AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,82

sur 204 notes
5
13 avis
4
15 avis
3
9 avis
2
2 avis
1
0 avis
« L'alcool et la nostalgie, voilà tout ce qui reste. »

Jeanne et Mathias, le narrateur : deux amis parisiens. Elle est partie vivre à Moscou, il l'y a rejointe quelques mois plus tard. Elle lui a présenté Vladimir. Ensemble, ils ont formé un trio d'amants, une femme pour deux hommes. Ensemble, ils ont sombré dans l'héroïne, dans la vodka, dans la débauche. Ils se sont aimés, déchirés, séparés. Mathias est rentré en France, Jeanne et Vladimir sont restés à Moscou.

Mais voilà que l'ami est mort, et Mathias rejoint Moscou – et Jeanne – pour accompagner la dépouille de Vladimir jusqu'à son village natal, en Sibérie. Un voyage au long cours, à bord du Transsibérien, en tête à tête solitaire avec le corps de l'ami décédé, deux mille huit cent quatorze kilomètres depuis Moscou – soit une centaine de jours de cheval, à l'époque de Tolstoï ou de Pasternak.

Des heures et des heures seul dans ce train, avec l'ami qui désormais se tait, avec les souvenirs, avec les grands auteurs qui peuplent de leurs présences les immensités russes – Axionov, Tchekhov, Gogol, Dostoievski… -, avec le fantôme des amours mortes, des amitiés perdues, des blessures et des complicités, avec la tendresse et les regrets, avec l'ombre des années noires de l'histoire de la Russie. Avec l'alcool. Et la nostalgie.

Dans ce très court roman autobiographique (?), adaptation d'une fiction radiophonique conçue dans le cadre de l'Année France-Russie de France Culture, Mathias Enard nous convie, dans le huis-clos de ce voyage transsibérien, à un moment d'intimité poétique, mélancolique et bouleversant. Comme toujours avec Mathias Enard, l'écriture est superbe et le texte est profond, intelligent, sensible et percutant.

Un petit roman (pour ce qui est du nombre de pages) que je ne connaissais pas, et un grand livre d'un grand écrivain, que je vous recommande.

[Challenge MULTI-DEFIS 2019]
Commenter  J’apprécie          532
C'est avec cette belle couverture, un peu d'Alcool et beaucoup de nostalgie que j'ai goûté à l'Esprit d'hiver, tandis que la météo, chez moi, est coincée à quinze degrés sous une pluie diluvienne... Avec Mathias, j'ai quitté Paris en direction de la Russie, pour remonter dans le transsibérien : Il y accompagne, dans un dernier voyage, son ami Vladimir qui vient de mourir.
« Moi qui hais les voyages me voilà servi, des heures et des heures devant moi, seul avec Vladimir qui ne parle pas, seul avec les souvenir, l'alcool et la nostalgie, voilà tout ce qui reste, comme disait Tchekhov ».


Dans ce train, ses pensées se dénouent et l'obsèdent, se déversent, insistent là où elles blessent. C'est leur dernière chance de se révéler, d'exister avant le grand oubli. Au gré des souvenirs qui s'égrainent, nous apprendrons comment il aimait Jeanne, comme elle a quitté Paris pour ses études à Moscou, comment elle a rencontré Vladimir. Comment elle le lui a présenté. Comme ils se sont aimé, tous les trois. Un vrai trio.
« des poupées russes, comme nous trois, trois matriochki entrées l'une dans l'autre se sont séparées, j'étais la plus petite, j'étais la plus petite, Vladimir, je profitais de votre chaleur à tous les deux, j'oubliais mon vide intérieur dans cette cavité amie ».


Un trio, vraiment ? Alors pourquoi as-tu quitté Moscou, Mathias ? Etait-ce pour elle, pour lui, pour toi ? Que fuyais-tu vraiment ? Pourquoi tous ces cachets, dans ta valise ? Et au fait, de quoi est mort Vladimir ?
De ses souvenirs bercés de nostalgie, floutés de larmes et de vapeurs d'alcool, émerge la vérité. D'abord niée, puis honteusement camouflée, finalement trop intense ; d'une effrayante limpidité.
Un monologue de 90 pages qui s'adresse autant à son ami qu'à lui-même.


