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EAN : 9781032900438
L'Observatoire (23/08/2017)
3.21/5   26 notes
Résumé :
Ils sont quatre : Olivier et Éléonore, Ole et Léonie. Tous jouisseurs.
Atteint du syndrome de la page blanche, Olivier dérobe un automate, l’Écrivain, pour composer le roman qu’il n’arrive pas à créer. Sa compagne, Éléonore, visiteuse médicale, dévore sa propre cargaison de psychotropes et, dans ses hallucinations fantasques, s’empare de l’Écrivain pour imaginer Ole et Léonie.
Dans le Maroc de Lyautey, à deux siècles de là, ces derniers traversent le d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Lu dans le cadre d'un Comité Lecture, ce roman de Sigolène Vinson » Les Jouisseurs « est paru aux éditions de l'Observatoire en 2017.
C'est l'histoire d'un écrivain victime du syndrome de la page blanche. En effet, il planche depuis cinq ans déjà sur un traité philosophique qu'il a choisi d'intituler « de la fascination des trains électriques », dont il n'a a ce jour écrit qu'un seul chapitre.
En panne d'inspiration, Olivier décide donc de dérober un automate, et non des moindres : l'Écrivain de Jaquet-Droz au musée de Neuchâtel.
p. 14 : » La caisse sur le dos, Olivier atteint le coffre de sa voiture. Il regarde tout autour de lui, les rues de Neuchâtel sont vides, personne pour témoigner du rapt de l'Écrivain. «
Arrivé chez lui, il le cache dans le sous-sol, où chaque nuit, celui-ci se met à écrire ce qu'Olivier espère le roman du siècle.
p. 14 : » L'Écrivain trempe sa plume dans son encrier et écrit : « le roman du siècle ».
Éléonore, sa femme, est visiteuse médicale spécialisée dans la vente et le placement des psychotropes, dont elle écoule une partie pour sa consommation personnelle.
p. 43 : » Sa cargaison de psychotropes, elle ne l'a pas vendue, elle l'a bouffée. Elle débloque, la camée des lois chimiques. Son idéologie est une dépendance psychique. «
Elle, ne manque ni d'idées, ni d'inspiration…
p. 64 : » Si un jour elle devait écrire un livre, elle raconterait l'histoire d'une femme en caravane. Celle aussi de son mari, en caravane comme elle. Des êtres instinctifs aux désirs et besoins organiques, des constitutions fortes mues cependant par des considérations autres que le sang qui coule dans leurs veines, désireuses de recouvrir leur nudité de poésie et de philosophie danoises. «
Le roman du siècle prend forme, secrètement. Il s'intitule « La Caravane Wintherling »…
Les chapitres alternent entre l'évolution de l'écriture du roman, et les aventures du couple formé par Ole Wintherlig et Léonie Colombani, les héros de ce même roman. Ole est danois, contrebandier et profiteur de guerre dans le Maroc colonial de Lyautey, dont il vend de l'alcool frelaté à ses troupes.
p. 27 : » Hubert Lyautey exige une pénétration pacifique du Maroc. Mais alors, de quoi meurt-il, au juste, le clairon? Ole crâne un peu : « de mon alcool !«
Léonie, d'origine corse, est représentante pour un laboratoire pharmaceutique. Tout comme Éléonore, elle use et abuse de son chargement.
p. 33 : » Quand l'être humain, pour exister, réclame autre chose que l'air et l'eau, c'est que plus rien ne tourne rond. «
S'ils se suivent l'un l'autre à une certaine distance dans le désert marocain, à eux deux ils forment un couple dans la jouissance, dans le but de tromper leur mélancolie.
p. 119 : » – Aucun joueur-jouisseur ne parle comme vous, Ole. Si vous voulez mon avis, vous filez un mauvais coton. «
Mais quel rôle joue Éléonore dans l'écriture du roman du siècle ? Sa lassitude grandissante et son amaigrissement ont-ils un rapport avec celui-ci, ou est-ce seulement les conséquences de sa consommation de psychotropes comme le laisse entendre Olivier ?
p. 108 : » – Je te l'ai déjà dit, aucune de mes actions n'est politique.
-Peut-être pas tes actions, mais tes douleurs ?
-Mes douleurs, politiques ?
-Un jour, il faudra pourtant que tu te soignes, lui dit Olivier. «
Perplexe je l'avoue, à la lecture des premières pages, je me suis prise au jeu de l'Écrivain. L'idée d'utiliser cet automate comme « nègre littéraire » est audacieuse et originale. Les personnages d'Éléonore et de Léonie ont attisé ma curiosité. Complexes, mais passionnantes, elles tiennent un rôle essentiel dans un roman qui de prime abord traite du syndrome de la page blanche de l'écrivain.
En aval de chaque chapitre du roman du siècle, on retrouve une notice technique de L'Écrivain, de petites notes qui prêtent à sourire !
Sigolène Vinson fait référence, à plusieurs reprises, au philosophe danois Kierkegaard qui a écrit sur les stades esthétique, étique et religieux, questionnement mis en corrélation via les personnages du roman. Celui-ci est également ponctué des vers du poète danois Jens Peter Jacobsen.
Lien : https://missbook85.wordpress..
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Je le sais maintenant. Ouvrir un roman de Sigolène Vinson c'est s'engager dans un voyage sans rien en savoir à l'avance. Il faut une dose d'inconscience pour s'y plonger, une louche de confiance en l'auteur et surtout, accepter de lâcher prise. le Caillou m'avait d'abord décontenancée avant de me captiver. Courir après les ombres m'avait bousculée et charmée par sa poésie tristement belle. Pour Les Jouisseurs j'étais à la fois préparée et... volontairement vierge de tout a priori (j'avais retenu la leçon des précédents), prête à tout lire, à tout recevoir. Il y a des coups de foudre immédiats et puis il y a ceux, comme celui-ci qui prennent leur temps pour pénétrer toutes les couches de vos deux cerveaux. Et qui vous laissent ébahi, presque incrédule devant la potion magique qui vous a été servie.

