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EAN : 9782072821387
128 pages
Joëlle Losfeld (04/04/2019)
3.81/5   8 notes
Résumé :
Après une longue séparation, un père et sa fille se retrouvent pour emprunter la route du blues entre Memphis et La Nouvelle-Orléans en espérant renouer des relations jusqu’alors chaotiques. S’ils découvrent peu à peu l’envers du décor d’une musique devenue folklore pour touristes, ils apprennent la vérité vraie sur la mort énigmatique de Robert Johnson, figure tutélaire de la musique bleue. Mais le voyage est surtout l’occasion pour le père de s’interroger sur ses ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Sur cette route du blues qui se parcourt comme un chemin de croix, se dressent quelques interprètes emblématiques de blues brandissant fièrement des ex-voto sur lesquels sont gravés un des titres majeurs de leurs compositions.

Un pèlerinage que désire effectuer un homme, ancien responsable du service presse des Renseignements généraux à Paris mais néanmoins féru de blues, en compagnie de sa fille avec laquelle il ne communique que parcimonieusement et qu'il ne voit que trop rarement.

A la suite de son divorce, sa fille avait été élevée par sa mère, était devenue professeur de lettres puis s'est exilée au Canada, à Montréal, comme naturopathe. Aujourd'hui elle est âgée de quarante ans, ou presque, et les retrouvailles à Memphis sont prétextes à se remémorer quelques pans de vie passée.

Toutefois, avant de partir à l'aventure, le père récupère à l'aéroport un étui de violon que lui tendent deux hommes. A la question que lui pose sa fille, il répond par une pirouette.

Et les voilà parcourant cette route 61, The Blues Higway, à bord d'un véhicule de location. Papa narre quelques anecdotes musicales, entre deux crises de migraine qui se déclenchent à répétition. Et lors d'une étape dans un des nombreux débits de boisson dans lesquels les bluesmen d'antan, sans oublier des chanteuses comme Betty Smith, se produisaient, buvaient, posaient leurs empreintes indélébiles.

C'est ainsi que l'un des cuistots, d'origine française, de ces baraques leur raconte que si la légende concernant la rencontre de Robert Johnson avec le Diable n'est pas forcément une fiction destinée à embellir cette fable musicale, sa mort ne serait pas forcément due à un empoisonnement. L'utilisation du poison est une arme féminine, paraît-il, et donc un cocu l'aurait expédié dans les limbes ou en Enfer d'une autre façon. Et ils visitent avec un guide du cru les trois endroits où Robert Johnson serait enseveli.

Tandis que Fifille se remémore des épisodes de sa vie, principalement cet événement subi dans un parc alors qu'elle courrait et pas forcément derrière des garçons, elle aurait eu un contact, un corps à corps non programmé. Une victime prise en charge par un policier très aimable. Trop aimable ?

Papa lui ressent ses crises de migraines antérieures et comment une Russe, Svetlana le soignait par l'imposition des mains sur la nuque. Ce qui ne l'empêchait pas non plus de les poser ailleurs. Un souvenir marquant dans sa vie de policier qui n'en faisait qu'à sa tête. Quand celle-ci le laissait tranquille.

Fifille, naturopathe, s'emporte quand elle découvre avec quel genre de cachet se soigne son père :

Là, tu es en train de t'empoisonner à petit feu. Je ne te demande pas pourquoi tu les prends, pourquoi tu ne vas pas bien, je ne suis pas de la police, moi. Promets-moi seulement d'essayer un traitement homéopathique.

Petit aparté :

D'ici je vois les toubibs qui déclarent la guerre à l'homéopathie se lever, se regimber devant une telle déclaration, eux qui sans barguigner prescrivent des produits chimiques produits chez Bayer (ceci n'est pas de la pub !) et dont l'efficacité médicale n'est pas prouvée mais qui empoisonnent plus sûrement que quelques plantes. Les pots de vin distribués eux non plus ne sont pas prouvés.

Fin de l'aparté.

