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Roger Chartier (Préfacier, etc.)
EAN : 9782266070447
392 pages
Pocket (12/09/1999)
4.06/5   8 notes
Résumé :
C'est dans l'Angleterre du XVIIIe siècle qu'on a commencé à appeler "sport" un certain nombre de loisirs, comme la chasse, la boxe, la course et plusieurs jeux de balle, rappelle Norbert Elias qui montre ce qui différencie le sport moderne des formes traditionnelles de loisirs et d'affrontement. "Le sport moderne, dit-il, n'a ni fonction rituelle ni finalité festive ; il repose sur l'égalité des chances entre joueurs, dont l'identité sociale, le temps de la compétit... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Si je vous dis : « Attention ! Livre exceptionnel ! » Vous allez penser d'une part que je le dis peut-être trop souvent, si bien que l'exceptionnel perd son caractère à force d'être sollicité, ce sur quoi vous aurez raison. Ensuite, vous vous direz peut-être que si ce livre était réellement exceptionnel, vous en auriez très probablement déjà entendu parler auparavant, ce sur quoi je ne suis que partiellement d'accord avec vous.

Car, d'une part, ce livre sort du champ de la littérature et traite d'un domaine — le sport — qui a tendance à être aux antipodes des préoccupations principales des très grands lecteurs qui constituent le vivier des adeptes de Babelio. D'autre part, ne faisant pas l'objet d'une actualité particulière et sachant la place que prend l'actualité littéraire dans l'espace médiatique qui lui est réservé, rien d'étonnant, là non plus.

Enfin, si j'écris " livre exceptionnel ", vous aurez raison de corriger et de rectifier par " livre exceptionnel d'après moi ". Or, nous savons tous que nous sommes d'une diversité quasi sans limite, tant dans nos goûts que dans nos manières de penser. Nous avons tous déjà fait l'expérience d'un livre adoré, vivement conseillé à l'un ou l'une de nos proches avec le(la)quel(le) on partage moult avis communs sur une myriades d'ouvrages et… et pourtant, non… cette fois-ci, il (ou elle) vous avoue qu'il (ou elle) n'a pas du tout été enthousiasmé(e) par votre livre enthousiasmant.

C'est pourtant on ne peut plus normal : nous ne sommes pas des jumeaux homozygotes soumis aux mêmes influences. En somme, le célèbre « dis-moi ce que tu aimes lire, je te dirai qui tu es » n'est pas suffisant, il faut y adjoindre le « dis-moi ce que tu n'aimes pas et pourquoi et à quel degré tu aimes et tu n'aimes pas » et alors seulement, peut-être, je te dirai qui tu es. Et là, vous vous rendez compte qu'il n'est plus possible d'avoir le même caryotype littéraire que quiconque.

Désormais forts de ce préambule, je peux reprendre cette critique que vous saurez justement interpréter. En effet, la couverture n'était pas terrible, le sujet de ce recueil d'essais, a priori pas trop dans mes cordes, mais dès les premières pages, j'ai compris que j'avais entre les doigts un outil de compréhension du monde environnant des plus lumineux.

Norbert Elias et Eric Dunning analysent l'historicité, l'origine, l'évolution mais aussi et surtout la fonction sociale du sport. C'est réellement édifiant et, pour moi, captivant.

Le phénomène du hooliganisme, par exemple, devient extraordinairement limpide mais l'on y découvre aussi des choses beaucoup plus étonnantes. Je n'en choisirai qu'une : l'exemple de l'introduction des lapins en Australie par les Anglais (aux conséquences catastrophiques que l'on connaît pour l'environnement) ne peut se comprendre que par l'impératif, ô combien stupéfiant de nos jours, de nourrir les renards, eux-mêmes introduits par les colons britanniques.

Mais pourquoi introduire des renards me direz-vous ? Tout simplement parce que la chasse au renard était THE sport national à l'époque, aussi " barbare " et inimaginable que cela puisse paraître à présent. Les auteurs analysent également les raisons de l'essor et de l'efflorescence du sport en Grande-Bretagne au XIXème siècle.

