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Frank Reichert (Traducteur)Gérard Guégan (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070746842
688 pages
Gallimard (09/10/1998)
4.14/5   50 notes
Résumé :
Emmett Grogan est un jeune Irlando-américain de Brooklyn, cambrioleur, voyageur qui se retrouve à Paris pendant la guerre d’Algérie. Puis il connaît la prison, étudie le cinéma, s’engage dans l’I.R.A. C’est aussi le fondateur des « Diggers » de San Francisco, qui « libèrent » tous les jours des vivres pour les distribuer à des milliers de pauvres.

Réédition 06/05/2022
Edition : l'Echappée
Collection : Poche

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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Mon histoire commence dans les rues de Brooklyn avec le jeune Kenny Wisdom, tout juste seize ans. Les sixties sonnées, je découvre ce Ringolevio, un jeu grandeur nature qui donnera le titre à la version autobiographique de sa vie, - aparté dans le confessionnal : je n'ai pas tout compris aux règles, mais peu importe, au bout de quelques pages, il n'en sera guère question, si ce n'est que le jeune Kenny fera son apprentissage dans les rues de Harlem. Ce jeu changea sa vie ; alors pendant qu'un de ses copains se faisait descendre par un flic dépassé lui aussi par les règles, Kenny fit sa première grande expérience, shoot d'héroïne. Je me suis dit, intérieurement, que je vais avoir un livre sur les drogués, chouette j'adore ces zombies, sauf qu'au bout de quelques pages, et quelques mois de tôle, le jeune Kenny sortira de son addiction. Il découvrira le vol de haut vol, cambriolant les belles demeures de ses camarades bourgeois, une intelligence hors norme au service du délit. Délice, un roman de gangsters et de délinquance de rues, ça me changera des histoires à l'eau de rose un peu trop fleur bleue que j'ai l'habitude de lire. Au temps pour moi, pour les effractions cela tourne court, long courrier, je m'envole avec Kenny vers d'autres horizons de l'autre côté de l'Atlantique. Kenny a l'intelligence de fuir avant de replonger dans les sombres cellules de bas quartier.

Amsterdam, puis Paris en pleine rébellion algérienne, il file vers les Alpes et l'Italie, la Dolce Vita et Cinecitta. Je le découvre ainsi cinéaste amateur, lettres de noblesse à l'école de cinéma, et lettre à ses parents pour les rassurer, vous allez voir, papa maman, je suis un gars bien, je vais devenir quelqu'un, ne vous inquiétez pas pour moi. Et là, je le vois déjà dans ma tête tourner avec les plus grands, devenir le nouveau Fellini, le nouvel Argento. Parce que son premier film remporta même un prix, mais une telle vie ne se raconte pas dans un obscur billet tel que celui-ci. Alors, on rentre à la maison, ou plutôt sur la côte Ouest, là où l'herbe est de meilleur qualité, flower power, les hippies ont les cheveux longs et les maisons bleues sont adossées aux collines, San Francisco. Et toujours tambour battant, la vie suit son cours, tel le cours d'une rivière impétueuse. le jeune Kenny Wisdom se rebaptisera en Emmet Grogan et une idée fumeuse lui vient : aider simplement le peuple. Et dans le genre, on ne fait pas mieux que de prendre deux grosses marmites, de faire une soupe de légumes et de carrés de boeufs volés, s'installer dans un parc et inviter tous les gens à venir avec leur bol, distribution gratuite. En même temps, il fonda les fameux « Diggers » de San Francisco, et nul doute qu'un gars en salopette a suivi ses actions pour fonder sa cantine populaire, une cantine du coeur. Emmett y mettra énormément de coeur à cet ouvrage, tout en gardant surtout cette règle primordiale et essentielle, l'anonymat.

