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C'est un défi peu ordinaire qu'a relevé Marc Dugain en écrivant Tsunami pour se mettre dans la peau d'un président de la République fraîchement élu.
Défi relevé, défi réussi pour cette dystopie très proche d'aujourd'hui, dystopie qui m'a plongé dans les arcanes du pouvoir où sévissent ceux qui sont censés veiller sur nos vies et assurer notre avenir.
Ce nouveau président le reconnait d'emblée, s'il a déjoué tous les pronostics, c'est grâce aux GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), lui qui promet de s'attaquer efficacement au réchauffement climatique.
Comme il est déjà bien tard, il ne faut plus espérer béatement et décider de mettre en place le bilan carbone individuel grâce à la technologie digitale. Ainsi, chacun se verra attribuer un bonus fiscal ou un malus.
L'autre volet principal de la réforme voulue par ce président, c'est la suppression du Sénat - « la Chambre des bourgeois balzaciens » - et son remplacement par une Chambre virtuelle permettant à tous de voter sur les sujets d'importance.
C'est en mettant en avant sa volonté de favoriser l'enseignement à distance, la voiture autonome, les objets connectés, l'aide à la logistique de livraison par drone des achats sur internet qu'il a séduit les jeunes tout en s'alliant les géants du numérique américains. En même temps, par contrecoup, il s'est aliéné tout soutien de l'autoritarisme russe.
Petit à petit, je fais connaissance avec l'équipe du nouveau président : le secrétaire général de l'Élysée, le premier ministre, sa conseillère et différents ministres, suivant les événements qui se bousculent rapidement.
Dans Tsunami, Marc Dugain décortique avec talent la vie quotidienne d'un chef d'État, tous ses soucis, ses maladresses, son passé qui remonte au plus mauvais moment et sa vie sentimentale. Il apprend même qu'il est père d'une petite fille mais je n'en dis pas plus…
Il est aussi très intéressant de revenir en arrière et d'apprendre comment cet homme a réussi dans la vie avec Hugo, spécialiste du génie génétique. Leur start-up avait prospéré au-delà des espérances grâce à ces fameuses cellules souches permettant de rajeunir nos cellules d'au moins 30 % et de prolonger notre passage sur terre.
J'ai aussi bien aimé le détail de sa campagne électorale et la démonstration de l'utilisation de la drogue, de la coke, devenant vite systématique : faut tenir le coup et assurer l'enchaînement des meetings pour galvaniser les foules.
Au travers de tous les problèmes auxquels se confronte notre homme, c'est un tableau réaliste et plein d'enseignements que brosse Marc Dugain à propos de notre société qui se débat actuellement au sujet de cette soi-disant intelligence artificielle.
C'est aussi l'occasion de dresser un constat très réaliste sur la société américaine. Plus tard, c'est au tour du dictateur russe de faire étalage de son autoritarisme et de son mépris pour nos démocraties qu'il menace d'un tsunami.
Je note au passage un grand moment du livre lorsque, en marge de l'inauguration d'un hôpital psychiatrique, le président s'isole avec le médecin-chef. Ensemble, ils abordent l'état mental de notre pays, cette perte de l'altérité, ce délire psychotique sonnant la fin de la normalité.
Quand deux millions de manifestants hostiles se préparent - « des gens contre tout mais en faveur de rien » - le pouvoir tremble car les réseaux sociaux sont déchaînés en bien comme en mal. Alors, je laisse ce président imaginaire, tellement réaliste, tenter de rester maître de la situation, même si l'essentiel n'est pas là.
En effet, Marc Dugain, tout au long de Tsunami, m'a fait prendre conscience d'une réalité n'incitant pas à l'optimisme, réalité qu'il faut pourtant bien affronter. C'est pourquoi Tsunami est un livre qui m'a souvent fait réfléchir et fréquemment inquiété. Un roman réaliste, à lire assurément !

