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EAN : 9782072891021
240 pages
Gallimard (06/10/2022)
3.21/5   233 notes
Résumé :
Un agent du renseignement disparaît après une opération catastrophique de récupération d’otages en Somalie. Deux journalistes d’investigation meurent accidentellement alors qu’ils enquêtaient sur l’assassinat d’un couple de touristes dans l’Atlas marocain.
À la croisée des deux affaires, l’agent, devenu clandestin, s’associe à un producteur de documentaires utilisé par les services français et à une psychologue d’origine israélienne pour braquer des fonds co... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (44) Voir plus Ajouter une critique
3,21

sur 233 notes
On nous ment. On ne nous dit pas tout…
A chaque interview, Marc Dugain se défend de verser dans le complotisme. Non, son projet est d'éveiller les consciences face aux discours officiels, de ressusciter l'esprit critique et révéler des secrets appris auprès de ses fréquentations dans les milieux autorisés après des enquêtes en Espionie, ce pays de bonshommes en gabardine et parce qu'il a une tête sympa. Ses complots à lui, ils sont labellisés. Ce n'est pas de la compote de comploteur sur Twitter. Promis, juré craché sur la tombe de Lee Harvey Oswald. Il ne peut pas y avoir qu'un seul tireur, l'homme n'a pas marché sur la lune… En plus, il a le gêne barbouze, Marc Dugain, car papa et tonton étaient du métier. Il n'a pas le sang bleu, mais le sang-froid. C'est même écrit sur la quatrième de couverture, comme si le CV avait besoin d'une caution. Convaincus ? Moi non plus.
Si j'avais adoré « La malédiction d'Edgar » et apprécié la « trilogie de l'Emprise », j'avais été beaucoup moins emballé par ses derniers romans, que ce soit « Ils vont tuer Robert Kennedy » ou « Transparence » et « Paysages Trompeurs » rejoint le rayon des déceptions.
Je n'ai rien à dire sur le rythme et l'action de ce roman d'espionnage. Un personnage de John le Carré aurait fait un infarctus à la troisième page. Trop de sport.
Une opération de sauvetage en Somalie tourne au fiasco avec un seul survivant, un agent du renseignement qui doit se faire oublier et qui se fait aider par un ami producteur de documentaires spécialisé dans la révélation de scandales d'état pour s'assurer une clandestinité dorée. La ressemblance de ce dernier avec l'auteur est un pur hasard. Une psychologue pas si Mossad, pardon maussade, fait du duo un trio d'agents triples. Tout ce petit monde va jouer au grand jeu du qui manipule qui, dada que les espions partagent avec les ostéos. Ils vont se lancer dans une affaire visant à délester des narcotrafiquants colombiens de leurs économies pour empêcher la réélection de Trump avec un plan digne d'un Mission Impossible un peu discount. Vous avez dit fumeux ? Oui, méga smog.
Les ficelles de l'histoire sont aussi épaisses que du fil dentaire de Mammouths mais j'aurais pu me laisser distraire par l'efficacité du récit si l'ambition de l'auteur avait été d'offrir un roman d'espionnage vitaminé. Je n'ai rien contre un bon James Bond. Mais ici, les élucubrations géopolitiques remplacent l'humour. C'est dommage car la naïveté des personnages, un comble pour des espions, aurait été un bon prétexte pour apporter un peu de second degré… si elle avait été volontaire.
Et si ce roman était en fait une diversion, un nanar destiné à transmettre un message secret à quelques initiés ? Oui, tellement mauvais que c'est forcément un coup de la CIA. Ouh, là, c'est contagieux. J'arrête.
Dugain à moudre ! Désolé.
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Donnant la parole à un narrateur se disant producteur de documentaires, un narrateur un peu mystérieux ressemblant tout de même beaucoup à l'auteur, Marc Dugain m'a fait voyager dans des Paysages trompeurs.
Qui trompe qui ? Difficile à savoir car je suis plongé dans le monde du renseignement et des services secrets.
Le début de ce roman est palpitant. La tension est énorme avec ce commando lourdement armé, ces hommes cagoulés tentant de libérer des otages sur le sol somalien. Ben est le leader de cette opération, son héros, mais je vous laisse découvrir le bilan de l'opération.
La suite du roman est beaucoup plus tranquille, malgré une tension toujours palpable, puisque le narrateur conduit ou tente de conduire un récit aux entrelacs multiples. Deux femmes interviennent. Yasmine, la première, est rapidement éclipsée par Lévia qui dit travailler pour le Mossad dont elle veut se désengager. Elle est psychologue et se révèle très efficace dans son domaine.
S'ajoute à cela la mort de deux touristes belges assassinés au Maroc. Les autorités du pays closent rapidement l'enquête pour ne pas freiner l'activité touristique. Seulement, deux journalistes s'en mêlent mais ils sont tous les deux tués dans des circonstances équivoques.
De son côté, le narrateur qui avait réalisé un documentaire sur la chute des oligarques russes, est surveillé par la CIA, les services secrets français, etc… Sa femme ayant sombré dans la folie avant de mourir, ce drame semble lié à la mort des deux journalistes. Bref, tout le monde espionne tout le monde.
Enfin, l'action reprend avec une opération assez rocambolesque à laquelle j'ai un peu de mal à adhérer. Mais, l'important n'est pas là dans Paysages trompeurs. En effet, au cours de ce roman, Marc Dugain s'efforce d'ouvrir nos yeux sur tout ce qui se trame entre les puissants de notre planète. Il démontre qu'il y a de multiples façons d'écarter, de discriminer, d'éliminer quelqu'un qui commence à devenir gênant. Il ajoute aussi beaucoup de réflexions sur notre société, sur la vie que nous menons.
De plus, il n'épargne pas les USA, pays sur lequel son jugement est impitoyable notamment sur leur système électoral complètement perverti par la mafia. Enfin, l'appétit insatiable de ceux qui possèdent le plus de richesses conditionne l'avenir de notre planète.
L'exemple du Groenland où se retrouvent, pour finir, les principaux protagonistes de l'histoire, est édifiant. Marc Dugain détaille cela très bien comme il souligne aussi la rivalité mortifère entre Israël et l'Iran. L'extermination des peuples autochtones, la religion apportée et imposée par les colonisateurs, tout cela contribue à un nivellement irrémédiable et surtout à une destruction insensée de la Terre.
Tout cela, Marc Dugain sait parfaitement le dénoncer au travers de réflexions distillées par son narrateur.

