Depuis une centaine d'années, nous sommes ainsi tenus informés de tous les progrès enregistrés sur cette voie et, notamment, de tous les signes avant-coureurs qui conduisent nos philosophes bricoleurs à sentir le Surhomme rugir en eux ou en leurs personnages lors de chaque coït contre nature perpétré ou imaginé.
En fait — je crains de provoquer ici quelques déceptions —, je ne suis pas sûr que le Surhomme soit tellement incliné à foutre : cette activité naturelle est tout juste bonne à désigner le dernier homme.
Toute l'œuvre de Joyce tourne autour de la trinité, je ne parle pas seulement des ruminations et des références plus ou moins hérétiques de Stephen, dans Ulysse, sur les questions de la Loi et de la filiation nouées dans la trinité, je parle de l'écriture de Joyce organisée à partir de la trinité comme centre de gravité absolu du verbe, dans lequel toutes les langues de la terre viennent, indifféremment, follement, par éclats multiples, se réfracter.
L'idée unaire rend possible l'installation du continu là où on ne pouvait voir que non-correspondance, non-rapport, hiatus, solution de continuité... L'idée unaire se joue en effet de l'ordre disciplinaire — celui du partage des disciplines, selon un découpage thématique où chaque mini-rationalité binaire (causale ou différentielle) déploie sa juridiction locale et découpe, voire tronçonne, le sujet parlant.
Si l'homme vainquait un jour la mort, s'il se faisait le maitre de ses programmes biologiques binaires, il n'aurait plus à intégrer la mort au fondement de son système symbolique. Alors l'homme ne raconterait plus, n'aimerait plus, ne jouirait plus, ne haïrait plus.
Le phénomène trans I Dany Robert Dufour