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Marc Dugain fait partie des écrivains que j'affectionne particulièrement. Ses romans qui s'attachent à décrire des univers très différents où les personnages sont confrontés à la grande histoire tels La chambre des officiers, La volonté, Transparence, La malédiction d'Edgar et Paysages trompeurs m'ont à chaque fois enchantée. Avec Tsunami, je n'ai pas été déçue, loin de là !
Roman d'anticipation, Tsunami nous plonge dans le quotidien du prochain président de la république française et une certaine réalité des enjeux de la société actuelle.
C'est ce tout nouveau président qui vient juste d'être élu qui est le narrateur.
Cet homme a été élu après avoir fait fortune grâce à son génial ami Hugo avec qui il avait créé une start-up de biotech. Cette société dont ils ont été les deux fondateurs a promis une avancée majeure : grâce au travail d'Hugo sur les cellules souches, dans les cinq ans à venir, tous les hommes et les femmes verront leur espérance de vie augmenter de vingt à vingt-cinq ans.
Le nouveau locataire de l'Élysée soutenu par les GAFAM nous fait vivre en direct son quotidien, un quotidien qui n'est pas de tout repos. Ça commence d'ailleurs plutôt mal pour lui.
La grande réforme qu'il veut porter coûte que coûte : imposer l'individu en fonction de son impact sur l'environnement en utilisant la technologie digitale promet déjà tout le monde dans la rue.
Menacé par des affaires compromettantes, les ennuis s'amoncellent…
Avec Tsunami, nous voilà dans la tête d'un président qui gouverne une France de plus en plus agitée et notre diable d'homme jongle en permanence avec tous les problèmes qui se présentent, tentant de sauver ce qui reste de la démocratie. Un rythme effréné et une solitude extrême, se retrouvant même face à sa responsabilité de vie ou de mort. Les moments de répit sont rares et on les savoure, celui notamment de la visite à la mère-porteuse de sa fille.
La force de Marc Dugain est d'avoir su de façon romanesque dans un récit truffé de rebondissements faire un tableau plus que réaliste et plutôt très inquiétant de notre démocratie qui est en train de se déliter en brossant le portrait d'un président cynique , roublard, opportuniste mais pourtant capable d'humanité.
La question du pouvoir, la démocratie, le populisme, les rapports de force internationaux, la radicalisation, la psychiatrie, les nouvelles technologies, les GAFAM, l'espionnage et le réchauffement climatique, sont autant de thèmes d'actualité abordés de façon ultra vivante et brillante dans Tsunami.
J'ai beaucoup apprécié la réponse du psychiatre à la question du président, à savoir son opinion sur l'état mental du pays même si la conclusion de cette parenthèse philosophique est plutôt pessimiste.
L'asservissement numérique et la capacité de rajeunissement par la génétique cellulaire, deux des thèmes forts du roman sont déjà en cours d'accomplissement pour le meilleur et pour le pire.
Si un phénomène sismique est annoncé en fin de roman et donne ainsi bien justement son titre au bouquin, Marc Dugain termine très fort car il réussit par une pirouette à en tirer une happy end.
J'aurais juste souhaité que ce livre aussi drôle soit-il, ne colle pas tant à la réalité.
Pour comprendre les enjeux de la société dans laquelle nous vivons, l'analyse fine, remarquable et à la fois captivante que Marc Dugain livre dans Tsunami est à lire de toute urgence.

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Président 2.0

C'était hier. C'est aujourd'hui. Ce sera demain. Une époque virtuelle dans une réalité métaverse.
La chronique d'un homme au pouvoir, qui dans la plus grande solitude, exerce ses fonctions de président de la république.
Allié et soutenu par les géants du numérique, il porte ses projets, déterminé à réformer un pays agité.
Insuffler de la vie à une démocratie qui s'essouffle. Faire l'apologie de la fiction quitte à ce qu'elle devienne la réalité de chacun.
Le virtuel, promesse d'un homme immortel, qui n'a pourtant pas encore entièrement annihilé la réalité.
Réalité qui se manifeste sous la forme de gros nuages noirs s'amoncellant à une vitesse vertigineuse. Des affaires complexes, compromettantes. Une tension de tous les instants.
S'assurer de l'unité d'un pays n'a rien d'une sinécure. Plus encore lorsque le chaos s'invite également dans la vie personnelle du locataire de l'Elysée..

D'un trait de plume affuté, Marc Dugain nous dévoile le quotidien sous adrénaline d'un président de la république.
La lecture est plaisante. Les chapitres courts défilent sous yeux aussi rapidement que le rythme effréné de la vie Élyséenne.
Le récit s'achève d'ailleurs presque trop vite sur une figure de gymnastique artistique qui se veut spectaculaire mais un tantinet trop virtuelle.