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Une opération secrète de récupération d'otages en Somalie vire à la catastrophe suite à une erreur du chef de groupe, un des meilleurs agents des Renseignements français : Ben.
Toute l ‘équipe est liquidée, lui-même sera considéré comme mort, et les otages exécutés.
Son ami, le narrateur, un producteur de documentaires utilisé par les services français, apprend sa mort avec tristesse. Mais Ben n'est pas mort. L'agent devenu clandestin fait bientôt appel à son ami pour de faux papiers, pour s'installer à Casablanca. Ce dernier, craignant pour l'équilibre psychique de Ben qui porte désormais le poids de la mort des hommes de son détachement et des otages lui envoie Lévia une psychologue d'origine israélienne.
Les trois protagonistes vont ainsi s'associer pour braquer des fonds colossaux qui circulent entre des narcotrafiquants d'Amérique latine et des Pasdaran, ces gardiens de la Révolution islamique en Iran, ennemis jurés d'Israël, Lévia effectuant sa dernière mission pour le Mossad. L'argent ainsi intercepté pourrait ainsi empêcher la réélection de Trump...
C'est au Groenland que s'achèvera ce magnifique roman d'espionnage dont le dénouement fait la part belle au facteur humain.
Avec Paysages trompeurs, Marc Dugain dévoile avec brio des réalités insoupçonnées, nous ouvre les yeux et nous permet d'appréhender un peu plus les enjeux géostratégiques de notre planète, d'autant qu'il s'agit d'une fiction, certes, mais inspirée de faits réels qui, pour certains, ont pris une autre direction.
C'est avec énormément de plaisir et d'étonnement que l'on suit les péripéties de nos trois héros dans ce monde, notre monde, où les services de renseignements et les gouvernements agissent de manière invisible et secrète. S'imbriquent entre autres, dans le roman, la France, le Maroc, Israël, l'Iran, les États-Unis, la Russie… et c'est aussi la menace que fait peser sur les démocraties la montée en puissance des mafias et leur infiltration dans les systèmes politiques européens.
Outre la géopolitique, c'est aussi le péril qui guette l'humanité, à savoir le réchauffement climatique que l'auteur n'oublie pas de rappeler.
Roman d'espionnage, certes, mais également brillant roman psychologique.
Tout au long du roman, nous voyons comment ces espions, ces hommes de l'ombre, ces hommes à priori forts, robustes mentalement sont également fragiles et peuvent être en proie au doute et remettre en question, à un moment de leur parcours, le sens de leur engagement extrême.
C'est aussi la difficulté pour ne pas dire la quasi impossibilité à vivre en fugitif ou en transfuge qui est abordée.
Dans son roman, Marc Dugain met en exergue la relation d'amour née entre le narrateur et Lévia, relation qui sera d'autant plus difficile à vivre que le doute sur la sincérité de ce sentiment sera omniprésent.
Quant à l'amitié entre Ben et le documentariste, elle est inconditionnelle.
Paysages trompeurs est un roman d'espionnage palpitant bien documenté qui tient en haleine le lecteur du début à la fin. Des chapitres courts, une écriture imagée, simple et percutante, une histoire bien ficelée avec de l'action évidemment, du suspense, des magouilles, du dépaysement, des personnages solides dont on découvre les failles au fil du récit donnent l'illusion au lecteur d'être au sein même de l'action.
Marc Dugain que j'avais fort apprécié avec La chambre des officiers, La volonté, Transparence ou encore La malédiction d'Edgar m'a une nouvelle fois subjuguée par son regard acéré sur la situation planétaire actuelle.
À lire absolument pour comprendre l'époque contemporaine et les enjeux géostratégiques planétaires !


