Le vent s’engouffra subitement à grande vitesse dans l’entrée. Il traînait avec lui une odeur différente. Un étrange mélange de miasmes pestilentiels et de chair brûlée qui piquait les fosses nasales du vieillard.
Le curé sentit que ce souffle n’était pas un courant d’air naturel. Cet endroit abritait une présence maléfique. Il entrouvrit son anorak et serra sa croix bénite entre ses doigts noueux. La rugosité du Christ en acier cloué sur le calvaire irritait le creux de sa paume. Il tenta de prier à haute voix mais aucun son ne sortit de sa gorge. L’angoisse le saisit. Ses cordes vocales s’étaient soudainement bloquées. Ses lèvres bougeaient inutilement. Sa pomme d’Adam palpitait. Il ne parvenait pas à prononcer les saintes paroles destinées à chasser les mauvais esprits. Il demeura figé sur place. Un abîme spirituel semblait aspirer son corps et son esprit. Les engloutir.
Une tonalité lugubre retentit au-dessus de lui :
« Rarrk, rarrk… »
Le père Gustave terrifié tenta de dépasser ses émotions. Il inspira pendant de longues secondes et recouvra peu à peu ses réflexes.
Un matin, alors que tout le monde dormait profondément, une auxiliaire de service fit irruption dans le bâtiment des dortoirs et réveilla cinq gosses tambour battant :
« Vite, debout ! Vous levez le camp ! Un camion vous attend dehors… »
Ariane faisait partie du convoi.