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EAN : 9791037107282
272 pages
La Table ronde (07/04/2022)
4/5   6 notes
Résumé :
Où est Gabrielle ? C’est la question, d’abord innocente, que se posent ses quatre amis d’enfance. Léo et Lola, Yolande, Honoré et Gabrielle ont aujourd’hui une vingtaine d’années. À eux cinq, ils sont toute une génération. Ils ont vécu dès le plus jeune âge dans le même quartier, la même école, le même immeuble de la rue des Martyrs – séparés seulement par quelques volées de marches. Mais le jour de la projection du film d’Honoré, Gabrielle manque à l’appel.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
C'est la nuit de l'enfance qui se dérobe ; peuplée des ombres étranges d'une fée noire et d'un clown blanc, envahie des rêveries filantes comme les étoiles, saturée des histoires fantaisistes pour êtres en devenir. Noircie des promesses du naufrage d'une vie à inventer, d'un monde à refaire. D'une adolescence éclipsant un corps devenu étranger, objet de désir et de rejet, comme le symbole des distorsions entre l'intimité d'une âme en plein bouleversement et la persistance d'un monde auquel elle aimerait se soustraire.
C'est la nuit impénétrable de la beauté qui s'efface au monde. Laissant place à la cruauté de la perte des sens. A la noirceur enveloppant ceux qui devinent l'aura solaire de la lune, qui perçoivent sans voir. Qui sentent une présence dans l'absence,
Dans la nuit crépusculaire de celle qui ne disparaît que pour les autres. Car elle est présente ailleurs ; dans les rêves de ses amis, dans les souvenirs de sa mère, dans l'imagination des siens ; ceux qui peignent la réalité d'une existence que seul l'aveugle peut voir, ceux qui composent la musique d'une présence que seul le sourd peut entendre.
Car elle est présente par les mots qui énoncent la réalité qu'ils créent. Qui annoncent une vérité sombre dans un langage inconnu. Qui content l'histoire individuelle par celle de sa génération ; une histoire écrite à l'avance, celle qui se répète dans le funeste cycle de la mort. Qui scellent le destin de Gabrielle.
Des mots qui racontent la nuit d'une tragédie depuis l'aube de son enfance.
Des mots que Gabrielle manie subtilement pour conter la génèse de sa vie de femme ; des mots que ses amis tissent délicatement pour conjurer son absence et lui brosser un avenir. Des mots que sa mère, Gigi, égrène doucement, comme un chapelet, dans une lumineuse prière laïque pour son retour.
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Avec la narratrice, on se met à naviguer dans le passé de la disparue, à remuer ciel et terre pour découvrir ce qu'elle a pu vivre et ce qui a pu engendrer pareil silence, s'immiscer dans le destin de ses parents, son enfance et les lieux qu'elle a foulés. Un peu déroutante au début, cette quête se transforme assez vite en une enquête serrée, parfois froide et clinique. Un festival de personnages qui s'unissent pour venir en aide à l'une des leurs n'a bien sûr rien d'unique, mais l'écriture fine et précise en enthousiasmera plus d'un, avec un schéma affectif qui scrute les relations humaines, parle d'amitié indéfectible, d'une fille devenue maman trop jeune et d'un couple qui bat de l'aile, encombré de souvenirs pas toujours joyeux. Un récit qui laisse une impression persistante douce-amère, mais qui refuse le pathos.
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Un texte lumineux, poétique avec pour héroïne une absente, une jeune femme, la fille de Gigi.
Ses amis tentent de comprendre ce qui se passe lorsqu'elle ne répond plus sur son portable et ne vient pas aux rendez-vous. Ils sont tellement soudés tous : les jumeaux, Yolande et Honoré. Ils se font appeler « la bande des martyrs ». On découvre le passé, la naissance de Gabrielle alors que Gigi est encore une adolescente et l'amitié entre les cinq enfants.
Gigi, la mère s'inquiète un peu plus tard lorsqu'elle apprend aussi la disparition. Connaissais t'elle vraiment son enfant ? Que lui cachait-elle ?