Mais elle aimerait savoir également pourquoi son père s'obstine à transporter cet étui de violon, quelle est la mission dont il est chargé. Ferait-il du trafic, transporterait-il des armes, à quoi peuvent bien correspondre ces réticences, son silence.



Une flèche dans la tête est un conte musical et philosophique, et le lecteur retrouvera avec plaisir les noms de Charlie Patton, Howlin' Wolf, John Lee Hooker, Dinah Washington, Billie Holiday, Big Bill Broonzy, Robert Johnson évidemment et de combien d'autres qui devraient figurer dans toute discothèque (Je parle du meuble) digne de ce nom. Et Papa ressemble furieusement à l'auteur, mais chut, je ne vous ai rien dit. Mais l'auteur revient également sur la signification des certaines chansons blues, des textes grivois, coquins, évocateurs, loin de l'incantation des esclaves décrivant leur sort.

Autrefois la parole était nettement plus libre, on pouvait rire de tout ou presque comme une soupape aux pouilleries de l'existence puisque la criminalité était bien pire, la misère, comment dire, plus prégnante.


Lien : http://leslecturesdelonclepa..
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Dans une belle écriture ciselée de polar, le blues d'un solitaire migraineux, ancien des renseignements généraux, et de sa fille fuyant une tristesse et espérant un lien affectif qui n'a pas existé... Un blues que chacun joue pour nous tour à tour, sur la route mythique et pitoyable d'une Amérique berceau du Blues, musique noire, et cimetière des rêves et des "chacun sa chance" (une Amérique récente, c'est "l'agent orange" qui est au pouvoir), au fil de chapitres qui portent en titre des morceaux que j'ai écoutés en lisant. On n'a pas besoin de connaitre toutes les références pour apprécier, il faut juste ne pas vouloir d'une chanson pop acidulée.
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Route 61

Point de polar pour une fois chez Michel Embareck… Et ma fois, cela lui va aussi très bien !

Un père, ancien des Renseignements Généraux, et sa fille partent dans un road trip sur la route 61. Non, non, ce n'est pas une erreur : la route 66 ne fait pas partie de cette histoire, cet homme préférant, et de très loin, la route du Blues.

Ce parcours familial restreint au père et à la fille (nous ne saurons rien de la mère, à part que le couple est divorcé) les amène à se côtoyer mais de manière assez fragmentaire, en fait. Ils ne partagent rien de leurs passés, rien des fêlures qui les ont amenés, l'un à entreprendre ce voyage et l'autre à accepter d'accompagner son paternel : ils partagent un présent sans jamais faire appel au passé qu'ils n'évoquent que chacun de leur côté, dans leurs pensées, dans l'évocation personnelle de leurs souvenirs.

Lui subit de plein fouet des migraines carabinées qui le clouent littéralement sur place. Elle vit avec une douleur chevillée au ventre, une trahison vécue dans son Canada d'immigration.

Chaque étape de cette route 61 est une occasion, à chaque fois perdue, de partager quelque chose. Alors ils s'en remettent à la compréhension muette qui les unit et arpentent une Amérique qui n'a rien des cartes postales. Pour autant, il se dégage une force qui fait avancer encore et toujours les personnes qu'ils rencontrent à qui leur racontera un souvenir, une anecdote, vraie ou fausse, peu importe, à qui leur montrera ce que le Blues continue à être malgré les changements intervenus dans la société depuis son apparition sur Terre. « Autant le socialisme en rang d'oignon de Svetlana que le blues en salopette dépenaillée appartiennent à des mondes engloutis alors que leurs racines authentiques demeurent plus que jamais vivaces. »

Ils découvrent la vérité qui se cache derrière les légendes d'une musique de douleur. Michel Embareck le dit d'ailleurs ainsi : « Ce n'est pas compliqué. Un blues commence presque toujours par l'évocation, répétée deux fois, d'un tourment. S'ensuit une réponse d'espoir ». Il est un peu beaucoup construit comme ça le roman de Michel Embareck : à évoquer les tourments du père et de la fille puis à repartir sur une note d'espoir pour chacun d'entre eux.

