Rien de ce qu’on a dit
n’est arrivé.
Des rumeurs
filtrent.
L’ombre leur fait de la reliure.
Quelque chose a foiré.
Sûr, ce lieu a un Maître des lieux,
mais va-t’en le prouver.
Ce que j’ai entendu (fractionné)
est protégé par la lampe
éteinte.
Ce que j’ai saisi (le concret)
a disparu.
Prête attention à la pente.
Comprends ce qu’est
être dedans
près de la souffrance
quand le cercle attend
quand le cercle attend
difficile ici de distinguer
le blanc de l’effacé.
Tout est posé à même le sol.
Poussière
n’épuise pas
terre.
Le feu se déclare par son mouvement,
cherche sa matérielle.
Qui mène ? Qui suit ?
De dedans, tu contiens l’oubli
en des mots qui
le rappelleront
le temps d’aller vers l’ouvert
le temps de se taire
le temps de prendre le souffle
de le perdre
dans les jours qui viennent
(avant que tout cela ne devienne
trop abstrait)
tu n’as qu’une bouche, une demi-poche,
des hasards
La parole qui existe comme des
vagues muettes
Les oreilles se tendent vers les matières
qui ne se prononcent pas
Le vert quitte les tiges
pour s’y perdre
Dehors,
sur ton épaule,
le petit jour, l’audace
On se laisse aller
(pas pour longtemps)
et ça n’a plus de sens
En tout cas, j’ouvre la
porte au poème, à la
poche de la crainte
Rien de sublime
Habiter la peur à
l’embouchure de la musique
et il y a toujours l’immense
à empoigner
Ne ronge plus tes ongles
Parle-moi, près de la table
des choses particulières,
des points d’appui
inachevés –
une tige, le hasard, l’oubli
Un fruit vient..., Israël Eliraz
lu par Danielle Lebrun