L'histoire résonne en nous pendant et après la lecture comme un cri de désespoir, celui de Gigi et ses amis, qui pleurent l'absence de Gabrielle.
Malgré le thème de la disparition et le dramatique de la situation, tout est doux, feutré et tendre même. Est-ce dû à l'écriture ? Ou bien à la construction de l'histoire ?
Je ne saurai le dire. J'ai beaucoup aimé ce texte semblable à un long poème.
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Gigi est la mère de Gabrielle, Gabrielle ne vient pas, ses amis et sa mère l'attendent, la cherchent ; Gabrielle a disparu ; son absence emplit le livre, le livre est tout entier organisé autour du vide créé par cette absence.
Un livre merveilleux. D'un style léger, rapide, d'une puissante force d'évocation et qui nous inclut, nous emmène avec Gigi, avec Léo et Lola, avec Honoré à la recherche de Gabrielle disparue.
Dominique Dussidour aime ses personnages, on ne résiste pas à l'amitié, au sourire, à la tendresse.
Pas de jugement, pas de morale - dans aucun des sens de ce mot - mais à chaque instant les sensations et les compréhensions immédiates, justes, et qui laissent libres le lecteur.
En bandeau l'éditeur a mis l'appréciation de Cécile Wajsbrot : "Le plus beau roman de Dominique Dussidour". C'est vrai !
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critiques presse (1)
LeMonde
18 août 2022
Autour de la vie somme toute ordinaire d’une jeune femme, ce roman, qui paraît trois ans après la mort de son autrice, séduit par sa justesse et son style.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Il était une fois dans une cuisine parisienne, il y a une vingtaine d’années, une enfant dont les doigts poussaient hors de son assiette les éclats de la coquille éparpillés autour du coquetier.
- Tu devrais manger ton œuf tout de suite, disait la mère. Si tu attends trop il va durcir, ce ne sera plus un œuf à la coque. Veux-tu que je l’ouvre ?
- Non, c’est moi.
La fillette découpe le sommet de l’œuf avec sa cuillère. Le jaune apparaît : une perle dans un glacier blanc. Elle touche du doigt la lisse pellicule qui le recouvre. Dessous vibre la perle. Elle la tapote. Ouvre-toi, ouvre-toi. La perle frémit, ça sifflote là-dessous, l’enfant l’entend. Sors de là, chuchote-t-elle. D’infimes secousses agitent la surface soyeusement bombée. Sors de là sinon je te mangerai. Ce qu’elle attend va-t-il se produire ? Oui, regardez ! La perle se fend et un éclair noir jaillit dans une éclaboussure de soleil : un loriot ébouriffe ses ailes et les déploie au-dessus du coquetier. L’enfant ne quitte pas des yeux les longs traits ondulés qui virevoltent sous le plafond. Le loriot siffle à tout-va. Autour de lui tout n’est plus qu’étincelles de lumière. Le ventre jaune vif illumine la table d’une nuée de papillons d’or qui dansent au-dessus de l’assiette.
- Tu as fini ton œuf ?
Gigi fait revenir des pommes de terre à la poêle.
Si elle se retournait elle ne verrait ni le loriot ni les yeux de l’enfant écarquillés sur l’invisible.
Encore quelques rapides battements d’ailes entre les murs de la cuisine bruissante de ses plumes et l’oiseau s’envole par la fenêtre ouverte du premier étage. Gabrielle entend son cri tourbillonner dans la cour avant de disparaître dans le noir de la nuit.
(Pages 65-66).
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Le jour où Honoré prit la photo qui fit pleurer Léo sous le chapiteau, une lumière dorée enveloppait la peau de Gabrielle d’une douceur qu’elle ne ressentait pas.
- Tourne-toi sur la gauche, vers la porte-fenêtre.
Elle avait regardé le ciel par-dessus le toit.
- Ne bouge plus.
Honoré dessine Gabrielle telle qu’il la voit. Bras droit replié derrière sa tête légèrement penchée, ce qui étire sa nuque. épaules dégagées. Seins qui prennent forme depuis qu’elle a eu ses règles le lendemain d’avoir fait l’amour. Pubis jaune citron. Intérieur de la cuisse tatoué d’ailes d’oiseau.
