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EAN : 9791037109989
176 pages
La Table ronde (13/01/2022)
3.48/5   21 notes
Résumé :
Le 8 janvier 1896, au 39 de la rue Descartes, Paul Verlaine s'éteint, à l'âge de cinquante t un ans. Le 10 janvier au matin, la foule est dense dans le quartier Mouffetard : proches et curieux, rosettes de la Légion d'honneur et guenilles trouées, vieilles barbes et jeunes moustaches, gens de peu et hauts-de-forme s'écartent pour laisser passer le corbillard. Alain Duflot se joint au cortège pour suivre la dépouille jusqu'au cimetière des Batignolles en s'adressant ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
C'est toujours un plaisir de retourner chez Verlaine. Même si cette fois-ci l'heure est grave. Notre ami va mourir. Notre ami meurt. Et nous, lecteurs, assistons à ses derniers moments, entourés de sa dernière compagne, ses admirateurs jeunes et vieux et autres connaissances de tous milieux.

Puis l'auteur nous convie à ses obsèques et nous suivons le lent corbillard à travers les rues de Paris jusqu'à sa dernière demeure. Tout au long de ce parcours, Alain Dulot nous remémore les endroits où vécut le poète (il a souvent déménagé et parfois quitté les lieux à la cloche de bois), les cafés qu'il aimait fréquenter (sa chère fée verte lui fera souvent perdre la tête) où il organisait des mercredis littéraires.
Tous, illustres et inconnus, riches ou misérables, érudits ou illettrés, suivent avec respect le cortège. Il est dur de quitter le « Prince des poètes ». Et l'on sent toute l'admiration de l'auteur pour le poète. Ses mots m'ont touchée. Il y a tant de génie littéraire chez Verlaine, tant d'amour (et d'amours tumultueuses), tant de misère (l'indigence sera très souvent sa compagne, mais l'amitié de ses proches le sauvera souvent de cet état) et d'agressivité aussi parfois quand l'absinthe irrigue son coeur.
Il a un instant rêvé « d'être de l'Académie » mais il n'a eu nul besoin d'y siéger pour être connu et reconnu car bien « après que les poètes ont disparu, leurs chansons courent encore dans les rues ».

Je remercie profondément Babelio et sa masse critique, ainsi que les Editions de la Table ronde pour ce cadeau. Verlaine est toujours là !
Merci aussi à l'auteur qui a retracé de façon originale la vie du Prince des Poètes en traversant les rues de Paris que Verlaine aimait arpenter.
Et puis je n'oublie pas non plus de saluer Benoît Preteseille pour l'admirable bandeau de couverture, une illustration totalement en accord avec le personnage et la narration choisie.


Un grand sommeil noir
Tombe sur ma vie :
Dormez, tout espoir,
Dormez, toute envie !

Je ne vois plus rien,
Je perds la mémoire
Du mal et du bien...
Ô la triste histoire !

Je suis un berceau
Qu'une main balance
Au creux d'un caveau :
Silence, silence !

Titre : Un grand sommeil noir
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En titre, la célèbre phrase d'Eugénie Krantz aux obsèques de Paul Verlaine (né à Metz en Moselle le 30 mars 1844 et mort à Paris le 8 janvier 1896), ces six mots pour l'histoire, nous montre clairement le sujet du roman d'Alain Dulot. C'est une période très particulière que l'auteur a choisi de nous raconter à travers les obsèques, la vie et la mort d'un poète incontournable de la littérature française.

Celui qui a découvert le jeune Rimbaud, qui a largement préféré son verre d'absinthe à toute vie rangée, qui a tout demandé à sa mère, la seule qui le suivra jusqu'au bout de ses folies sans jamais l'abandonner. Il est d'ailleurs très souvent dur, et même violent avec cette mère avec qui il entretient une relation difficile jusqu'à sa mort.

