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EAN : 9782260015772
288 pages
Julliard (07/01/2002)
3.32/5   30 notes
Résumé :
S'ils le voulaient vraiment, les gens ordinaires pourraient connaître des destins extraordinaires. Luc Esline en est tellement convaincu qu'il décide de faire des habitants de son immeuble les héros de son nouveau roman. Le gentil couple de l'appartement d'à côté est-il au bord du crime passionnel ? Le dentiste misanthrope du rez-de-chaussée cache-t-il un secret épouvantable ? A moins que ce soit le patron de presse arrogant du dernier étage qui est bien discret sur... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
.D'abord c'est un bon roman.
A priori, la thématique est assez classique : « lesmaris, les femmes, les amants » pour reprendre le titre du film de Pascal Thomas, dans un milieu parisien assez bobo. Comme souvent dans les romans de Duroy, il y a une part autobiographique conséquente.
Oui, mais il y a d'autres thématiques bien intéressantes :
D'abord le travail de l'écrivain : installé incognito dans un immeuble bourgeois, Luc, le narrateur, a pour projet d'écrire un roman sur les habitants de l'immeuble, leurs vies, leurs interactions (on pourrait penser à ce qu'a fait Pérec avec « la vie, mode d'emploi », ou même Zola avec « Pot-Bouille » ; il y a bien d'autres exemples, et c'est souvent très réussi).Seulement l'écrivain se met lui-même en scène écrivant son roman, se faisant, il interagit lui-même avec ses personnages, et devient l'un d'entre eux.
Alors la narration se dédouble, sans qu'on sache bien si on se trouve à tel passage dans la « vraie vie » des personnage ou dans sa transcription dans le roman,
Et il y a aussi une enquête sur le passé de l'un des résidents de l'immeuble, Marc Lanzmann, patron de presse, dans laquelle Luc s'engage un peu par hasard. On découvre que Lanzmann, avant de revenir directeur d'un journal libéral avancé et de diverses autres publication et d'être une personnalité majeure du Paris où l'on dine en ville, a été maoïste, membre de la Gauche Prolétarienne, journaliste « La Cause du Peuple », pour laquelle il couvrit l'affaire de Bruay-en-Artois, et écrivit des articles ignobles où il poussait au lynchage, de Leroy, accusé innocenté par la suite, mais qui fit quand même un certain nombre de jours de prisons grâce au « Petit Juge » Pascal, premier d'une lignée de « Petits Juges » qui firent beaucoup de dégâts, de Lambert à Burgot, de Lépanges sur Vologne à Outreau.
Et tout ceci rappelle un certain Serge July, directeur de «Libération » à la date de parution du livre de Duroy, mais aussi ex-militant de la Gauche Prolétarienne, ex-journaliste à La Cause du Peuple, et ex-auteur d'articles violents consacrés à l'affaire de Bruay. Certains de ces articles (ceux de Lanzmann bien sûr) sont reproduits dans le livre, mais je ne saurais dire s'ils sont reproduits verbatim. On peut ajouter que July était à l'époque connu sous le nom de « Marc »
En fait, le passé de July, même si on ne le crie pas sur les toits, est dans le domaine public, et ne l'a guère gêné dans sa carrière.
Sur ce point, le livre a un autre intérêt, plus important et tout à fait actuel, bien qu'écrit en 2002 et parlant d'une affaire criminelle remontant à 1972, aujourd'hui bien oubliée, à notre époque où le lynchage médiatique est devenu un thème majeur
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Luc Esline, écrivain, vient de se séparer d'Alice, il s'installe dans un nouvel appartement. Il décide de faire de ses voisins les personnages de son prochain roman. Il épie, il enquête, il imagine dans les blancs et il écrit.
''Méfiez-vous des écrivains'' décortique les processus d'écriture de l'auteur. le tricotage particulier qu'il élabore entre la fiction et la réalité est pour moi le véritable sujet du livre.
