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sur 4424 notes
Annie ERNAUX a perdu son père ; c'est l'occasion pour elle de convoquer ses souvenirs et de les coucher sur le papier.

Le temps qui a passé permet une étude plus aiguisée des faits, les souvenirs sont parfois un peu flous, presque dénués de sentiments ; c'est sans doute ce qui permet d'en apprécier l'essence. Une écriture simple, juste un récit de son enfance, très touchant.

L'autrice nous raconte son père qui a sué sang et eau en travaillant dans une ferme, puis son travail en tant qu'ouvrier à l'usine pour finir commerçant et le plaisir d'avoir réussi à s'élever un peu. Une fille qui fait des études, qui devient adolescente, et qui serait prête à faire la morale à son père, à lui expliquer la vie, ce qui se fait, ce qui ne se fait pas et une jeune fille qui va épouser un jeune homme qui vient d'un milieu plus aisé et qui sera peu à l'aise dans ce milieu « ouvrier » qu'il trouve inculte.

On retrouve dans ce récit des sujets intemporels : les classes qui ne se mélangent pas, la lutte des pauvres pour obtenir un statut plus élevé, le mépris des plus aisés… On retrouve également les conflits entre parents et enfants ; quand les petits grandissent et veulent apprendre la vie à leurs parents…

Bref, un livre émouvant, qui donne l'impression d'écouter sa grand-mère ou de lire un livre d'ethnographie, voire de philosophie par moments ; un récit court à méditer.

À lire après avoir feuilleté un album photos de famille, en écoutant « mon vieux » de Daniel Guichard, en sirotant un lait-grenadine accompagné de quelques boudoirs.

Mon compte Instagram : @la_cath_a_strophes
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Ce livre est une oeuvre d anthologie. Par ces temps de réchauffement climatique , a leur lecture, des ecrits aussi froids et dénués de chaleur humaine refroidissent l'air ambiant autour de vous, notre planète est sans doutes reconnaissante. Anie Ernaux n a pas l once d une joie poétique dans son coeur vis a vis de ses parents, c est déroutant... Ce livre met en lumière les dangers de l élitisme a tout prix qui en vient a faire coaguler son propre sang !!! de plus a l heure où , dans les campagnes les cafes concerts, epiceries, charcuterie, philosophie sont furieusement d utilité publique pour le lien social, le fait qu' un prix nobel soit complètement a côté de la plaque par son dénigrement de ses origines, est un véritable régal. Au contraire, je pense que ses parents étaient furieusement humains par leur envie de créer du lien et de la chaleur humaine a leur simple niveau et c est ce qui manque énormément dans notre société contemporaine... Je lirai bien un autre livre de cette auteure, par simple curiosité, pour savoir si ce style d écriture prémortuaire a été réalisée a dessein pour servir l oeuvre ou bien est ce réellement sa façon d agencer les mots sans émotions , tout comme l ébéniste façonne un cercueil...
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119 lauréats, 17 femmes, une française.
La France est la nationalité la plus récompensée devant les Etats-Unis et le Royaume-Uni.
Que suis-je ? Vous avez deviné ? le prix Nobel de littérature.

Face à la mise en lumière que donne ce prix, il n'était pas possible de rester éloignée des écrits d'Annie Ernaux fin 2022. N'ayant jamais lu de livres de cette autrice, j'ai choisi La place, consacré à son père, dans une « écriture plate », de « l'épure », un livre où elle aborde son transfuge de classe à travers son regard sur son père, d'abord garçon de ferme, puis ouvrier, avant d'être petit commerçant qui « cherchait à tenir sa place », et dont la fille a fait des études de lettres avant de devenir professeure puis écrivaine.

Cette récompense ne me semble pas illogique, dans le sens, où cette autrice a développé un style nouveau, aujourd'hui encore très repris dans la littérature française, avec des récits autobiographiques, qui se veulent à la fois personnels et universels, dans un style dépouillé.

En revanche, en ce moment, je me pose souvent les questions suivantes : quel type de lectrice suis-je ? Quels sont les auteurs ou autrices qui me plaisent le plus ? Pourquoi ?

Je m'aperçois que je recherche finalement trois ingrédients :
- Une émotion qui m'entraîne sur des montagnes russes,
- Un sujet avec un réel apport, de ceux qui nous transforment, même légèrement, par la lecture (plus de connaissances, une façon différente d'appréhender une situation…),
- Une écriture qui soit belle, marquante (critère très subjectif, j'en ai conscience).