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Tour à tour roman noir, feuilleton d'espionnage, polar, chronique géopolitique, manifeste militant, Paysages trompeurs induit une lecture dynamique, plutôt captivante, à condition d'aimer les imbroglios. L'ouvrage se compose d'intrigues successives accrocheuses, qu'il vous reviendra de remettre dans l'ordre chronologique, car l'auteur joue facilement du retour en arrière. Les personnages, dont vous ne saurez pas s'ils sont loyaux ou fourbes, sincères ou manipulateurs, ne cessent de dévoiler des activités obscures inattendues. Chacun des courts chapitres incite à s'engager dans le suivant et pour ma part, je ne me suis jamais ennuyé.

Pourtant, sitôt la dernière page tournée, je me suis trouvé dans l'incapacité d'exprimer une perception globale de l'ouvrage, de le qualifier, comme si la matière qui le constitue s'avérait évanescente. Curieux comme ressenti ! Il faut dire qu'il est largement question d'agents plus ou moins secrets. Et après tout, agir vite, puis disparaître et se faire oublier, c'est le quotidien des soldats de l'ombre.

Le narrateur est un producteur de films documentaires, ou plus précisément de reportages d'investigations sur des sujets sulfureux. Sa sécurité personnelle ayant été mise à mal, il a évolué au fil du temps et à son corps défendant, pour se retrouver dans un rôle d'agent clandestin de renseignement. Il est une proie naïve pour ses partenaires, plus expérimentés, ce qui ne l'empêche pas de rester droit dans ses bottes et engagé dans les croisades écologiques d'aujourd'hui. Ses convictions et ses valeurs l'entraînent ensuite vers le braquage audacieux et sanglant d'un transport d'argent sale à blanchir. Une bifurcation curieuse ! Enfin, si c'est pour la bonne cause…

L'auteur, Marc Dugain, est un romancier et réalisateur à succès. Il a toujours été fasciné par les mondes parallèles. Plusieurs de ses ouvrages font suite à des enquêtes sur les services secrets américains et russes. Il est un observateur critique de la sphère politique nationale et de la géopolitique à l'échelle mondiale. Il semble aujourd'hui très sensibilisé par les sujets d'urgence écologique.