Le corps qu’il voit elle le voit aussi quand elle se regarde dans le miroir. Mais ce n’est pas le seul. D’autres corps existent sous ce corps visible. Des corps aléatoires, fugitifs, qui surgissent et disparaissent en un instant, qu’elle attrape parfois entre deux rapides battements de cils. L’un est si transparent, si léger, trace impalpable d’une absence, qu’elle voit ce qu’il y a au-delà. À l’opposé, un autre est si épais, si dense qu’il absorbe ce qui l’entoure et rend le monde opaque. Ils ne coexistent pas, ils surviennent, se succèdent. Elle voit aussi le corps solitaire qui s’est longtemps frotté au plaisir et à la douleur sans qu’elle parvienne à les séparer. Et enfoui au plus profond, propulsé à travers les années, le corps d’enfant qui ne savait pas que la mort existe. Aucun d’eux n’est le sien exclusivement, tous le sont.
(p. 226-227)
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Les après-midi où Gabrielle ne va pas à l’école, s’il fait beau le vieil Henri l’emmène au jardin de Suzanne. De l’autobus elle regarde le pigeon qui bat des ailes dans le caniveau, la princesse et le corsaire qui courent main dans la main, le bébé en poussette qui découvre le monde en suçant sa tétine, le chien en laisse qui piste d’autres chiens en laisse, le vendeur de crêpes dans sa guérite. Elle suit des yeux la fillette qui dort sur les genoux de sa mère assise sur le trottoir. Le vieil Henri lui a expliqué que la maman n’a pas de travail et qu’elle demande de l’argent afin d’acheter du lait et des gâteaux pour son enfant.
Ils choisissent un bouquet d’anémones à la boutique de fleurs et couronnes funéraires, entrent dans le jardin. Des tourterelles roucoulent, un chat tigré se prélasse au soleil en ronronnant. Gabrielle ne doit pas crier, pas courir, pas chanter à tue-tête. Sa petite main dans la grande main du vieil Henri, elle suit une allée bordée de saules. Les bruits de la ville ont été coupés net par la harpe que pince un angelot en pierre, par l’avion où une aviatrice en marbre noir porte casque et lunettes.
(p. 69-70).
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Il croit voir une ombre près de lui.
Par pitié, rendez-moi la voix de ma mère quand je rentrais crotté. Des larmes coulent de ses yeux. Qu’elle me protège à nouveau des nuits de l’hiver. Il perd à nouveau conscience.
Il marche dans des prés mouillés en tenant la main de Loreline. Leurs baisers virevoltent dans le feuillage des peupliers. Un vent joufflu chasse les nuages vers la mer. Il court en sabots avec Jean Mouton et Louis Compère derrière les géants dans les rues de Saint-Quentin. C’est au carnaval du Bouffon que la bière les a saoulés la première fois. Ils sont si jeunes, ils ont tant d’énergie. Ils ne sont pas encore partis à la guerre. Ils sont encore debout, vaillants. Jean et Louis sont encore vivants. Loreline est encore vivante. Les champs sont encore bordés de haies, les vaches paissent encore dans les prés, il y a encore des papillons, des abeilles, des coquelicots et des bleuets, les teinturiers transforment encore les fleurs de guède en bleu-violet pour les drapiers qui tailleront les robes de la Vierge.
(p. 123).
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Le passage est étroit, les silhouettes progressent en file indienne. Courte. Une file de deux. Deux minuscules créatures de l'air, ou deux géants terrestres minuscules - le regard hésite - bravant la pénombre d'aquarium qui menace de les engloutir. Désignons-les comme Léo et Lola.
A une dizaine de mètres, une ligne fluorescente tracée au sol indique la limite du sas. Léo pose une main sur l'épaule de Lola qui avance devant lui et la serre. Lola se retourne.
- Ne t'inquiète pas, dit-elle, je saurai nous mener à bon port.
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