Si la mise en route m'a semblé un peu maladroite, c'est un récit effet boule de neige qui nous entraîne, de plus en plus irrésistiblement, vers le long fleuve intranquille d'un Amour qui semble impossible.
« Maintenant je préfère me laisser aller à la drogue douce du souvenir, bercé par les errances de ce train qui danse comme un ours sur ses traverses ».


Un voyage parsemé de jolies phrases, de références littéraires et historiques. A lire pour l'ambiance et ce léger mystère à percer, même si 90 pages, peut-être, ne suffiront pas pour nous marquer longtemps.
« J'ai su que je n'arriverais jamais à écrire comme cela, je n'étais pas assez fou, ou pas assez ivre, ou pas assez drogué, alors j'ai cherché dans tout cela, dans la folie, dans l'alcool, dans les stupéfiants, plus tard dans la Russie qui est une drogue et un alcool j'ai cherché la violence qui manquait à mes mots……………. »
Seule la suite de cette citation vous aiguillera vers la bonne voie. Sera-ce un terminus ?
« Tu n'es pas mort encore, tu n'es pas encore seul », lui répète Jeanne.


Avec au bout du compte, cette question qui demeure : « Qu'est-ce qu'on cherche dans les déplacements, que veut-on dans les voyages »…?
Commenter  J’apprécie          5029
L'alcool et la nostalgie, c'est 87 pages de voyage en train qui se lisent d'une traite tel un shot de vodka jeté au fond de la gorge d'un cosaque.

Mathias ramène la dépouille de son ami Vladimir dans son village natal, à 2814 kms de Moscou, aux confins de la Sibérie.
Voyage halluciné où les souvenirs affluent comme autant d'étapes douloureuses que n'apaisent plus ni drogue, ni alcool.
Nostalgie d'un temps révolu, celui de l'amitié, des périples fous à travers la Russie émaillés d'agapes et de pauses littéraires, de l'amour aussi.
Jeanne, Vladimir, Mathias...poupées russes emboitées pour toujours les unes dans les autres, triangle amoureux aux parfums d'opium et de vodka, amitié trouble où chacun se perdra dans l'illusion et la passion inaboutie.
Seul face aux grandes étendues de la taïga qui lui renvoient l'image de sa finitude, il prend conscience du vide qui l'habite dans un sublime monologue intérieur.

Un récit touchant, troublant sur lequel plâne l'âme de la grande Russie, celle de ses écrivains intemporels au coeur mélancolique.
Commenter  J’apprécie          438
Dans ce beau texte bouleversant, «L'alcool et la nostalgie», Mathias Enard rejoint les voix de poètes et écrivains russes et celle de la prose du Transsibérien de Blaise Cendrars ; il en atteint les accents, pour nous chanter la ballade de Mathias, Jeanne et Volodia-Vladimir dans un adieu à l'ami, dont Jeanne lui a appris la mort au téléphone. le voyage de Mathias est un voyage halluciné où la douleur ne peut s'apaiser en la noyant dans la drogue ou dans l'alcool. Les souvenirs remontent et obsèdent.
Se «laissant aller à la drogue douce du souvenir, bercé par les errances de ce train qui danse comme un ours sur ses traverses p39», Mathias, va accompagner la dépouille de son ami Volodia-Vladimir, par le transsibérien jusqu'à Novossibirsk, pour qu'il repose dans le village où il était né. 
Tous les trois avaient vécu une relation passionnée entre Moscou et Pétersbourg, dont Mathias revit les moments fous et douloureux où amour, amitié, jalousie se mêlent. 
«...nous étions des poupées russes nous trois. Emboîtées pour toujours les unes dans les autres...»
Le cercle de sang enlacé à celui de cendre sur la couverture (mon interprétation n'engage que moi) m'a fait songer à Essenine qui laissa dans la chambre d'hôtel où il s'est suicidé un poème écrit avec son propre sang :


"Au revoir, mon ami, au revoir,

Mon tendre ami que je garde en mon coeur.

Cette séparation prédestinée

Est promesse d'un revoir prochain.

Au revoir, mon ami, sans geste, sans mot,

Ne sois ni triste, ni chagrin.