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Moi Président...
Le célèbre syntagme du livreur de croissants en scooter, aurait pu servir de titre au dernier roman de Marc Dugain.
Si moi président, j'imposerai l'usage du mot « chocolatine » et si moi président, j'interdirai la circulation des campings cars sur les routes de montagne, mais comme moi, pas président, ces décisions fondamentales pour la société ne seront jamais tamponnées au 49-3.
« Je » présidentiel », le prochain président livre ses confessions dans un roman que je qualifierai davantage d'intuition que d'anticipation tant le réalisme ombrage ici la fiction.
Sponsorisé par les GAFAM, le narrateur, qui a fait fortune grâce à une start-up qui doit tout au génie d'un ami, est élu sans avoir la vocation ou l'obsession du pouvoir à la présidence d'une république fatiguée. Il présente son action sous forme de confessions sans filtre ni pardon.
L'homme se veut innovant, terme qui sera donc toujours à la mode dans 5 ans. Il veut supprimer le sénat, pourtant meilleur Ehpad de France, et imposer les contribuables en fonction de leurs émissions en CO2. Ses réformes vont mettre la France dans la rue et confirmer notre appétence pour la randonnée.
Ses ennuis ne vont pas s'arrêter là. Sa dealeuse de cocaïne va se faire arrêter, son épouse journaliste n'a pas le goût des pièces jaunes et pour une figuration en first lady, Poutine patine toujours sur les démocraties, une mère porteuse d'emmerdes et d'espérance à Mazariniser, les chinois sont chez moi, son surmenage avec dix sollicitations à la seconde et ses conseillers aux intelligences artificielles. La routine d'un président avec une frontière sans douane entre le compromis et la compromission.
Autant j'avais été déçu par ses derniers romans qui digressaient trop en direction d'un complotisme de zinc avec un auteur qui croyait un peu trop aux histoires qu'il racontait, autant « Tsunami » emporte tous mes suffrages. Elu avec un score de dictateur. C'est simple, je classe ce roman en seconde position dans l'oeuvre de Dugain derrière l'inégalable « La malédiction d'Edgar » et juste devant la trilogie de « l'Emprise ».
L'auteur a retrouvé son humour, perdu à trop fréquenter les milieux autorisés qui tournent en rond, il inflationne (verbe que je propose d'ajouter dans le dictionnaire) les rebondissements, et il ne manque ni d'intuition, ni d'inspiration ou plutôt d'expirations sur un système à bout de souffle.
Moi président, surement pas. Je ne saurai plus après qui râler.
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« Toute ressemblance avec des faits et des personnages existants ou ayant existé serait purement anticipée et ne pourrait être que le fruit d'une intention délibérée », tel est l'avertissement qui pourrait introduire Tsunami qui raconte les débuts d'un président de la république à la tête de notre start-up nation.

Placé là par les GAFAS (oligarques, rois du digital) qui ont promis de financer un revenu universel en contrepartie des données des internautes, le Président prévoit taxer les émissions carbone de chaque français, limitant ainsi leurs déplacements pour les confiner devant leurs écrans et les rendre esclaves du monde virtuel projeté sur leurs terminaux. Ce projet suscite un tsunami de protestations et de manifestations de la part de français rétifs au modèle social (carcéral) chinois.

En même temps, le président voit son sulfureux passé sortir de l'ombre. Drogue, fric, paradis fiscal, sexe … les services de renseignements chinois et russes sont presque aussi efficaces que les GAFAS pour lire passé et présent et un tsunami de chantages menace l'image du nouvel élu.

Mais qu'est ce que la vérité ? Dans un monde de fake news, de vérités alternatives, de photos et de vidéos imaginées par l'IA, l'électeur est facile à submerger par le tsunami des réseaux sociaux et des médias.

Disposant d'excellents matériaux, Marc Dugain peine à planifier la conclusion de son intrigue et balance entre une « heure de vérité » (chapitre 42) et une « happy end » (chapitre 44) décevante.

Cet ouvrage, présenté comme le journal manuscrit du président, se trouve condamné à un nombrilisme certain, qui exclut toute vision politique et réduit drastiquement les dialogues, les échanges inter personnels, et gomme l'humanité des acteurs. C'est dommage car la rencontre avec un psychologue ou une paysanne auraient pu initier des réflexions philosophiques et la question de la Vérité mériter une réponse éthique.

D'où une impression mitigée sur ce roman qui semble vraisemblable (lanceur d'alerte), probable (hélas), inégal, assez superficiel (Frexit) et dont la conclusion semble bâclée et assurément infantile.