Verlaine est l'homme d'un mariage raté. Il épouse en 1870 Mathilde Mauté, de cette union naîtra Georges, un fils qu'il connaît peu.
Lorsqu'il rencontre Arthur Rimbaud en septembre 1871, il aime d'amour à la fois la jeunesse, la poésie et l'homme qui se dévoilent à lui. La relation amoureuse causera la fin de son mariage, une relation scandaleuse et violente. Ils partiront en Belgique, mais d'un coup de revolver, Verlaine blesse Arthur Rimbaud, son époux infernal au poignet. Il sera jugé puis condamné à passer deux années en prison. Dans la solitude de sa cellule, il écrit des poèmes et va renouer avec la religion catholique qu'il avait largement mis de côté.

après leur séparation, il rencontre le jeune Lucien Letinois, et voit en lui le fils qu'il n'a pas su élever, l'ami de coeur sans doute aussi. Ils seront d'abord enseignants en Angleterre, puis agriculteurs dans la ferme achetée avec l'argent de sa mère. Mais l'affaire périclite bientôt et ils rentrent à Paris. Lucien décède, Verlaine lui consacre de nombreux poèmes.

Malgré tout son talent, malgré les amis poètes, les subsides versées par l'état ou par ceux qui le soutiennent encore, le génial prince des poètes qui est aussi un homme alcoolique et violent décède d'une pneumonie aux côtés d'Eugénie Krantz le 8 janvier 1896, à 51 ans. Il est inhumé au cimetière des Batignolles. Je dois avouer que l'auteur m'a donné envie d'aller voir sa tombe.
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Dans Tous tes amis sont là, Alain Dulot prend prétexte de raconter les derniers jours et l'enterrement du poète pour nous dévoiler une biographie romancée de Paul Verlaine.

En s'adressant directement à l'écrivain, Alain Dulot dévoile le vécu d'un homme au talent reconnu mais au caractère impossible. Il commence son récit à partir des derniers années où Verlaine s'abime dans l'alcool allant de maisons de santé où on lui réserve un sort privilégié en estaminets sordides. Ses contemporains le surnomment le Villon des temps modernes, seulement, lui n'était ni un voleur, ni un criminel. Verlaine aurait préféré la référence à Ruteboeuf. Car, il y a une chose dont il était sûr c'est de son talent ! D'ailleurs, ses compagnes le savaient qui allaient porter poèmes, articles et autres écrits à son éditeur et aux journaux pour en retirer quelques subsides.

L'affront qu'a vécu sa femme, Mathilde, sur le quai de la gare de Bruxelles, est oublié depuis longtemps. Les années ont passées. L'amour tumultueux avec Rimbaud lui a coûté quelques mois de prison. Car Verlaine ne sait qu'aimer de façon violente, exclusive et jalouse. Certes, c'est souvent l'alcool qui le porte vers ces extrémités qu'il regrette amèrement lorsqu'il a dessaoulé. Sa mère lui a toujours pardonné ces accès de violence qui m'ont profondément choquée. Rimbaud, non.

A la fin de sa vie, deux femmes se sont étripées son exclusivité. Il y a Eugénie, celle qui a gagné d'être la dernière, l'officielle en première ligne à l'enterrement, qui fut danseuse au bal Bullier. Et, il y a eu aussi Philomène dite Esther qui professait à l'hôtel de Montpellier en face du 39 rue Descartes, dernier lieu d'habitation du poète. Elle était plus jeune et plus fraîche mais aussi voleuse. Verlaine les surnommait « La peste et le choléra ». Toutes deux étaient appâtées par l'argent facile des ventes des poèmes et écrits qu'aucun éditeur ou journaliste ne refusait. Et, puis, il y a eu aussi les conférences à l'étranger qui payaient grassement !

Quelle découverte ! Ce fut un vrai plaisir de découvrir l'écriture certes admirative mais franche d'Alain Dulot. Je ne connaissais de Verlaine que peu de choses dont le tableau de Fantin-Latour, un coin de table, où Rimbaud mange des yeux un Verlaine consentant ! Tous tes amis sont là rassemble une foule de détails, de précisions rendant terriblement vivante cette biographie.