Mourir en cette vie n'est pas nouveau,

Mais vivre, bien sûr n'est pas plus nouveau.

et cet autre extrait toujours de Essenine, « L'Homme noir» qui ressemble tant à Volodia et à la Russie que nous fait partager Mathias dans le roulement chaotique du train : 


Mon ami, mon ami,

Je suis malade à en crever.

Mais cette douleur d'où me vient-elle ?

Est-ce le vent qui siffle

Sur les champs déserts, désolés,

Ou bien, comme les bois en septembre,

C'est l'alcool qui effeuille ma cervelle…

Ce petit livret, écrit sur commande, à l'occasion du voyage d'écrivains dans le transsibérien organisé par France- Culture pour l'année France Russie, emporte par son intensité. Une réussite.
Commenter  J’apprécie          402
Quand le téléphone réveille Mathias au milieu de la nuit, que Jeanne ne dit qu'un mot Volodia.... le monde de Mathias s'effondre. Il accompagnera Vladimir jusqu'à sa dernière demeure un petit village au coeur de la Sibérie bien au-delà de Novossibirsk.
Le Transsibérien, trois jours et trois nuits de voyage. Mathias, Jeanne et Vladimir, trois poupées gigognes incapables de survivre si elles sont séparées. Vladimir, Jeanne et Mathias partageant alcool, drogue allant jusqu'au bout de leurs rêves ou essayant du moins. Jeanne, Vladimir et Mathias, un trio inséparable. Qu' y aura t'il au bout du chemin? Mathias reviendra t'il ? Peuvent ils survivre à la séparation d'avec l'Ami?
Un voyage psychédélique bercé par l'alcool et les drogues licites ou non. Un récit éblouissant, une écriture que je découvre avec émerveillement à chaque lecture.
Un récit très court mais inoubliable à mes yeux.
Commenter  J’apprécie          302
Rapide voyage dans l'immense mélancolie russe à bord du train s'y prêtant à merveille , le transsibérien.
Matthias s'est obligé à accompagner le cercueil de son ami, son frère Volodia dans son dernier voyage qui le ramène dans son village natal.
Il y a une jeune femme, au milieu d'eux , Jeanne. Elle est là en pensés, dans ses souvenirs de communion à trois , de leur vie débridée où alcools et drogues en tous genres les fusionnait à tel point que l'instant de rupture à conduit à ce voyage solitaire , monotone . Introspection et fuite en avant pour Matthias qui ne sait plus comment se raccrocher , contre qui se serrer. On y rencontre brièvement les illustres du peuple Russe, son Histoire et ça donne envie dans découvrir plus. D'y plonger pour s'y perdre à son tour.
Belle écriture pour un écrivain que je découvrais. chouette instant.
Commenter  J’apprécie          172
Quand Mathias Enard part à la recherche de l'âme russe, cela donne un voyage de Moscou à Novssibirsk, en train, pour retrouver le village natal de l'ami Volodia, mort trop vite. le personnage traîne sa carcasse parfois abîmée par les drogues et l'alcool, pour fuir un amour (Jeanne) qu'il croit perdu et retrouver un amour qui n'est plus vivant (Volodia). Histoire de trois êtres qui se sont perdus, trouvés, cherchés, et perdus enfin. La Russie est là, espace gigantesque qui peut broyer les vies (le goulag est là, enfoui quelque part), présente par les paysages et sa capacité à façonner l'histoire humaine. Qui eut un jour l'idée de construire un train pour traverser l'immensité. La Russie exacerbe aussi la folie de l'homme.
Dans ce petit livre, Mathias Enard déploie sa brillante écriture, pourtant si fluide et contemporaine. Aucune poussière dans sa façon d'évoquer Chalamov ou Tolstoï, mais sans doute une grande admiration pour la littérature russe, celle qui dit sans cesse ce qu'est l'âme russe.
Commenter  J’apprécie          140
Le titre d'Enard est directement inspiré d'une formule de l'auteur russe Tchékov : "Cette fameuse âme russe n'existe pas. Les seules choses tangibles en sont l'alcool, la nostalgie et les courses de chevaux."