Loin de valoir « La malédiction d'Edgar », ce titre est, à mon humble avis, meilleur que « Ils vont tuer Robert Kennedy » mais il doit être lu car il alerte et mobilise contre les menaces de « Big brother » et des projets législatifs actuels qui sont un tsunami destructeur de nos libertés et des valeurs démocratiques.

PS : Ils vont tuer Robert Kennedy
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Un titre qui m'interpelle, aucune critique encore parue pour m'orienter et une seule phrase pour quatrième de couverture : « Entrez dans l'univers à la fois feutré et violent de l'Elysée. ». Souhaitant souvent lire Marc Dugain (je n'ai lu que la chambre des officiers il y a des années), cette lecture est une aventure à l'aveugle dans laquelle j'ai hâte de me jeter.
.
L'avertissement auquel je commence par me heurter intensifie ma curiosité : « dans les cinq prochaines années, en intervenant sur nos cellules directement, nous serons capables de les rajeunir d'un bon tiers de leur existence passée, certitude d'une cure de jouvence sans précédent. Ce livre tient compte de cette certitude. »
.
« Ce livre » est une sorte de chronique ou mémoires de l'un de nos futurs présidents de la République française, dans un futur assez proche pour permettre à l'auteur d'analyser notre situation nationale et mondiale actuelle sous l'oeil de son personnage, tout en imaginant un scénario pimenté d'un soupçon d'anticipation. Ce journal intime est plus destiné à servir de miroir réfléchissant à son auteur, dans lequel il puisse se regarder, qu'à être publié. Il mêle ainsi le profondément intime à la chose publique, gardant à l'esprit que « écrire pour soi-même est un art littéraire particulier et qu'on y réussit finalement qu'avec l'idée de s'adresser aux autres ».
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Ce qui potentiellement fascinera dans cette lecture sera donc l'ouverture des portes de l'Elysée et les manoeuvres politiques inhérentes aux jeux de pouvoirs et d'influences. J'avais bon espoir aussi d'être passionnée par le scénario : Un Président vient d'être élu dont l'ambition est de nous sauver du réchauffement climatique en faisant appel à la responsabilité de chaque citoyen (dès l'instant, on se doute que ça ne va pas bien tourner^^), en incitant à une diminution de la course à la consommation et en sanctionnant fiscalement les « mauvais » citoyens qui consommeront mal. « Il faut viser le consommateur…et le rendre vertueux. Et on appellera ça le passe environnemental individualisé. »
Evidemment, tollé prévu de la part des industriels et des consommateurs. Et puis, comment savoir ce qu'ils consomment ? C'est la faille du plan : en s'appuyant sur les GAFAM qui, certes, ne sont pas sans impact sur le climat mais l'ont fait élire et espionnent tout le monde - toute réforme doit bien commencer quelque part. Peut-être que s'il accepte de renoncer à son projet de remplacer le Sénat par une consultation populaire virtuelle, le Sénat votera-t-il pour ses mesures pour le climat…?
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Mais pendant que les citoyens seront dans la rue, d'autres affaires appartenant à sa sphère privée ressortiront, menaçant d'entacher la réputation de ce nouvel élu voire, pire encore, la démocratie elle-même lorsque notre sempiternel Poutine s'en mêlera..!
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Sans savoir pourquoi, je m'attendais à ce qu'un thème ou une intrigue soit exploité en profondeur par cet auteur. Or, même s'il est bien construit et exploite en partie les thèmes annoncés, ce court roman survole au contraire assez superficiellement les divers aspects d'un mandat présidentiel sans s'attacher ni développer une intrigue ou un sujet en particulier - ce qui a permis à l'auteur de conclure son roman à cette image. Ca lui donne une légèreté inattendue (je pensais ses romans plus sombres mais j'irai en explorer d'autres), d'autant que la plume de l'auteur est fluide et les chapitre courts. A tel point que la fin nous laisserait presque sur notre faim…
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Mais c'est le parti pris de l'auteur et il démontre aussi, je pense, qu'il n'existe pas vraiment de fin à cette histoire universelle au coeur du pouvoir, car à une affaire en succède immédiatement une autre, quand elles ne se chevauchent pas. Pour autant, j'ai beaucoup aimé les réflexions que l'auteur ne manque pas une occasion de soulever, ainsi que le scénario qui, bien que manquant clairement de tension au vu des enjeux évoqués, m'a agréablement divertie dans sa simplicité, son enchainement, sa construction. Je suis simplement un peu déçue de refermer ce livre, aux pistes de réflexions intéressantes, sans qu'il m'en reste finalement une impression consistante, même si à la lecture je ne me suis pourtant pas ennuyée. Vite lu mais, je le crains, vite oublié, malgré beaucoup de bonnes idées.
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« J'évolue dans un monde totalement suranné, celui de la présidence. Il ne manque pas de charme pour autant. Tout y est organisé pour nous rappeler le passé, le cultiver, probablement parce que c'est là, plus que dans l'avenir, que se forge le peu de sacré qui reste attaché à ma fonction. »