Une immersion parfaitement réussie dans l'univers d'un poète reconnu par tous qui a brûlé sa vie. L'amour jaloux et exclusif a ravagé ceux que Verlaine a le plus aimé, ne laissant qu'aux remords le soin d'afficher sa repentance comme l'enfant qui réclame l'amour après un caprice ! du coup, au milieu des addictions, alcool et sexe facile, Verlaine a choisi de les transcender pour exprimer son talent.

Le portrait d'Alain Dulot est sobre, documenté et rend terriblement humain cet homme rempli de contradictions dont les mots sont encore présents au quotidien. Cette plongée dans la fin du XIXè siècle est une pure merveille ! le lecteur suit complétement immergé cette fin de siècle où des figures se dessinent et d'autres sont déjà dépassées. Une bien belle façon de rendre hommage à un poète incontournable !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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D'un livre à l'autre, la légende s'écrit, elle s'étoffe, grossit, éclate. Les bad boys rimeurs de la littérature n'en finissent pas de faire parler d'eux.
Au 39 de la rue Descartes, le poète Verlaine se disputent avec ses deux amoureuses, la frivole et la vilaine, Esther et Eugénie convaincues toutes deux qu'un vers du bonhomme suffit à remplir le portemonnaie. Mais où donc l'amour se loge ? C'est vrai qu'il sait manier les quatrains érudits et lègers.
A 51 ans Verlaine est déjà un vieil homme, marqué par l'alcool, par la vie et la violence.
Il a très tôt perdu des êtres qui lui étaient chers, sa presque soeur Elisa, son presque fils Lucien Letinois, sa mère avec qui, il le reconnait, il n'a pas toujours été correct.
Il a eu de belles rencontres aussi, Marie Gambier, la rouquine de la cour Saint François, Fréderic Auguste Cazals dont les charmes lui suscitaient des désirs équivoques, et puis son mauvais génie Arthur, celui-là il l'aurait suivi jusqu'en enfer, il s'en fallu de peu d'ailleurs !
Alors quoi de neuf dans ce roman sur ce maudit poète ?
Alain Dulot nous rafraîchit la mémoire et nous convie à ses funérailles. Rien ne sera omis, de sa mort, de la veillée, du plâtre qu'on a voulu garder du visage de l'illustre rimailleur qui avait reçu l'éloge de Victor Hugo.
Tous se pressent devant sa dépouille, on se bouscule pour accompagner son cercueil, on vénère une dernière fois le prince des poèmes à la sombre figure. Ils sont tous là, c'est le cri du coeur d'Eugénie, maitresse de cérémonie : de Maurice Barrès à l'extravagant Catulle Mendès, du précieux Robert de Montesquiou à François Coppée, Paul Fort et Mallarmé.
Les gens de bien, les gens de peu, la jeunesse anarchiste et facétieuse, ils sont tous là dans ce curieux cortège en route pour le cimetière des Batignolles.
J'hésite, entre le faussement drôle et le faussement grave, mon rapport à la poésie de Verlaine en est encore une fois perturbé. Faut-il connaitre l'homme ou simplement s'en tenir à l'héritage poétique qu'il a laissé ?
Une variation sympathique et empathique du grand poète.
Un très bon moment de lecture.
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Nous sommes le 10 janvier 1896.
Le soleil brille sur Paris et la foule s'amasse pour accompagner Paul Verlaine du 39 Rue Descartes, où il s'est éteint deux jours plus tôt, à sa dernière demeure, le cimetière des Batignolles.

Dans un tutoiement intime, Alain Dulot remonte les derniers jours du "Pauvre Lélian" comme le poète aimait à se désigner, ainsi que ses souvenirs plus anciens.
Ses amis, ses amours, ses emmerdes (pour paraphraser Charles Aznavour), tous sont convoqués pour présenter un portrait sans fard mais respectueux de Paul Verlaine.