Bref, une véritable mine d'or qui donne à comprendre beaucoup du fonctionnement de notre société actuelle, en tout cas, c'est là mon opinion du moment, c'est-à-dire, pas grand chose.
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C'est un sujet intéressant. Norbert Elias soutient que les sports modernes, par leur symbolique guerrière, permet de défouler du trop plein d'énergie ( ce que j'appellerais "testostérone" ) les pratiquants, et qu'il y a une euphémisation de la violence (moins de brutalité qu'à l'époque antique ) grâce à la symbolique, les règles, et à l'arbitrage, qui empêchent que les confrontations ne dégénèrent.
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Norbert Elias écrivait très bien.
Le sport est en effet un espace social codifié, réglé et euphémisé, qui suscite émotion et passion, dans lequel la violence est, a contrario de celle observée dans les jeux anciens, plus symbolique que réelle.
Il est à noter que le sport (activité codifiée, qui n'est pas le début historique des activités physiques ) a été inventé par les Anglais au XVIIIè siècle avec des règles permettant à la gentry de se défouler sans terminer à l'hôpital. La chasse au renard, indiquée par Norbert Elias a été suivie de la boxe, du foot-ball, du rugby, etc...
C'est vrai que, par rapport aux jeux du cirque des gladiateurs de Jules César, ou à la choule du moyen âge, où des morts "restaient sur le carreau", on peut constater une euphémisation.
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Mais le dopage actuel est une violence, sans compter l'ensemble des micro-traumatismes au football américain ou à la boxe, où certains joueurs finissent handicapés. On peut aussi dire que le business, les enjeux commerciaux exercent une pression et un stress qui s'apparente à de la violence.
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"La violence maîtrisée" est donc toute relative dans le domaine des activités physiques et sportives.
Et si on étend ce raisonnement à la "civilisation", il ne faut pas oublier que Norbert Elias est un "compatriote" et contemporain d'Hitler, et qu'on a actuellement Bachar et d'autres qui ne devraient pas être très fiers de ce qu'ils font.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Si l'on compare nos activités de loisir avec celles des époques passées, on voit aisément que seules ont survécu celles qui pouvaient être adaptées, compte tenu de la vive répugnance suscitée par les activités où des êtres humains s'infligent mutuellement des blessures physiques. Les luttes entre gladiateurs, les luttes entre êtres humains et animaux sauvages — qui pendant des siècles réjouirent les populations urbaines de l'Empire romain — et les divertissements médiévaux, comme les pendaisons publiques, les combats de coqs ou le fait de brûler vifs des chats dans des paniers, n'attireraient probablement guère le public contemporain et certains pourraient même les juger intolérables et monstrueux.
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Le sport en tant que combat physique non-violent est né un moment où la société connaissait des transformations inhabituelles : les cycles de violence ralentissaient et les conflits d’intérêts et de croyances trouvaient une solution de sorte que les deux principaux prétendants au pouvoir en vinrent à régler leurs différends non plus par la violence, mais par des moyen confort matériel. p34
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la connaissance du sport est la clé de la connaissance de la société p25
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Videos de Norbert Elias (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Norbert Elias
Non, le populisme ne saurait être réduit ni à l'icône de ses sectateurs, ni à la caricature de ses détracteurs. Par-delà les espérances et les insurrections, les craintes et les répressions qu'il a suscitées, alors que ce mouvement hier planétaire semble aujourd'hui retomber, c'est le propos de cet essai novateur que de le réinstaurer à sa juste place dans l'histoire. En décryptant sa gestation à la lumière de l'anthropologie. En scrutant sa construction à l'aune des théories politiques et des imaginaires culturels. Et si le populisme était le signe d'une crise de civilisation ? D'une fracture majeure dans l'idéologie du progrès ? Et s'il était né d'un refus de la neutralisation de la Cité ? D'une nostalgie des passions, des aventures, des utopies ? Mais aussi d'un retour du sens commun, du sacré, de la souveraineté ? Et si les peuples étaient simplement partis à l'assaut du ciel pour se recréer un horizon ?
Ce livre d'histoire immédiate, qui offre un panorama mondial des mutations en cours, s'attache aussi à en éclairer les soubassements symboliques. Il fait dialoguer Régis Debray et Marcel Gauchet avec Jeff Bezos. Ou encore Antonio Gramsci et Norbert Elias avec Daenerys Targaryen. Mais aussi les aristocrates paupérisés du Grand Siècle avec les occupants rebelles de Wall Street. Et les esthétiques des avant-gardes avec les révoltes émeutières des masses. Pour mieux appeler au sursaut.
Diplômé de Sciences Po, fondateur du média en ligne Le Vent Se Lève, membre des conseils scientifiques de l'Institut Rousseau et de la Fondation Res Publica, Antoine Cargoet a dirigé l'ouvrage collectif L'Histoire recommence. Il est aujourd'hui éditeur et signe ici, à 25 ans, son premier livre.
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