Dans Paysages trompeurs, les personnages principaux, femmes et hommes, bourlinguent entre Paris et la Bretagne, atterrissent un peu partout en Afrique, pour finir au Groenland. L'auteur évoque des terres largement abîmées par l'agriculture intensive, le développement industriel et le consumérisme de masse. Même lorsqu'ils paraissent préservés, les paysages dissimuleraient une nature pervertie par les pollutions et les traitements inappropriés. Une apparence trompeuse, donc.

Les apparences sont toujours trompeuses. Par la plume du narrateur, Marc Dugain emmène son lecteur dans une réalité forcément trompeuse, car ce que le bon peuple — vous et moi ! — prendrait pour la réalité ne serait justement pas la réalité. Marc Twain, Philip Roth et d'autres avaient bien prévenu que la réalité dépassait la fiction. Marc Dugain va plus loin en plaçant en exergue de son roman une phrase de Goethe : « les gens n'ont pas assez d'imagination pour imaginer le réel ».

En dépit des aventures dans lesquelles il est embarqué, ou peut-être grâce à elles, le narrateur voudrait lutter contre l'absurdité de la condition humaine, à commencer par la sienne propre, en cherchant à être utile. Mais peut-on devenir utile à l'humanité, tout en se précipitant pour rendre des services illicites à ses proches ? Et l'intimité est-elle une option jouable, alors que la méfiance s'impose, que la trahison est monnaie courante ?

Le narrateur rêve de circonstances qui permettraient de s'opposer avec détermination aux processus de destruction planétaire, de spoliation collective et de manipulation des esprits, menés par des milliardaires prédateurs, des oligarques et des profiteurs, présents au sein de la démocratie financière américaine, de la kleptocratie russe, sans oublier les dictatures militaires, celles des mollahs et celles des cartels. Une lutte qui impliquerait de démystifier les fictions servies aux peuples, tenues pour vérité, afin de préserver les inepties commises par intérêt personnel ou par lâcheté… Reste que la démocratie libérale est l'oeuvre historique de la nature humaine. Elle montre ses limites, mais on ne lui connaît pas d'alternative.