"Il faut penser peu, c'est à cette seule condition que la vie passe."

Raconter Les Jouisseurs ? N'y pensez même pas ! Autant essayer de raconter l'homme ou de percer les mystères de l'univers ... Non. Car dans ce livre, les histoires se superposent, s'entremêlent, se répondent pour n'en faire qu'une. Universelle. Qui se joue des époques, des terrains et des nationalités. le conteur se fait à son tour héros d'une histoire que l'écrivain ne maîtrise pas, étant lui-même le jouet de forces qui le dépassent. Quelqu'un orchestre une prodigieuse mise en abyme, comme un savant tourbillon qui englobe tous les sujets. Et le lecteur de se demander si lui-même n'est pas sous l'emprise des substances illicites - psychotropes, alcool qui rend aveugle... peu importe - qui l'amènent à inventer sa lecture au fur et à mesure de sa progression.

"Les médicaments et les romans du siècle sont bien commodes, ils font taire et passer la tristesse" pense Olivier, l'écrivain en panne d'inspiration qui confie à un automate le soin de rédiger le grand roman dont il aspire à être l'auteur. Après tout, sa passion précédente c'était les trains électriques alors pourquoi pas un automate écrivain ? Pendant que l'histoire s'écrit, pendant que les épisodes de la Caravane Wintherlig font revivre "la pénétration pacifique du Maroc par la France" et le Marechal Lyautey, pendant qu'Eléonore continue à explorer les mirages des psychotropes du laboratoire pharmaceutique pour lequel elle travaille, les vies s'inventent au gré des éclairs de créativité de L'Ecrivain.

Les Jouisseurs est un roman kaléidoscope. Chaque lecteur y trouvera les ingrédients pour rêver sa propre histoire et suffisamment de facettes pour lui donner matière à réflexion pour un bout de temps. Mais il révèle surtout les talents de magicienne d'une Sigolène Vinson, qui passe le monde au tamis d'une vision qui oscille entre crudité et poésie, tristesse et beauté. Mais qui trouve dans la littérature (et ceux qui la font) un potentiel salut.

Oserais-je dire que Les Jouisseurs est un roman jouissif ?

"Et si l'écrivain était plus qu'une chouette, un cheval, une mule, un âne, un coléoptère ? Ou un ordinateur ? S'il était la navette pour atteindre le Grand Nuage de Magellan ?"
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Chère Sigolène,

Si je t'écris, c'est pour te dire que j'ai failli te manquer.

Du fond de la retraite que je me suis choisi, sans réseau wifi et sans téléphone, je n'ai que Les Jouisseurs, ton prochain livre qui sort bientôt aux Editions de l'Observatoire (le 24 aout, je crois). Compagnon de voyage singulier. Et obsédant. Il s'en est fallu de peu que je ne passe à côté.
J'ai reçu ton dernier roman Courir après les ombres quand il est sorti en poche, il y a quelques mois. Au milieu de cet improbable surmenage qu'entraine chez les lecteurs presque professionnels comme moi l'hystérie des rentrées littéraires. J'en avais lu les premiers mots. Ils m'ont paru arides. Je ne t'ai d'abord pas comprise. Je n'étais pas vraiment disponible à ton étrangeté, à ton envoûtement, au dépouillement de ta langue. J'en étais à cette saison où on a besoin d'adjectifs. Où on rêvasse devant les toiles de Monet et où on ne comprend pas les cauchemars de Pollock ou les fenêtres de Rothko. J'étais jeune, en janvier, et encore un peu trop classique pour toi.