Voilà, je n'en dis pas plus, ce n'est qu'un maigre aperçu de sa vie, une vie jouée à fond. Maintenant entre les distributions gratuites de nourriture, viendront les premiers concerts gratuits, ce concert de charité et de bonnes causes qui perdurent encore de nos jours, - Emmett avait tant d'idées à mettre en avant pour son peuple, avec les plus grands noms de cette scène – nous sommes en plein « Summer of Love », Janis Joplis est là, cette perle cosmique venue avec son Big Brother and the Holding Company, sans oublier la barbe et les lunettes de Jerry Garcia, toujours présents dans ces rencontres avec le Grateful Dead. Cette musique a une place importante dans cette ville, dans la vie d'Emmett, mais surtout pour le peuple de San Francisco. Quand San Francisco se lève, Emmett épluche des tonnes de patates, de poireaux, de carottes, vole des carcasses de boeuf à l'abattoir, désosse des poulets, distribue des milliers de repas... Il veut des hôpitaux gratuits, des logements gratuits, une entraide mutuelle, une vie au rythme du coeur, sans temps morts. Une vie bien remplie, une vie à fond. ET j'ai envie de dire, quelle putain de musique, quelle putain d'été, mais surtout quel putain de bonhomme cet Emmett Grogan. J'ai énormément appris sur lui, sur cette période, sur l'âme humaine.
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Voilà, Ringolevio est réédité ( 2009 ) après des années en sommeil….à « l'échappée » - Lampe-tempête
Livre culte à mes yeux.

Qu'est ce que Ringolevio ? c'est un récit absolument incroyable.
Qui était Emmet Grogan ?
Tout est dans le titre et l'auteur, puisqu'il s'agit d'un récit autobiographique.

Pour Ringolevio , rkhettaoui dans les citations , en donne la définition , tirées du livre.
C'est une sorte de jeu de de rue pratiqué par des gamins de la rue de New York, des épreuves à l'instar de rites de gangs des villes américaines.
« le Ringolevio nous préparait à la vie. À la violence, aux iniquités, à la pauvreté, aux guerres. On apprenait à baisser la tête, on apprenait la rapidité et la ruse, les deux conditions essentielles de la survie. On pouvait être un cancre en maths, mais on réussissait. »

Peu à peu , par le Ringolevio, il se fait une place. Puis avec ses compétences acquises, plonge dans la petite délinquance, crescendo devient un as de la cambriole, très jeune , se fait des petites fortunes. D'origine Irlandaise, il retourne au pays, devient pourvoyeur de fonds pour l'Ira…..un temps.
Quitte l‘Ira, voyage en Europe….
Mal du pays, il y retourne, se retrouve à San Francisco fin des années 60. San Francisco à l'époque, c'est La Mecque.
Pleine guerre du Vietnam, pacifistes de tous crins ,un nid de contestations diverses ; bref ça bouge bien.
Hippies, Beat Génération
Zik côte Ouest, Grateful Dead, Jefferson Airplane, Janis Joplin, Hendrix, Dylan…..et j'en passe
Il y croise les Burroughs, Kerouac, Hell's, Black Panthers, Ginsberg, Jerry Rubin
Il raconte tout ça, ce qui nous donne un récit très dense.
Il reprend ses activités lucratives…
Se constitue un réseau d'amis et avec eux, fonde les « Diggers »…Qui sont-ils au juste ? un peu un mix de Robin des bois, de Restos du coeur, d'indignés, d'alternatifs , d'écolos avant l'heure , de théâtre engagé, café philo
…..San Francisco bouge…et bien !
Tout ce beau monde se côtoie, se connaît, inter-pénétrations diverses pour former la « contre-culture »… ( pour faire court )
Des français s'y pointent, un certain Maxime le Forestier , chante « la maison bleue » et notre Johnny se déguise en hippie ,Youpi ; Y a même des gens qu'il aime bien là-bas….passons !

Et il y a la dope, également ,un peu comme Obélix, il est tombé dedans quand il était petit…..donc ça continue et bien sûr , avec toutes les heures de route accumulées , il en paiera les conséquences …Overdose.
A l'époque une maxime, un slogan en vogue
« Vivre vite, mourir jeune et faire un beau cadavre »
Beaucoup ont suivi ce précepte à la lettre….

