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EAN : 9782072453250
216 pages
Joëlle Losfeld (06/10/2011)
3.75/5   4 notes
Résumé :

Cette trilogie, à mi-chemin du polar et du roman réaliste, invite à une réflexion sur le sens de la vie, la quête de l'amour et l'impact des médias dont la folie est le moteur. Tous les protagonistes vivent à Babylone, ville où tout est possible, même l'impossible. Ainsi on y croise un soldat déprimé, un journaliste sadique, un chien bizarre, un écrivain en devenir, un commissaire dépressif,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Visite échevelée d'une moderne Babylone, au montage serré, où les destins tourbillonnent ironiquement dans l'abîme...

Ce triptyque de 2009 (dont la première partie, "La naissance de la télévision selon le Bouddha", avait été publiée en 1995) nous plonge au coeur d'une moderne Babylone, dont un montage serré de plans vifs nous révèle rapidement les facettes : sauvage guerre humanitaire en Asie, criminalité galopante, concurrence exacerbée entre médias pour la chaleur du scoop, persistance des rêves et des aspirations malgré la déliquescence,... Comme si la substance du "Tous à Zanzibar" de Brunner avait été filtrée, condensée et épurée pour parvenir à son essence...

"Ils leur avaient dit :
- Nous allons défendre les valeurs essentielles de notre culture. Nous allons combattre pour les intérêts économiques majeures de l'Occident. Nous allons combattre pour le droit d'avoir des boissons gazeuses dans nos frigidaires, et de l'essence dans les réservoirs de nos voitures.
Non, en fait, ils ne l'avaient pas vraiment dit comme ça, mais personne n'était dupe. Enfin, pas lui, en tout cas. Les dés étaient pipés depuis le début. Que lui restait-il à faire d'autre, sinon compter ?
Il avait inventé de nouvelles équations, avec de multiples paramètres entrant en ligne de compte : la durée des missions, la distance des cibles, le nombre de corps divisé par le temps passé sur le terrain d'opérations... Il avait des chiffres. Il avait des diagrammes. Tout cela était perdu maintenant, brûlé avec son sac à dos par les balles au phosphore. S'il était resté encore un peu là-bas, il aurait pu commencer à tirer les conclusions de son travail... Un an de patience, à relever systématiquement toutes les données auxquelles il avait directement accès - et pour cause ! -, un an de perdu en quelques secondes. Seule l'absurdité de tout cela demeurait à présent."

C'est en extrayant quelques personnages choisis au sein du bourbier que les deux parties nouvelles, "Taureau jaune" (où un serial killer est pourchassé par un commissaire prodige, fatigué, mais comme "aidé" par les rêves d'un Tim Powers sous amphétamines) et "Les jardins de Babylone" (où le statut marchandisé ultime de la littérature et de l'assassinat légalisé donnent les deux clés manquantes et provisoirement finales), nous permettent d'atteindre une vision totale de cette société abyssale, pourtant simple "développement" de la nôtre.

"Aujourd'hui, c'étaient plutôt les ouvrages d'anthropologie et de philosophie qui l'attiraient. D'autres poèmes, d'autres mystères cristallisés autour du jeu des questions et des réponses... Mais Valentino était un bon poète, et il vivait selon les contraintes obscures de sa passion.
Tout avait un sens, selon lui. Les mots avaient un rôle crucial, séparant, divisant le monde entre le bien et le mal et définissant l'écart entre ces parallèles. C'était, selon lui, la mission commune aux écrivains et aux policiers. Il écrivait des tas de choses là-dessus et, franchement, il semblait obsédé par ce thème.
C'étaient de bons poèmes malgré tout, même s'ils ne changeraient jamais rien à ce foutu monde. À vrai dire, c'était cela que Ratner respectait le plus chez son jeune partenaire : son attachement à une passion inutile.
Cela demandait du courage, de nos jours."

Le propos est servi par une écriture serrée, subtilement ironique, jouant avec les angles de vue autant qu'avec un personnage de narrateur pirandellien, et au total plutôt éblouissante.
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La trilogie babylonienne est un assemblage de trois romans frères ; ils se déroulent tous dans une cité imaginaire nommée Babylone, une cité dont les dérives vont en s'amplifiant mais qui ressemble néanmoins beaucoup aux nôtres.

La première partie, « La naissance de la télévision selon le bouddha », forme une mosaïque de very Short cuts autour des personnages de l'infatigable journaliste TV Sheryl Boncoeur, prête à prendre tous les risques pour alimenter un voyeurisme extrême, de son caméraman Bill qui finira la gorge traversée par une balle explosive, de Lee Jones, écrivain incompris qui finalement rencontre le succès tout en restant incompris, et du sergent américain Steve Kerinsky, qui essaie de donner un sens à une guerre absurde en comptant les corps, la durée des missions, la distance des cibles, bref, tout ce qui peut être compté.

Dans « Taureau jaune », Babylone est maintenant minée par les gangs et par une violence sans cesse croissante. Là, le commissaire Georg Ratner, habité par l'amour de sa femme qui se trouve dans un coma végétatif et le désir pour sa maîtresse, tente sans conviction de retrouver un tueur en série, avec les rêves pour ultime recours.

Enfin, dans « Les Jardins de Babylone », les autorités ont légalisé le crime sous contrat, pour tenter d'endiguer la violence et pour équilibrer les finances de la cité. En contrepartie de leurs crimes, les assassins légaux peuvent avoir le privilège de voir leurs livres publiés. On croise ici un assassin légal, un écrivain « subversif » auteur d'un best-seller clandestin, et la compagne junkie d'un poète génial mort d'une overdose avant la consécration de voir son nom imprimé sur un livre.

La Trilogie babylonienne forme un kaléidoscope fluide, un puzzle violent à caractère prophétique. Avec les correspondances tout au long du roman, une toile de fils ténus mais solides se tisse, pour former un tout très nettement supérieur à la somme de ses trois parties.

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critiques presse (1)
Lexpress
09 novembre 2011
La fantaisie de Doubinsky contamine - avec style et entrain - cette joyeuse et grinçante satire de la société globale médiatique. Bienvenue dans les jardins sponsorisés de Babylone!
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Quelque chose claqua à l'intérieur de Sheryl.
Ses mots se mélangèrent à la salive de sa langue, et sortirent de ses mâchoires serrées en une mélodie improbable. Elle ramassa la camera poisseuse de sang mais qui marchait toujours, et se mit à parcourir ce chaos, filmant sans discontinuer. La petite lumière rouge était son étoile du berger, la guidant à travers ce dédale obscur de violence et de folie.
C'était là la seule lumière qu'elle voyait.
Lorsque les hélicoptères de secours atterrirent enfin, elle filmait toujours, entourée d'un monceau de cadavres qui l'avait miraculeusement protégée des balles et des éclats d'obus. Elle chantait pour elle-même un air qu'aucun des infirmiers ne put reconnaître.
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Une voiture passa à côté d'eux. Puis une autre. Et encore une autre. Le flot s'épaississait de minute en minute comme une rivière aveugle qui coulait sans jamais vouloir s'arrêter vers une nouvelle journée de travail et d'absurdités.
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