Lionel Duroy s'y livre sans filtres (?). Il ne se ménage pas mais par ricochet il entraîne son environnement (qui n'a rien demandé) dans ses analyses et ses fantasmes. Il multiplie les mises en abîme, brouille les pistes en utilisant le roman dans le roman et la porosité entre différents niveaux de perception et de narration. Il dissèque tous les ''invités'' du roman à la focale de son microscope. le personnage romanesque est régulièrement confronté à son double réel dans un duel schizophrénique où les pensées intimes sont en même temps réelles, supposées ou déformées.
La construction du récit permet également à Duroy de parler de l'impact de l'écrit sur le réel (c'est un précédent livre qui a précipité la séparation d'avec Hélène, l'amour de sa vie, puis celle d'avec Alice, la mère de son fils). Pour troubler davantage les liens roman/fiction/écriture Lionel Duroy propose des ancrages extrêmement précis dans le réel social. L'affaire de Bruay en Artois avec les articles (encore de l'écrit) de S. Jully alors maoïste, lui permet de régler ses compte avec une certaine gauche qu'il paraît exécrer.
Pour moi, le roman est ambitieux : il est passionnant quand il analyse les processus d'écriture et plus généralement de création mais il est est également un peu gênant par une certaine impudeur (égocentrisme) à se mettre en scène pour agencer la marche de son monde.
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Ce livre (autobiographie de la vie de ses voisins) m'a fait me sentir mal à l'aise.
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Voilà bien le genre de livre que j'apprécie ; de l'inventivité dans le sujet (les sources d'inspiration d'un écrivain) et dans le (...)

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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Suis-je en plein délire, ou ces deux-là sont-ils objectivement la réplique du couple qu'Hélène et moi formions il y a une dizaine d'années ? Après cet échange, je les ai discrètement regardés s'éloigner: elle lui a pris le bras et a continué de bavarder gaiement, m'offrant par intermittence son profil, comme si son rôle était d'insuffler sans cesse un peu de légèreté à ce génie ténébreux. Ce n'était pas méchant, c'est à peine ironique sous ma plume- j'ai été si longtemps moi-même ce ténébreux crétin, impuissant à exprimer quoi que ce fût. (p. 12 /Livre de poche, 2019)
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Les adolescents ne m’intéressent pas. Ils tiennent des discours assassins sur leurs parents et protestent quand il n’y a plus de corn flakes. L’adolescence est le seul âge de la vie où l’on traîne les gens dans la merde sans prendre le moindre risque, où les mots n’ont aucun sens puisqu’ils n’ont aucune conséquence
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Mathilde Le Goff illustre jusqu’à la caricature ma conviction que les gens gagnent rarement à être connus, en dépit de l’insatiable curiosité qui me pousse vers eux. Ils donnent le meilleur d’eux-mêmes durant les trois ou quatre premières rencontres, puis on découvre leur peu d’ambition, pour ne pas dire leur veulerie, leur impuissance à trancher, à tout balancer pour l’unique chose à laquelle ils prétendent croire, et alors on se noie avec eux dans un marais tiédasse où tout se dilue
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Quand l’écrivain se trouve face à une faiblesse chronique ou momentanée des personnages qui l’inspirent, il est de son devoir de les suppléer. Le livre doit continuer, coûte que coûte. Il n’y a que dans la vie réelle qu’on parvient à étouffer les scandales, à diluer le drame dans le potage quotidien en conjuguant nos lâchetés. Les livres sont le seul espace où chacun est prié d’aller au bout de son destin. A moins que l’écrivain lui-même jette l’éponge
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Je ne crois pas au sacrifice. Il se cache toujours derrière, d’autres convoitises, d’autres appétits.
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Videos de Lionel Duroy (66) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Lionel Duroy
Dans "Sommes-nous devenus des criminels", Lionel Duroy se demande si un militaire doit servir et obéir à n'importe quel prix, faisant ainsi référence aux crimes de guerre. Pour cela, il se glisse dans la tête du général Paulus, commandant de la 6ème armée allemande nommé par Hitler, qui a conduit l'offensive de Stalingrad dès 1942 sous les ordres impossibles du dictateur, jusqu'au jour où il a désobéi. L'auteur fait le parallèle avec la guerre entre l'Ukraine et la Russie, dans laquelle des officiers généraux russes, parce qu'ils obéissent au dictateur, "sont en train de commettre des crimes de guerre".
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