on vit un opéra romantique tragique). Mais la conception de ce gigantesque texte est un miracle, Dostoïevski étant alors littéralement assailli de crises d'épilepsie. On ne peut que s'émerveiller qu'il ait réussi à bâtir un roman aussi considérable, truffé de longues réflexions métaphysiques et religieuses, avec énormément de personnages, dans un tel état de santé!

L'on nous présente d'abord Fiodor Pavlovitch Karamazov, un individu qui passe son temps à faire le bouffon, à offenser les autres en public, qui semble ne pouvoir s'en empêcher, et y prendre un malin plaisir. Cependant, on est chez Dostoïevski, et le personnage est plus complexe qu'il n'y paraît. Il admet à un moment faire le bouffon par désenchantement face à la vilenie qui l'entoure. Il pourra se montrer attachant par moments.

Bref, ce personnage n'a pas élevé les enfants qu'il a eus, trois frères (ou demi-frères), aux caractères extrêmement différents. Pierre Pascal aime à voir en eux trois facettes, ou plutôt trois périodes de la vie de Dostoïevski lui-même. Il y a d'abord Dmitri (ou Mitia), le mal dégrossi, le brut de décoffrage, le fou furieux en apparence, perpétuellement victime de ses coups de sang et de ses coups de foudre, qui ira s'enivrer et se battre au cabaret, déclarer sa flamme et vouloir se brûler la cervelle... Bref, le personnage russe par excellence. Mitia est tout de même obsédé par l'honneur, ce qui est extrêmement important dans le roman. Puis il y a Ivan, l'intellectuel socialiste athée (autrement dit, tout ce que détestait Dosto), auteur d'un article remarqué, remettant en cause l'existence de Dieu, et établissant que "tout est permis" sur Terre pour l'Homme, si affranchi du poids du regard divin (j'ai parlé de parricide, et maintenant j'évoque cette réflexion, peut-être voyez-vous où veut en venir le roman?). Enfin, il y a Alexei (ou Aliocha), le héros du roman d'après Dostoïevski (sa préface est d'ailleurs hilarante, brodant sur le thème de l'inutilité-même de cette préface, dans une contradiction comique digne de Kundera). Aliocha est religieux et un saint absolu. Il passera le roman à essayer d'aider son prochain, à écouter, conseiller et apaiser tous les personnages secondaires complètement enfievrés, dans une exemplarité qui sidère, dans le meilleur sens du terme.

Il y a un début mémorable au monastère, où les trois frères essaient de régler, en vain, auprès du Starets Zosime (figure tutélaire d'Aliocha), la querelle entre Mitia et leur père au sujet de l'héritage, et de leur rivalité pour Grouchegnka. Celle-ci est une fille publique qui s'amuse à aguicher les hommes, qui a aguiché Mitia comme Fiodor, qui se la disputeront les trois quarts du roman, noeud de l'intrigue. Très vite, le parricide est évoqué, dans les coups de sang de Mitia. Dostoïevski réussit le tour de force de nous intéresser à la vie des trois frères, de leur père, des personnages secondaires, en faisant monter la tension et le suspense quant à la concrétisation semblant toujours plus imminente de ce parricide, de sorte que l'on ait rarement envie de lâcher le roman, sauf lors de très nombreuses discussions théologiques entre les personnages. Il y en a en effet énormément, on sent que Dostoïevski voulait livrer son ultime roman sur la religion en plus de l'intrigue du parricide, et si elles peuvent être passionnantes, on en fera vite un trop plein, particulièrement lors des sections consacrées à la vie et la pensée du Starets Zosime... Heureusement, par la suite, elles diminueront, mais il faut s'accrocher lors de ces parties... J'ai néanmoins bien apprécié le chapitre "L'Odeur délétère"! :p Il est un défi essentiel pour Aliocha, outre l'humour trivial et blasphématoire.

L'on a du mal à retenir la pléthore de personnages secondaires qui peuplent le roman, l'on s'attachera donc à quelques-uns, la Khokhlakov atteinte de diarrhée verbale (les délires de Mitia sont aussi un beau tour de force littéraire de bazar de l'esprit absolu), Lise (l'on déplorera que Dostoïevski abandonne on ne sait trop pourquoi sa romance avec Aliocha), les enfants Ilioucha et Kolia Krassotkine, Sniéguiriov offensé, Catherine Ivanovna, épouse de Mitia finalement éprise d'Ivan alors que Mitia la délaisse pour Grouchegnka, le valet Smerdiakov (dont l'histoire est fort intéressante), les vieux domestiques, Rakitine le séminariste ambitieux absolument puant qui insulte sans arrêt la religion, le ridiculissime Docteur Herzenstube toujours à la ramasse (là, j'ai compris les paroles d'un de mes directeurs de recherche "Dostoïevski détestait les allemands")...

