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sur 4342 notes
Je n'avais jamais lu Annie Ernaux. Ce livre trouvé dans une boite à livres a été l'occasion. C'est un beau portrait d'un père qui voit sa fille prendre des chemins qu'il ne maitrise pas. Très soucieux d'être à sa place (la fameuse "place"), il ne sait pas comment se comporter et elle-même, grandissant, vieillissant s'interroge. Pas de reproche, juste cette impression que le passage entre deux mondes est possible, mais que chacun a peur de ce qu'il pourrait y trouver. La curiosité ou la connaissance de l'autre, c'est déjà beaucoup.
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Bien que j'aie savouré l'écriture neutre et réservée qui illustre admirablement la désunion et la distance émotionnelle qui peuvent régner entre un parent et son enfant, j'ai eu du mal à accepter un tel choix d'événements qui semble vouloir rendre compte de l'insuffisance des individus issus de classe populaire sous couvert d'objectivité. Je me suis reconnue dans la perception d'Annie Ernaux et je salue le style choisi, mais j'ai aussi éprouvé de la peine pour son père qui a peut-être été bien plus aux yeux du monde qu'un être honteux de sa classe sociale : puisqu'il s'agit d'un hommage , je déplore la forme sous laquelle il a été exposé. Avis mitigé et incertain, car il est délicat voire inique de fonder une opinion sur un récit qui rend compte d'une expérience familiale subjective et dont on ne sait pas tout.
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Un immense roman malgré sa brièveté.
Un hommage rendu à son père comme une excuse pour la distanciation sociale que l'auteur s'est infligée en entrant dans un milieu bourgeois après ses études.
Récit sur l'amour paternel et la grandeur d'âme d'une famille cantonnée dans sa classe ouvrière et qui n'a que la gentillesse à offrir à défaut de bagage culturel.
Quand le lien à nos origines familiales s'est distendu au gré d'une progression sociale, on en ressent comme un malaise d'usurpation avec ceux des étages supérieurs et de trahison envers ceux du rez-de-chaussée...
C'est le sens du message de "La place" : immergés dans chacun de ces milieux, on se sent de nulle part et on l'a perdue, cette place.
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Portrait de son père et récit des faits marquants de sa vie, description de leurs relations.. Très bel "hommage" (je suppose qu'Ernaux réfuterait ce terme) non hagiographique, respectueux, touchant.
Qu'Annie Ernaux soit d'un milieu modeste (petit café-épicerie populaire) est connu. La description et l'analyse de la vie de ce milieu et de sa vie dans ce milieu constitue la principale motivation et matière de son oeuvre. le milieu dont son père était issu était encore plus "modeste", comme on dit joliment et pudiquement. On peut parler de pauvreté, voire de misère (ouvrier agricole en Normandie). le texte est donc aussi un document sociologique précieux.
Essentiels aussi les quelques passages où A. Ernaux parle de son projet et de sa méthode, ses difficultés et choix d'écrivaine :
" Par la suite, j'ai commencé un roman dont il était le personnage principal. Sensation de dégoût au milieu du récit.
Depuis peu, je sais que le roman est impossible. Pour rendre compte d'une vie soumise à la nécessité, je n'ai pas le droit de prendre d'abord le parti de l'art, ni de chercher à faire quelque chose de « passionnant », ou d'«émouvant». Je rassemblerai les paroles, les gestes, les goûts de mon père, les faits marquants de sa vie, tous les signes objectifs d'une existence que j'ai aussi partagée.
Aucune poésie du souvenir, pas de dérision jubilante. L'écriture plate me vient naturellement, celle-là même que j'utilisais en écrivant autrefois à mes parents pour leur dire les nouvelles essentielles."
" J'écris lentement. En m'efforçant de révéler la trame significative d'une vie dans un ensemble de faits et de choix, j'ai l'impression de perdre au fur et à mesure la figure particulière de mon père. L'épure tend à prendre toute la place, l'idée à courir toute seule. Si au contraire je laisse glisser les images du souvenir, je le revois tel qu'il était, son rire, sa démarche, il me conduit par la main à la foire et les manèges me terrifient, tous les signes d'une condition partagée avec d'autres me deviennent indifférents. A chaque fois je m'arrache du piège de l'individuel.
Naturellement, aucun bonheur d'écrire, dans cette entreprise où je me tiens au plus près des mots et des phrases entendues, les soulignant parfois par des italiques. Non pour indiquer un double sens au lecteur et lui offrir le plaisir dune complicité, que je refuse sous toutes ses formes, nostalgie, pathétique ou dérision. Simplement parce que ces mots et ces phrases disent les limites et la couleur du monde où vécut mon père, où j'ai vécu aussi. Et l'on n'y prenait jamais un mot pour un autre."
Plus loin il y a 2 autres passages-clefs pour comprendre et apprécier la démarche d'Annie Ernaux :
" Voie étroite, en écrivant, entre la réhabilitation d'un monde considéré comme inférieur, et la dénonciation de l'aliénation qui l'accompagne [..] je voudrais dire à la fois le bonheur et l'aliénation. Impression, bien plutôt, de tanguer d'un bord à l'autre de cette contradiction."

