Le mystère Sherlock mets donc en oeuvre 10 personnages, tous spécialistes de l'holmésologie (l'étude de
Sherlock Holmes), qui se retrouvent dans un hôtel lors d'un congrès censé départager qui aura l'honneur d'occuper la première chaire universitaire consacrée à l'étude des aventures du détective. Nos universitaires arrivent ainsi au meeting avec une seule obsession en tête : gagner à tout prix ! Et ils ne reculeront devant rien pour obtenir la place qu'ils convoitent ! Sauf que, suite à une avalanche, l'hôtel se retrouve bloqué durant de nombreux jours, sans accès à l'extérieur et sans électricité. Lorsqu'enfin les secours arrivent, c'est pour découvrir avec horreur, que les dix universitaires sont morts et leurs cadavres alignés dans la chambre froide. Que s'est-il donc passé pendant ces quelques jours d'isolement forcé ?
Autant le dire tout de suite : ce livre fut un coup de coeur ! L'auteur nous propose ici un pastiche parodique savoureux, emplis de clins d'oeil pour les fans et d'informations malicieuses pour les néophytes. En effet, ce livre offre un très bel hommage à l'oeuvre de
Conan Doyle ainsi qu'aux fans. L'auteur maitrise son sujet et parsème le roman de citations tout droit sorties des aventures de
Sherlock Holmes. de plus, au travers du travail d'un de ses personnages, Audrey, journaliste ayant décidé d'investiguer sur le club des holmésiens afin d'en tirer un livre qui devait s'intituler
Sherlock Holmes pour les nuls, nous avons droit à de sublimes passages d'analyse de l'oeuvre de
Conan Doyle, ainsi que des références à toutes les oeuvres qui ont été publiées sur le détective : de la plus sérieuse à la plus improbable. Un livre dans un livre donc, et j'adore ce procédé car il offre beaucoup de niveaux de lectures et d'interprétations.
L'auteur met en scène des personnages complètement obsédés par le détective qui lui ont d'ailleurs dédié toute leur carrière.
Sherlock Holmes, c'est leur raison de vivre ! Par exemple, rien n'est plus important à leurs yeux que de savoir combien de marches comporte l'escalier menant au 221 B baker street , ou encore, qu'elle est la première phrase que dit Watson à Sherlock lors de leur première rencontre. Vous l'aurez compris : de vrais doux dingues ! Sauf que ces doux dingues sont poussés au summum de leur hystérie lorsqu'il s'agit de s'emparer de la chaire holmésologique proposée par la Sorbonne !
Le récit débute alors que l'enquêteur récupère les écrits, carnets et enregistrements audio de tout ces chercheurs, et remonte dans le temps afin de comprendre ce qui a mené à la tragédie. C'est donc au travers de la voix tour à tour de chacun de ces personnages, que le lecteur voit se reconstituer le week-end.
Franchement, je n'ai jamais autant ris durant la lecture d'un roman : j'ai même l'impression d'avoir eu un fou rire quasiment à chaque page ! Il faut dire que l'auteur a le sens de la formule et surtout de la répartie, mélangé à un humour déjanté sans aucune limite et sans gêne vis à vis des conventions, et vous obtenez un cocktail détonant ! Certaines répliques valent de devenir cultes à mon avis et certains passages étaient tellement drôles que j'étais obligée de m'interrompre pour les lire à haute voix à ma compagne qui, malgré le fait qu'elle ne connaissait que grosso modo l'intrigue, rigolait tout autant que moi ! Bref, ce livre est vraiment à prendre au 3ème degré, un vrai petit bijoux d'humour.
Au cas où cela vous inquiéterez, il n'est pas du tout nécessaire d'avoir lu l'oeuvre de
Conan Doyle pour aborder ce livre, au contraire. L'auteur fait surtout référence au mythe qu'est devenu
Sherlock Holmes dans la culture populaire, plus qu'aux fans les plus connaisseurs. Néanmoins, toutes les citations, réflexions et clins d'oeils au monde du détective font plaisirs à ceux qui aimaient déjà Sherlock au préalable. de plus, l'attitudes des protagonistes quand à leurs idoles (qu'ils considèrent même comme ayant véritablement existé, c'est vous dire le niveau d'adulation), fait écho de façon assez comique, à l'adoration que voue le fandom de la série à Benedict Cumberbatch (je vous laisse faire un tour sur tumblr afin de vous en rendre compte par vous même).
Enfin, ce n'est pas seulement l'oeuvre de
Conan Doyle qui est ici mise en valeur, mais toute la littérature policière dans son ensemble.
J.M. Erre n'hésite pas ainsi à comparer les oeuvres d'
Agatha Christie à celles de
Conan Doyle, par exemple, mettant faussement en guerre leur « fanbases ». de plus, l'auteur fait appel à toutes les astuces et coup de théâtre les plus connus de l'intrigue policière, afin d'offrir au lecteur une oeuvre compilant en quelque sorte tout ce qu'il/elle aime dans le genre, le tout, en critiquant ses côtés les plus poussifs à coup de griffes aiguisées. Jubilatoire !
Pour conclure, avec sa plume délirante, ses personnages très hauts en couleurs et ses références à mon univers de prédilection, ce roman avait vraiment tout pour me plaire !
C'est donc mon premier grand coup de coeur de l'année et je ne peux que vous le recommander ! Lisez
le mystère Sherlock si vous être un fan du détective, vous allez adorer !