Il est malin, le Marc Dugain, d'avoir flairé et anticipé la meilleure date possible pour la sortie de Tsunami, son roman de politique fiction (?) où il se met dans la peau de ce président fraîchement élu aux élections de 2027.

Parce que vous l'aurez compris, « toute ressemblance nanani, nananère… » mise à part, on ne peut pas être davantage dans l'actualité que dans cette courte prose écrite à l'encre du réalisme, du cynisme ou du dégoût (chacun chosira sa mention adéquate).

On passera sur l'histoire de ce président qui a fait fortune via une start-up devenue licorne ayant inventé la molécule qui rallonge l'existence de 30% puis la cédant sans scrupule à l'étranger - contre une promesse de favoritisme en faveur des GAFAM – pour mieux se lancer en politique avec une accession fulgurante à la responsabilité suprême.

On passera parce que Dugain a choisi de s'amuser et de lui charger la barque : cocaïnomane, détenteur de comptes offshore, géniteur par PMA, mari délaissé… Sans oublier le complot russe, l'assassinat d'une députée, la manif populaire qui dérape, le conseiller technique vendu aux Chinois. La coupe est (trop) pleine et de ce point de vue, on a connu Dugain en meilleure forme. Mais pas grave, car l'essentiel est ailleurs.

Le sel perfide – mais délectable - qui assaisonne Tsunami vient en effet des fulgurances distillées ci-et-là par l'auteur sur cet exercice du pouvoir qui se veut moderne mais ne peut cacher longtemps qu'il obéit en fait à des mécanismes d'un autre temps, que l'exercice de vérité ne masque en fait que des mensonges désormais plus tolérables.

« En général, notre socialisation se fait sur un niveau de mensonge acceptable entre les individus. On n'est pas qualifié de menteur quand on ment normalement, mais lorsque l'on ment de façon éhontée et excessive. »

Fulgurances aussi sur notre société d'individualisme grandissant, où les régulateurs ancestraux (élections, médias, dialogue, vivre ensemble…) ne fonctionnent plus.

« La psychologie d'une personne se fonde en grande partie sur l'altérité, le rapport et la confrontation physique à l'autre. Les gens s'enferment progressivement derrière leurs écrans. Et l'aboutissement de cela, c'est que quand des gens sont réunis, ils passent plus de temps sur leur téléphone avec des personnes éloignées qu'avec les personnes présentes, comme si dans ces nouveaux rapports humains, on donnait une prime à l'éloignement. »

Bref, le code a changé, mais il n'a pas été communiqué à l'Élysée :

« Ils sont désemparés, pris par un mélange de paresse, ce gras du coeur dénoncé par Jacques Brel, et d'ignorance, cette ignorance qui, cachée derrière le déferlement d'opinions, mine la démocratie comme la mer une falaise. J'ai l'impression de gouverner un peuple de petites choses fragiles. »

Dans Tsunami, Dugain dépeint un président réformiste, visionnaire et bardé de bombinettes prêtes à exploser, mais décidé à prendre à bras le corps l'urgence environnementale en lançant une ambitieuse réforme fiscale verte qui tend à « imposer l'individu en fonction de son impact sur l'environnement. »

Mais en politique comme dans les restaurants, il vaut mieux éviter de regarder dans la cuisine comment certains plats sont préparés. Car alors, c'est tout un tsunami de désillusions qui s'apprête à s'abattre sans retour possible…