Annie Ernaux écrit : « Pour rendre compte d'une vie soumise à la nécessité, je n'ai pas le droit de prendre d'abord le parti de l'art, ni de chercher à faire quelque chose de « passionnant », ou d'« émouvant ». Je rassemblerai les paroles, les gestes, les goûts de mon père, les faits marquants de sa vie, tous les signes objectifs d'une existence que j'ai aussi partagée. Aucune poésie du souvenir, pas de dérision jubilante. L'écriture plate me vient naturellement, celle-là même que j'utilisais en écrivant autrefois à mes parents pour leur dire les nouvelles essentielles ».

Donc les principes même d'écriture retenus par Annie Ernaux ne sont pas en totale adéquation avec mes goûts. Cette lecture n'a pour autant pas été vaine : on apprend parfois plus sur soi-même avec ce qu'on aime moins qu'avec ce qu'on aime vraiment. Si vous n'avez pas encore lu Annie Ernaux, il faut le faire pour comprendre pourquoi certains adorent, d'autres détestent et pour vous faire votre propre opinion !

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Deux mois après avoir été reçue au CAPES, Annie est confrontée à la mort de son père.
Elle se lance alors dans l'écriture d'un roman sur son milieu familial dont il est le personnage principal. Elle retrace en particulier la difficile ascension sociale de son père.
Avec une « écriture plate », épurée et objective, l'auteur, grande observatrice de la société, fait le récit de la vie de son père. Elle montre la distance qui s'est installée progressivement entre elle et lui dès l'adolescence. Ce style simple crée de la proximité avec le lecteur. Cela laisse à celui-ci toute latitude pour enrichir la description des différentes scènes, de se projeter dans certaines situations qui peuvent lui être familières.
Lien : https://www.carnetsdeweekend..
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Comme toujours avec Annie Ernaux le roman est court . 100 pages. Pourtant il est riche d une multitude de faits, de mots et même de maux
Avec talent elle rend hommage a son père et au travers de lui a ces gens de conditions sociales modestes .elle écrit avec précision tous ces moments dont on aimerait tous se souvenir. Mais elle écrit aussi cette difficulté pour changer de classe sociale , devenir bourgeoise, vivre bourgeoise , se métamorphoser .
Devenir un transfuge sans trahir et sans blesser, c est la question que Pise finalement son roman
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Dès le début, Annie Ernaux explique que pour évoquer l'histoire de son père, elle ne peut adopter qu'une écriture plate, qu'elle refuse « toute poésie du souvenir, pas de dérision jubilante ».
Elle a manifestement le souci de ne rien dénaturer en enjolivant ou en folklorisant l'histoire d'un homme né à la toute fin du 19ème siècle, issu d'une famille pauvre, d'abord ouvrier, puis petit commerçant en Normandie.
Cette écriture n'empêche pas l'émotion de poindre parfois. Cependant, je me suis parfois demandé si ce sentiment était suscité par la personnalité de cet homme, par sa vie pas facile, « contrainte » comme l'écrit sa fille, ou par le regard qu'elle porte sur lui, qui m'a semblé parfois condescendant.
En redoutant de céder au sentimentalisme, sous couvert de constat, Annie Ernaux n'échappe pas ainsi à une froideur qui ne permet pas à mon avis de deviner la véritable personnalité de son père, la force des liens qui les unit, que l'on ressent en revanche dans d'autres livres, par exemple la Femme gelée ou les Années, où elle évoque également son enfance et son père, et où je trouve qu'elle en dresse un portrait beaucoup plus riche et complexe.
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J'ai lu Annie Ernaux, il y a longtemps. Calme plat sur ses livres dans ma mémoire. J'en retrouve trois ou quatre dans mes étagères. Je choisis de relire « La Place » car il y a à son propos, sur Babelio, de longues discussions.

Annie Ernaux raconte la mort de son père et les faits et gestes de son père qu'elle connaît ou dont elle se souvient. Elle parle de la vie d'ouvrier et de petit commerçant, en Normandie, de son père. de son mariage, de la mort de sa première fille. Annie Ernaux énonce qu'elle n'a « pas le droit (…) de chercher à faire quelque chose de « passionnant », ou d'« émouvant ». Donc elle n'évoquera son père que dans sa condition d'ouvrier, de petit commerçant, d'homme mal à l'aise, emprunté, dès qu'il sort de son contexte quotidien.
Annie Ernaux raconte une vie dont elle dit que c'est celle de son père. Elle ne fournit pas la copie de son acte de naissance pour en justifier et n'affiche aucun sentiment qui pourrait le faire penser.