Alors quand j'ai revu ton nom sur les épreuves d'avril, je n'ai pu retenir une sorte d'appréhension et le regret de t'avoir négligée, autant te le dire. Car je sentais bien qu'il y avait là un trésor que je n'avais pas pris le temps de découvrir. Et je m'en voulais. Beaucoup. Parce que j'avais deviné la voix singulière qui est la tienne. Mais je n'avais pas été en mesure de l'entendre. Alors voilà, j'ai décidé que ma chronique prendrait aussi la forme d'un mot d'excuse du fond du coeur.

Au premier chapitre et à la première page, je suis de nouveau décontenancé.

Comme avant.
Comme toujours.

Comme la première fois où j'ai lu Hemingway.
Comme la première fois où j'ai lu Rimbaud ou Virginia Woolf.
Comme la première fois où j'ai vu Picasso.
Comme la première fois où j'ai entendu Radiohead.

C'est comme ça, le nouveau, ça remet en cause pas mal de vieilles coutumes. Je sais que tu es un nouveau monde. Moi je suis un mec lyrique, j'aime bien les envolées. Toi, ton style est nu, minimaliste, sec comme l'air du désert. C'est minéral et il n'y a pas tous ces artifices qui me réconfortent. Ça frappe en pleine gueule comme des bouts d'existence. Ça agit comme une drogue. On ne s'aperçoit qu'un peu après qu'on a eu une vision. Et qu'elle demeure, inébranlable comme un souvenir précieux. C'est somptueux sans en avoir l'air, t'ai-je écrit au début de ma lecture, d'une élégance absolue. Une métaphysique qui se révèle peu à peu, sans maniérisme et sans démonstration. C'est là, sur la page, ça existe comme de l'or pur dans une rivière. A l'état brut.

Et ton lecteur devient le chasseur de tes trésors.

Avec toi, j'ai lu des chapitres qui ressemblent à des rêves dont on se souviendrait au réveil, des tranches de vie qui ressemblent à des flashs. Ce curieux automate nommé l'écrivain qui écrit des livres dans les fêtes foraines. Un homme de lettres en panne d'inspiration, Olivier, le vole. On ne sait trop pourquoi. Il le ramène chez lui. Et quand il l'actionne pour la première fois, se déroule le premier chapitre du grand roman qu'il est incapable d'écrire, retraçant le destin d'un couple (Ole et Léonie) qui traversait le désert dans une caravane, à la cargaison vénéneuse, au XIXème siècle, dans le Maroc de Lyautey. Peu à peu, on s'aperçoit que c'est Eléonore, la compagne d'Olivier, accro aux médocs du labo pharmaceutique où elle travaille, qui en est l'auteure et souffle ses mots à l'écrivain, pendant les blackouts que ses traitements provoquent. Tous sont en quête d'insouciance, de soulagement, d'ailleurs, de légèreté, de joie et d'oubli, par delà tous les désarrois.

On se souvient de tes personnages comme de silhouettes surgies de la brume.

Il y a de la poésie jusque dans ton résumé. le vertige de l'ivresse que tu t'arranges pour distiller dans le quotidien en si peu de mots. L'économie de moyens pour révéler l'infini du monde. Les temps qui se confondent et les destins parallèles, par-delà les époques… ce curieux androïde qui m'a fait songer à Hugo Cabret ou à Metropolis qui déroule une vision fascinante presque à notre insu… Il te ressemble tellement. Il ressemble tellement à ma perplexité au début de ton roman. Et puis à ma fascination. A ta densité, à ton art de la suggestion, où chaque phrase porte un univers.

D'habitude, il m'en faut beaucoup plus.
D'habitude il faut que je me reconnaisse, que je me raccroche, que je me rattache, que je me retrouve dans les mots des autres.

Et tu m'as totalement pris à contrepied.

Tu m'as fait devenir un autre lecteur, juste pour toi.
Comme un acteur qui découvrirait en lui un registre qu'il ne se connaissait pas.