Le principe du roman est très simple : L'on assistera à la montée toujours plus enfievrée de Mitia aimant toujours plus Grouchegnka, et voulant s'assurer que son père ne la lui ravisse pas. Mitia ayant le tempérament qu'on lui connaît, il ne cessera de crier sur les toits, ivre de vodka et d'amour, qu'il finira par tuer son père... Les considérations philosophiques d'Ivan sur son fameux "tout est permis", seront loin de nous rassurer et le dépeindront quant à lui sous un jour sinistre pendant la majeure partie du roman. Jusqu'au soir où Mitia cède à la pulsion, se rue chez son père en pensant y trouver Grouchegnka, s'enfuit après un éclair de lucidité mais assomme le domestique. Sauf que ce soir-là, Fiodor Pavlovitch sera bel et bien assassiné... Là, le roman prend vraiment toute son ampleur et le côté proto-policier que l'on aime chez Dostoïevski démarre, pour ne plus s'arrêter, même s'il était déjà là avec le suspense constant du parricide, et même la scène où Mitia déboulait chez son père pour lui fracasser le crâne! Comment voulez-vous faire plus coupable idéal? le bougre s'est passé les menottes dès le début...

Mitia s'est empêtré tout seul dans la situation où il se trouve avec une maladresse rare dûe à son tempérament, par ses coups d'éclat et déclarations qu'il ne peut réprimer, mais on le sait innocent... Qui est le coupable? Ne vous fiez pas trop à ce que j'ai écrit, j'ai tâché de ne pas spoiler...

Toute la dernière partie du roman est excellente, avec surtout les joutes oratoires au tribunal absolument admirables, dignes d'un legal thriller au XIXe siècle, avec des plaidoiries hallucinantes dans leur argumentation, quand bien même Dostoïevski semble là aussi se moquer de ce genre de raisonneurs... Il y a aussi de chouettes passages avec Ivan, sa conversation avec le Diable, et bien sûr, les diverses allées et venues d'Aliocha n'ayant de cesse d'apaiser et de guider son prochain. Il y a toujours plus un côté hyper romanesque, à la russe, dans le roman, où les coups de théâtre n'ont de cesse de s'enchaîner, surtout avec les tourments sentimentaux des personnages qui multiplieront les coups d'éclat, se dédiront pour l'honneur, pour se raviser encore, puis se livrer, etc. L'on fera des découvertes littéraires tout au long du roman, de par les références incessantes à Schiller, Nekrassov, Ann Radcliffe, et des auteurs que je ne connaissais absolument pas.

Il n'en demeure pas moins que la fin nous laisse un goût d'inachevé quant au sort de Mitia et Ivan, ce qui est fort dommage. On regrettera que Dostoïevski ait été emporté juste après ce roman sans pouvoir accoucher de la suite qu'il comptait lui donner. Mais l'oeuvre qu'il laisse est tellement considérable... Je suis heureux d'avoir lu ce qui est considéré comme son sommet, même si mon appréciation comporte ces réserves. C'est un sacré roman. On va revenir à quelque chose de moins ambitieux et volumineux, maintenant...
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Une oeuvre magistrale !
Un très grand classique de la littérature, dont on ne sort pas indemne.
Dostoïevski aborde des questions qui nous nous font cogiter : la religion, l'amour passionnel , l'honneur ... et on s'attache aux 3 solides personnages, les 3 frères : Dimitri le débauché, le fou d'amour, l'impétueux
Ivan le savant, le torturé, le rationaliste
et Aliocha, l' angélique, est bon et amour.

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Dostoïevski construit une erreur judiciaire autour du meurtre du médiocre bouffon Fiodor Pavlovitch, épris de la cupide Grouchegnka et père de trois frères dont l'aîné, Dmitri convoite également la Grouchegnka.

La première moitié m'a fait l'effet d'une comédie burlesque, supportant des conceptions philosophiques (pour ma part stériles) sur la foi, l'existence de Dieu, l'impunité, l'amour, le marxisme.
La suite, la fête, le meurtre, le procès, les interminables réquisitoires où par trois fois il s'adresse au lecteur pour dire qu'il ne va pas une nouvelle fois raconter les faits, ce qui me fait l'impression qu'il sait très bien qu'il nous emm...

On sent qu'il aimerait construire des psychologies complexes comme la versatile Catherine Ivanovna ou les mensonges de Mitia et Smerdiakov mais il en fait trop, et on ne peut plus éprouver d'empathie pour des personnalités qui me font l'effet, tu sais, de la couleur infâme du verre d'eau quand les enfants ont fini une séance de couleur à l'eau;-)

J'en tire un du lot, le Starets Zosime, prônant une religion moderne, une religion d'amour.
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