Annie Ernaux a raté son but en ce qui me concerne ; l'émotion est là : son livre m'agace, me consterne, me désole. Je sais bien quel titre j'aurais donné à ce texte : « La honte ». La honte, assurément, d'Annie Ernaux. Et celle qui, selon elle, ne quittait pas son père, dans ses relations aux autres. Tout est dit et décrit au travers de ce prisme. Que l'homme dont il est question ait été le père de celle qui écrit, qu'il ait eu de la tendresse pour sa femme, pour sa fille, que sa fille l'ait peut-être aimé, qu'il ait sans doute eu des satisfactions, des joies, des peines autres que celles dont il paraît que sa position sociale le faisait souffrir, on ne le saura pas.
Peut-on vraiment réduire un homme, son père, à cette seule facette : la honte ?

Ce refus de considérer son père dans son humanité entière, ce refus confine au mépris. Cet homme ne méritait cela de personne, encore moins de sa fille. La honte, elle n'a pas lieu d'être ailleurs que dans cette approche d'intellectuelle névrosée.
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Vous pouvez retrouvez ce livre en livre audio sur la chaine youtube : le plaisie de lire
et avec le lien si dessous
Lien : https://www.youtube.com/watc..
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Son père s'éteint en 1967, alors que, venant de réussir le Capes de Lettres, Annie Ernaux réalise le rêve qu'avait pour elle cet homme d'extraction modeste à la vie laborieuse et contrainte. Quinze ans plus tard, par amour autant que par remords, parce qu' « écrire est le dernier recours quand on a trahi » et que son parcours, en la faisant « migrer doucement vers le monde petit-bourgeois », lui a fait peu à peu « oublier les souvenirs d'en bas comme si c'était quelque chose de mauvais goût », en tous les cas d'incompatible avec la « vision distinguée du monde » qu'elle s'est efforcée d'adopter pour complaire à son nouveau milieu, elle se lance dans le portrait, nu et sans artifices, de ce père à qui elle restitue ainsi sa vraie « place ».


Né au début du siècle dernier dans une famille normande de tâcherons agricoles, le père d'Annie Ernaux ne fréquente guère l'école avant de la quitter dès douze ans pour s'employer dans des fermes d'abord, en usine ensuite. A force de sacrifices et de travail, lui et son épouse acquièrent, après la seconde guerre mondiale, un café-épicerie à Yvetot, qui, tout symbole d'indépendance et d'élévation sociale qu'il soit, ne les met pas à l'abri de la précarité et des fins de mois difficiles partagées avec leur clientèle ouvrière. Complexé par son patois paysan, par son manque d'éducation et par sa gêne financière, le père investit toutes ses espérances dans la réussite de sa fille Annie, qui, brillante à l'école, entame bientôt des études universitaires. Peu à peu, une distance se creuse, à mesure que la jeune fille s'écarte du cadre familial, invite des amies issues de bonnes familles dont le savoir et les manières renvoient ses parents à leur sentiment d'infériorité, se marie bourgeoisement et devient professeur de lettres.


Lorsque le récit commence, son père vient de rendre son dernier souffle, et, le temps pour sa mère de descendre l'escalier avec les mots « c'est fini », c'est toute la vie de cet homme et sa relation avec sa fille qui défilent en une centaine de pages avant de revenir s‘achever à cet instant précis. Dans son souci de fidélité à la réalité, l'auteur s'est interdit toute sentimentalité et fioriture littéraire. le texte se déploie au long d'une écriture plate, neutre, sèche et précise, qui dissèque faits et sentiments avec la rigueur d'observation d'un entomologiste. Pourtant, même si sévèrement tenue à distance, l'émotion transparaît à fleur de mots, vibre sous la retenue et emporte le lecteur, en écho à ses propres blessures familiales, à ses tristesses et à ses remords, au fond d'un intense bouleversement.


Prix Renaudot et énorme succès de librairie, un récit vrai et un grand livre d'amour filial sur fond de trahison sociale. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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J'ai lu les cinq premières pages de ce livre et je l'ai refermé. Je n'y trouve aucun intérêt, ni humain, ni littéraire. Je ne comprends pas comment on a pu donner le prix Nobel de littérature à cet auteur. C'est mon avis et je confirme. le style est celui du fait divers : assurément Chat GPT ferait mieux...
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