« Les forces considérant que la démocratie est une parenthèse de l'Histoire qui doit se refermer le plus vite possible sont en marche. »
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Avec cette dystopie qui reste très près de l'évolution actuelle, Marc Dugain revient à l'un de ses sujets de prédilection: la politique et le pouvoir en général. Dans Tsunami, le narrateur n'est autre qu'un président de la république fictif certes, mais qui nous fait plus d'une fois penser à Emmanuel Macron, en tout cas pour ce qui est de ses opinions politiques globales. Mais en dire davantage sur cet aspect du livre serait spoiler une grande partie de l'histoire. Comme dans sa trilogie de l'Emprise, écrite il y a quelques années, Dugain sait nous tenir en haleine de sa plume alerte en nous donnant un aperçu de la vie d'un président de la république incertain, inexpérimenté, mal dans sa peau, mais aussi roublard et opportuniste quand il le veut ou qu'il le faut.
Je crois bien que chaque lectrice et chaque lecteur le percevront différemment, mais pour ma part, je suis passé par tous les états au cours de ma lecture à son égard: il pouvait être tantôt arrogant ou méprisant dans certaines situations, dans d'autres, j'ai ressenti pour lui de l'empathie, et dans d'autres encore il pouvait aussi me faire de la peine.
A chaque babeliote de se faire sa propre idée de ce personnage et de se demander si ce qui se passe dans sa tête paraît réaliste pour assumer son poste de chef de l'état ou si Dugain a versé un peu trop dans le mélo dans ce roman.
Vous l'aurez remarqué: mon billet se concentre beaucoup sur le personnage central, mais ce dernier est aussi confronté à la vie politique actuelle et les lecteurs retrouveront de nombreuses situations d'une actualité brûlante, avec en prime un petit saut vers un futur proche plutôt sombre qui pourrait très bien être la dure réalité très bientôt. Si ces événements devaient se réaliser, Tsunami de Marc Dugain ne ferait que confirmer un avenir sombre pour notre démocratie. Je ne peux que vous inviter à vous en faire votre propre idée.
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On pousse la porte du Palais de l'Elysée, dans la tête et le quotidien d'un jeune président réformiste, en continuité avec notre époque où s'inscrivent la suite de la guerre en Ukraine, la violence Poutinienne et les secousses sociales franchouillardes.

Voici une dystopie très attractive qui montre l'envers du décor des ors républicains, le grand écart imposé à un simple individu coincé entre sa vie privée et ses ambitions politiques et visionnaires pour un monde plus écologique. Tout cela fait de l'oeil à notre quotidien et à un élu qui n'a pas besoin d'être nommé.
En tous cas la fonction ne passe pas pour une sinécure, confrontée aux réseaux sociaux, à l'avidité des grandes entreprises et au jeu géopolitique mondial.

Un roman de politique fiction simpliste et assez savoureux, troublant par ses accents de vérité et qu'il ne faut pas pour autant prendre au sérieux.
Un exercice de style mode Dugain très réussi !
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Une tempête dans un verre d'eau !

Je me suis laissée tentée par ce roman, et je regrette !

On est dans la tête d'un président qui gouverne une France de plus en plus agitée. Sollicité à chaque seconde, menacé par des affaires compromettantes, il veut réformer mais hésite souvent….

Tout d'abord, je n'ai pas retrouvé la plume précise et acerbe de Marc Dugain que j'avais appréciée dans "la malédiction d'Edgar" où il rédigeait la vie d'Edgar Hoover, le Directeur du FBI de 1924 à 1972, et les dessous de la politique.

Le style est simple, simpliste, à la hauteur de son personnage, un millionnaire issu du monde du numérique.

Son journal intime est complètement inintéressant. Il ne fait état d'aucun sentiment ! Est-ce vraiment un homme ou une machine ?

Quant au "tsunami" annoncé : pour moi, il a fait flop, malgré une fin totalement surréaliste !

Tout ce que décrit, dénonce l'auteur dans ce roman futuriste, nous le savons : emprise du numérique sur nos vies, avec une surveillance et un livret social, les combats entre les états géants (Russie, USA et Chine), les affaires compromettantes…

Comment peut-on proposer une loi qui à la fois enchaîne les citoyens et la création d'une chambre populaire ?
L'auteur aborde, sans trop les approfondir, les thèmes du divorce, de la trahison, des problèmes de couple, de la GPA, de la recherche scientifique sur le rajeunissement, des GAFA, de l'environnement, l'abstention, les affaires de drogues et de corruption, les paradis fiscaux et la présidentialité du pouvoir, l'écologie… Tout est là, mais survolé, entassé comme une liste ou un tableau où il faudrait cocher les cases !

Et cette pseudo histoire d'amour entre ce président et la mère porteuse : c'est irréaliste et risible… Encore une histoire pour cocher une case : histoire d'amour !

Je n'ai pas cru un seul instant à cette fiction et je retourne dans mon Histoire, plus intelligente et plus utile.
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