Je n'ai plus mon « Ringolevio » d'origine, je l'avais lu il y a une quarantaine d'années.
A l'époque, à la sortie de cet « Ovni » comme disent certains critiques aujourd'hui, une bombe ! Tous les gamins ,nous lisions ça…
Quoi ? T'as pas lu « Ringolevio », « c'est le pied ! » « tu vois ! »
« Oui, oui, je vois ce que tu veux dire..d'accord, je lirai

« Actuel » ou le « Charlie Hebdo », nouvellement créé après le fameux « Bal tragique à Colombey », avaient du en faire l‘écho, ainsi que toutes les fanzines qui prospéraient à l'époque….

Emmet Grogan raconte cette Amérique de là-bas, c'est du brut, de l'intense, du vécu….A lire , à découvrir, à redécouvrir…
Maintenant pour la « vérité », à chacun de voir…peu importe, vous êtes emportés, car c'est un sacré narrateur.
De tout ça, retenir ce foisonnement incroyable…
Pour les curieux, ai mis dans ma liste , "les Diggers Révolution et contre-culture à San Francisco» d'Alice Galliard que je n'ai pas lu et le fameux « Do It » de Jerry Rubin..
Emmet Grogan,au passage l'égratigne quelque peu ( de mémoire ) de quelques noms d'oiseaux.

Autre référence, Neal Cassady , « Un truc très beau qui contient tout » édité récemment
( pas lu encore ) sans lui pas de Kérouac

Nota : Fin de la nlle édition
Au détour des pages de cette extraordinaire autobiographie, on croise les grandes figures de la contre-culture américaine des années 1960 : Angela Davis, Bob Dylan, Allen Ginsberg, William Burroughs, Jack Kerouac, Neal Cassady, les Hell's Angels, les Panthères Noires… et l'on sent le souffle, comme nulle part ailleurs, d'une époque explosive.
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Une leçon de vie et une critique au vitriol de la petite bourgeoisie hippie et de son manque de conscience politique. le récit d'Emmet Grogan reste tout à fait actuel aujourd'hui où les mouvements citoyennistes qui prétendent se passer de la lutte et de la violence pour "transformer" le système ouvrent avec la rapidité de la vérole leurs petites boutiques en exploitant la misère humaine. Vive la Révolution et l'amitié !
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J'ai dévoré cette autobiographie jusqu'à ce que je trouve la partie sur les Diggers trop longue.

J'ai accroché du début
jusqu'au milieu de l'aventure Diggers.

Mais arrivé à un certain moment j'ai trouvé que la partie sur les Diggers était très étirée. Certains penseront que c'est normal et que c'est la partie la plus intéressante mais moi je suis passée à côté à cause de cela. Cela aurait été parfait avec moins de détails car là nous y sommes sur plusieurs centaines de pages.