C'est sous ce parrainage que Mathias Enard rédige un texte sublimement inspiré par le Transsibérien.

Mathias, le personnage principal, retourne en Russie après une sonnerie de téléphone en pleine nuit, de celle que l'on redoute, et l'annonce par Jeanne, son amour éxilée, de la mort de Vladimir. Vladimir, le troisième, le centre, d'un trio amoureux, et désespéré.

Le temps de cette interminable traversée de la Russie, pour gagner la Sibérie, et rendre le corps de Vladimir à son village natal, Mathias, les yeux perdus dans le paysage qui tarde à défiler, se remémore leurs vies communes, leurs déchirures, leur amour au delà du dicible. Il se rappelle aussi ce qui les a séparés, ce qui les a liés, la drogue et l'alcool ; l'amour et la jalousie ; l'âme russe et sa littérature.

Il fallait la mort de Vladimir pour que les souvenirs enfin puissent se dire ; pour que les personnages finalement s'écroulent ; s'écroulent sous le poids de la douleur, de la nostalgie de la littérature russe, de l'incapacité à écrire le désarroi, le manque de puissance dans ces mots qui le laissent seul, décontenancé, avec sa tristesse insurmontable. Il fallait cette mort pour parvenir à se détacher de leur histoire commune.

Mathias Enard, en quelques pages, avec cette histoire condensée, ramassée, réussit un récit magique, où la lenteur nous gagne, où l'on voit passer les siècles et les saisons, les kilomètres et les litres d'alcool avalés pour tenter l'impossible : noyer les regrets et les lâchetés.
Commenter  J’apprécie          130
J'avais beaucoup apprécié "Parle leur des batailles et des éléphants " alors je me suis laissé tenter par l''alcool et la nostalgie". Tout autre cadre, autre style autre forme. Pour ce qui est du résumé la 4è de couverture y pourvoie très bien.
Après la lecture un peu difficile des premières pages, j'ai été envoûtée par le texte: quasiment un monologue, une profession de foi d'un homme qui convoie la dépouille d'un ami de Moscou à Novossibirsk. Un long poème en prose dans lequel Mathias retrace une histoire d'amitié ou d'amour entre Vladimir, le défunt, Jeanne et lui. Il se souvient de leurs moments joyeux, de leur perdition ou fuite dans la drogue et l'alcool, de Paris et de Moscou.
Ils formaient un trio détonant jusqu'au jour où Mathias quitte Moscou pour revenir à Paris comme une âme en fuite.
"Alcool et nostalgie" est un tout petit roman de 90 pages d'une grande intensité. Les deux mots du titre donnent le ton de texte envoûtant, mélancolique, nostalgique. Ce genre de sujet n'entre pas dans mes standard de lecture; J'ai cependant bien aimé. J'aime les auteurs qui ont la capacité de ne pas se laisser emprisonner dans un style raison pour laquelle Mathias Enard a un indéniable talent.
Commenter  J’apprécie          110
Mathias est réveillé, en pleine nuit, par un coup de téléphone de Jeanne qui lui apprend le décès de Vladimir, leur ami commun. Il se rend à Moscou et décide d'accompagner le cercueil de son ami Vladimir, jusqu'à son village natal.
Dans le Transsibérien, il se rémémore leurs vécus, leurs cuites à la vodka, leurs nostalgies …
Ce roman, très court (88 pages), est l'adaptation d'une fiction radiophonique écrite dans le Transsibérien entre Moscou et Novossibirsk et diffusé pa France Culture en juillet 2010. Ce voyage – le vrai – a été rendu possible par Cultures France dans le cadre de l'Année France-Russie.
Mathias Enard emmène le lecteur dans un voyage alcoolisé, nostalgique, enrichi de beaucoup de sentiments très humains.
Commenter  J’apprécie          110




Lecteurs (456) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Amants de la Littérature

Grâce à Shakespeare, ils sont certainement les plus célèbres, les plus appréciés et les plus ancrés dans les mémoires depuis des siècles...

Hercule Poirot & Miss Marple
Pyrame & Thisbé
Roméo & Juliette
Sherlock Holmes & John Watson

10 questions
5271 lecteurs ont répondu
Thèmes : amants , amour , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..