J'ai toujours eu une grande tendresse pour Verlaine et pour sa poésie et ce texte m'a infiniment plu. Je n'y ai pas appris grand-chose sur la vie de l'homme mais j'ai senti une véritable admiration dans ce portrait.

L'autre aspect plaisant de Tous tes amis sont là, c'est la promenade dans Paris à laquelle nous convie l'auteur. Chaque quartier résonne des moments passés avec Verlaine.

"Je ne sais rien de gai comme un enterrement !" disait Verlaine dans son poème L'enterrement.
Sous la plume d'Alain Dulot, cette phrase se révèle poétiquement juste.
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critiques presse (1)
Lexpress
13 mars 2022
Enarque et ex-inspecteur de l'Education nationale, l'auteur, né à Chazey-sur-Ain en 1948, a remisé ici la langue administrative contre celle du meilleur des conteurs, à la fois enchanteresse et avertie, empathique et charmeuse.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (52) Voir plus Ajouter une citation
Qu’est donc la poésie sinon des mots qui renferment de la musique, et qu’est donc le poète, sinon celui qui libère cette musique ?
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Sans doute as-tu ressenti alors le charme des mots, la magie de leur agencement et la puissance de la rumeur. Qu'est donc la poésie, sinon des mots qui renferment de la musique, et qu'est donc le poète, sinon celui qui libère cette musique ? C'est cela, en tout cas, que tu as su faire: produire des mots et, avec ces mots, de la musique.
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Quelques centaines de mètres plus bas, la place Saint-Michel, avec ses becs de gaz, ses calèches aux sièges de cuir, ses tramways omnibus à impériale, ses fiacres, ses cabriolets, ses chevaux et ses cochers, a été, elle aussi, un pôle essentiel de ta vie. Sur cette place, le Soleil d'Or a longtemps compté pour toi presqu'autant que le François 1er. Depuis sa terrasse, les clients avaient sous les yeux la fontaine Saint-Michel, alors de construction récente et, en se tournant franchement vers la droite, la cathédrale Notre-Dame, de bien plus ancienne lignée - tu aimais dire que la première était une toute jeune fille contemplant une vieille dame...
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Dans un article paru hier, Barrès prophétisait : " Demain le cadavre de Paul Verlaine, poète sans feu ni lieu, sera escorté par toutes les forces indisciplinées de la jeunesse, royalement, à travers Paris." Comme il a vu juste ! Derrière les gerbes et les couronnes, une banderole se déploie, portée par la Société des étudiants : "Au prince des poètes". Depuis deux ans, tu as hérité de ce titre symbolique, mais le symbole est ailleurs : tu incarnes à leurs yeux le mépris de la bourgeoisie, le refus des conventions et le goût de la révolte qui animent toutes les jeunesses du monde.
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Tout avait commencé par une lettre. Celle qui t'attendait chez ton éditeur, à la fin de l'été 71, lorsqu'en compagnie de Mathilde, déjà en fin de grossesse, tu rentrais du département du Nord où tu avais jugé plus sage de te réfugier après l'épisode si violent et si compromettant de la Commune. L'enveloppe portait le cachet de Charleville. Un garçon de dix-sept ans y clamait son enthousiasme pour ta poésie et t'envoyait ses propres vers, cinq poémes qui t'ont paru "d'une beauté effrayante". Très vite, une seconde lettre est arrivée, accompagnée de trois autres poèmes. Ton correspondant disait étouffer à Charleville, rêver de Paris... Ebahi par la qualité de ces textes au ton si neuf, tu les as fait circuler dans ton entourage poétique, où ton sentiment a été partagé. D'autres courriers sont arrivés des Ardennes : "Je suis empêché de venir à Paris, étant sans ressources. Ma mère est veuve et extrêmement dévote." Sans ressources ? Qu'à cela ne tienne ! Tes amis poètes et toi vous êtes cotisés pour offrir le voyage au jeune prodige. Et tu as pris la plume : " Venez, chère grande âme, on vous attend, on vous admire."
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