Leurs mondes respectifs sont tellement étrangers l'un à l'autre que leurs routes finiront par se séparer, de manière très naturelle. Mais cette séparation ne marque pas une fin en soi mais évoque plutôt une façon de repartir vers quelque chose de neuf.

Lien : https://garoupe.wordpress.co..
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Deux histoires se chevauchent dans ce court roman ou plutôt longue nouvelle . Celle d'un père souffrant d'une terrible migraine et de sa fille désabusée qui se retrouvent avec leurs blessures intimes , leurs incapacités à réellement communiquer et puis l'histoire du blues musique de toutes les douleurs .
Un récit lent où alternativement le père et la fille prennent la parole , se racontant sans que jamais ils ne parviennent à ce comprendre.
Un récit poignant sur la solitude et l'incompréhension qui peuvent se faire au sein d'une famille . Michel Embareck mêle adroitement la fiction avec l'histoire actuelle et ses allusions à la présidence américaine et celle du blues . Un roman émouvant dans lequel deux êtres se mettent à nu avec une bande son époustouflante.
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Le pèlerinage de ces deux êtres nous fait découvrir la route mythique du blues, et les plus énigmatiques géants du blues s'invitent dans le paysage.

Le blues en parfaite harmonie avec le mal de vivre qui habite cet homme qui soufre depuis si longtemps, le coeur brisé et la tête fracassée par d'incessantes migraines.

Dans cette errance, un père et sa fille aux âmes blessées tentent désespérément de se rapprocher tout en s'éloignant davantage à chaque tentative en écho à ce monde en perdition.

Un roman où la musique et les pensées philosophiques s'entremêlent pour nous offrir une douce balade digne des plus beaux blues.

À savourer avec en fond sonore l'album” Migraine Blues ” de Fred Sheftell
Lien : https://dealerdelignes.wordp..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
En fait les Ricains m’épateront toujours. En l’absence de véritable Histoire, ils tirent profit de la moindre anecdote pour en faire un spectacle, une commémoration ou une attraction.
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Là, tu es en train de t’empoisonner à petit feu. Je ne te demande pas pourquoi tu les prends, pourquoi tu ne vas pas bien, je ne suis pas de la police, moi. Promets-moi seulement d’essayer un traitement homéopathique.
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Autrefois la parole était nettement plus libre, on pouvait rire de tout ou presque comme une soupape aux pouilleries de l’existence puisque la criminalité était bien pire, la misère, comment dire, plus prégnante.
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Aucune sentiment de nostalgie dans son esprit. Ce n’était pas mieux avant. C’est seulement pire aujourd’hui.
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Faut dire que le diable paie cash alors que Dieu achète à crédit et sans garantie de retour sur investissement.
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Videos de Michel Embareck (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michel Embareck
Une amitié sous le signe du rock !
Dès la sortie de son premier album, Bob Dylan peut compter sur un soutien de poids au sein de sa maison de disques : celui du chanteur Johnny Cash, alors au faîte de sa carrière, qui voit en lui le continuateur d?une folk music en péril. Devenus amis, les deux hommes entament une correspondance. En marge d?une décennie tragique ? celle de la guerre du Vietnam, des assassinats de JFK et Martin Luther King ?, ces lettres suivent la vie chaotique de deux monstres sacrés de la culture populaire, reflétant leurs coups de génie? et leurs coups de blues. De Nashville à Saigon et de Newport à Paris, on suit les compères chez les moonshiners, ces fabricants d?alcool clandestin. On assiste au mythique concert de Cash à la prison de Folsom, en 1968. Et l?on croise une Marilyn Monroe défoncée à la benzédrine, un Richard Nixon gravement offensé, un Alice Cooper superbe et généreux, un Kris Kristofferson en homme de ménage dans les studios Columbia.
En filigrane, Michel Embareck et son double ? le vieil animateur de radio connu sous le nom de « Rôdeur de minuit » ? revisitent avec verve l?histoire américaine, de la lutte sanglante pour les droits civiques jusqu?à l?élection d?Obama.
* Son précédent livre, Jim Morrison et le diable boiteux (L?Archipel, 2016)
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