Parce que c'est beau comme un voyage qu'on n'a pas préparé. A chaque page c'est un paysage que l'on découvre, le regard vierge et débarrassé d'habitudes trop anciennes. J'ai erré avec toi au coeur du mystère de l'écriture. J'ai dit à Lisa, ton éditrice que c'était comme apprendre à lire à nouveau. Que c'était de la poésie. Que c'était grand. Je crois que je te l'ai écrit aussi. Et c'est vrai. C'est métaphysique. C'est chamanique.

C'est toi et rien que toi.

C'est quelque chose que j'attendais sans le savoir. Comme un renouveau. Comme quelque chose qui fait sursauter et qui peuple le monde de souvenirs qui ne sont pas les siens. Plus je te lis et plus je t'aime. Alors qu'au début, je ne le savais pas, si j'allais y arriver à m'y faire à ce voyage.

Mais tous mes grands départs se sont faits à contrecoeur.

En toi j'ai retrouvé d'anciennes fascinations, l'Afrique de Rimbaud et de Lawrence d'Arabie que tu portes en toi. Des sourires aussi, des êtres qui sortent du cadre et de la norme.
En toi, j'ai retrouvé ce qui m'a fait écrire mon premier bouquin il y a longtemps, quand j'ai découvert l'Amérique et ses auteurs, ce style sans affèteries, sans coquetteries, au plus près de ce qu'on a à dire et à ressentir. Au plus proche de la sensation.

Ces mots dont je pourrais encore parler des nuits entières.

On triche souvent avec nos émotions pour les faire rentrer dans une phrase.
Pas toi.
Je crois que c'est ça qui a fini par me bouleverser.

Ton intégrité. Ton exigence. Ton intransigeance. Ton plan à la précision d'horloge.

T'es une putain d'écrivain.

Oui... j'ai failli te rater. La faute à une occasion manquée et à un mauvais timing. La faute à des chemins plus tracés, plus faciles. A une autre époque. Au figuratif. Aux beaux paysages. Des trucs qu'on reconnaît. Toi je ne t'ai pas reconnue tout de suite.

Il a fallu m'habituer à tes mots et à ta lumière, à ton ailleurs, à cette nouvelle terre que tu m'as fait découvrir.
Pas très loin de Faulkner, voisine des poètes et de tous ceux qui m'ont changé la vie.

Et du fond de cette maison où la modernité ne passe pas, de cette parenthèse, c'est toi que j'ai emmenée dans mon bagage.

Comme une évidence.
Comme ce cliché du livre qu'on emporte sur une ile déserte.
Comme une auteure que l'on voudrait lire sans cesse.

Passe un bel été,

Nicolas

Lien : http://www.nicolashouguet.co..
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Il faut penser peu, c'est à cette seule condition que la vie passe ».

Mais penser peu pour des êtres humain doués de sensibilité, lesquels reçoivent le monde et sa folie de plein fouet ça n'est certainement pas évident. Car même si on empêche la réflexion, de fait immédiatement infertile à changer les choses, on peut difficilement arrêter d'entendre, de voir, de sentir, ressentir….de vivre.
Sigolène Vinson nous embarque dans une histoire insolite, au style extrêmement personnel, unique, et qui selon moi devient déjà indispensable.
Je ne m'attarderai pas sur la description, le résumé, le pitch de la fiction. Cela relève d'un impossible et surtout ne servirait pas l'invitation au voyage qu'est ce roman. Faisons court : ils sont quatre, deux hommes, deux femmes : deux couples. Et un automate. Au milieu d'eux des pays, des contrées, et malgré les siècles qui les séparent, l'écriture, l'art et l'amour en filigrane pour soutenir le tout, ce qui en vaut le coup. Ils partent en quête, en quête d'une jouissance pour supporter d'être vivant ?
La transgression, l'alcool, la drogue, le commerce, le danger, l'amour, la liberté, l'étreinte, le leurre, la fuite, la violence….Que faudra-t-il encore pour donner un sens à cette vie et apaiser les tourments provoqués par un monde imbécile ?
J'ai ri malgré l'univers accablé et accablant. La mélancolie est tenace et nous tient chaud tout du long mais ne nous alourdit pas pour autant. L'ironie se glisse dans les mots, la dérision pour tourner au ridicule le dérisoire ou l'essentiel, les deux. Les dialogues sont savoureux de justesse, de tendresse malgré les inepties et l'absurde. Jeux de mots discrets, un rien cyniques, raccourcis de l'esprit débarrassé des filtres de l'inconscient et de l'insipide, c'est burlesque, élégant, so british. L'ellipse y est savoureuse. J'ai pensé à Beckett, à Vian…Moins foisonnant mais tout aussi ubuesque, mais notre existence l'est n'est-ce pas ?
Dès lors on suit et on accompagne l'auteur dans son inspiration qui parle de manque d'inspiration. Mise en abyme du désir créateur et vital et des amours passionnées, toutes aussi vitales, des deux couples. Ce récit ne ressemble à aucun autre ; il nous embarque sans doute car il parle de nous, de nos têtes chamboulées face à la cruauté d'un univers insensé.
Ce roman est une poésie, un enchantement.
« Quand l'être humain, pour exister, réclame autre chose que l'air et l'eau, c'est que plus rien ne tourne rond. »