Enfin, quelques pages avant la fin, une réponse à une question que je me posais : comment fait-elle pour réussir à dire autant de choses précises d'un passé qui remonte parfois à un temps de l'enfance dont on a en général que des bribes floues de souvenirs confus ? Une mémoire exceptionnelle ? :
" J'ai mis beaucoup de temps parce qu'il ne m'était pas aussi facile de ramener au jour des faits oubliés que d'inventer. La mémoire résiste. Je ne pouvais pas compter sur la réminiscence [..] C'est dans la manière dont les gens s'assoient et s'ennuient dans les salles d'attente, interpellent leurs enfants, font au revoir sur les quais de gare que j'ai cherché la figure de mon père. J'ai retrouvé dans des êtres anonymes rencontrés n'importe où, porteurs à leur insu de signes de force ou d'humiliation, la réalité oubliée de sa condition."
Ouf ! Voici donc les clefs essentielles de son travail.
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J'ai été très ému à sa lecture; mais avec le recul, je pense que c'est un mauvais livre, plein de pathos et de mièvrerie. Veuillez accepter mon opinion, d'autant plus que cet auteur a eu récemment des positions sociétales étranges. Et il est vrai que j'ai un gros problème avec mon géniteur.
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Lu en 2016. Premier livre de Annie Ernaux.
Un récit court, qui se lit facilement, plutôt fluide, qui interroge. Mais également un ensemble très dépouillé, d'une froideur un peu dérangeante.
L'auteure oscille entre révélations familiales très franches, intimes, et non-dits révélateurs. le masque de la pudeur, pour étouffer cette honte (qui confine parfois au mépris) d'origines sociales modestes, le mal à se souvenir "convenablement" de son père...
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♫Qui sait où c'est sa 𝓹𝓵𝓪𝓬𝓮 !?
Un camping, un palace
Un perrier en terrasse
Au comptoir un blanc-cass'
Faut-il rester de glace !? ♫
- François Morel - 2016 -
----♪---♫---🐄---🛒---🐄---♫---♪----
Elle regarde la mère
Sous les yeux de son père
Et l'enfant en elle se terre...
Sois heureuse avec ce que tu as
Faut pas péter plus haut qu'on l'a
A table, mieux valait se taire
Peur indicible du mot de travers
Ou commettre des impairs
Alors elle a recopié des phrases, des vers
Dans son vieux pardessus râpé
Il s'en allait l'hiver, l'été
Là où restait quelque humanité
Là où les gens savent encore parler
De l'avenir même s'ils sont fatigués
Il ignorait qu'un jour, elle en parlerait...
Et Juliette avait encore son nez
Aragon n'était pas un minet
Sartre était déjà bien engagé
Au Café de Flore,
y avait déjà des folles
Tous ces mots et ces phrases disent les limites et la couleur du monde où vécut son père, où Annie a vécu aussi,
Il lui fallait revoir sa Normandie...
Mais quand on a juste quinze ans
On n'a pas le coeur assez grand...
C'est fou c'qu'un crépuscule de printemps
Elle a connu des marées hautes et des marées basses,
Elle a rencontré des tempêtes et des bourrasques,
Chaque amour morte à une nouvelle a fait 𝓹𝓵𝓪𝓬𝓮
Décrire la vision d'un monde où tout coûte cher
Allo Papa Ernaux Annie et à 𝙉𝙊𝘽𝙀𝙇 manières...
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Après avoir reçu le prix nobel, je me suis dit qu'il fallait que je lise enfin un livre d'Annie Ernaux pour la première fois.