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« J'y étais, je sais de quoi je parle ! » L'argument d'autorité de ce genre, ou ses multiples variations dont ne nous font pas grâce les consultants de CNews, a toujours contrarié mes tendances anarchoïdes à me méfier, précisément, dès lors qu'une autorité, fût-elle morale ou bien gainée de cuir et de résilles, se manifeste.
Marc Dugain est donc « issu d'une famille liée au renseignement » et visionnaire puisqu'il a écrit « un livre prémonitoire sur Poutine. » le pauvre lecteur qui ne possède guère que « Strike Back », « Le bureau des légendes » et « Homeland » comme référence sur l'espionnage contemporain est donc prié de faire confiance à Marc Dugain. La ressemblance avec les séries citées précédemment est renforcée par la multiplicité des théâtres d'opération, de la Somalie au Groenland en passant par le Maroc et Paris, la résistance des agents spéciaux aux variations de températures et d'hygrométrie forçant l'admiration. J'ai pu noter également que les espionnes échappaient hélas à la vague Me too. Leur engagement professionnel semble impliquer de ne pas connaître une sexualité consentie, y compris celles recrutées par le Mossad, le bien mal nommé, puisque ce service met un point d'honneur à concurrencer Victoria's Secret dans le choix de ses égéries. Et j'ai ri ? Bien, non, justement, tout dans « Paysages trompeurs » est désespérément premier degré. Où êtes-vous ironie de Bond, délire d'OSS, malice de Trévanian ? C'est ainsi ! J'aime le décalage dès qu'il est question de barbouzeries. L'agent fatigué qui réalise qu'il n'est qu'un pion alorsqu'il qui possède un petit coeur avec une fleur bleue contondante, ce n'est pas vraiment ma came.
Pourquoi 3 étoiles, dès lors ? Il faut être méfiant : mon cousin Martial a travaillé pour des officines, je sais donc de quoi je parle ! le cousin parait bien planqué en Creuse, derrière ses double-foyer et sa Gitane Maïs mais il est toujours informé : Guéret, nid d'espions, un vrai cagibi pour KGB ! Il m'a assuré que les Russes ont mis au point un logiciel qui permet de repérer les éléments subversifs : de l'IA survitaminée pas de l'histoire d'O, comme Cédric. Et puis, vous aviez remarqué que Babélio, c'est l'anagramme d'OBILEBA ? Vous suivez ? Voyons ! le nom de l'opération secrète menée par la Stasi, qui prévoyait d'instituer en Andorre une République populaire et d'en confier la présidence à Georges Marchais… Je vous fais peur ? Alors, surtout ne lisez pas ce livre car vous ne trouveriez plus le sommeil…
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critiques presse (1)
LaCroix
21 décembre 2022
Marc Dugain inaugure une nouvelle collection de livres d'espionnage qu'il dirige chez Gallimard, sur fond de rivalités géopolitiques et d'hyper-surveillance numérique.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
La mort est une terrible négation. Mais il y a pire, c'est l'oubli. En dehors de moi, je ne voyais pas qui pourrait non pas honorer sa mémoire, mais lui procurer ce supplément de vie qui va au-delà de la simple évocation de souvenirs communs. Ben n'avait ni ascendance ni descendance, ni frère ni sœur, et j'avais convaincu sa «veuve » de se détacher de lui. Je me suis promis de penser à lui, souvent, de partager avec lui le cours de mes rêveries, de l'y associer et le plus longtemps possible.
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Jamais on n'avait connu sur la planète un tel alignement des forces obscures, une telle communauté de principes entre la pseudodémocratie américaine et la kleptocratie russe, exemple unique, à une telle échelle, de détournement de la fortune des matières premières d'un peuple par un homme et ses complices. De chaque côté du détroit de Behring, on avait construit une « narration » à l'usage des peuples, en les aveuglant de promesses de grandeur pour procéder à une spoliation sans précédent.
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Je me suis souvenu à ce moment précis de la déclaration d’un grand patron du renseignement français, qui considérait que la montée de la puissance des mafias et leur infiltration dans les systèmes politiques européens étaient une menace bien plus grande pour les démocraties que le terrorisme. Le terrorisme était aussi réel que pratique. Il avait été le prétexte à une accélération de la surveillance des individus sans qu’ils en aient une conscience immédiate. Surveillé mais seul, chacun avait pleine conscience de son impuissance et de l’extrême fragmentation de l’action collective, pour le plus grand bonheur de pouvoirs transversaux, comme celui des climatosceptiques, parce que chacun, chez soi, se sentait totalement démuni devant l’effondrement annoncé, et que l’individu culpabilisé de toute part depuis des décennies se révélait incapable de changer quoi que ce soit. Nourri de chimères, il n’avait plus de poids sur le réel, ce réel qui chaque jour progressait sous la forme d’un réchauffement excessif.
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Tout à l’heure, je me suis souvenu de la chute du mur de Berlin, de l’effondrement de l’idéologie communautaire, du bonheur que j’ai ressenti à voir toutes ces femmes et ces hommes libérés comme s’ils sortaient d’une immense colonie pénitentiaire, là-bas, à l’Est. Ce qu’on n’imaginait pas à l’époque c’est que le système concurrent, qui allait se répandre mondialement, celui de l’accumulation sans fin, allait devenir obsolète à son tour trente ans plus tard. La différence, aujourd’hui, c’est qu’on ne voit aucune alternative, parce que ce système est sans doute l’essence de notre nature moderne. C’est là que l’évolution nous a menés.
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Je n’avais jamais remarqué à quel point les origines des gens du quartier étaient diverses, la mixité nonchalante qu’elles offraient à l’observateur, ce grouillement pacifique. Aucun de ces individus n’avait idée de ce qui se tramait dans son dos. Seule l’histoire instantanée distribuée par les médias leur était accessible, un flot d’informations, en boucle, mises en scène, dramatisées au nom d’une illusoire permanence de la vérité. Ceux qui avaient l’éducation et la motivation d’aller chercher plus loin pouvaient lever un coin du voile, mais jamais personne ne leur restituerait la réalité du monde invisible, ce cloaque où se jouait une grande partie du destin des peuples dans des jeux d’intérêts souvent contradictoires.
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Vidéo de Marc Dugain
Extrait du livre audio « Tsunami » de Marc Dugain lu par Mathieu Buscatto. Parution numérique 30 août 2023.
https://www.audiolib.fr/livre/tsunami-9791035414825/
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