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Rentrée littéraire Editions de l'Observatoire : Parution le 23/08/17
On pourrait croire qu'il s'agit là d'une histoire somme toute assez banale, une histoire comme on en a déjà lu… Celle d'un écrivain, en panne d'inspiration. Mais il n'en est rien… La banalité n'y a pas sa place.
Comment qualifier « d'ordinaire » ce que Sigolène Vinson nous raconte et nous fait découvrir. Voler un automate Ecrivain n'a rien d'ordinaire ! Et c'est ainsi qu'Olivier se lance dans cette épopée littéraire dans le seul but d'écrire un roman, LE roman.
Mais c'est sans compter sur Eléonore, sa compagne représentante médicale, qui n'hésite pas à se délecter des médicaments qu'elle est censée vendre. Et dans ses moments de folie, elle apprivoise l'automate et crée l'aventure de Ole et Léonie… destination le Maroc de Lyautey, à deux siècles d'ici… En route pour l'aventure, où contrebande d'alcool et quête de joie de vivre se mêlent…

Ils m'ont embarquée pour le Maroc, je les ai fait voyager jusqu'à Vienne, ville au sein de laquelle j'ai profité d'un déplacement, pour faire leur connaissance, les suivre tous les 4, à deux siècles d'intervalle. Bien rythmé, quelques grammes de suspens, une pincée d'humour et quatre personnages atypiques… Tous les ingrédients sont réunis pour une très belle découverte, un très bon moment de lecture agréable. Ma petite préférence se dirigerait vers la partie contemporaine d'Olivier et Eléonore, que j'aimerais d'ailleurs retrouver dans une suite… Sigolène, mon message est-il bien passé ?  A lire, incontestablement !

Merci à Sigolène, pour ce sympathique voyage, ainsi qu'aux éditions de l'Observatoire, sans qui cette rencontre n'aurait pas eu lieu.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Elle a terminé sa lecture de La Ville dans le Grand Nuage de Magellan. Après l'or, les Magellaniens découvrent le pétrole. Ne sachant pas le gérer,ils créent un dieu, Mètre-Étalon ou Prix-du-Baril selon les cultes, pour en définitive se foutre sur la gueule, à cause de l'amenuisement de la ressource et de l'aviation civile qui a besoin de kérosène. Et la Magellanité, cette nouvelle humanité, tourne court. L'auteur conclut son livre par cette phrase : "C'était bien la peine de partir pour une autre galaxie. "
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2.



Des stalactites frangent les canalisations. Quelque chose
pourtant crie chaleur : le pin du sauna perle de résine. La
sève monte, est-ce l’annonce du printemps ? Les gouttes qui
naissent aux jointures des lattes ne sont pas encore de l’ambre,
elles n’en n’ont que la couleur. Olivier, qui veut se réchauffer,
les touche. La pâte est odorante sur la pulpe de son index,
il en rapproche son pouce. D’où vient ce plaisir de se coller
les doigts, privant la main de sa qualité » préhensive ? Olivier
n’a rien su écrire d’autre que le « roman du siècle », inapte
à emboutir les cames, à s’emparer de l’objet. Il éloigne son
index de son pouce, la substance drée s’étire en longs fila-
ments. L’action est jolie mais vaine, l’écriture refuse d’adhé-
rer à cette imitation de papier tue-mouches.

p.21
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Et si l'écrivain était plus qu'une chouette, un cheval, une mule, un âne, un coléoptère ?
Ou un ordinateur ?
S'il était la navette pour atteindre le Grand Nuage de Magellan ?
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Je n'ai aucun besoin d'être ou de me réaliser. Vraiment, cela me convient bien de ne rien créer. Je l'ai même répété à mon gynécologue quand il a placé mon stérilet.
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Dans le coeur, je m’interromps d’être. Dans la tête, je commence tout juste à exister.
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