Quelle vie hallucinante, je suis contente d'avoir découvert cet homme dont je ne connaissais rien même si j'ai terminé cette autobiographie un peu en diagonale.
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L'auteur narre sa vie, commençant par être un petit délinquant assez futé à New York. Les deux premières parties sont assez prenantes et se lisent facilement, notamment les passages sur ses cambriolages et son épopée en Europe. En revanche, la troisième est assez longuette (la fondation des Diggers ) et peut se lire plus rapidement pour ne pas se décourager.
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critiques presse (1)
Bibliobs
30 juillet 2013
Son autobio, exaltante comme une vie de Casanova, ne souffre que d’un défaut – que l’auteur se reconnaît du bout des lèvres: sa grosse tête. [...] On eût aimé en savoir davantage sur ses failles, béantes sans doute.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Les anges de Frisco voulaient remercier la population de Haight qui avait aidé à payer la caution de leurs frères, et envisageaient de donner une grande fête. Pete l'Ange en parla à Emmett. Ils décidèrent d'organiser ça dans le parc, pour le Jour de l'An. Ce qu'ils firent. Les Anges payèrent la bière et la sono, et Emmett trouva un grand camion à plate-forme pour servir de scène. Comme c'était un dimanche et qu'il n'était guère que midi, il dut aller réveiller Big Brother et la Holding Company, ainsi que le groupe des Grateful Dead. Pearl le maudit et le traita de tous les noms, et Jerry Garcia lui conseilla d'aller jouer à la roulette russe avec un automatique, mais ils vinrent tous, et il joua merveilleusement de la guitare, et elle chanta de toute son âme pour le peuple.
Ce fut une sacré journée et une sacrée fête, le premier festival rock gratuit qu'on ait jamais vu dans un parc. Quand le soir tomba, tout le monde était heureux et épuisé et en pleine vape. Les flics rappliquèrent, virent que tout le monde était à plat, et se tirèrent en marmonant vaguement qu'on avait pas demandé d'autorisation. La foule salua leur départ en chantant : " Le parc appartient au peuple ! Le parc appartient au peuple !"
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Il respirait difficilement, et il sentit à peine l'aiguille percer la veine. Du sang monta dans le compte-gouttes. Il le regarda un moment, puis il dénoua le garrot et injecta tout le liquide dans son bras. La chaleur se répandait déjà dans tout son corps, avant même qu'il retire l'aiguille. L'héroïne le détendit, il avait envie de dormir, mais il fut soudain pris d'une nausée et rejeta dans les W.-C. tout ce qu'il avait mangé et bu dans la journée. Ça n'avait pourtant rien de désagréable, ça arrivait à tout le monde la première fois, et Kenny s'y était attendu. Il nettoya enfin son matériel, replia les bords du papier, rentrant les coins de chaque côte, et enveloppa le tout dans du papier des cabinets ; il cacha le petit paquet derrière le panier à linge. Puis il essuya le sang de son bras avec un Kleenex et s'assit sur le rebord de la baignoire en se demandant combien de temps il lui faudrait surmonter la phase de la nausée. Il alluma une cigarette, qui lui parut meilleure que toutes celles qu’il avait fumées jusqu'alors et comprit qu'il allait devenir un camé de première classe, maintenant qu'il venait de voler en solo, de prendre son premier vrai shoot.
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Au bout d'une heure, Kenny était en pleine vape. Les objets inanimés et les pensées fugaces se confondaient et se libéraient, et tourbillonnaient en cataractes d'apparences. Des souvenirs surgis du passé explosaient en gerbes kaléidoscopiques de spirochètes lumineux, dansaient en une cascade chaotique, nostalgique et hors du temps, comme les pensées d'un homme qui se noie. Tout se déplaçait à la vitesse de la lumière, avec le soleil d'hier luisant dans une direction et celui de demain dans une autre. Le passé et l'avenir devenaient le présent. Il voyait une lueur, scintiller au plus profond de son être, et il comprit immédiatement que s'il cédait à l’angoisse ou à la panique, il raterait l'éblouissement de sa propre mort qui faisait partie de sa vie. Il s'envola, se plaça sur orbite et au moment où il craignait d'y rester toujours et pensait que ça suffisait comme ça, tout se termina et il commença à redescendre. Il avait mal dans les riens.
Après l'orage psychédélique, les pensées de Kenny se calmèrent. Il savait que la plupart des gens étaient mal dans leur peau parce qu'ils craignaient ce qu'ils étaient. Il comprenait qu'il aurait beau chercher à savoir s'il serait le héros ou la victime de sa propre vie, jamais il ne pourrit découvrir son destin.
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Le temps passait, ou restait immobile. Pas de différence. Le cadran de la pendule, la position des aiguilles ne signifiaient rien. Une seconde, une minute, une heure, un jour, une semaine, un mois ou un an, ou deux, ça n’a pas d’importance. Il n’y a plus de calendrier. Tout reste pareil. C’est le temps de la drogue. Le réveil sonne uniquement dans les moments de panique, quand la filière s’est perdue dans la nature, ou quand un pépin arrive qui tarit la source de la marchandise dont le type a besoin pour oublier la vie. Ou la mort.
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Dès le départ, le Birdland devint un de ses lieux favoris. Il allait toujours seul au club de la 52e Rue. Il payait deux dollars au caissier, au pied de l'escalier, après s'être bigorné avec un nabot à peau noire au sujet de son âge, puis il allait s'installer au bar ou s'asseyait dans la galerie pour boire du Cutty Sark en écoutant les musiciens : des gars comme Bobby Timmons, Cannonball et Nat Adderly, Charles Mingus, Stang Getz, Jackie Mac Clen, Miles Davis, Dizzy Gillepsie, James Moody, Herbie Mann, Philly Jo Jones, Leroy Vinegar ou Horace Silver qui était son préféré.
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