Roman autobiographique, Annie Ernaux évoque ici la mort de son père, et elle a souhaité lui rentre hommage à travers ce récit.

Fille d'un monde ouvrier, paysans, petits commerçants, Annie Ernaux a bénéficié de "l'ascenseur social" et est devenue une professeure reconnue, mariée à un intellectuel. On y voit ici la différence de classes en France, marquée par la déférence et la fierté que ses parents ont pu avoir vis-à-vis d'elle.

Au cours de cette courte lecture, j'ai trouvé qu'Annie Ernaux avait les mots juste - mais aussi distanciés - pour évoquer ces relations familiales si simples et complexes à la fois.

Sur le coup, je n'ai pas trouvé qu'elle prenait de la hauteur voire du mépris pour les "petites gens", contrairement à ce que j'ai pu lire dans beaucoup de critiques. Cependant, après avoir visionné certaines vidéos dernièrement de l'auteure, je me pose maintenant la question...
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Deuxième livre d'Annie Ernaux que je lis et encore un peu déçue.

Les thèmes abordés ont tout pour être intéressants. Elle nous parle de son entrée dans l'age adulte à un moment où l'ascenseur social n'était pas encore cassé et donc de son milieu d'origine plutôt populaire avec des parents qui sont passés d'ouvriers à commerçants et de son entrée dans la "petite bourgeoisie". Elle nous parle aussi de la vie se son père jusqu'au jour de sa mort.

Mais je trouve sa façon d'aborder cela assez maladroite. le peuple qu'elle considère comme populaire, est juste représentatif de la majorité des français et des gens qui vivent dans la ruralité. C'est banal. Mais à la lire, on dirait qu'elle vient d'un monde étonnant, différent, et qu'elle se sent donc obligée de le dépeindre dans un livre. Je pense que son but est clairement de montrer qu'il y a une différence de classe et que pour le monde bourgeois, le monde d'où elle vient est vraiment en décalage. Sauf, qu'on ne peut pas la lire sans ressentir du mépris de classe et de la condescendance par rapport à ce qui est juste la normalité.

Sa plume est froide et distante (je pense que c'est son style car j'avais ressenti ça dans "Le jeune homme") et son récit est un peu décousu (elle passe assez vite d'une époque à l'autre, et c'est pas très agréable).
Même la partie sur la mort de son père n'a rien de vraiment touchant, c'est bien dommage, on a l'impression qu'elle ne ressent rien.

Je ne lui jette aucune mauvaise intention car je suis sure qu'elle a écrit cela dans un but de dénoncer les inégalités de classes, mais je dis juste que c'est mal fait et mal perçu.

Toutefois, c'est un livre court qui se lit vite et on ne s'y ennuie pas. Par contre on peut finir cette lecture avec un peu de colère envers le milieu bourgeois, c'était peut-être le but de ce livre.

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Ce récit autobiographique est prenant de par sa simplicité d'écriture. Des phrases fluides, courtes, factuelles donnant un réel élan au texte. Cependant, Quel est le but de ces mémoires ? Une description de son père et de sa mère qui montre le point d'ancrage de sa propre existence. J'ai hâte de lire d'autres oeuvres de l'auteure.
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